(thelas) what is stronger than the human heart ?

théa & atlas

I'll never reach the truth of lies i'm just watching the flowers grow where I'm born is where I'll die at night I can't sleep when I try to forget that I never cheated that I tried to be strong no matter how wise I was, I feel wrong. And I'm waiting for the sun

une main gracile dans ses cheveux, elle replace quelques mèches qui s’échappent du cadre structurée qu’elle a voulu se donner. elle se sent presque adolescente, à s’arranger face au miroir doré, dans l’attente d’un regard appuyé, ou bien d’un compliment volé. Son teint d'albâtre renvoie à la fraîcheur du mois d’avril qui lentement défile, sonnant le glas d’une autre vie, presque. Elle jette un coup d’oeil distrait à son annulaire vide de métal, se sentant un brin coupable de ses artifices pour approcher le garçon qui l’avait subjugué, alors même qu’elle n’était plus femme de, simplement malfoy. d’un geste tendre, elle caresse la soie de sa robe sombre, le long de la cavité vide d’être humain avec mélancolie, si ce n’est de la douleur, même. ce mouvement anodin, quotidien, lui permet de ne pas oublier son histoire, son passé, son existence dans le jardin familial près du cyprès. elle rejoint alors le bureau de son père et d’un murmure, en lui offrant son plus beau sourire, elle demande “les documents pour Mr Flamel sont-ils prets ?” D’un regard conciliant, ce dernier lui tend une pochette de cuir de dragon “Cela pouvait attendre, théa.” Elle sent qu’il sait ce qu’elle organise, loin de lui l’idée d’intervenir, elle sent sa culpabilité quand il la regarde, alors qu’elle ne garde aucun ressentiment : son alliance avec les selwyn était nécessaire à l’époque, et elle préférait porter ce poids plutôt que le laisser à hero. Mais l’un comme l’autre sont d’accord sur cette accord tacite, il ne fera pas la même erreur deux fois. théa est plus stratège et consciente de ses choix qu’il ne le sera jamais. “Je tiens à être votre messagère, père, ne vous inquiétez pas.” elle a choisi son heure, sa robe, sa verve, même. elle a prévu, son déplacement, pour être moins chamboulée par la tendresse qu’elle ressentait auprès de lui. ce contrôle, elle se l’impose, pour ne pas se briser si son plan, ses espoirs, s'effondrent. alors dans ses yeux elle lit “pardon de ne pas avoir mieux agi”. mais il n’y a rien à pardonner, ce n’est pas son père qui a tué son enfant, ce n’est pas lui qui s’est effondré sur son corps. il n’a fait que l’amener vers un anneau ocre qu’elle aurait pu négocier, refuser. elle a choisi d’accepter, enrôlant sa vie à arctus, pour le meilleur et pour le pire.

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ses pas claquent sur les pierres du chemin de traverse. l’air est froid, mais sa cape la réchauffe suffisamment pour ne pas trembler. lorsqu’elle arrive devant la boutique, elle pousse la porte doucement, profitant du petit tintement annonçant sa présence. la cheminée est en marche, son crépitement familier la rassure presque. elle voit alors atlas, sortir de la réserve, bien qu’elle ne connaisse pas bien la construction de la boutique. elle est si ravie de le voir qu’un sourire se peint sur son visage sans qu’elle le réfléchisse. elle s’approche du comptoir et le salut. “Mr Flamel, c’est un plaisir, comment allez vous ?” Elle en profite pour sortir de son petit sac le dossier de son père, bien plus grand que la besace qu’elle traîte avec elle. la magie restait la meilleure des compagnes et ce sort tout ce qu’il y a de plus basique reste une valeur sûre pour transporter des biens sensibles. “Voilà les documents que votre famille attendait.” dit elle en tendant le cuir vers lui.

@Théa Malfoy
Hier encore, il a sombré dans les brumes de l’inconscience sans parvenir à retrouver le fil du temps écoulé. Pénélope détricotait son ouvrage, ainsi en va-t-il de ces jours qui s’étendent, s’emmêlent, ne se ressemblent plus. Dans un moment de reprise, une phase ascendante, le voilà qui mesure et tare les ingrédients dont ils entendent commencer la préparation demain. Partagé entre l’envie de rentrer au plus vite chez lui et la certitude qu’il ne fera rien de bon ce soir, ses gestes sont méticuleux. L'armée lui a appris la nécessité de la patience, des mouvements sûrs. Le solfège lui avait déjà tout soufflé. Plus que trois pots, quand la cloche de la porte d’entrée tintinnabule et qu’un courant d’air frais parvenu à la boutique porte le message d’une arrivée. Muni d’un torchon, il s’essuie les mains et sort de la boutique. Peut-être n’est-ce qu’un membre de sa famille. Auquel cas, après un coup d’œil rassurant, il retournera à ses préparations.

Mais son regard s’attarde. Ses paupières papillonnent, capturant avec surprise une délicieuse image. Ce n’est pas un pur mimétisme qui le fait sourire. La vue de Lady Théa Malfoy le réchauffe, fait battre son cœur, se dilater ses pupilles. Il la détaille avec plus de soin qu’il ne faudrait mais moins de temps que ce qu’il aimerait. Il se serait souvenu s’ils devaient se voir et la perspective d’une visite impromptue redouble son plaisir. Il a jeté plusieurs brouillons de lettres qu’il aurait voulu élégantes et spirituelles, pour l’inviter à Dieu sait quoi. Un repas (en quel honneur), un concert (il ignore ce qu’elle écoute, peut-être n’est-ce même pas une mélomane ce qui serait pire que tout mais sur quoi il veut bien travailler), une promenade (même en tant que veufs, un chaperon s’impose-t-il ?).

“Mr Flamel, c’est un plaisir, comment allez vous ?” « Bien, je vous remercie. Mais que me vaut le plaisir … ? » “Voilà les documents que votre famille attendait.” Il prend le registre de cuir, regrettant de ne pas avoir l’occasion de frôler ses doigts. Une bande plus claire sur l’annulaire. Une chance qu’il ait passé son chiffon dans sa main gauche avant de serrer la sienne. Elle aura senti le contact froid de l’alliance qu’il porte encore et ce cercle de métal tout autant que la perspective d’être là, en bras de chemise, veston défait, défraichi en somme, lui sont désagréables.

Il n’a pas la moindre idée des papiers en question, ou pas le moindre souvenir et cette pensée l’inquiète un peu. Peut-être Pluton en a-t-il parlé et n’écoutait-il pas. Peu importe. Voilà plusieurs semaines qu’un habile mélange de flegme anglais et de nonchalance française lui permet de donner le change quand il se rend compte de quelques oublis. Certes, la présence de Lady Malfoy l’empêche de réfléchir comme à l’accoutumée.

« Excusez-moi, je manque à mes devoirs. » Signe de tête vers le portemanteau. Prenant sa cape, tissu qui lui paraît conféré de propriétés exceptionnelles, d’une douceur métonymique de celle qui s’en revêt. « Asseyez-vous, je vous en prie. » Anticipé, lui tendant une chaise et la repoussant délicatement derrière elle. Le bureau lui semble trop vaste, créant une séparation dont il se serait passé. Il ouvre le dossier, parcourant en vitesse les différents titres. Contrat d’achat d’elfes de maison. Il affine ce regard en diagonale. Une somme dont il ne saurait dire si elle est coquette. Les elfes resteraient avec la famille.

Un doute. Il avait justement évoqué l’idée qu’un elfe de maison pourrait lui être utile, parfois, dans sa maison. D’autant que s’il découpait et soupesait avec plaisir des ingrédients toute la journée dans la boutique, la simple idée de le faire une fois passée sa porte d’entrée suffisait à le mener droit jusqu’au placard contenant les spiritueux. Il relève la tête et un sourire doux étire son visage. « Merci d'avoir amené les documents. Je suis navré de vous poser une question qui sera si ridiculement bête pour quelqu’un travaillant dans le commerce d’elfes de maison, mais pourriez-vous me réexpliquer ? Je n’ai pas eu l’occasion d’en côtoyer beaucoup, ils étaient discrets lors de mon passage à Poudlard et absents depuis. Je … Ils peuvent s’occuper, mettons d’une boutique et d’une habitation particulière ? »

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I'll never reach the truth of lies i'm just watching the flowers grow where I'm born is where I'll die at night I can't sleep when I try to forget that I never cheated that I tried to be strong no matter how wise I was, I feel wrong. And I'm waiting for the sun

Elle a cette étrange impression d’avoir eu tant de vies, mais que tout était dessiné pour le croiser. Lui à mille lieues d’arctus, sa voix aux intonations tendres quand il la regardait comme si elle était précieuse, si loin de l’éternelle bijou qu’elle se sentait être avec son défunt mari : un bijou restait une babiole sans importance pour marque son appartenance, elle y voyait si peu de symbolique dans son précédent couple. le selwyn n’avait même pas prit l’effort de l’attendrir en lui demandant sa main, elle n’était qu’un arrangement sordide, financier, pourrait-elle oser dire politique ? Les affaires sont les affaires, et un beau bijou s’achète. mais ce qu’elle voit dans ses prunelles claires lui offrent alors d’autres perspectives plus charmantes, plus tendres. elle laisse son corps, son coeur, être dévorés par l’utopie légère de le voir la désirer pour des raisons plus nobles que celles qu’elle a toujours vu dans le regard des hommes. Avant lui. Ce respect qu’il avait pour elle, sa façon de s’adresser à elle avec délicatesse, comme s’il pesait ses mots, par peur de se tromper, de la chambouler peut être ? Elle ne connaissait pas assez son âme pour comprendre son fonctionnement, il fallait être honnête, mais lorsqu’elle était près de lui, c’était l’évidence même. elle était à sa place, sereine. les vides qui lui pesaient tant en général étaient remplacés par cet intense désir de le comprendre, de tout savoir de lui, de le découvrir en entier, même les plus sombres aspects, elle se sentait prête à les entendre, le jugement viendrait après, ou disparaîtrait-il peut être ?

Il s’enquiert de sa venue, elle se sent presque embarrassée, elle sait pertinemment qu’il pourrait deviner que son déplacement n’avait pas grand importance lorsqu’il verrait les documents qui trônaient maintenant entre ses mains. Le contact est bref, entre leurs mains, voilé d’un tissu fin qui l’empêche de profiter de sa peau. elle s’apprête presque à l’abandonner, se sentant imposteur dans cette boutique aux odeurs boisées. A moins que ce parfum soit le sien ? Mais il contra son action avant même qu’elle ait eu le temps de la formuler : il l’invitait à rester. Son âme s’emplit d’une joie déplacée pour une veuve de quelques mois, mais elle ne put s’en empêcher, savoir qu’il souhaite autant sa compagnie qu’elle reste l’un des délices qu’il faut savoir déguster. Parce qu’avant d’être un partie agréable, Atlas Flamel était un gentleman comme elle en avait rarement vu.

Troublée par ses légères attentions, elle se débarrasse en quelques mouvements de sa cape, prenant soin à ne pas dévoiler des morceaux de peau mal placé, cela restait un outrage pour une dame de son rang. Sa robe noire de soie flattait ses hanches, s’effondrant à ses pieds élégamment, par réflexe, elle remplaçait les quelques boutons des manches de sa tenue : toujours apprêtée, toujours malfoy, digne représentante de sa famille. Elle prend place sur le siège qu’il lui tend, et se sent si privilégiée qu’il accompagne son mouvement. La douce rougeur qui avait élu domicile sur ses joues ne diminuait pas. Elle était irrémédiablement séduite par tous les actes de l’homme face à elle.

De l’autre côté du bureau de bois brut, il prend connaissance des documents, et elle s’excuse enfin de sa visite impromptue après avoir détaillé sa tenue. “J’espère que je ne vous dérange pas… Il est vrai qu’il aurait été plus courtois de ma part de vous prévenir de ma visite… Je sais à quel point votre travail est important, mon but n’est pas de vous importuner” elle baisse les yeux pour lisser le tissu soyeux de sa robe, mais il ne semble pas s’offusquer de sa venue, et prolonge l’entretien, s’interrogeant sur la nature des documents. “Merci d'avoir amené les documents. Je suis navré de vous poser une question qui sera si ridiculement bête pour quelqu’un travaillant dans le commerce d’elfes de maison, mais pourriez-vous me réexpliquer ? Je n’ai pas eu l’occasion d’en côtoyer beaucoup, ils étaient discrets lors de mon passage à Poudlard et absents depuis. Je … Ils peuvent s’occuper, mettons d’une boutique et d’une habitation particulière ?” La question fait sourire intérieurement théa. Bien qu’elle ne gère pas les affaires de son père à proprement dit, elle connait les rouages du commerce des elfes tout aussi bien, petit oiseau qui murmure souvent à l’oreille de son paternel pour l’orienter sur des stratégies financières et techniques qui ont offert quelques milliers de gallions supplémentaires à sa famille. Elle croise les jambes, posant ses mains dépourvues de bijoux sur ses genoux, et lui offre un sourire léger. “Je vous en prie, je suis ravie d'avoir pu vous les apporter. Il est tout à fait normal de n’avoir vu que très peu les elfes à poudlard. ce sont des créatures d’une intelligence rare, et dotées d’une magie tout à fait différentes de la nôtre, sorciers. Mais ils ont la qualité exceptionnelle de vouloir nous aider dans notre quotidien. Ils aiment se sentir utile près de leur sorcier, le passage dans notre famille est comme une école, pour eux, voyez vous ? Nous leur offrons la connaissance de notre monde, et une porte sur nos vie, en échange de services chaque jour durant. Ils sont aussi capable de soutenir les basses besognes des sorciers comme de les aider dans leur tâche quotidienne au travail. Vous pouvez avoir toute confiance en l’elfe que vous accueillez, il restera un allié fidèle et loyal en ces temps rudes. Il vous écoutera, et suivra vos ordres sans discuter, en mettant tout en oeuvre pour vous satisfaire. Il s’arrangera pour faire tout cela dans la plus grande discrétion, pour ne pas perturber vos habitudes. Seul un vêtement pourrait l'entraîner à vous quitter. Mais il emportera vos secrets avec lui.” Malgré elle, elle pense “si ce n’est qu’il ne me les aura déposés avant…” mais cela, Atlas n’a pas besoin de le savoir. Non, ne brisons pas le lien ténu, mais présent, qui se tisse entre eux.

Autrefois, plus jeune peut-être, Atlas n’aurait pu retenir un rire en l’entendant faire grand cas de cette boutique et ce travail. Tout lui semble d’une trivialité tout à fait moldue. Des potions, des onguents et d’autres moyens d’améliorer le quotidien des sorciers. Des recherches, qui parfois n’aboutissent pas. L’arbre généalogique Flamel, hormis la branche ininterrompue de Nicolas et Pernelle, est plein de ces bourgeons d’inventeurs de génie qui n’ont laissé aucune postérité. Il avait lui-même espéré faire de grandes choses, et à quoi bon maintenant ?

Bien sûr, il n’a pas pu laisser de place à cette spontanéité. Ni à Poudlard, rempli de sorciers d’une bonne société se faisant une haute opinion d’eux-mêmes. Ni pendant qu’il était soldat, sommé de rester discret sur sa nature, de ménager les moldus, de représenter non seulement la couronne mais aussi le monde magique. Ecrasant. Il lui a fallu se rattacher à une identité qui serait confortable. Un gentilhomme, non pas l’un de ces dandys modernes. Une image – ennuyeuse comme un jour sans fin – d’homme aimable à l’humeur égale. Ce décalage le rend malade, malade et malade d’inquiétude. On le démasquera un jour. Ils extirperont la bête sauvage et charognarde qui est tapie quelque part.

Ce jour n’est pas arrivé. Aussi s’entend-il, si naturellement en un sens, répondre d’une voix douce. « Je vous en prie, je ne peux pas considérer que je perds au change avec votre compagnie. » Le compliment est soupesé mais le fond en est sincère. Au diable ces pesées d’ingrédients s’il peut contempler ce doux minois, s’abreuver de la lumière de Lady Malfoy que sa toilette de deuil ne rend que plus éblouissante ? Il a besoin d’une bouée de sauvetage et s’y accrochera fermement s’il le faut.

Du moins ne semble-t-elle pas prête à s’en aller. Il écoute avec la plus grande attention ce qu’elle lui explique sur les elfes de maison. Le Seigneur lui pardonne, il ne s’y était jamais intéressé. Quelque chose le trouble. Comment justifier qu’ils aient une conscience et les traiter comme des inférieurs ? On lui donnait du Sahib Flamel en Inde, titre qui le mettait bien mal à l’aise au début. Quelqu’un s’occupait de ses affaires, faisant ce qu’il avait fait. Cuisiner les repas, faire son lit. Gestes simples qu’il effectuait lui-même avant d’être marié et de se voir imposer les domestiques de son épouse. Il avait compris le système, bien sûr : d’autres faisaient ces tâches ingrates voire dégradantes, il ne devait pas avoir à se soucier de cela. Mais qu’est-ce que cela révélait de lui, qui les avaient accomplies des années durant, dans la collectivité que formait l’armée ? N’était-il pas dégradé par ricochet ?

En tous points, l’offre est alléchante. Discours commercial, porté par quelqu’un qui lui fait abaisser trop de barrières d’un coup. Atlas hésite. L’offre est tentante, et il a mal à croire qu’elle soit si gratuite. Une somme d’argent est échangée mais ces questions domestiques pourraient-elles disparaître si facilement ? La loyauté des elfes serait à ce point gratuite ? Les domestiques des Indes le regardaient avec crainte et fureur, ne lui accordaient pas confiance, et il lui arrivait de se dire que tout cela finirait mal. Que ses pouvoirs seraient exposés et créeraient le trouble. Certains d’entre eux, il revoyait leurs visages, ne pouvaient que se douter de quelque chose. “Mais il emportera vos secrets avec lui.” Dans sa tombe, qu’elle le dise donc.

« C’est une offre intéressante, je vous remercie de nous avoir apporté le devis, Lady Malfoy. Permettez. » Annonce-t-il en se levant pour fermer la porte que le vent fait vibrer, retournant avec une certaine satisfaction le panneau qui annonce qu’ils sont fermés. Il a l’impression de refermer quelque chose sur eux, de les isoler du monde, cette simple idée suffisant à le faire s’emballer. Dieu, qu’elle ne soit pas legilimens ! « Je vous fais parler, et je n’exclus pas que d’autres questions me viennent, sans même vous demander si vous souhaitiez boire quelque chose ? Mais je ne voudrais pas vous retenir ou vous parler d’un sujet qui peut-être ne vous intéresse pas. J’avais cru comprendre que vous étiez préceptrice ? »

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Théa avait la chance d’avoir eu une vie douce, tendre, dotée d’une simplicité presque éprouvante. Elle eut souvent la sensation d’être lisse, sans relief, cachée derrière des tas de faux semblants. Toujours parfaite, toujours comme il fallait. Elle oeuvre parfois, machiniste des pantins de son entourage, pour que les choses se passent de la bonne façon, à sa bonne façon. Elle n’est rarement fatiguée de ces masques qu’elle applique à poser sur son visage de poupée, elle n’a rien connu d’autre, et ils se sont presque fondus en elle. Seul un archéologue des sentiments arriverait à fouiller derrière toutes ces couches savamment déposées pour trouver ce que théa porte au fond de son coeur. C’est ce qui constitue son squelette, son entité, et qui sait si elle resterait debout si tout cela s’effondrait en poudre face à elle ? Vivre une vie d’imposteur et regarder cela dans les yeux, ça aurait tout de plus dévastateur. Et c’est pour cela qu’elle s’est toujours accrochée à une unique chose que le destin lui a volé, ce qui lui aurait offert une autre identité que la parfaite préfète malfoy, que la sang pur digne et charmante, le titre si vénéré que celui de maman. Et alors elle avance aveugle dans les autres chapitres de son histoire, ne sachant quoi dessiner sans ce qu’elle imagine être son unique porte de sortie pour enfin être théa. Juste théa.

Elle se souvient des mots durs, brut, dévastateurs, de sa mère qui n’a jamais compris son deuil infinissable, qui l’a amené à creuser la tombe de son fils avec ses ongles, les larmes se mêlant à la terre sèche du jardin familial. “Il n’était même pas né, théa.” Mais pourquoi alors était il déjà devenu son tout ? Pourquoi se sentait-elle déjà mère, enfin femme, toujours démolie ? L’unique vraie visage de théa, c’était celui de porter la vie, l’offrir en souffrant, et l’aider à vivre chaque jour de sa vie, Elle le savait, c’était une évidence. Elle s’en était voulue, de pleurer plus un être à peine formé que la mort de son mari, mais elle ne pouvait faire autrement. Ils n’étaient pas liés de la même manière, son fils, c’était une part d’elle, un bout d’âme qu’elle a enterré. Pas cet homme qui a simplement été utile à procréer. Elle ne se voyait pas aimer plus fort que ce qu’elle a donné à Orion Selwyn. Jamais. Cela ne voulait pas dire qu’elle n’aimerait plus jamais. Mais pas autant, pas si fort.

Et il lui donnait de ces sourires qui pourraient ébranler toutes ses convictions. “Je vous en prie, je ne peux pas considérer que je perds au change avec votre compagnie.” Elle rougit, pinçant ses lèvres pour contenir un sourire qui pourrait sembler aguicheur. Elle cligne des yeux, et baisse légèrement la tête, une mèche s’échappe de sa coiffure pour taquiner son front. Elle prend le temps de la reposer contre ses cheveux de blé, et développe son discours sur les elfes avec précaution. Elle ne peut révéler tous leurs dons. Il est évident qu’il n’y a rien de correct à enfermer des êtres aussi intelligents dans l’asservissement, mais cela est le cas depuis si longtemps qu’ils ont perdu toute once de révolte. Laissez grandir des hommes dans des certitudes, il sera très dur de les ébranler. “C’est une offre intéressante, je vous remercie de nous avoir apporté le devis, Lady Malfoy. Permettez.” Elle sent son coeur se réchauffer lorsqu’il entonne son nom, quelques syllabes qui lui plaisent plus qu’il ne le faudrait entre sa voix qui garde des accents français, légers mais présent. Il retourne le panonceau pour les enfermer dans une bulle, laissant derrière eux le commerce futile d’elfes. Comme si l’un ou l’autre, l’un et l’autre, voulaient en discuter. Début timide, tâtonner pour être sûr, s’apprivoiser. Aucune peur de rester seule avec lui, au contraire, elle brûlait d’une excitation saine à l’idée de passer du temps en tête à tête. “Je vous en prie. Je tenais à vous le remettre en personne.” Une façon de lui avouer, à demi mot, qu’elle voulait le revoir. Qu’elle ne savait pas comment faire.

“ Je vous fais parler, et je n’exclus pas que d’autres questions me viennent, sans même vous demander si vous souhaitiez boire quelque chose ?” Elle hoche la tête, tout pour rester un peu plus. “Je serais disponible pour y répondre avec plaisir, mais, puis-je vous demander une chose ? S’il vous plaît, appelez moi Théa.” Elle sourit franchement, frôle son visage pour chasser une gêne imaginaire, dans l’attente de l’entendre dire son prénom avec la douceur qui le caractérise quand il s’adresse à elle. “Je veux bien du thé, si vous m’accompagnez ?” Elle ne veut pas boire seule et patiente gentiment. “Mais je ne voudrais pas vous retenir ou vous parler d’un sujet qui peut-être ne vous intéresse pas. J’avais cru comprendre que vous étiez préceptrice ? “ Elle laisse s’échapper un rire léger, et lui répond avec douceur dans la voix. “Je suis là de mon plein gré, ne vous en faites pas. Rien de ce que vous pouvez me dire ne peut m’ennuyer.” un aveu fragile sur ses sentiments naissants et son intérêt pour Atlas, qu’elle assume avec difficulté. Une nouvelle fois, elle mordille sa lèvre, cachant son réflexe d’un geste devant sa bouche, avant de se reprendre, et de poursuivre. “C’est tout à fait ça. Je fais ça de façon bénévole, j’aime voir les jeunes sorciers user de la magie pour les premières fois, et les aider même lorsqu’ils entrent à Poudlard. Cela m’aide à réviser les bases de la sorcellerie dans son ensemble.” Elle s’arrête, et ouvre alors son âme. “Pour tout dire, j’aurais aimé devenir professeur à Poudlard, si je n’avais pas été promise à Arctus.” Cet aveu, c’est la première fois qu’elle le formule à haute voix. C’est étrange de s’entendre dire des choses aussi intime, pour elle, si secrète. “Serait-il indélicat de vous interroger sur votre ancien métier ?” Elle tente, sur la pointe des pieds, veut l’inviter aussi à se livrer. Peut être n’est il pas prêt, peut être ne le sera t il jamais, mais elle essaie, prête à accueillir ses confessions, ou à comprendre, s’il refuse.

« Vous m’appellerez Atlas, bien sûr ? » Pompeux prénom. Il regrette presque de l’avoir prononcé. Plus fort que lui. Les moldus l'appelaient Antoine, plus anonyme dans leur monde. Pourtant, il se réjouit d'entendre Théa Malfoy utiliser son prénom. Il se sent tout à fait séduit. Les mèches blondes qui s’échappent d’un chignon qu’il aimerait défaire, l’éclat des yeux qui lui fait cet effet … Ce serait merveilleux. Il lui semble, dans de pareils moments, qu’il serait tout à fait envisageable de se marier. Il est veuf, elle aussi. Leurs familles accepteraient sûrement, ne le presse-t-on pas pour qu’il se marie ? Ces œillades sont pourtant trompeuses. Théa Malfoy se fait une idée de lui, et Atlas ignore comment la détromper en douceur. Avant qu’ils ne soient trop attachés. “Je suis là de mon plein gré, ne vous en faites pas. Rien de ce que vous pouvez me dire ne peut m’ennuyer.” Il pourrait lui mentir, attendre le moment où l’alliance les aura scellés l’un à l’autre. Elle ne partirait pas, ils feraient front ensemble. Ce n'est pas honnête. Il regrette cette pensée. Quel genre d’homme est-il pour écouter les sirènes de la solitude ?

Tandis que le sien se ferme, le visage de Théa Malfoy a rarement été aussi expressif. L’alchimiste se réjouit d’avoir évoqué un sujet qui lui plaise. Il discerne une rougeur sur ses joues, plaisir, excitation, bonheur qu’on la questionne sur un sujet qu’elle aime. « Vos élèves ont bien de la chance que vous preniez soin d’eux ainsi. » Professeure à Poudlard ? Le lien n’est pas encore fait. Le mari Malfoy, non Selwyn, devait trouver infâmant que son épouse travaille. Comme tant d’autres. Atlas n’en est pas surpris. Margot ne travaillait pas, par choix, s’investissant parfois dans les affaires familiales mais préférant l’idée de tenir leur ménage. Dommage, cette vocation d’enseignante brisée.

Il se lève pour mettre à chauffer l’eau du thé, sortant deux tasses et un des mélanges qu’il préfère. Fleuri sans être entêtant. Il a bon espoir qu’un autre courant d’air lui apporte sous le nez le parfum de la nymphe blonde qui lui fait face. Jasmin ? Il se rassoit face à elle, non sans avoir rapproché un peu son siège. « La question ne m’indispose pas, j’espère que la réponse ne vous ennuiera pas. A la sortie de mes classes à Poudlard, je me suis enrôlé et je suis parti pour Le Cap. Peut-être avez-vous entendu parler des conflits des Boers ? J’ai servi la couronne moldue, faisant partie d’une unité de sorciers intégrés à l’armée moldue. Une fois les conflits finis, je suis resté quelques années pour … En apprendre plus sur une forme de magie qui m’intéressait. Je suis revenu sur le continent, mais j’ai cette fois fait le choix de revenir en France. J’ai dû travailler … Trois ans là-bas ? Au 36. Pardon, le Quai des Orfèvres. La police française. Le gouvernement britannique m’a ensuite proposé de me rendre aux Indes, pour rejoindre un poste-frontière. La suite … Peut-être la connaissez-vous. Nous avons été attaqués, c’est là que j’ai perdu mon épouse et que j’ai été blessé. » conclut-il en se levant.

On ne parle pas de ces sujets à une dame. Son résumé était trop exhaustif. Peut-être a-t-elle l'impression qu'il s'écoute parler ? Merlin, il n'aimerait pas qu'elle lui fasse faux-bond. Elle ne semble pas regarder l'horloge qui distillle les minutes. Pourrait-il la retarder sans qu'elle s'en aperçoive ?

Merveilleux que la bouilloire ait choisi de siffler à ce moment. Il se lève et retourne dans l’arrière-boutique. Il lui semble que sa blessure ait choisi de se réveiller à ce moment. Les guérisseurs de Sainte-Mangouste prétendent qu’il y pense trop. Facile à dire quand ce ne sont pas eux qui posent les yeux sur cette balafre tous les matins, tous les soirs. Ca ne marchera pas avec Lady Malfoy. Trop gracieuse pour s’encombrer d’un éclopé. Au moins est-elle désormais au courant d’une partie de ce qui le ronge – il gardera jalousement ses recherches sur la nécromancie. Sa famille commence à peine à soupçonner quelque chose. Il n’en parlera pas à une inconnue.

« J’espère qu’il vous plaira. » dit-il en servant le thé. Leurs mains se frôlent, son regard en dit trop long lorsqu’il croise le sien. Il n’aurait pas du s’étendre autant.

théa & atlas

I'll never reach the truth of lies i'm just watching the flowers grow where I'm born is where I'll die at night I can't sleep when I try to forget that I never cheated that I tried to be strong no matter how wise I was, I feel wrong. And I'm waiting for the sun

Ce qui lui offre à son tour, c’est une forme d’intimité qu’on ne garde qu’entre proche. Elle rêve alors du moment où elle retirera toute convention entre lui et elle pour se délecter de le tutoyer, peut être même de pouvoir respirer son cou dans un instant hors du temps. Il lui était étrange de se sentir si libre auprès de lui. Capable de briser toutes réserves. Atlas, ce nom céleste, il porte le monde sur ses épaules, tâche incommensurable, brillant dans la nuit pour diriger les âmes en peine. Elle avait toujours aimé cette étoile… Mais elle appréciait d’autant plus l’homme face à elle.

“Vos élèves ont bien de la chance que vous preniez soin d’eux ainsi.” Elle sourit, presque gênée. Elle aimait profondément faire cela, et elle sait qu’elle aurait pu faire plus. Aujourd’hui, c’est trop tard, à 30 ans, sans expérience, malgré de brillants résultats à Poudlard, elle ne peut pas avoir d’autres ambitions. Merlin qu’elle aurait aimé faire autre chose. Mais souvent, elle se rappelle que son léger sacrifice a offert une vie plus palpitante à hero, elle si épanouie et déterminée. Son caractère de feu contraste au sien, glacée, distant, solitaire. théa aime a penser qu’elle n’a besoin de personne. C’est surement vrai, mais elle serait bien malheureuse si personne ne gravitait autour d’elle. Elle aime être appréciée, regardée, parfois même convoitée. “Je l’espère… C’est valorisant, je peux l’admettre. Je ne dois pas paraître très passionnante, j’aurais aimé être plus, faire plus. J’aurais pu, sans me vanter, je suis loin d’être incompétente.” Elle s’arrête, se mordant la lèvre pour retenir ses ressentiments envers ces hommes qui l’ont enfermés dans une vie peu trépidante. “Je ne pense pas vous l’avoir dit, mais mon père a pris la décision pour moi. A 16 ans, j’étais déjà promise à Arctus. J’ai toujours su qu’il ne servait à rien de contester. Alors, j’ai accepté, et j’ai tout de même réussi à négocier cet accord avec mon défunt mari pour être préceptrice. Il a accepté dès lors que je gagnais pas d’argent en menant mon activité.” Elle n’a aucune tristesse à parler d’Arctus, ni de son mariage décousu. Pas de colère non plus, elle avait choisi d’être pantin, et c’était cela qui la différenciait tant des autres. Elle n’avait pas subit entièrement sa peine pendant 10 ans de mariage, elle l’avait porté la tête haute.

“La question ne m’indispose pas, j’espère que la réponse ne vous ennuiera pas. A la sortie de mes classes à Poudlard, je me suis enrôlé et je suis parti pour Le Cap. Peut-être avez-vous entendu parler des conflits des Boers ? J’ai servi la couronne moldue, faisant partie d’une unité de sorciers intégrés à l’armée moldue. Une fois les conflits finis, je suis resté quelques années pour … En apprendre plus sur une forme de magie qui m’intéressait. Je suis revenu sur le continent, mais j’ai cette fois fait le choix de revenir en France. J’ai dû travailler … Trois ans là-bas ? Au 36. Pardon, le Quai des Orfèvres. La police française. Le gouvernement britannique m’a ensuite proposé de me rendre aux Indes, pour rejoindre un poste-frontière. La suite … Peut-être la connaissez-vous. Nous avons été attaqués, c’est là que j’ai perdu mon épouse et que j’ai été blessé.” Elle sent sa douleur lorsqu’il évoque sa défunte épouse, à l’inverse de théa, elle sait qu’il s’est marié par amour. Cela la touche, l’histoire d’amour dont elle a rêvé, il l’a vécu, elle n’a simplement pas eu la chance de bien se terminer. “Je suis désolée…” Elle s’arrête, peu satisfaite de sa formulation. “Je suis désolée que tout cela vous soit arrivé. C’est injuste.” Elle semble avoir du mal à trouver ses mots, empathique, elle s’imagine vivre un tiers de ce qu’il a vécu. Une perte humaine n’est jamais comparable, elle ne se dit pas que perdre sa femme est pire ou moins douloureux que de perdre un enfant, mais elle comprend. Elle sait ce que c’est de perdre une partie intégrante de soi. “Il ne devrait pas être permis de perdre un être aimé ainsi. Je suis certaine qu’elle vous protège de là où elle est.” Théa n’était pas croyante, mais elle était intimement convaincue qu’Orion la protégeait d’où il était. Son doux fils. “J’espère que votre corps s’est remis comme il le pouvait. J’imagine peu combien tout cela a dû être compliqué… En tout cas… Bien que nous nous connaissons peu, au final, vous pouvez vous reposer sur moi si vous avez besoin de quoique ce soit. Je sais être une oreille attentive, et j’ai des relations au besoin.” Elle lui propose son écoute pour panser son coeur, et son carnet d’adresse pour soigner son corps. Seule chose qu’elle se sente légitime de faire. “J’aurais aimé autant voyager… Arctus ne souhaitait pas que je l’accompagne dans ses affaires. Je n’ai jamais quitté le Royaume Uni. Votre vie est riche en souvenirs…” Son regard se perd à imaginer les terres qu’il a visité, sans en sentir la saveur, son imagination n’est pas assez fertile pour frôler un tant soit peu les beautés qu’il a pu croiser sur sa route. “Pardonnez moi de changer de sujet, mais vous avez parlé d’une autre forme de magie ?” Curieuse enfant, toujours besoin d’en savoir plus, elle a l’impression qui la laisse pousser les barrières, alors elle tente, encore, jusqu’à ce qu’il dise non.

Elle le regarde servir le thé en posant sa question, profitant de l'odeur délicieuse. Il s'approche d'elle, et lui pose entre ses mains la tasse de thé encore fumante, frôlant de ses doigts sa peau, lui procurant un frisson involontaire. Son odeur musquée s'entremêlait à celle du thé, et elle apprécia ce mélange subtil. "J’espère qu’il vous plaira." Elle plongea son regard dans le sien, et sans même avoir besoin d'y réfléchir, elle répondit d'une franchise désarmante. "Il me plait déjà." Parlait-elle du thé, de l'homme qui se tenait devant elle ? Sa manière maladroite de démontrer son irrémédiable attirance, loin de ses manières habituelles, bien qu'une tendre couleur rosé vint chatouiller ses pommettes.

what is stronger than the human heart ?

@Théa Malfoy

Qu’elle se livre ainsi émeut Atlas. Il croit à une sincérité dans ce qu’elle lui dit. Comment pourrait-elle mentir et le regarder ainsi ? Il y a des mois qu’il ne s’est plus vu ainsi dans d’autres yeux. Estimé, aimé. De cette seule intimité qu’il connaît. Il avait oublié ces égarements du temps et de l’esprit. Ne plus s’intéresser à autre chose qu’elle, et occuper tout son esprit à savoir comment prolonger un moment qu’il estime parfait et ne veut pas voir réduit. Ce sera toujours trop court. Il aimerait lui dire qu’il la trouve passionnante mais le compliment lui vient trop tard pour le rendre naturel. Gêne, émois de jeunesse. A son âge. Ils redeviennent des jeunes gens. Il avait oublié comme il était doux de s’affranchir impunément d’une dizaine d’années.

Chaque fois qu’elle se mord la lèvre, et il remarque avec délice qu’il s’agit d’un tic, il meurt d’envie de l’embrasser.

Si bien que, dans ces moments seulement, il ne parvient plus à réfléchir tout à son aise. Seize ans. Arctus. Ces paroles viennent se graver quelque part en mémoire mais n’ont pas de résonnance sur le moment même.

Beaucoup lui ont présenté des condoléances, et il a toujours senti la sincérité du désarroi dans ceux qui les formulaient. Peu ont aussi bien mis des mots sur sa peine. Non, cela ne devrait pas être permis. C’est la conscience de ce déséquilibre qui lui fait retourner ciel et terre. Tout son être est tendu vers ce but, il ne se permet de charmants interludes comme celui-ci que pour relâcher la pression. Il a rapatrié leurs affaires, car Margot en aurait besoin. Il les a rapatriées dans une maison qui soit assez grande pour fournir deux laboratoires de recherche. L’officiel, que tout à chacun s’attend à trouver chez un alchimiste. L’officieux, auquel un passage secret qu’il a monté lui-même lui permet de se rendre. Là, il a entreposé les ouvrages de nécromancie qu’il s’est procuré via le marché noir. N’en laisser aucune trace. Il a stocké quelques affaires, de quoi reposer une personne. Il ignore encore s’il sera immédiatement possible de ramener Margot dans un corps, mais si tel était le cas, Atlas a prévu un lit de camp pour qu’elle puisse se reposer. Il a pris des contacts pour obtenir de faux-papiers. Car il faudra partir, naturellement. On ne fait pas de nécromancie au vu et au su de la société, et il ne peut ramener sa moldue au milieu des partisans de Grindelwald.

Ces prévisions ne lui avaient jamais semblé si lourdes. Il ouvre la bouche, désireux de les partager. Se ravise. Mais à quoi joue-t-il ? Il aurait pu se mettre en danger. Mettre Margot en danger. Son regard de reproche ne se pose pas longtemps sur Théa Malfoy, mais il craint qu’elle l’ait remarqué. “Il ne devrait pas être permis de perdre un être aimé ainsi. Je suis certaine qu’elle vous protège de là où elle est.” « Non, cela ne devrait pas être permis », souffle-t-il. « J’aime essayer de croire ce qui conforte les moldus, qu’elle a été rappelée à … et non pas ôtée. » et que je pourrais l’appeler en sens inverse. Il n’ose préciser à Qui son épouse a été rappelée.

Théa Malfoy le rejettera si elle apprend qu’il respecte les idoles moldues et même, soyons honnêtes, qu’il y croit lui-même. Il s’est converti par amour. N’était pas le premier à le faire, ne s’en inquiétait guère. Il avait déjà côtoyé des prêtres avant cela, s’intéressant à ce qu’ils proposaient. La mort chez ces moldus est tellement rassurante. Hormis la perspective de l’enfer, mais il ne peut pas croire que son épouse y ait été emmenée.

« Il est heureux que certains de ces souvenirs soient tendres. Ne vous en faites, je ne suis pas sûr d’avoir besoin de vos relations, mais je m’en souviendrai le cas échéant. » Il la remercie d’un sourire.

Sourire crispé et absent lorsqu’elle évoque sa convalescence. Il ne se résoudra pas à aller plus loin. C’est déjà trop humiliant, de penser à ce qu’il a perdu. Il avale une gorgée de thé et les volutes se dispersent comme un brouillard autour de la nymphe face à lui. Il gagne du temps. Quelque chose le titille, l’ordre des choses n’est pas celui qu’il avait anticipé. “J’aurais aimé autant voyager… Arctus ne souhaitait pas que je l’accompagne dans ses affaires. Je n’ai jamais quitté le Royaume Uni. Votre vie est riche en souvenirs…” « Laissez-moi garder quelque mystère pour vous donner une nouvelle occasion de me voir. » charmeur, taquin, énamouré. Il se sent vulnérable. Ce n’est pas ce qu’il ressentait avant et il s’empresse de sonder cette impression.

Atlas était tout entier à son inquiétude qu’elle le trouve brutal. Image d’un soldat soudard qu’elle aurait pu avoir. Il a trouvé de grandes satisfactions en s’engageant pour servir son pays, encore que la France comme l’Angleterre puissent mériter ce titre. Il serait idiot de sa part de n’avoir jamais douté de ce qu’il faisait. Certaines actions se sont opposées à sa conscience. Il a du les cacher derrière le plus grand bien. The greater good. De terroriser certains civils, rattraper les fugitifs, se cacher dans les lignes ennemies … L’alchimiste n’aurait pas pu continuer s’il n’avait pas été capable de fractionner tout cela. Refermer chaque souvenir violent dans une fiole, planquée dans un coin de sa tête. Il rêve d’acquérir une pensine, rêve plus accessible que d’espérer trouver une nouvelle compagne qui saura le rassurer comme faisait son épouse. Lorsque, humain ou transformé en félin, sa tête reposait sur les genoux de son épouse, il perdait toute angoisse. Le contact de la peau des genoux de Margot, sa main sur sa tête, avaient un effet apaisant qu’il ne retrouve que très difficilement dans la boisson et autres substances. Douce mélodie qu'elle parle du thé (de lui, qu'elle soit honnête) avec tant de tendresse. Elle n'en fait pas autant en parlant de son défunt époux ...

Arctus. Son mari. Faisant des affaires. Voyageant. Mariée. Choix dès ses seize ans. Imposé, curieux, lui semblait que les demoiselles avaient quelque mot à dire chez les sorciers, là où les moldues ne sont qu’une marchandise. Malfoy. Selwyn. La vérité a un effet presque éblouissant, le voilà qui cligne des yeux pour fixer une image. Arctus, Selwyn ? Il le remet. L’architecte qu’il a rencontré quelques fois dans des dîners. En visitant de riches demeures de sorciers, Le Cap. Le Caire. Pondichéry. Le vieil architecte. Mais Dieu, on l’a mariée à cet homme-là ? Ce coureur de jupons qui ne venait jamais sans une ou deux beautés sculpturales aux bras ? Qui parlait de son épouse comme d’une ennuyeuse petite chose ?

« Excusez-moi, vous étiez l’épouse d’Arctus Selwyn ? » Ce fossile ?

théa & atlas

I'll never reach the truth of lies i'm just watching the flowers grow where I'm born is where I'll die at night I can't sleep when I try to forget that I never cheated that I tried to be strong no matter how wise I was, I feel wrong. And I'm waiting for the sun

Atlas Flamel était un être particulièrement passionnant. Dans toutes ses nuances, il la laissait pantoise, et à chaque fois qu’elle s’imaginait être déjà tomber dans ses filets de façon irrémédiable, il se livrait au point qu’elle fondait d’adoration. Elle avait tant conscience que sa femme restait l’amour de sa vie, l’unique, mais elle avait déjà une autre sorte d’amour qui ne quitterait jamais cette place, aussi. Alors, était-ce là le destin qui les rapprochait ? Coeurs abîmés, vies piétinées, pour mieux se réparer ? Elle avait l’idée fragile que c’était là la vérité. L’avantage, avec Atlas, c’est qu’elle ne doutait pas de ce qu’il disait, et de ce qu’il ne disait pas. Elle ne cherchait pas un reproche caché, ou un silence d'acquiescement. Elle le comprenait doucement, tout entier, et ses réactions au fur et à mesure de la conversation devinrent plus aisés à distinguer. Elle se sentait tant en confiance qu’elle ne prit pas la peine de réfléchir aux convenances, aux règles qu’elle connaissait normalement par coeur, qui s'étendent naturellement quand elle parlait, en général. Mais là, il faisait ressortir la vraie Théa. Celle qu’elle ne connaissait pas.

“J’aime essayer de croire ce qui conforte les moldus, qu’elle a été rappelée à … et non pas ôtée” Ca frappe Théa en plein coeur, jamais elle n’avait vu la mort ainsi. Pour elle, ce n’est que vol, destruction des vies, tempête en mer calme, vengeance putride et violence inutile : la mort n’a rien de poétique, rien de doux, rien de sain, rien d’équilibré. Et pourtant, dans toute sa sagesse, il construit une vision plus tendre qu’elle n’avait eu l’occasion de le faire en cinq ans de deuil. L'émotion la submerge et une larme s’écrase sur sa joue, tant elle est bouleversée par cette vision qui déconstruit ses pré-requis. Elle la chasse bien vite, et formule des excuses maladroites. “Veuillez m’excuser, je suis parfois un peu sensible. Je n’ai jamais pensé cela ainsi, mais je trouve cela particulièrement beau. J’en suis persuadée, Atlas, un jour, qui, j’espère, sera lointain, vous la retrouverez.” Elle se sentait particulièrement ridicule d’avoir été prise d’émotion en entendant cela, mais elle restait princesse au coeur de glace, qui savait fondre lorsqu’il était pris entre deux mains réconfortantes, tendres. Et alors, elle ne devenait qu’une femme à nouveau, cabossée, loin de la Lady qu’elle tentait d’être. A nue devant lui, toute habillée, mais l’âme sans masque. Juste la gamine encore triste de la mort qui l’entoure encore.

Et alors, elle se demanda si Orion lui avait été ôté ou avait été rappelé… Elle avait du mal à imaginer qu’on puisse rappeler un être qui n’a pas eu le temps de fouler la terre, comment choisir s’il n’avait pas eu assez de temps pour faire ses preuves ? La seule explication rationnelle, à ses yeux, était que l’univers savait que son père ne saurait pas agir en tant que tel, et que théa pourrait offrir mieux, offrir plus, à un enfant qu’Arctus en guise de figure patriarcale. Mais c’était si violent, et c’était tant au risque d’être dévorée par la colère, qu’elle préféra laisser la plaie béante de sa perte à un vol injuste. Elle refusait d’être en colère contre Arctus plus que de raison, elle ne pouvait pas ressentir cela, sinon, elle risquait d’imploser. Et ca ne serait pas beau à voir. Vraiment très mauvais.

“Excusez-moi, vous étiez l’épouse d’Arctus Selwyn ?” La question la surprend un peu, elle ne s’y attendait pas, et dévisage Atlas avec un sourire contrit. Il semble en colère ? Décontenancé ? Puis elle leve les yeux au ciel, tant l’évidence ne l’avait pas frappé : Arctus n’était pas avare de commentaires sur elle. Mais à part pour complimenter son physique, il passait beaucoup de temps à juger son manque d’esprit. Mais qu’imaginait-il, ce pauvre ancêtre, qu’elle allait développer à quelle point elle était plus intelligente que lui ? Que son sens des affaires était déplorable, et que si elle jetait un oeil un tant soit peu attentif à ses comptes, elle aurait pu faire doubler son chiffre d’affaire ? Non. Arctus et son père avaient été clair. Elle devait être une épouse vitrine. Sois belle et tais toi. Pas d’autre besoin. Alors, elle prend une grande inspiration, et répond à la question de l’homme en face d’elle. “Oui, j’étais Lady Selwyn il y a encore quelques mois.” Et alors qu’elle n’aurait jamais fait cela devant quiconque, elle éclate d’un rire triste, et poursuit. “Vous ne devez pas avoir entendu beaucoup de choses positives à mon sujet de la part mon défunt époux, n’est ce pas ? A contrario à votre mariage, le mien était loin d’être choisi ou heureux.” Elle passe une main inquiète sur son visage et fronce les sourcils, sachant qu’elle avait été maladroite et peu respectueuse. “Excusez moi, je suis un peu trop prolixe à vos côtés, Atlas.” Elle s’arrête, et plonge son regard dans le sien. “J’ai du respect pour Arctus, je n’aurais pas du parler de notre couple ainsi. Mais, vous savez… Ce n’est pas ce que j’imaginais quand on me parlait de mariage.” Elle n’était pas fleur bleue, à Poudlard, elle n’a jamais cherché le prétendant parfait où à avoir des histoires d’amour. Elle travaillait, liait des amitiés, et restait la parfaite petite Malfoy. Son meilleur rôle. Elle pourrait recevoir une récompense, tant il lui sied à merveille.

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@Théa Malfoy

Une vie d’aventures et de périples n’ont pas préparé Atlas à cela. Les larmes de Théa Malfoy le pétrifient. Affreuse impression que de les avoir causées. Pourtant … Pourtant elle semble émue parce qu’il a dit, dans un sens favorable. Il ne se contrôle plus guère et prend sa main dans les siennes. Contact merveilleux. Il aimerait oublier ce qui l’a causé. Un instant de lucidité, il retrouve toute la distance appropriée, sors le mouchoir qu’il gardait dans la poche intérieure de son veston et le lui tend. Il aurait aimé proposer mieux qu’un carré de tissu rêche. Il regrette d’avoir posé cette question, le sujet n’est pas convenable. Question brûlante, angoisse pressante qui lui brûlaient les lèvres.

Alors c’était bien elle. Lady Selwyn. Ils n’avaient pas eu l’occasion de s’approcher dans un contexte si formel. Atlas se remémore les quelques occasions durant lesquelles il a été amené à côtoyer Arctus Selwyn. Il n’en tire aucune fierté. Il ne connaissait pas la Lady Selwyn dont il était question, et aurait bien en peine de faire l’éloge de ses mérites. Mais il lui semble maintenant qu’il a cautionné des paroles qui auraient eu leur place dans une caserne et pas dans une soirée mondaine.

Il aurait dû faire quelque chose.

Ne serait-ce que s’éloigner et parler avec un autre convive ? Il lui semble que Théa Malfoy peut maintenant apercevoir sa gêne. Il ne dirait pas qu’il tombe des nues lorsqu’elle évoque ce mariage arrangé. Il s’en doutait, bien sûr. Nombre de familles sorcières en font autant, et il n’ignore pas que la famille Flamel a toujours permis un certain répit à leurs enfants – tant qu’ils fournissaient une descendance. Mais, avec un peu de candeur peut-être, Atlas s’était figuré que l’époux dont elle était veuve avait été choisi lorsqu’elle était enfant, parmi les autres naissances récentes dans le cercle amical des Malfoy. Combien de ses camarades de Beauxbâtons s’étonnaient qu’il ne soit pas fiancé dès leur première année, qu’il n’ait pas quelqu’un qui ferait ses classes en même temps et fermerait les yeux sur la fenêtre de liberté que constituait l’académie, avant de n’avoir plu qu’une seule personne dans leurs bras ?

« Je … Pardonnez-moi, j’ai été curieux. Lors des quelques occasions où j’ai croisé votre époux, je n’ai pas pu … M’imaginer la Lady Selwyn qu’il évoquait. Je constate qu’il n’a pas été fidèle à la réalité. »

Il se garde de préciser qu’il ne se serait pas permis d’en parler ainsi. Et qu’il y a bien d’autres concepts auxquels Arctus n’a pas été fidèle. Devrait-il lui dire ? Ce serait inutile de salir le nom d’un mort, et il lui semble qu’elle n’a pas pu ignorer cette double-vie qu’il menait. A-t-elle dit qu’elle l’avait aimé ? Non, qu’elle l’avait respecté. Il mesure le choix de ces mots. S’il pouvait se vanter d’être capable d’utiliser des deux pour parler de Margaret, Atlas se figure sans mal qu’on ne peut que difficilement aimer un époux qui vous est imposé. Il a toujours craint que ce genre de vie ne rattrape sa propre sœur – Moon est encore une enfant, et le sera peut-être toujours à sa manière. S’entendant toujours répéter que ces mariages étaient mieux pour tous, et qu’il n’aurait pas du faire l’original à épouser une moldue, le militaire avait presque fini par y croire. Peut-être son mariage était-il une trop grande transgression, mais enfin, il aurait fallu être idiot pour passer à côté d’une si belle histoire.

Il peine à affronter le regard de Théa Malfoy, ce serait l’opportunité parfaite pour poser la question qui le tourmente depuis quelques jours. Depuis, à vrai dire, la première fois qu’ils ont pu se rencontrer et engager une vraie conversation. Ils sont veufs, n’ont pas pu avoir de descendance, l’occasion ne serait-elle pas bonne ? Ce terreau d’affection et de respect mutuel ne demande qu’un peu de soin, ils peuvent en tout cas espérer un mariage raisonnablement heureux, qui serait toujours préférable à une union forcée. Mais après s’être libérée des chaînes qui l’entravaient à Arctus – elle n’a même pas fini son deuil – souhaite-t-elle renouveler l’expérience ? Il garde la réserve, finit sa tasse de thé sans même en apprécier le goût. Non, ce serait opportuniste de la questionner sur le sujet. Pas après qu’elle ait pleuré. « Ne vous excusez pas d’être prolixe, c'est un plaisir d'échanger avec vous. Je sais qu’une telle qualité de conversation est rare. » Non, il n’en exprimera pas plus. C’est suffisamment … Prolixe, cette déclaration en demi-teinte. Il est trop entravé pour aller plus loin. « Je vous souhaite, si c’est là que ce vous désirez, de trouver quelqu’un pour qui vous puissiez ressentir du respect et de l’affection. » N’a pas osé parler d’amour. Il aimerait croire que ce serait possible, mais ne parvient pas à s’abandonner à cette éventualité. S’il se laisse aller, il se trop déçu lorsqu’elle refusera.

D’ailleurs, la pendule sonne doucement. Le magasin est fermé depuis trop longtemps pour qu’une lumière filtre sous la porte. Cette entrevue va durer trop longtemps pour qu’on ne leur reproche – et elle aurait sans doute plus de mal à la justifier. « Permettez. » Il se lève, et va porter en arrière-boutique les tasses. Il y a une ombre de rouge à lèvres sur celle de Théa, et il se surprend à se rappeler ces coquetteries qui l’avaient amusé chez son épouse. Un sortilège nettoie la vaisselle et fait peser cet insupportable sentiment de solitude sur ses épaules. Il n'est plus certain qu'il aura encore droit à ce genre d'attentions dans les années à venir.

Son sourire s’est fané lorsqu’il revient près d’elle. « Je crains de vous avoir retenue trop longtemps, Théa. Puis-je vous raccompagner ? »

théa & atlas

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Le toucher de sa main calme de façon immédiate les quelques perles salées qui s’étaient écrasées sur sa joue. Elle se retrouve dans une drôle de situation, réconfortée par l’homme dont elle voulait, là, de suite, panser les plaies béantes. Se sentant un peu idiote de s’être révélée ainsi, elle n’ose pas le regarder, et trop vite pour qu’elle profite vraiment de sa peau contre la sienne, il retire sa main, rapidement, dirait-elle tristement ? Au profit d’un mouchoir dénudé d’artifice. Elle essuie ses larmes, et replie le carré pour le déposer sur le bureau.

“Je … Pardonnez-moi, j’ai été curieux. Lors des quelques occasions où j’ai croisé votre époux, je n’ai pas pu … M’imaginer la Lady Selwyn qu’il évoquait. Je constate qu’il n’a pas été fidèle à la réalité.” Elle sent sa gêne, mais lui offrit un sourire tendre pour le rassurer. “Atlas, vous être bien trop doux avec moi, je ne suis pas sûre de le mériter.” Elle pense tant ce qu’elle dit. Elle qui a prit l’habitude d’être flattée sur son physique et parfois, son habileté à enchanter une harpe pour qu’elle joue ses morceaux préférés, mais rarement sur son esprit. A nouveau, il lui donne l’impression d’être une autre, toujours dans la même enveloppe corporelle. Y avait il une autre Théa pouvant cohabiter avec cette vie cadrée, de Lady ? Acceptable, moins parfaite ? Avec, des failles ? Elle a vite compris le chemin pris par Anthonius, et elle a tout fait, finalement, pour qu’Hero puisse avoir un dessein moins triste que le sien. Mais pour elle, qu’avait-elle dessiné, si ce n’est des visages de cire à poser contre le sien ? Rien. Rien.

“Etre une Selwyn fait partie de mon histoire. Et quand bien même ce n’était pas ce que j'espérais, je pense m’en être dignement sortie.” Toujours Fière. Quand certains n’avaient pour seul ambition d’être Toujours Pur, son leitmotiv restait la dignité. Qu’était la pureté, la perfection, les arrangements, sans dignité ? Rien. Absolument Rien. On se souviendra de ceux et celles qui resteront là, la tête haute, pas des cafards rampants pour un peu d’attention. Ceux là, on les écrase, on s’en moque, la gorge déployée. Alors elle ne gommerait rien de son histoire, de son passé, de la poupée de porcelaine qu’on jugeait comme un jouet peu vivant. Ca serait effacer Orion au passage. Elle ne l'accepterai pas. Jamais.

Ses compliments la font sourire, encore. Toujours. Etait-ce si normal d’être dépassée par la chaleur qui enflammait son coeur, ses joues, dès qu’il osait prononcer un léger intérêt pour sa personne ? Elle n’en était pas certaine, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Et son imagination devenait un peu trop fertile, à s’imaginer dans ses bras, contre son coeur, contre son corps… Elle n’avait jamais dû jouer le jeu de la seduction mais elle savait qu’elle ne s’y prenait pas comme il fallait : On ne pleurait pas devant un prétendant, si ? Et comment s’habiller alors ? Pouvait être se permettre de dévoiler légèrement ses charmes ? Le tutoyer ? Intérieurement, Théa était un peu dépassée : elle qui aimait avoir le contrôle ne connaissait pas les codes, pour tout dire… “Je vous souhaite, si c’est là que ce vous désirez, de trouver quelqu’un pour qui vous puissiez ressentir du respect et de l’affection.” D’un sourire sincère, elle se retient de dire : Je l’ai déjà trouvé. Bien que de tout son être, elle en était persuadée, il restait cavalier de se livrer ainsi, et elle l’avait déjà bien assez fait le long de cette conversation. “Merci. J’ai réussi à obtenir de mon père un droit de regard, et je compte bien tenter d’être en amour pour mon mari cette fois… Je peux toujours essayer après tout !” Elle eut un petit rire, se moquant presque de ses espoirs vacillants.

Elle fini son thé, délicieux, au passage, et il s’enquiert d’aller nettoyer la tasse. Elle jette un oeil inquiet à l’horloge, sachant pertinemment qu’elle s’est trop éternisé dans la boutique Flamel. Elle se lève, lissant sa robe machinalement, et observe la carrure bien dessiné d’Atlas : cet homme avait tout pour lui : Gentleman, pertinent, intelligent, plein d’esprit, et bel homme. Elle ne voyait pas de mari plus parfait. Et qui plus est, plus le temps passait en sa compagnie, plus son coeur brûlait pour lui. “Je crains de vous avoir retenue trop longtemps, Théa. Puis-je vous raccompagner ?” Elle récupère ses affaires, enfile avec son aide sa cape chaude, trop chaude pour la boutique chaleureuse, et répond : “C’est ma faute, excusez moi. Je dois passer à Gringotts avant de rentrer, mon père m’a prié de récupérer quelques affaires, il sait bien comme les galeries peuvent être capricieuses, n’est ce pas ?” Elle lui offre un sourire complice, pour lui faire comprendre que son excuse est toute trouvée. “J’espère vous revoir bientôt, Atlas.” Ils se sourient, deux idiots qui ne savent comment se séparer, et il s’empare de sa main pour y déposer un baise-main. Ses joues la consument littéralement, et elle s’échappe doucement dans le chemin de traverse, la main pressée contre son coeur.

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@Théa Malfoy

« Je l'espère aussi, Théa. » Un baisemain - sur une main gantée mais oh il s'en contentera. Merveilleux qu'elle ait trouvé une excuse à cette entrevue qui s'est déjà trop prolongée. Ne lui reste plus à son tour qu'à trouver des justifications pour se revoir. Il ne doute pas qu'il trouvera une bonne excuse. Ne serait-ce que ces histoires d'elfes de maison. Elfes dont il aurait bien besoin.

Un sortilège étouffe le feu dans la cheminée, un autre éteint la lampe qui brûlait encore et qui a diffusé une lumière chaude, accueillante. De retour dans les rues pavées de Londres, l'alchimiste prend la décision de rentrer à pied. Il aperçoit quelques instants la silhouette, noir de la robe et du chapeau, clarté du visage et des cheveux, de Lady Malfoy au loin. Elle disparaît rapidement à sa vue, et il se coule anonymement dans la foule de travailleurs finissant leur journée et rentrant chez eux. Dieu, qu'il aimerait la même sérénité à l'approche d'un foyer.

Il passe plusieurs jours à repenser à cette entrevue, et il lui semble que ses cauchemars s'amenuisent. Il est entier à cette nouvelle pensée. Un papier à lettres, grossier mais simple, lui permet de poser des questions dans les jours qui viennent. Atlas se surprend à être sentimental et conserver en l'état le mouchoir qu'une ombre de maquillage a taché. Vecteurs grossiers d'une affection sincère.

Lady Théa Malfoy a bien fait comprendre qu'elle aurait un droit de regard sur son nouvel époux. Il se surprend à rêver d'être cet homme. Il serait doux de la tenir dans ses bras, de converser ensemble les soirs. Il n'est pas insensible non plus aux charmes qu'il a deviné sous ces vêtements sombres. Ils auraient tout le temps de se connaître. Se fiancer. Préparer une vie ensemble ? Doux rêves.

Atlas guette les nouvelles dans les journaux. Entre deux nouvelles qu'ils jugent inquiétantes, il trouve l'occasion parfaite. Un opéra, qui ne leur laissera guère le temps de parler mais qui pourrait être une bonne excuse. Ce sera très convenable, cela vaut mieux que rien.

En attendant de trouver l'ingéniosité pour organiser une nouvelle entrevue.

» (thelas) curiosity killed the lady
» ( lydia ) ; i know you wanna go to heaven but you're human tonight
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