you broke me first (albus)

maybe you don't like talking too much about yourself
but you shoulda told me that you were thinkin' 'bout someone else
could you tell me, where'd you get the nerve?
i don't really care how bad it hurts
when you broke me first
--- @albus dumbledore

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Une salle qui n’apparaît que lorsqu’on la désire. Du fond du coeur. Repère qui les a accueilli à de nombreuses reprises et cette soirée ne déroge pas à la règle. Sol de marbre et murs richement décorés, la pièce est meublée de deux fauteuils en velours pourpre, une table d’appoint sur laquelle repose deux verres en cristal et une bouteille de gin. C’est ainsi que l’antichambre a trouvé bon de s’agencer pour l’occasion. Pour ce cours du soir improvisé. La guerre qui frappe et menace leur équilibre fragile. Ombre sinistre qui rôde sur le monde sorcier, qui le ronge, petit à petit. Plus d’une perte au compteur, certaines perdurent, particulièrement douloureuses. Les décrets du Ministère de la Magie ne cessent de s’accumuler dans leurs volières, plus impétueux les uns que autres. Cruauté sans limite du gouvernement qui tient les rênes du pouvoir. Bien loin des éclats de joie de son vingt-huitième anniversaire. Elle soupire, laisse sa main courir lentement sur l’un des accoudoirs avant de s’éloigner. Un coup d’oeil par dessus son épaule qui lui renvoie une vision déformée de son reflet. Genesis l’avait presque oublié. Ce miroir, ce satané miroir. Celui qui lui offre une représentation si poétique de sa vie. Celle qu’elle n’est pas tout à fait prête à accepter. Elle s’approche, pourtant. Curieuse et intrépide. Les sourcils froncés, et son palpitant qui s’affole en discernant les traits masculins qui l’enlacent. Perspective interdite et instant de bonheur dérobé, ceux qui lui semblent, parfois, terriblement inaccessibles. Son coeur qui n’a de cesse de flirter avec le danger. Littéralement. Elle détourne la tête. Non, elle doit pas s’habituer à cette vision. Aussi plaisante soit-elle. À l’aide de sa baguette, elle tire un drap sombre sur ce mirage qu’elle ne veut plus entrapercevoir pour le moment. Et, la sorcière espère sincèrement qu’il en demeurera ainsi encore quelques temps. Les cent pas sous l’immense lustre mordoré en l’attente de son enseignant. Le pendentif qu’il lui a offert autour de son cou basané. Ses doigts fins frôlent l’amulette pour se donner un semblant de courage. L’appréhension de la séance à venir. Les intrusions psychiques lui laissent toujours un goût amer. Trop familières, trop intimes. Quelque peu alarmée à l’idée de ce qu’Albus pourrait y trouver. Des secrets qu’elle n’aurait peut-être pas assez bien enfoui, malgré toutes ses précautions. Mais, sans doute est-il préférable qu’il s’en charge. Lui, plutôt qu’un autre. Elle sait, cependant, qu’elle peut lui faire confiance. Il est un ami et les amis ne se font pas de mal. Que tu crois, Genesis. Le battant, resté entrouvert, achève sa course contre le butoir de porte, lui arrachant un sursaut léger.

« - Pardonne-moi, Albus. Je ne t’ai pas entendu arriver, s’excuse-t-elle en s’approchant. Un sourire sincère qui se dessine sur ses lippes à la vue du sorcier qui fait son entrée. Ses inquiétudes s’envolent aussitôt. La certitude que son esprit ne craint rien, l’impression qu’il se trouve entre de bonnes mains. Je ne te remercierais jamais assez pour le temps que tu m’accordes. Je sais à quel point il est précieux. Elle marque une courte pause. En particulier depuis quelques mois. »

Allusion aux impitoyables interrogatoires, au cruel retour de l’esclavage et à cette arène sanguinolente qui subsiste malgré tous leurs efforts. Oui, elles sont déjà loin les étreintes et les plaisanteries de la semaine passée.

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--- @albus dumbledore

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Surprise partagée et politesses échangées entre une poignée de mains et un sourire sincère. L’homme prend place face à elle.

« - Comment était ton anniversaire ?
- Comme je m'y attendais, rien ne s'est passé comme prévu... Ce qui n'est pas si mal, avoue-t-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. En tout cas, Nile s'est appliqué à faire le spectacle. J’espère que tu as passé une agréable soirée. »

La conversation prend un tout autre tournant. Il est rapidement question de son apprentissage, de se hisser à la hauteur de son professeur. Un sentiment de crainte qui vient se loger au creux de son estomac. Elle ne pense pas en être capable. Un mal nécessaire, cependant. Pour sa survie entre les murs hasardeux du Ministère de la Magie. Albus énonce quelques consignes. Des faux souvenirs. Genesis acquiesce d’un signe de tête. Elle s’y prépare depuis quelques mois, des livres dénichés à ce sujet, parcourus entre deux plaidoyers. La sorcière se mordille la lèvre inférieure. Si la théorie est une chose, la pratique en est une toute autre.

« - Montre-moi ce que tu y vois, ou pas, le choix est tien , lui dit-il en jetant un bref coup d’oeil vers le miroir du Riséd.
- Je ne suis pas certaine que…
- Légilimens. »

La neige a cessé de tomber depuis plusieurs jours et le soleil brave les épaisses nuées pour les réchauffer à travers les fenêtres. Le feu crépite dans la cheminée et les chandeliers éclairement agréablement la vaste pièce. Salle à manger hospitalière, décorée avec un goût certain. Elle est assise à l’immense table, ses mains délicates qu’elle ne cesse de frotter contre les pans de sa robe. Le regard impassible de sa belle-famille et le bruit désagréable de leurs couverts dans les assiettes vides. L’homme à sa droite, se racle discrètement la gorge. C’est le moment. Elle acquiesce d’un signe de tête et un doux sourire se dessine sur ses lippes rosées.

« - Nous avons une excellente nouvelle à vous rapporter, leur annonce-t-il. Ses doigts qu’il pose sur la cuisse de Genesis. Nous allons avoir un enfant. »

Un soupir de soulagement qui s’échappe des lippes de Monsieur et Madame Nordström. Un léger étirement à la commissure de leurs lèvres, ils lèvent leurs verres vers les chandeliers, vers eux. Enfin, elle ose tourner le visage vers son partenaire. Ses prunelles qui glissent de son torse jusqu’à son visage. Boucles sombres en bataille et regard ambré. Harfang.

Bribes réelles:

Le souvenir prend brutalement fin. Son esprit qu’elle bloque d’emblée à la vision de son amant. Le palpitant qui s’affole. Ce n’est pas ce qu’Albus était censé voir. Le fonctionnaire n’avait pas sa place dans ce récit mensonger. Elle l’avait pourtant tissé avec le plus grand soin. Comment sa présence avait-elle pu transparaître ainsi ? La sorcière s’était promis de garder le secret quant à leur relation. Elle avec l’ennemi, non. Il ne pouvait pas savoir, ne devait pas savoir. Sa poitrine se soulève avec rapidité et Genesis passe une main dans sa chevelure ébène pour retrouver un semblant de consistance. Le menton qu’elle finit par relever vers le Dumbledore.

« - Ne dis rien, lui intime-t-elle, presque suppliante. Recommence. Le silence qui retombe. Pesant. Intolérable. Albus, j’ai dit : Recommence ! »

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Ils discutent brièvement de sa soirée d’anniversaire, de la bienveillance de sa famille. La main de la sorcière qui recherche la sienne, une pression légère du bout des doigts pour lui faire comprendre qu’il n’a pas à parler de ses blessures passées. Avant qu’elle ne relâche doucement sa prise, avant que la séance ne commence. Imparfaite. La raison pour laquelle elle désire tenter sa chance une fois de plus. La seconde intrusion est brusque, muette. Genesis n’a pas le temps de s’y préparer et les pièces du puzzle peinent à s’assembler. Un méli-mélo d’états d’âme comme un épais brouillard que ni l’un ni l’autre ne peuvent percer. Le sourire espiègle de Nile face à un gigantesque dragon, la voix sévère de son père qui la réprimande, le miel des pâtisseries de sa mère sur sa langue. Puis, le temps se fige et le souvenir prend forme.

Il court à travers la cour de l’école, sa baguette brandie dans les airs, et elle le suit en retenant un pan de sa robe, trop encombrante à son goût. Éclats de rire cristallins qu’ils peinent à contenir, ils se réjouissent à l’idée de ce qu’ils viennent d’accomplir. Un méfait de plus et personne n’en saura jamais rien. Personne si ce n’est cette pimbêche vêtue d’azur et d’argent, celle qui ne peut s’empêcher de s’introduire dans les pensées de la sorcière. Elle qui intercepte Genesis au pied des escaliers, tandis que Nile poursuit sa course poursuite à travers les marches. Les lippes qui s’entrouvrent pour l’appeler à l’aider, mais Lexi frappe vite et fort. Pas le temps de saisir sa baguette, la Serdaigle s’est déjà frayée un chemin à travers ses souvenirs. Ses doigts qu’elle se lèche goulument après avoir dévoré quelques dattes sous le soleil de Mascate, la voix rauque de son grand-père lui contant une énième fable avant qu’elle ne s’endorme et la porte d’un coffre fort qu’elle est parvenue à forcer à l’aide de son frère. Des pierres qui scintillent de mille feux et d’autres à l’apparence de vulgaires cailloux, tous plus biscornus les uns que les autres. Ces intrusions sont de plus en plus régulières et Genesis ne les supporte plus. Son visage délicat qui se tord sous la douleur et l’envie de hurler sa souffrance, les ongles qui s’enfoncent dans ses paumes et le menton qu’elle tente de garder relevé. Soudain, la torture s’interrompt. Douce délivrance. Ses cils papillonnent un instant pour s’ouvrir sur les mêmes boucles sombres, les mêmes prunelles ambrées.

« - Est-ce que vous allez bien, Miss Shafiq ? »

Bribes réelles:

Non. Alors, elle tente de s’extirper de ce souvenir. Tant bien que mal. Sa baguette contre son veston lors de leur première rencontre, sa main puissante sur son échine à l’occasion d’une valse, une pierre qu’il glisse entre ses doigts sous les arcades sanglantes de l’arène, sa veste qu’il passe délicatement autour de ses épaules pour la préserver d’une nuit fraîche, un rameau de fleurs de sureau qu’il lui présente et ses poignets qu’il placarde contre un mur avant que ses lippes ne viennent à la rencontre de son épiderme. Le retour à la réalité. Ses lèvres s’entrouvrent aussitôt.  

« - Ce n’est pas ce que tu crois, articule-t-elle avec difficulté. La respiration haletante. Jamais elle n’aurait pu imaginer que le remaniement de ses souvenirs puisse être aussi épuisant. Je te l’aurais dit, Albus. Si j’étais... Tombée amoureuse de l’un de nos pires ennemis ? Certainement pas. Ainsi, les chances pour qu’il s’invite dans ses pensées afin de s’en assurer lui tordent brutalement l'estomac. Ça suffit, s’il te plaît. »