La sonnette retentit : Showtime. Alecto a tout préparé. La table ronde, recouverte d'une nappe. Les verres, les boissons, à manger. Les cartes et les jetons enfin. Tout doit être parfait : sa famille lui a bien fait comprendre que beaucoup de choses dépendaient de la réussite de cette soirée un peu particulière. Et… il faut de manière générale ne pas contredire les Goyle, ça, elle l'a bien compris. S'il faut accueillir ces invités un peu particuliers le temps d'une soirée pour obtenir la tranquillité… Elle le fera. Et avec classe. Elle va ouvrir la porte. "Bonjour! Je suis Alecto, enchantée!" Face à elle, une femme aux longs cheveux noirs, qui porte avec flegme un rouge à lèvre sanguin et un manteau de fourrure. Des lunettes en verre fumée masquent le haut de son visage. Elle a un rictus. "Nous verrons." Elle entre en regardant à peine la métisse et sa robe brune et noire rappelant l'art africain. Derrière elle, elle distingue son cousin, Kieran, qui lui offre un sourire carnassier. "Rappelle-toi… Pas le droit à l'échec, gamine". Derrière lui, c'est un homme tout vêtu de cuir noir dont le visage reste dans l'ombre. Et enfin… Antarès? Alors lui aussi est venu? Elle lui offre un sourire, se disant qu'au moins un visage amical sera autour de cette table.
Oui… tout ira bien. Il le faut! Alecto guide ses invités, les laisse prendre place. Dans les verres à pieds en cristal, elle sert un champagne hors de prix. Mais la femme a fourrure pose sa main sur le haut du verre, et dit d'une voix dédaigneuse. "Pas pour moi, ma belle. J'ai ma propre bouteille." Elle sort de sous son manteau une bouteille de vin dont elle se serre un verre… Etrangement sirupeux. Probablement un vin étranger, après tout, elle n'y connait rien. "Alors… on s'y mets?" Déglutissant un rien, mais masquant son angoisse d'un sourire, Alecto s'assieds et bats les cartes. Les distribue. "Petite blind à 2 livres. Grande blind a 4!" La jeune femme regarde ses cartes alors que les jetons glissent sur la table, forment un petit tas au centre. Reine de pique, 8 de piques. Rien de transcendant, elle le sait. "Flop." Trois cartes de plus. Le flop n'est pas exceptionnel. L'homme en noir grimace. "Check." La femme à fourrure relance. Alecto, elle… hésite. La femme la regarde, avec un sourire amusé et boit une gorgée de son vin, qui laisse sur ses lèvres une traînée rouge, vite essuyée d'un coup de langue. "Alors, ma chérie, on a peur?" Peur? Pff jamais. Non, Alecto sourit, même si elle n'a qu'une envie, c'est de se recroqueviller sur place. Kieran ricane. Il suit. Tout le monde suit. "Tournant". Les piques aux, s'amoncellent. Plus qu'un pour une couleur. Antarès s'est couché, avec un soupir, et regarde la partie en croisant les bras. A son tour… Alecto mise. Un coup de bluff qui n'a jamais fait de mal, après tout. Un tour de plus. Les mises augmentent. L'homme en noir se couche à son tour, avec un mouvement d'humeur. "Rivière." Le voilà! Le pique qu'il lui manquait. Un flush. Bonne main mais si Kieran semble près a renverser la table, la femme, elle, semble confiante. "Tapis. Alors, ma belle… tu suis ou tu te couches?" Elle baisse ses lunettes et fait un clin d'œil. Ses yeux brillent d'une lueur presque… anormale, durant une seconde. Oh… elle aura rêvé. Les deux femmes s'observent. L'on entend presque une musique de duel de western en arrière plan. "Tapis.". Les jetons colorés sont un tas. Un instant, Alecto se dit que s'ils étaient faits d'or… la personne qui les remportera sera riche.
Les cartes sont dévoilés. Un brelan pour la mystérieuse femme à lunettes. Rien qui ne batte un flush. "J'ai… j'ai gagné? J'ai gagné!" Alecto exulte. Devant elle, Kieran ricane de nouveau. "Gagné? Oh ne crois pas ça… Il n'y a qu'une gagnante ici… c'est moi". Et, renversant la table, la femme se jette sur elle, plonge des crocs dans la chair de son cou, alors que les jetons volent en l'air et retombent dans des bruits métalliques. Alecto est paralysée, alors que la femme aspire peu à peu sa vie, sous les rires de Kieran. "Je t'avais dit, gamine. Pas le droit à l'échec."
En sursaut, Alecto se relève, cherchant sa respiration, sa main tâtant frénétiquement son cou. Son cœur bat à tout rompre, mais dans sa petite chambre… il n'y a personne d'autre qu'elle.
"Pas le droit à l'échec." La voix de son cousin résonne à ses oreilles. Ce n'était qu'un rêve.
