war of hearts (w/ minerva)

i can't help but want you

i know that i’d die without you.

parfois andraste pense à la mort d’ephraïm. comme un bon souvenir. comme un bon vent de fraîcheur qui la fait sourire. bien qu’elle n’en soit pas la responsable, elle aime la certitude que le coeur de minerva s’est brisé et qu’il ne se réparera jamais. elle se dit qu’elle se fiche si l’ancienne gryffondor a aimé ce type plus qu’elle. le vrai drame est là ; andraste est vivante et l’être aimé est sous-terre. minerva n’aimera plus jamais. elle ne sera jamais heureuse. c’est bien ce qu’elle mérite. parfois andraste s’assoit devant la tombe du défunt jeune homme et simplement, sourit. bien contente qu’il ne soit pas arrivé jusqu’au mariage. ça lui donne tout simplement des ailes. c’est juste que l’accident minerva, elle ne s’en est jamais remise. de l’amour à la haine obsessionnelle. maintenant il n’y a que satisfaction parce qu’elle sait que minerva doit se sentir bien misérable. andraste croit qu’elle le sera toujours. elle y tient. elle s’y accroche. hors de question que cette peste s’en remette. elle ne la laisserait pas. si elle oublie, andraste se ferait un plaisir de lui rappeler. juste pour la voir. juste pour être certaine qu’elle est toujours en train de le pleurer. connaissant l’état de minerva, andraste vit tranquillement. minerva allait marier un homme qu’elle a osé aimer plus qu’andraste. et pour ce, il est mort. andraste est mariée à un homme dont elle n’a jamais été amoureuse. et il vit à ses côtés. il y a quelque chose d’amusant là-dedans. comme d’un drôle de karma. andraste est satisfaite avec sa vie, minerva ne l’est probablement pas. alors tout va bien. tout va bien. que ça ne change pas. puis mots que ça a changé. pas croyable. cette sale peste. cette sale peste croit qu’elle a le droit au bonheur. elle a brisé le coeur d’andraste, enterré son fiancé et elle continue de croire qu’elle peut avoir une chance au bonheur. quelle petite prétentieuse. pour qui se prend-t-elle? ça n’arrivera jamais. pas tant qu’andraste respire. tant qu’elle respire, minerva doit être malheureuse. c’est juste ainsi que ça fonctionne, depuis un long moment maintenant. mots dans la rue que la petite peste a retrouvé l’amour. andraste ne peut pas s’empêcher de croire qu’elle le fait seulement pour l’embêter. elle essaie d’attirer son attention. elle a réussi. andraste pourrait laisser tomber. ça fait plus de dix ans, après tout. mots aussi qu’un potter a joué avec elle. bien sûr que non, elle ne s’inquiète pas pour elle. bien sûr que non, elle ne se fait pas du soucis pour elle. elle la déteste. tant mieux pour elle si elle souffre. mais c’est à andraste de s’en prendre à elle. c’est toujours à andraste de la hanter. quand elle ferme les yeux, elle doit voir le visage de la blonde. elle est sienne. elle sera toujours sienne. d’une manière ou d’une autre, elle sera toujours sienne. et pourtant, minerva souffre loin d’elle et pas à cause d’elle. mais il doit être là pour elle. la prendre dans ses bras. lui assurer que tout va aller pour le mieux. lui promettre de prendre soin d’elle. il doit être aimant et doux. andraste le veut mort.

elle attend sur un muret près du chaudron baveur. minerva sortira d’une seconde, innocemment, ne s’attendant pas à ce qui va lui tomber dessus ; andraste. il est temps de lui filer une piqûre de rappel. de lui rappeler qu’elle existe. de lui rappeler qu’elle n’a aucune pitié. et de lui rappeler que d’être aimée, ce n’est pas quelque chose qu’andraste lui autorise. elle ne pensait pas minerva aussi stupide. andraste a toujours supposé que minerva aimait ephraïm plus qu’elle ne l’avait aimé elle. mais peut-être avait-elle tort. peut-être qu’au fond minerva n’a jamais aimé ni l’un ni l’autre. peut-être qu’ils n’étaient que bonnes compagnies qu’elle a perdu. ephraïm est mort. pas juste mort, assassiné. si elle l’avait vraiment aimé, comment peut-elle simplement juste tourner la page. ne manque-t-elle pas de respect à son souvenir. après tout, peut-être qu’ephraïm est comme andraste ; juste un souvenir du passé de minerva que cette dernière se contente d’oublier comme s’ils n’avaient jamais existé. andraste n’est pas morte. elle peut forcer minerva à ne pas l’oublier. et pour ephraïm, tant pis pour lui. andraste l’avait dit de rester loin de minerva mais il n’a jamais écouté. il a bien mérité ce qu’il lui est arrivé. il mérite bien d’être oublié. “minerva, jolie mina” elle se redresse et grand sourire. juste pour elle. et elle ne se rend probablement pas compte de la chance qu’elle a. andraste pourrait être avec n’importe qui mais elle l’a choisie. andraste sait déjà que minerva ne sera pas reconnaissante. “on ne s’est pas vues depuis longtemps. je me suis inquiétée. tu m’as manquée. (elle se rapproche de minerva, seulement quelques centimètres les séparent désormais.) je t’ai manquée aussi?” elle pourrait prendre ses mains dans les siennes. il est tard, il n’y a plus grand monde dans les rues. elle pourrait s’y risquer. cependant elle reste immobile. elle continue de sourire comme la mort sur le point de faucher une de ses victimes.

Le monde se fait sororité dans le Chaudron Baveur tandis que les sorcières de tout milieu rient et boivent ensemble. Le peu d’habitués qui sont ici en ont l’habitude : on les voit régulièrement les suffragettes de W.I.T.C.H., une fois par mois au moins. Elles viennent toutes en groupes parce que c’est en groupe qu’elles sont le plus fortes. Dans ces moments-là, on ne parle pas réellement des droits de la femme mais de tout et n’importe quoi. C’est le moment de rire et se détendre. Quoi de mieux pour plaisanter, tisser des liens, parler un peu fort, rire fort. Les bons hommes en seraient choqués. Probablement qu’il y en a d’ailleurs mais Minerva McGonagll au milieu de toutes ses femmes se sent en sécurité. Il ne peut rien leur arriver car elles sont fortes ensembles. Les pintes s’enchainent et le whisky aussi. Pourtant, Minerva ne boit pas tant. Elle n’a pas réellement envie d’être ivre mais suffisamment guillerette. Elle ne sait pas ce que l’alcool pourrait faire sur son état d’esprit encore chaotique. Si elle a réussi à diminuer les gouttes d’Elixir du Mort-Vivant et en retirer une à chaque prise, elle sait que c’est encore là, le traumatisme de l’interrogatoire et de l’après quand il a fallu rassembler les morceaux. Mais ce soir, elle n’y pense pas. Elle rit beaucoup, elle parle fort. En regardant les femmes de l’association, elle se dit qu’elle aimerait bien organiser quelque chose pour récolter des fonds. Si l’association ne vivait que de cela, il fallait malgré tout trouver deux ou trois choses chèques pour faire perdurer le tout. En ces temps cela était compliqué, elle l’admettait, mais pas impossible.

Tandis que dans sa tête, elle était déjà partie dans des calculs compliqués sur comment gérer la suite, Minerva vit ses amies partir petit à petit pour retourner à leur vie. Comme toujours cependant, elle resta à la fin et comme toujours, elle aida le serveur à ranger comme si elle était employée ici. Le serveur qui était habitué à elles ne leur disait plus rien maintenant, surtout pas à elle et elle eut une bonne petite conversation sympathique avec lui. Récupérant son chapeau qu’elle mit sur sa tête, Minerva remercia le serveur avant de sortir dehors. Elle était sensée rejoindre le bar d’Abelforth avant d’aller chez lui, passant la nuit-là comme régulièrement maintenant. C’est d’ailleurs vers la rue parallèle au Chemin de Traverse qu’elle comptait se diriger.

« minerva, jolie mina »

La voix résonne dans la nuit déjà bien avancée.

Elle ne l’avait pas vue.
A vrai dire même si elle l’avait remarquée, elle l’aurait probablement ignorée comme elle l’a souvent fait depuis plus d’une décennie maintenant.

Minerva s’arrête et tourne la tête. Le regard se pose sur la déesse blonde qui, à une époque, faisait vriller son cœur, déclenchait les premiers émois d’une adolescente qui se cherchait. La voir était toujours un choc. La voir était toujours un moment compliqué et Minerva aussitôt se referma sur elle-même mais ne put s’empêcher de l’observer pour voir si tout allait bien pour elle. Une vieille habitude dont elle ne s’était jamais défaite : l’observer en silence, lui poser des questions en silence parce qu’il n’y avait pas d’autres moyens pour elles de s’aimer, toujours en silence, jamais ouvertes au monde.

« Andraste. » répond-t-elle d’une voix quelque peu froide.

Il n’est jamais aisé de prononcer son prénom parce qu’il soulève des sentiments contraires. L’amour d’une adolescente, imparfaite, qui faisait des erreurs. La déception et l’incompréhension devant ce qu’Andraste était devenu ou, dans le fond, avait toujours été. La colère aussi de la fois où Andraste a réellement menacé Ephraïm, apprenant leurs fiançailles. Le soulagement de la savoir physiquement bien, de ce qu’elle pouvait en voir. Le regret aussi qu’elles ne soient jamais réellement restées amies, qu’Andraste soit Andraste, remplie de mal être et l’accusant de maux dont elle n’était pourtant pas la responsable. Méfiance aussi. Surtout ça. Pour mieux se protéger et mieux protéger ceux qu’elle aime.

Celui qu’elle aime.

« on ne s’est pas vues depuis longtemps. je me suis inquiétée. tu m’as manquée. je t’ai manquée aussi? »

Par la barbe de Merlin mais entend-t-elle bien ?!
Andraste s’approche tout en parlant, à quelques centimètres de son visage seulement. Minerva surprise vient poser une main sur son épaule et l’oblige à reculer pour mettre une distance acceptable entre elles. Finalement, c’est elle qui se recule d’un pas au moins.

Manquée.
Est-ce qu’Andraste Lestrange lui avait manquée ?
Parfois oui mais c’était plutôt la fille, l’adolescente qu’elle avait aimé dans l’intimité du Cercle de la Licorne, pas cette femme qui revenait la hanter par le simple plaisir de venir la hanter, ni celle qui avait menacé Ephraïm Webster sous ses yeux alors qu’il venait de lui passer la bague de fiançailles au doigt.

Encore moins la femme dont elle entend parler au Ministère de la Magie. Surtout pas elle, en réalité.

Ses propos pourtant pourraient laissés penser qu’elles s’étaient vues, qu’il y avait bien plus qu’une amitié entre elles. Il n’en était rien. Minerva ne voulait pas la voir après, dans un chagrin immense, l’avoir accusée du meurtre d’Ephraïm. Pour ne pas causer plus de dommages entre elles, Minerva avait coupé tout contact. De toute façon, elles n’avaient plus rien à se dire depuis le temps et elle, une vie à reconstruire, un amour à trouver, qu’elle avait trouvé.

« Si nous ne sommes pas vues depuis longtemps, c’était pour une raison. Je ne souhaite pas te voir. Je crois avoir été claire. » dit-elle toujours froide et se protégeant intérieurement. « Qu’est-ce que tu veux ? »

Elle choisit donc de ne pas répondre à sa question. Il n’y avait là de toute façon rien à répondre, se serait déplacé envers les sentiments que Minerva nourrissait envers Abelforth mais Minerva n’arriva toujours à cacher sa surprise. Andraste débarquait toujours dans sa vie à des moments impromptus. Ce soir-là n’échappait pas à la règle et il n’y avait jamais rien de bon qui en découlait à chaque fois qu’Andraste Lestrange se rappelait à elle, peut-être était-ce là intentionnel, mais Minerva ne comptait pas se laisser faire.

« Andraste. » la froideur, bien sûr. c’est plus fort qu’elle. minerva ne peut pas s’en empêcher. elle imagine andraste comme un monstre. andraste en a marre. marre des reproches, marre des accusations. peut-être serait-il temps que minerva se regarde dans la glace? juste histoire de voir à quoi ressemble un monstre. qu’est-ce qu’il y a? andraste n’a pas accepté de révéler qui elle était au monde entier, et ça doit faire d’elle un monstre? quelle blague. minerva verrait à quel point elle est ridicule si elle ne pensait pas qu’à sa petite personne. si elle pensait ne serait-ce qu’un peu à andraste. mais ça, jamais. depuis longtemps, elle a décidé qu’andraste était la méchante de son histoire. n’est-ce pas un peu de sa faute? n’est-ce pas beaucoup de sa faute? c’est comme une danse. minerva a commencé les premiers mouvements, et andraste n’a fait que suivre. elle pose une main sur elle pour essayer de la pousser. quoi? un problème avec leur proximité? quelque chose à cacher? des sentiments qui ne l’ont jamais vraiment quittée? c’est bien ce qu’andraste pensait mais merci pour la confirmation. amour ou haine, andraste compte pour minerva. que c’est bon. que c’est bon de savoir qu’elle compte. de ce qu’elle a pu comprendre, aujourd’hui elle compte plus que l’ancien défunt fiancé. oh, qu’est-ce que c’est bon. « Si nous ne sommes pas vues depuis longtemps, c’était pour une raison. Je ne souhaite pas te voir. Je crois avoir été claire. » andraste lève les yeux au ciel avec un sourire. voilà qui est bien bout-en-train. voilà qui est bien impoli. voilà qui est bien dramatique. voilà qui n’est pas bien surprenant. voilà qui n’est pas bien une réponse. je t’ai manquée? il serait si simple de dire non. d’être sèche et froide comme elle peut si bien l’être avec andraste. au lieu, elle dévie la question. « Qu’est-ce que tu veux ? » alors oui. andraste l’a manquée. andraste est importante pour elle. que c’est bon. elle va définitivement passer une bien agréable soirée. et tout ça grâce à minerva. ô le pouvoir d’une belle femme. andraste sort une cigarette de sa poche et en tend une à celle qui la méprise. fumer ensemble au clair de la lune. voilà qui serait presque romantique. andraste ne s’est pas pointée devant minerva dans le but d’atteindre une atmosphère romantique. elle sait que minerva ne la laisserait jamais l’avoir. la petite peste a beaucoup de haine injustifiée contre andraste. “tu es si rude.” elle allume sa cigarette et souffle une fumée sous le nez de minerva, en souriant. si ses parents ne pouvaient pas l’éduquer, l’un de ses fiancés auraient pu au moins lui apprendre quelques bonnes manières. c'est à andraste de faire tout le boulot. à moins que tous ces sang impurs soient tous les mêmes. tous désagréables. elle ne peut pas dire qu’elle garde un bon souvenir du premier. le nouveau est probablement tout aussi impoli. quelqu’un de patient et généreux devraient mettre chacun d’entre eux à leur place. “j’ai entendu dire que tu as un nouveau fiancé.” ce n’est même pas une question. à son tour d’être impolie. alors, qu’est-ce que ça fait? elle aura essayé la manière douce mais minerva ne pouvait pas s’empêcher de jouer l’audacieuse. alors voilà, ce qu’elle veut. elle veut s’amuser un peu. elle veut la tourmenter. elle veut torturer minerva. pas physiquement, mais dans sa tête. elle a oublié ephraïm? pas grave, andraste est assez gentille pour le lui rappeler. et surtout pour lui rappeler ce qu’il en est advenu de lui. et qu’il n’y a pas de raison pour que ce soit différent cette fois. elle marche derrière minerva. le petit démon sur son épaule. pas seulement le petit démon qui lui conseille de faire de mauvaises actions, le petit démon qui veut lui faire mal, qui n’a pas peur de toucher où ça la blesse le plus. “pauvre ephraïm! mort, et pour quoi? pour être remplacé par quelqu’un qui finira exactement comme lui. c’est si triste.” le ton sarcastique et un petit rire dans le dos de minerva. elle espère que ses poils s’hérissent. que son coeur palpite rapidement. qu’elle tremble. elle espère qu’elle se souvient des conséquences d’être aussi rude avec andraste. après tout, c’est de sa faute. condamner ce pauvre fou à un sort funeste. sacrifier la vie d’un homme seulement pour pouvoir goûter à une pincée de bonheur. c’est de sa faute. andraste ne dit haut et fort que la vérité que minerva ne veut pas entendre. dans son dos, andraste se rapproche de nouveau. ses lèvres touchent presque l’oreille de minerva. “je croyais que tu étais plus maline que ça mais j’imagine que tu n’es qu’une petite idiote.” andraste recule de trois pas avant de donner à minerva l’occasion de la pousser loin d’elle. mais que croyait-elle? que tout irait pour le mieux? qu’elle serait juste heureuse et amoureuse? sans que personne ne l’embête? andraste n’a pas menti ; elle doit vraiment n’être qu’une petite idiote. petite idiote naïve qui perd le bonheur dès qu’elle l’effleure. tel est son tragique destin.

Quand elle pensait à Andraste, il y avait toujours cette incompréhension qui grossissait en elle. Minerva ne comprenait pas pourquoi tout était devenu si sombre entre elles. Elle se doutait bien qu’Andraste devait lutter tous les jours avec sa sexualité. Elle côtoyait trop d’homosexuels pour savoir que c’était chose courante en cette époque et qu’il y aurait encore du chemin pour cela. Mais elle ne comprenait pas toute cette colère, tout cet acharnement.

Quoiqu’elle en dise, Andraste était son premier amour.
On n’oublie pas son premier amour.
Certainement pas quand elle s’appelle Andraste Lestrange qui se rappelait à elle toujours d’une manière ou d’une autre.

Avec elle, il n’y a eu que des premières fois et ces premières fois sont des souvenirs agréables. Premiers baisers, premières découvertes de sa sexualité, premiers fous rires, premiers papillons dans le ventre, premières disputes aussi, première peine de cœur. Parce que quoiqu’elle en dise, Minerva avait pleuré pour Andraste, même si elle avait été dure avec elle du haut de ses quinze ans, même si sur la fin, elle n’en pouvait tout simplement plus d’être constamment mise en cage, de devoir faire attention à qui elle parlait devant Andraste pour ne pas la froisser.

Mais c’était il y a quinze ans.
Quinze ans.

Elles étaient deux étrangères maintenant. Deux étrangères que tout opposait, que tout avait toujours tout opposé dans le fond. Minerva avait refait sa vie, refaisait sa vie et il n’y avait pas de place pour Andraste dans la sienne. Certainement pas avec ce comportement, quand bien même aurait-elle aimé au moins la garder comme amie.
Juste cela.

Amies.

Impossible pour Andraste.
On ne restait pas amie avec Andraste.

Alors, elle chérissait les souvenirs comme des secrets entre elles. Sa main dans la sienne, ses lèvres sur les siennes, son odeur, ses cheveux mêlés aux siens. Sensations et émotions. C’était parfois doux mais c’était souvent chaotique aussi. Andraste n’avait jamais été une personne stable. Elle, si et ne pouvant s’empêcher de penser qu’elle méritait plus que de rester dans une relation où elle serait toujours la maîtresse, la troisième roue, celle qu’on cachait, elle avait décidé d’arrêter, ne s’en sentant pas les épaules, pas avec Andraste tout du moins. Peut-être avec Skadi si les choses s’étaient passées différemment.

Première cigarette, aussi pense-t-elle tandis qu’Andraste lui en tend une qu’elle refuse d’un signe de la main. Elle n’avait jamais aimé cela et s’était étouffée en essayant une avec Andraste à l’époque.

« Tu es si rude. »

Toussotement de Minerva qui se retient de lever les yeux au ciel. Comment ne pas l’être ? Andraste débarquait dans sa vie après des années de silence, et la dernière fois qu’elles s’étaient vues elles ne s’étaient certainement pas prises dans les bras.

Et elles ne vont certainement pas le faire avec ce que lui dit alors Andraste, de sa voix perfide :

« J’ai entendu dire que tu as un nouveau fiancé. »

Minerva qui avait commencé à reprendre son chemin se fige instantanément. Un frisson lui parcourt le dos. Un frisson de peur non pas parce qu’elle avait peur pour Abelforth mais de ce qu’elle pourrait faire si Andraste allait trop loin dans ses propos. C’est terminé d’ignorer les gens qui l’attaquent. Elle ne peut plus être passive. Elle ne peut plus accepter qu’Andraste foutte sa vie en l’air, qu’on lui fasse du mal, et pour Abelforth, elle se sent prête à tout. Mais le fait qu’Andraste semble au courant de sa vie amoureuse laisse suggérer qu’elle continue ses affreuses manies et la surveille.

« Pauvre Ephraïm ! Mort, et pour quoi ? Pour être remplacé par quelqu’un qui finira exactement comme lui. C’est si triste. »

Autre frisson et cette fois ce sont les mains de Minerva qui se referment plus fortement sur sa baguette, ses ongles s’incrustant dans sa peau. Dix ans. Cela faisait dix ans qu’Ephraïm était mort. Il n’y avait aucun délai sur lequel un deuil devait être fait. Tout du moins, selon la bonne société sorcière le veuvage devait tenir un an. Si elle avait appartenue à une famille conservatrice, Minerva aurait déjà été remariée depuis longtemps. Entendre le nom d’Ephraïm dans la bouche d’Andraste lui donne envie de vomir. Elle le déshonore, elle le salit.

Et pire que cela, Andraste lui fait terriblement pitié.

Que veut-elle ? Qu’elle soit à jamais triste ? A jamais à elle ? Qu’elle lui retombe dans les bras.

Il n’arrivera pas la même chose à Abelforth parce qu’elle va détruire la malédiction, il sera sauvé au moins de cela à défaut d’être sauvé du conflit qui se profilait. Et elle ne comptait pas faire la même erreur qu’avec Ephraïm ou Skadi : Abelforth serait au courant bien assez tôt pour Andraste qui chercherait surement à briser leur couple. Ce qu’Andraste ne savait pas c’était que cette fois-ci c’était différent. Ils étaient transparents l’un envers l’autre. Ils n’avaient rien à se cacher et elle avait foi en son couple, en lui, en eux.

« Je croyais que tu étais plus maline que ça mais j’imagine que tu n’es qu’une petite idiote. »

Les battements de son cœur s’affolent.

Elle refuse qu’Andraste ne l’atteigne encore. Elle aurait envie de lui coller un crache-limace dans la tête mais Minerva sait que ce n’est pas la solution. C’est tout ce qu’elle attend, Andraste et Minerva n’était pas violente, mais Andraste avait toujours eu le don de faire ressortir des mauvaises choses chez elle.

Silence.
Elle respire longuement et tente de se calmer.

Finalement, elle tourne la tête vers Andraste et la regarde longuement. De haut en bas.

« Je croyais que tu étais moins pitoyable que cela, mais j’imagine que tu n’es qu’une petite idiote. »

Ça claque dans les airs comme une gifle mentale. Le regard de Minerva se plante sur Andraste et elle lui fait face, ose même s’approcher.

« Tu en es encore là, Andraste ? Toujours à savoir ce que je deviens, avec qui je suis, avec qui je couche, à me harceler et tenter de m’atteindre ? » Plus de filtres, certainement pas avec Andraste. « Tu m’aimes encore ? Après tout ce temps ? Quinze ans, Andraste. Quinze années. Il serait temps que tu passes à autre chose. »

Elle l’observe encore.
Elle aurait pu être plus crue que cela.
Elle aurait pu lui faire à quel point Abelforth la faisait jouir, combien de fois, combien de fois il lui avait dit je t’aime, murmuré des mots doux, offerts des cadeaux plus précieux que tous ceux que elle, Andraste lui avait jamais donné.
Elle aurait pu l’énerver encore plus.

Mais là, tout de suite, elle se dit qu’elle n’en vallait pas la peine.

« Tu es pitoyable, Andraste. »

Le mépris n’est pas dissimulé mais pas moins honnête.

« Je suis désolée que tu sois mal dans ta vie… Dans ta peau. Mais ce n’est pas de mon fait. Ce n’est plus de mon fait depuis quinze ans maintenant. Passe à autre chose. Cela vaut mieux pour toi. »

Elle se détourne alors.
Triste.
Triste de voir à quel point Andraste est mal dans sa peau. Elle aurait aimé qu’elle soit heureuse dans sa vie amoureuse, parce qu’Andraste aura beau lui faire du mal, vouloir la blesser, lui arracher son cœur pour ne le garder que pour elle, Minerva, elle, continuera toujours de vouloir son bonheur.

Parce qu’Andraste compte et comptera toujours.

@Andraste Lestrange

il est tellement plus facile d’être cruel que doux. c’est ce qu’andraste a appris chez les lestrange. elle peut aimer ses soeurs du mieux qu’elle le peut, mais jamais vraiment elles ne la connaîtront. ça lui va. ça lui va d’être cette aînée, celle qui a tout fait justement, celle qui est mariée avec succès et a deux enfants, celle qui est juge, celle qui est reine. elle est ambitieuse, la plupart du temps elle est aimante envers son époux et ses enfants. elle sait que son père peut être fier d’elle. et pour lui, c’est ce qu’il se doit sans se rapprocher le plus de l’aimer. mais si les lestrange qui sont sa famille la connaissaient réellement, ce n’est pas une étrangère qu’elle deviendrait mais une ennemie. elle se plaît à imaginer que miraj ou mara pourraient continuer de l’aimer un peu. au fond, elle n’y croit pas vraiment. elle n’aurait jamais pu être elle-même. ce n’est de la faute de personne. c’est la faute de tout le monde. elle n’est pas elle-même maintenant. mais elle ne pourrait pas non plus être elle-même si elle était honnête. ça n’a rien à voir avec minerva. ça n’a plus rien à voir avec minerva depuis une éternité. si elle avait avoué aux siens qu’elle est une lesbienne, qu’elle ne veut pas se marier avec un homme ou porter ses enfants ; que se serait-il passé pour elle? elle se serait enfuie. elle n’aurait pas eu le choix. elle n’aurait plus de famille. elle aurait perdue toutes les ambitions d’argent et de pouvoir qu’elle a nourri des années durant. elle serait seule. minerva ne serait pas avec elle non plus. les années s’écoulent et andraste - de jour en jour - parvient à se convaincre que minerva ne l’a jamais réellement aimée. leur histoire était insignifiante pour elle. quoiqu’il en soit, elle n’était pas prête à se cacher pour andraste. il est fort probable que rajouter s’enfuir n’aurait pas été de son goût. elle a toujours été si exigeante. andraste n’a jamais compris ce qu’elle attendait d’elle. elle imagine qu’elle n’aurait jamais pu la satisfaire. minerva n’a jamais compris qu’être heureuse est quelque chose andraste ne pouvait pas s’offrir, qu’elle pourra jamais ne s’offrir. elle est malheureuse parce que chaque jour elle se meurt auprès de cet homme qui la répulse. et elle aurait été évidemment malheureuse si elle s’était forcée à fuir en étant honnête. elle n’a que choisi le destin le moins catastrophique. c’est ce qu’elle pensait, c’est ce qu’elle pense à ce jour. elle a la gloire, le pouvoir et l’argent. rien de tout ça ne serait à elle si elle n’était pas si bonne menteuse. peut-être qu’elle serait plus heureuse en d’autres aspects. peut-être que son corps et ses touchés ne la dégouterait pas autant. peut-être qu’elle aurait fini par tomber amoureuse. tout ça n’est qu’étrange rêves frivoles aujourd’hui. elle sait qu’elle a pris la bonne décision. ça ne valait pas la peine de tout perdre seulement parce qu’elle ne peut pas être attirée par les hommes. mais parfois qu’est-ce que ça fait mal de savoir que si elle avait fait un choix différent tant d’années en arrière, ça aurait pu la sauver d’être touché par un homme. il est trop tard pour ça. elle est salie à jamais. « Je croyais que tu étais moins pitoyable que cela, mais j’imagine que tu n’es qu’une petite idiote. » andraste aime s’amuser auprès de minerva. elle a toujours aimé ça. quand elle était adolescente, ce n’était pas mesquin. peut-être que ça n’amuse plus son ancienne amante mais ça n’a aucune importance. ces entrevues, c’est le plus égoïste qu’andrate n’ait jamais été. après tout, minerva ne s’est jamais vraiment souciée d’elle. pourquoi devrait-elle être plus délicate que cette dernière? ces entrevues, c’est ce qu’il se rapproche le plus d’honnêteté avec soit-même pour andraste. elle se fiche pas mal de si c’est pitoyable. tout ce qu’elle désire, c’est que personne ne soit au courant. après tant d’années, elle refuse de voir son monde s’écrouler. « Tu en es encore là, Andraste ? Toujours à savoir ce que je deviens, avec qui je suis, avec qui je couche, à me harceler et tenter de m’atteindre ? » c’est cruel. elle sait bien que c’est cruel. minerva refuserait de l’admettre mais elle se ressemble beaucoup. elles sont commes les deux faces opposées d’une même pièce. elles ont toutes les deux ces blessures profondes et invisibles qu’elles dissimulent avec des mots cruels. « Tu m’aimes encore ? Après tout ce temps ? Quinze ans, Andraste. Quinze années. Il serait temps que tu passes à autre chose. » andraste ne croit pas qu’elle pourrait répondre à ça, même si elle le voulait. est-ce qu’elle aime encore minerva? ça fait depuis si longtemps et elle s’est tellement efforcée à la haïr pour être sûre de ne plus l’aimer. la vérité, ses rapports amoureux ne sont pas normaux. minerva représente son premier rapport amoureux et le plus normal de tous. souvent elle pense qu’elle a eu tort de se laisser tomber amoureuse d’elle. mais minerva ou pas minerva, ça n’aurait pas changé grand chose. « Tu es pitoyable, Andraste. » elle garde le visage droit mais il y a quelque chose qui se tord en elle. ce n’est pas de la peine ou de la douleur. elle sent des papillons s’agiter en elle et une envie de rire la frappe et elle ne croit pas pouvoir se retenir bien longtemps. « Je suis désolée que tu sois mal dans ta vie… Dans ta peau. Mais ce n’est pas de mon fait. Ce n’est plus de mon fait depuis quinze ans maintenant. Passe à autre chose. Cela vaut mieux pour toi. » minerva lui fait dos et andraste éclate de rire. ce n’est même pas un rire froid. elle a l’air sincèrement amusé. andraste ne parle jamais sentiment avec minerva ou avec personne d’autre. elle montre beaucoup de colère contre elle mais andraste sait bien qu’elle est irrationnelle. pourtant cette colère lui ait si précieuse et elle ne veut pas la taire. la colère est si facile. elle croit que si elle arrêtait d’être en colère, elle deviendrait alors pitoyable. ça n’a rien à voir avec minerva et sa culpabilité. ce n’est pas sa faute si andraste est une lesbienne. et andraste est punie tous les jours pour cette déviance dans son parfait comportement. le silence est le prix dur à payer pour sa gloire. elle rit pendant un moment. sûrement plus longtemps que ce qu’elle aurait dû. et il y a toujours cette touche de rire amusé et moqueur quand elle répond ; “comment peux-tu être si égoïste? moi? moi? moi? ça t’arrive de croire que tout ne tourne pas autour de toi? passer à autre chose? tu crois que tout est si facile pour tout le monde? tu crois que toute ma vie tourne autour de toi? tu crois que ta vie est horrible parce que ton fiancé est mort il y a - quoi? dix ans? depuis dix ans, dès que je rentre chez moi, je retrouve ce mari qui me dégoute. je retrouve ces enfants qui me rappellent mon mari qui me dégoûtent. c’est simple, je ne peux pas rentrer chez moi sans me sentir dégoutée. si tu étais dans ma peau, tu en mourrais.” elle ne rit plus. c’est tout ce qu’elle a ; cette vie. elle n’en aura pas d’autre. elle n’en mérite sûrement pas d’autre. le pouvoir, la gloire et l’argent ; et si après toutes ces années, ce n’était pas assez? peut-être est-ce capricieux mais elle veut tout, elle veut le monde. elle en a marre d’être a moitié effrayée. elle veut pouvoir être une femme ambitieuse et une femme qui veut embrasser et faire l’amour à d’autres femmes. elle veut pouvoir être fière de qui elle est, entièrement qui elle est. mais c’est impossible. il y a cette sombre partie qu’elle doit dissimuler. il y a cette partie qui se doit d’être malheureuse pour que l’ambition du pouvoir puisse survivre. “tu veux une réponse sincère? coeur à coeur? comme tu voudras.” elle se pointe rapidement devant minerva. pendant une seconde, elle pense à la gifler parce qu’elle en a terriblement envie mais elle s’abstient. “tu te trompes minerva, je ne suis pas pitoyable. je suis probablement une des sorcières les plus fortes. mais je suis très seule et je serais seule toute ma vie. toi, tu peux perdre un ou deux fiancés, tu finiras toujours par trouver quelqu’un à aimer, et quelqu'un pour t'aimer. mais moi, moi, je ne suis aimée de personne et je n’aimerais jamais plus personne. ne m’appelle pas pitoyable parce que je ne regrette aucun de mes choix. j’ai fait ce qui était juste pour ma famille et pour moi-même. les trahir m’aurait tuée.” elle éclate de rire une nouvelle fois et pose une main sur ses lèvres. ça ne l’aurait pas tuée uniquement parce qu’elle est née loyale à sa famille. ça l’aurait tuée parce qu’elle se doute que son père ne la laisserait pas vivre s’il savait. ça ne dure que quelques secondes puis elle reprend ; “tu veux savoir quelque chose? peu importe ce que je fais, nuit et jour, je pense en permanence à toi. et (elle recommence à rire) je ne sais pas pourquoi. je croyais que si je me comportais cruellement avec toi, si tu finissais par me haïr - ce que j’ai accompli avec brio ; je croyais que si tu me détestais, je pourrais juste… comment as-tu dis ça? oui, passer à autre chose. échec cuisant, pas vrai? et merlin sait que je n’échoue jamais. c’est comme si tu m’avais ensorcelée. je dors et boom qui est là? cette bonne vieille minerva! est-ce que c’est ça? tu m’as ensorcelée pour me punir? je vais conquérir ce monde comme aucune femme ne l’a fait avant moi. je n’ai pas besoin de toi. je n’ai pas besoin que tu viennes me hanter tous les jours et toutes les nuits. tu crois que c’est ce que je veux? avoir une impure constamment dans ma tête. je te jure…” elle s’arrête quand elle sent une larme toucher ses lèvres. elle n’avait pas remarqué qu’elle avait commencé à pleurer. elle n’est pas certaine quand elle a commencé. elle ne pleure jamais. elle pousse un profond soupir et ferme les yeux et sourit quand elle les ré-ouvre. minerva doit toujours tout rendre si compliqué. andraste baisse son regard vers sa poche, sa baguette. “est-ce que c’est ce que je dois faire? te tuer? en finir? j’y ai pensé tellement de fois mais moi qui croyais qu’on s’amusait.” minerva est comme un aimant. andraste ne sait pas si elle l’aime mais elle sait qu'elle sera toujours attirée par elle. elles sont commes des âmes soeurs maudites. andraste s'est assurée il y a longtemps que minerva la déteste et ne veuille plus d’elle. mais ça n’a pas fonctionné sur andraste. peu importe si elle déteste minerva pour avoir le droit au bonheur, elle sera toujours dans son coeur. l’une des rares dans son coeur, elle s’interdit d’aimer depuis tellement d’années. “j'étais sincère dans ce que j’ai dit ; tu m’as manquée.” elle a grandi une femme magnifique minerva. andraste aurait été honorée de pouvoir l’aimer mais le monde est contre elle. elle pose une main sur l'épaule de minerva puis - avec douceur l’embrasse sur la joue. en souvenir du bon vieux temps qu’elle ne connaîtra plus jamais.

Minerva ne le niera jamais : elle n’a jamais été capable de vivre cachée pour aimer Andraste. Ce n’est pas seulement de l’égoïsme ou une façon de voir les choses différentes, l’envie de se faire accepter comme elle était, toute entière. C’était bien plus que cela. Minerva n’avait jamais été capable de vivre cachée pour aimer Andraste parce qu’Andraste méritait plus qu’un amour silencieux, dans l’ombre, secret. Andraste méritait qu’on se sacrifie pour elle, qu’on l’aime en pleine journée, qu’on lui tienne la main. Qu’on l’assume. Elle aussi, Minerva méritait cela. Elle avait juste compris plus tôt qu’Andraste ce qu’elle voulait ou ce qu’elle ne voulait pas. Peut-être que dans le fond, elle l’avait toujours su. Peut-être qu’à l’époque et encore aujourd’hui, Minerva était naïve. Elle le savait : il n’y aurait pas de place dans leur réalité pour qu’elles acceptent leur union en plein jour. Elle le savait : Andraste ne rennoncerait jamais à ce que ses parents et la société lui offrent. Elle le savait aussi : toutes les deux avaient pris des chemins bien séparés et en opposition même. Etre homosexuelle, Minerva l’avait compris parce qu’elle y avait longtemps réfléchi, avait été entourée par d’autres personnes et parce qu’elle ne connaissait pas encore le mot bisexualité qui ne sera inventé que plus tard, sans pour autant se reconnaître sous le terme « homosexuelle », n’était pas une maladie. Pourtant, elle savait que le chemin était encore long, probablement infini. Elle savait aussi qu’Andraste n’était pas la seule dans cet état de mal être permanent, ne serait pas la dernière non plus. Elle connaissait trop d’exemples autour d’elle pour savoir que c’était une réalité. La tristesse qu’elle ressent alors pour Andraste est réelle. Réelle parce que cela lui rappelle qu’elles sont deux étrangères, deux femmes qui se ressemblent pourtant mais qui sont deux opposés.

Minerva, déesse romaine de la sagesse aussi associée à la guerre.
Andraste, déesse celte de la guerre.

Elles auraient pu avoir le monde à leurs pieds si elles l’avaient voulu. Peut-être auraient-elles surpassé Gellert Grindelwald et Albus Dumbledore, si Minerva n’avait pas tout arrêté avant qu’elles ne s’écrasent, ne se perdent dans cette relation, dans ce futur dont elle ne s’y reconnaitrait au final, jamais. Etre maîtresse ce n’était pas pour elle. Elle, elle voulait être aimée entièrement et c’était cela qu’on lui avait toujours appris. Mais elle n’aurait jamais pu avec Andraste, pas même être acceptée par sa famille qui aurait plutôt voulu la tuer, elle en était sûre.

L’éclat de rire qui éclot dans l’obscurité la chagrine et accentue sa tristesse. Minerva soupire alors. Bien que l’alcool lui embrume un peu l’esprit, elle se sent dessaouler en présence d’Andraste parce que tout chez elle l’appelle à la vigilance, ne pas se laisser aller. Elle ne fait pas confiance à Andraste, tout comme Andraste ne lui a jamais réellement fait confiance quand elles étaient ensemble. Encore moins depuis qu’elle sait que par plusieurs fois, Andraste a tenté et parfois réussi à tuer ses relations amoureuses dans l’œuf. Elle ne se laissera pas faire cette fois-ci. Elle ne la laissera pas lui prendre son bonheur avec Abelforth Dumbledore. Le regard de vient se poser sur la blonde qu’elle a cent fois embrassé tandis que la première phrase alors passe la barrière de sa bouche :

« comment peux-tu être si égoïste? moi? moi? moi? ça t’arrive de croire que tout ne tourne pas autour de toi? » Egoïste. C’est le dernier terme qu’on utiliserait pour la qualifier. Minerva était bien des choses et avait bien des défauts, mais elle savait qu’elle était loin, très loin d’être égoïste. Si être égoïste, c’était faire le choix de ne pas vivre une demi-relation alors… « passer à autre chose? tu crois que tout est si facile pour tout le monde? tu crois que toute ma vie tourne autour de toi? tu crois que ta vie est horrible parce que ton fiancé est mort il y a - quoi? dix ans? » Triste sourire sur les lèvres de Minerva tandis qu’elle observe le beau visage de son premier amour. Non, Minerva ne pensait pas cela. Elle se pensait même chanceuse : elle avait été entourée par les meilleures personnes du monde. Elle avait remonté la pente et aujourd’hui, elle aimait quelqu’un d’autre. Non, Minerva considérait avoir eu une vie globalement heureuse même si elle avait connu le deuil jeune. Comme sa mère au final. « depuis dix ans, dès que je rentre chez moi, je retrouve ce mari qui me dégoute. je retrouve ces enfants qui me rappellent mon mari qui me dégoûtent. c’est simple, je ne peux pas rentrer chez moi sans me sentir dégoutée. si tu étais dans ma peau, tu en mourrais. » Le choc sur le visage de Minerva. Elle est pourtant habituée à la franchise d’Andraste qui ne s’embarrasse jamais d’hypocrisie avec elle, mais qu’elle admette qu’elle n’était pas heureuse, à ce point-là, est une véritable gifle pour Minerva McGonagall. Et le sentiment de tristesse s’emplie tandis qu’elle continue de l’observer.

Elle a raison, Andraste : si elle avait épousé un homme qui la dégoutait, enfanté et voyant dans ses enfants le dégoût qu’elle éprouvait pour son mari, elle en serait morte. Mais contrairement à Andraste, jamais Minerva ne se serait retrouvée dans cette situation parce qu’elle n’aurait jamais accepté d’être enfermée dans un mariage qui ne la rendait pas heureuse. Peut-être qu’elle était plus courageuse qu’Andraste à ne pas se plier à toutes ces contraintes de la société quand on est une femme. Mais elle comprend, Minerva. Elle comprend le choix d’Andraste. C’est tout ce qu’elle a. C’est tout ce qu’elle n’aura jamais.

« tu veux une réponse sincère? coeur à coeur? comme tu voudras. »

Andraste lui fait face et Minerva ne peut se dérober à ce qu’elle va entendre. Alors, Minerva plante son regard sombre dans celui clair de la jeune femme avec courage, avec détermination, prête à l’écouter, prête à l’entendre au lieu de l’ignorer comme elle l’a fait depuis tout ce temps.

« tu te trompes minerva, je ne suis pas pitoyable. » Elle a raison, Minerva sait qu’elle y est allée fort parce qu’Andraste l’a blessée. Andraste n’est pas pitoyable, Andraste est bien plus que cela et l’a toujours été. « je suis probablement une des sorcières les plus fortes. » Petit sourire qui apparait sur les lèvres de Minerva. Elle l’a toujours su qu’Andraste était forte. Elles sont deux femmes fortes quoiqu’on en dise ayant choisi deux chemins séparés… Andraste a toujours été forte. Minerva l’a toujours su. « mais je suis très seule et je serais seule toute ma vie. » Minerva sait que cela lui coûte à Andraste de lui dire ça, d’avouer sa si grande solitude et elle a mal. Elle a si mal pour elle. « toi, tu peux perdre un ou deux fiancés, tu finiras toujours par trouver quelqu’un à aimer, et quelqu'un pour t'aimer. » Un rire désespéré et profondément triste s’échappe des lèvres de Minerva. Perdre un fiancé ou deux… C’est le discours de quelqu’un qui n’a jamais aimé personne, ou pas de la bonne manière. Mais cela n’en reste pas moins profondément blessant. Pourtant, Minerva ne l’interrompte pas et la laisse continuer dans sa lancée. « [color:aabb= #de3163]mais moi, moi, je ne suis aimée de personne et je n’aimerais jamais plus personne. » My dear Andraste… pense Minerva, terriblement chagrinée. « ne m’appelle pas pitoyable parce que je ne regrette aucun de mes choix. j’ai fait ce qui était juste pour ma famille et pour moi-même. les trahir m’aurait tuée. » Trouble sur le visage de la belle et Minerva lève la main comme pour vouloir la toucher mais elle s’arrête. Andraste n’a pas terminé de lui dire tout ce qu’elle a sur le cœur et plus elle parle, plus Minerva a envie de pleurer. Pour elle, à sa place à elle, Andraste. Empathique, émue, terriblement triste pour l’adolescente pleine de rêves qu’elle a connu.

« tu veux savoir quelque chose? peu importe ce que je fais, nuit et jour, je pense en permanence à toi. » Le ventre de Minerva se tord. Elle n’était pas sûre d’avoir envie d’entendre cela mais si c’est la vérité… « [color:aabb= #de3163]et je ne sais pas pourquoi. je croyais que si je me comportais cruellement avec toi, si tu finissais par me haïr - ce que j’ai accompli avec brio ; je croyais que si tu me détestais, je pourrais juste… comment as-tu dis ça? oui, passer à autre chose. » Le regard de Minerva vrille légèrement. Elle a envie de baisser les yeux mais se force à soutenir son regard. Andraste l’attriste définitivement et si une part d’elle est choquée par ce qu’elle entend, trouve cela inconvenant alors qu’Andraste sait qu’elle est dans une relation avec quelqu’un d’autre, elle sait que cela doit sortir. « échec cuisant, pas vrai? et merlin sait que je n’échoue jamais. c’est comme si tu m’avais ensorcelée. je dors et boom qui est là? cette bonne vieille minerva! est-ce que c’est ça? tu m’as ensorcelée pour me punir? je vais conquérir ce monde comme aucune femme ne l’a fait avant moi. je n’ai pas besoin de toi. je n’ai pas besoin que tu viennes me hanter tous les jours et toutes les nuits. tu crois que c’est ce que je veux? avoir une impure constamment dans ma tête. je te jure… » Les larmes qui coulent sur les joues d’Andraste brisent le cœur de Minerva qui, elle aussi a les larmes aux yeux à l’entendre. Ses paroles si tristes. Tout le mal être qu’elle perçoit chez la jeune femme en face d’elle et qui est peut-être un peu de sa faute tout en sachant qu’elle n’y est pour rien, juste le déclic qu’il a fallu.

« est-ce que c’est ce que je dois faire? te tuer? en finir? j’y ai pensé tellement de fois mais moi qui croyais qu’on s’amusait. » La tuer n’aurait rien changé, cela aurait été même encore pire pour Andraste. Elle se demande si cette dernière a passé le cap. Elle se demande si elle l’a déjà fait. Elle se demande alors comment une société peut à ce point brimer les gens et interdire deux femmes de s’aimer librement. Pourquoi ? A quelles fins ? Pour le sacro saint phallus ? Qu’est-ce que ça peut bien leur faire à tous ? C’est mieux de refouler et d’être aussi mal comme ce qu’Andraste vient de lui montrer ? Non, c’est horrible. Définitivement. « j'étais sincère dans ce que j’ai dit ; tu m’as manquée. » Les larmes franchissent à leur tour les barrières de ses yeux et Minerva pleure silencieusement avant de sentir la nouvelle proximité, celle-là connue. Les lèvres d’Andraste sur sa joue comme avant. Alors, dans une impulsion spontanée et avec toute l’innocence du monde, Minerva referme ses bras autour d’Andraste. La prendre dans ses bras parce qu’elle le sait : Andraste en a plus besoin qu’elle ne le croie. Peut-être est-ce mal venu après ce qu’Andraste lui a déballé, peut-être aurait-elle dû partir et ne pas l’écouter jusqu’au bout mais Minerva en est incapable parce que tout ce qu’elle entend c’est un appel à l’aide. Andraste a besoin d’aide pour ne pas sombrer définitivement et Minerva, peu importe qu’Andraste lui ait tant de fois brisé de cœur, l’ait tant de fois blessée, ne renoncera jamais à lui tendre la main ou la prendre dans ses bras.
« Je suis désolée, Andraste. » souffle-t-elle. Son odeur ? Elle n’a pas changé. Toujours agréable, toujours lui rappelant des souvenirs d’adolescence. « Je suis désolée que tu ressentes tout cela… Que je te fasse ressentir tout cela. » Elle la serra doucement avant de la relâcher et lui faire face. « Je ne comprendrais jamais ce que tu ressens et tu as raison : à ta place, je mourrerais de chagrin. Je ne sais pas ce que tu ressens, je ne le saurais jamais et je suis terriblement désolée que tu sois aussi mal. » Pause. Elle cherche ses mots pour tenter d’apaiser un peu les maux d’Andraste. « Mais ce que tu ressens là, je sais que bon nombre de personnes hommes ou femmes le ressentent. J’en connais et sache que tu n’es pas seule. » Non, Andraste n’était pas seule. Il y en avait tant d’autres comme elle. Il y en aurait encore tant d’autres comme elles. « Toi aussi, tu me manques, Andraste. » admet-elle. Manque. Conjugué au présent. « L’adolescente que j’ai connue me manque. Mais c’est terminé maintenant et je ne peux plus t’aimer. » souffle-t-elle. « Je ne t’aime plus depuis bien longtemps. » Elle l’aimait lui, Abelforth. « Mais je ne t’ai jamais oubliée et tu as compté… Tu comptes. » Franche vérité. Elle ne veut plus cacher ce qu’elle ressent, pas quand Andraste a été si transparente. L’admettre pour ne pas se mentir, être honnête envers elle, Andraste, mais aussi envers elle-même, Minerva.

andraste n’aime pas minerva. elle a appris à la mépriser. elle a passé des années à apprendre à la haïr. si elle ne pouvait pas l’aimer, elle allait la maudire. pourtant, elle la déteste autant que ce qu’elle la désire. ce qui n’a aucun sens. ce qui la rend malade. ce qui lui tord l’estomac. le pire ; minerva ne la veut plus depuis longtemps. minerva la déteste mais ne la désire pas. pour elle, ce n’est qu’histoire ancienne quand andraste est prisonnière de sentiments contradictoires. pour minerva, andraste n’est qu’un sinistre personnage qui appartient au passé. elle rêve sûrement de ne pas avoir été si proche d’elle. andraste rêve que ça aurait pu durer plus longtemps. andraste rêve que minerva l’embrasse encore une fois. minerva rêve simplement qu’elle disparaisse. andraste ne voit en minerva que cette colère frustrée. ne l’a-t-elle pas accusée d’avoir mis fin aux jours d’ephraïm? ce n’est pas comme si andraste était innocente. ce n’est pas comme si elle l’avait pleuré. ce n’est pas comme si elle avait aidé minerva à connaître le nom du réel meurtrier. non, sa mort lui avait apporté une certaine jouissance. rien n’a changé. et si le nouveau fiancé devait rencontrer à son tour un néfaste sort, encore une fois elle en jouira une certain satisfaction. ce n’est pas contre minerva. ou peut-être que ça l’est? andraste a un parcours parfait et la possibilité que minerva puisse trouver le bonheur sans elle - plus qu’elle - lui est invivable. qu’a-t'elle fait pour le mériter? et qu’est-ce qu’andraste n’a-t’elle pas fait pour le mériter? tout ce qu’elle voulait, c’était gagner. perdre minerva pour gagner sa famille. perdre minerva pour gagner la gloire et le pouvoir. perdre minerva pour gagner le monde. d’une certaine manière, elle n’a jamais vraiment accepté qu’elle l’avait perdue. elle n’a jamais accepté qu’elle ne pouvait pas gagner minerva et le pouvoir simultanément. ça l’a toujours rendue folle. si elle ne pouvait plus gagner le coeur de minerva, elle pouvait encore gagner sa haine. et ça a été si facile. elle a fait de sa jadis douce minerva un monstre rempli de colère contre elle.

le baiser sur la joue ; c’était un jeu. le goût du danger. elle est toujours si forte - la plus forte mais auprès de minerva, ses faiblesses se dévoilent. il est difficile de se souvenir la dernière fois qu’elle a laissé des larmes couler sur ses joues pâles mais elle n’a pas de doute ; encore une fois minerva devait en être la fautive. comment peut-elle autant l’atteindre? comment une personne qui la déteste peut autant l’atteindre? minerva veut être libre d’andraste et peut-être qu’après tout, c’est aussi ce que cette dernière veut. mais ce n’est pas aussi facile. et elles ont toutes les deux été des idiotes pour croire que ça le serait. elles se maudissent, elles se font souffrir mais il est difficile - manifestement impossible - de vivre l’une sans l’autre. andraste pensait que ce n’était qu’elle mais les larmes sur les joues de minerva racontent une autre histoire. les larmes racontent que - malgré tout le mépris, la frustration et la colère - elle ne peut s’empêcher de se soucier de celle qui fut jadis une tendre amoureuse. l’étreinte est une onde de choc. andraste pense à la rejeter. juste l’insulter et la pousser loin d’elle mais elle n’en fait rien. elle reste crispée dans les bras de minerva. pour un instant, minerva semble laisser tomber tous les mauvais sentiments qu’elle ressent envers andraste. pour un instant, cette dernière est apaisée. « Je suis désolée, Andraste. » elle sourit en silence dans son dos. elle inhale son odeur et il lui semble qu’elle est en train de rêver. il ne peut en être autrement. elle croyait que minerva la détestait. un monde dans lequel minerva ne la déteste pas n’existe plus lui semblait-il. ce n’est qu’une illusion. ce n’est qu’un rêve. « Je suis désolée que tu ressentes tout cela… Que je te fasse ressentir tout cela. » puis elle se réveille quand minerva la lâche, trop tôt, bien trop tôt. « Je ne comprendrais jamais ce que tu ressens et tu as raison : à ta place, je mourrerais de chagrin. Je ne sais pas ce que tu ressens, je ne le saurais jamais et je suis terriblement désolée que tu sois aussi mal. » elle lève les yeux au ciel. andraste a été honnête avec minerva car elle est la seule personne avec qui elle a jamais pu se le permettre. elle lui fait confiance. elle sait que minerva n'ira pas cracher ses secrets à droite, à gauche. elle sait sait qu’elle ne le trahira. qu’est-ce qu’andraste est censée penser? elle ne sait pas si minerva la déteste tant si sa détermination n'a besoin que de quelques vérités pour flancher. « Mais ce que tu ressens là, je sais que bon nombre de personnes hommes ou femmes le ressentent. J’en connais et sache que tu n’es pas seule. » et alors ? elle n'est pas la seule petite malheureuse, et alors ? savoir que d”autres souffrent ne l'avancent à rien ? à quoi bon s'ils ne peuvent pas l'aider ? elle n'a pas besoin de plus de faibles sorciers qui ne feraient que la rabaisser quand elle ne s'intéresse qu'à s'élever. « Toi aussi, tu me manques, Andraste. » c'est un nouvel air qu'elle inhale. le sourire au bord des lèvres. plus dans le dos de minerva mais face à elle. un apaisement. même une victoire. « L’adolescente que j’ai connue me manque. Mais c’est terminé maintenant et je ne peux plus t’aimer. » une défaite. elle fronce les sourcils et secoue la tête en s'éloignant lentement de minerva. l'adolescente qu'elle a connu est partie depuis longtemps ; même morte. l'innocence de jadis a été remplacée par quelque chose de narquois. cette adolescente a permis à minerva de lui briser le cœur et maintenant il ne lui en reste plus grand chose. et finalement, elles en sont toujours au même point. minerva qui brise le cœur d'andraste et elle qui veut se venger en retour. Peu importe ce qu'elles font, peu importe les aveux ; rien ne change vraiment. Et la douceur qui commençait à venir dans le cœur d'andraste commence à s'éteindre. « Je ne t’aime plus depuis bien longtemps. » et elle ne sait pas pourquoi andraste ricane une fois de plus. peut-être qu’elle perd la tête à cause d’elle. pour minerva, ce n'est rien, ce n'est qu'un jeu. briser le cœur d'andraste encore et encore dans une boucle infinie. lui donner cet air air revigorant pour ensuite la priver de tout oxygen. ainsi elle va. « Mais je ne t’ai jamais oubliée et tu as compté… Tu comptes. » andraste s'adosse à un mur et porte sa cigarette aux lèvres sans la regarder. “je n'ai pas besoin de ta pitié, minerva.” elle n'en a jamais eu besoin. elle croyait qu'elle avait besoin de son affection mais elle a bien survécu sans. il n'y a rien que minerva puisse faire pour elle. andraste est prise au piège dans son propre château. elle est née prise au piège. et se sentir désolée pour elle ne la sauvera pas. se sentir désolée ne fera absolument rien. “mais tu es la seule personne avec qui je peux me montrer sincère. C'est agréable.” elle se montre calme. une frustration bouillie en elle depuis bien trop longtemps mais elle se montre calme. elle y est habituée. minerva sera toujours l'inatteignable. elle sera toujours furieuse contre elle. elles joueront toujours au chat et la souris ; andraste n'est plus certaine qu’elle est le chat de leur histoire. “qu'est-ce que ça veut dire ? que je compte pour toi ? ce sont de jolis mots mais où est-ce que tu veux en venir ? qu'est-ce que tu veux ? qu'est-ce que tu attends de moi ? de…. nous ?” si minerva essaie de chasser andraste, ça ne fonctionnera pas. ça n'a jamais fonctionné. ça ne fonctionnera jamais. si minerva essaie de chasser andraste, c'est qu'elle lui ment. Malhonnête, qui voudrait voir s'éloigner quelqu'un qui compte ? si elle compte vraiment. peut-être vraiment croire ça. “si tu as été attentive, tu dois savoir que je ne vais pas juste m'éloigner comme ça et t'oublier. et puisque je compte, je suis certaine que tu ne voudrais pas voir disparaître, n'est-ce pas ? alors qu'est-ce que tu veux, ma douce minerva” elle penche la tête. un sourire mi-narquois mi-honnête aux lèvres. andraste ne sait pas ce que minerva veut. andraste c’est ce qu’elle veut. et minerva doit le savoir aussi. et elles savent toutes les deux que ça n’arrivera plus. minerva ne la laissera pas. quoiqu’il en soit, de jolis discours et la pitié de minerva ne seront pas assez pour qu’elle cherche à se séparer d’elle. après tout, minerva compte aussi pour andraste.

Minerva ne joue pas, ne fait pas semblant. Ca ne l’a fait pas rire cette situation. Ça n’attise même pas sa colère, encore moins sa pitié. Elle préfèrerait pouvoir sourire sans colère à Andraste. Elle préfèrerait ne pas pleurer devant elle pour elle. Elle préfèrerait qu’Andraste soit heureuse avec quelqu’un d’autre, qu’elle s’accepte enfin, qu’elle ne soit pas dégoutée de sa vie. C’est chose pourtant impossible : Andraste est bloquée dans sa vie, incapable d’être réellement elle-même sauf avec elle, Minerva. Ca l’attriste. Ça l’attriste énormément Minerva parce qu’elle aurait aimé qu’Andraste trouve quelqu’un d’autre avec qui elle pouvait être entière, à qui elle pourrait dire tout cela, non pas parce qu’elle ne veut pas entendre, ni écouter, mais parce que cette troisième personne serait neutre. Or, Minerva ne l’était pas quand bien même essayait-elle de le rester. Mais elle n’a jamais refusé de tendre la main à quelqu’un en détresse et en écoutant Andraste, Minerva se rendit compte à quel point la détresse d’Andraste était vraie. Pas un seul instant, elle ne pense se faire manipuler parce qu’elle connait trop Andraste, malgré les années de silence. Parce qu’elle reconnait ce qu’elle a vu un jour chez Albus : ce mal être à cause de cette sexualité refoulée. Mais elle ne peut détromper Andraste, aujourd’hui, le monde fonctionnait comme cela. Il n’y avait pas de place aux personnes qui aimaient le même sexe et pour avoir le pouvoir en tant que femme, pouvoir relatif somme toute, il faut se marier. Andraste a fait ce qu’il fallait, ce qu’on attendait d’elle, jamais ce qu’elle voulait vraiment. Mais jamais Minerva n’a douté d’elle et de son ambition.
Il est bon de tenir Andraste dans ses bras. Son parfum n’a pas changé. Ses cheveux sont de la même douceur. Minerva se rappelle alors à quel point Andraste lui avait manqué même des années plus tard. Minerva se rappelle aussi que maintenant tout est différent. Il ne s’agit plus d’aimer Andraste par amour, ceci est terminé depuis bien longtemps et Minerva regarde leur relation avec une certaine nostalgie sans en ressentir de tristesse, juste des souvenirs d’adolescentes qui se cherche. Un temps révolu.
« je n'ai pas besoin de ta pitié, minerva. »
Minerva sourit tristement à Andraste qui s’adosse contre un mur.
« Ce n’est pas de la pitié, Andraste. » Juste la vérité en réalité. L’honnêteté dans le cœur et dans la parole, comme arme, comme toujours. Elle n’a pas pitié d’Andraste. Elle est juste infiniment triste pour elle, elle qui aurait aimé la voir heureuse. Elle sait cependant que Minerva ne peut rien faire maintenant. C’est à Andraste d’agir. Andraste seule pouvait sortir de ce cercle infernal.
« mais tu es la seule personne avec qui je peux me montrer sincère. C'est agréable. »
Une vérité que Minerva a comprise depuis bien longtemps. Elle ne dit rien à ce propos, n’ayant rien à dire. Contente qu’Andraste trouve quelqu’un à qui parler même si c’est elle et qu’elle est l’objet de ses tourments. Parler est nécessaire et Minerva l’encourage. Elle est prête à se prendre des gifles mentales, autant qu’il en faudra si cela soulage Andraste, si cela l’apaise.
« qu'est-ce que ça veut dire ? que je compte pour toi ? ce sont de jolis mots mais où est-ce que tu veux en venir ? qu'est-ce que tu veux ? qu'est-ce que tu attends de moi ? de…. nous ? »
Froncement de sourcil de Minerva. Qu’est-ce qu’elle veut ? Qu’est-ce qu’elle attend d’Andraste ? Qu’est-ce qu’elle attend d’elles ?
« si tu as été attentive, tu dois savoir que je ne vais pas juste m'éloigner comme ça et t'oublier. et puisque je compte, je suis certaine que tu ne voudrais pas voir disparaître, n'est-ce pas ? alors qu'est-ce que tu veux, ma douce minerva »
Minerva observe longuement Andraste avant de venir lui faire face et inspirer.
« Première chose, je veux que tu arrêtes de vouloir ruiner mes relations amoureuses. Ce n’est pas comme cela que je te voudrais dans ma vie. Cela aura même l’effet inverse. » commence-t-elle par dire. De toute façon, Minerva savait qu’Abelforth et elle étaient plus forts que cela. Elle savait qu’Andraste n’arriverait pas à semer la zizanie entre eux.
« Je te veux comme amie, Andraste. Je sais que c’est peut-être chose impossible et douloureuse pour toi et que peut-être n’es-tu pas prête pour cela, mais c’est tout ce que j’ai à t’offrir… » Et au vu du mal qu’Andraste lui avait fait et lui faisait encore, Minerva considérait que c’était un grand pas. Un moyen aussi de ne pas la perdre de vue parce qu’Andraste comptait, mais aussi parce qu’elle connaissait Andraste : elle ne pourra s’empêche d’être Andraste. Mais elle, Minerva était prête à faire ce pas là. Elle, avait suffisamment de recul pour envisager leur relation sous ce jour-là. « Si tu n’es pas capable d’envisager les choses comme cela, je suis prête à attendre que cela passe et ma porte te sera toujours ouverte quand tu seras prête. » souffle-t-elle.
Minerva commence à s’éloigner d’Andraste.
« Réfléchis-y. » lui demanda-t-elle en l’observant reculant toujours.
C’était tout ce qu’elle avait à lui offrir.

andraste elle ne croit pas en l’amitié. elle ne croit pas en grand chose, elle ne croit pas en grand monde. amies ce n’est qu’un joli mot pour trahison, potentielle. elles étaient amies avec minerva, avant que cette dernière ne la trahisse. avant qu’elle ne lui brise le coeur. andraste ne sait pa, si elle ne pourra jamais lui pardonner. elle a cette rancune qui tient, elle a le pardon difficile --voire impossible à obtenir. il y a sans le moindre doute pire qu’elle mais elle n’est pas docile, jamais ; ne jamais montrer des signes de faiblesses. c’est comme ça qu’elle a été élevée ; pour être quelqu’un qu’une sorcière comme minerva ne pourrait que mépriser mais elle, cette foutue minerva réveille toujours quelque chose en andraste. peut-être de la nostalgie. peut-être de l’amour. quelque chose d’enfoui. et c’est trop tôt - ou trop tard - pour déterminer s’il s’agit de quelque chose de mauvais. “”mauvais”” n’est qu’une question de point de vue. on peut pas dire que minerva et andraste ont le même. elles ne sont pas destinées pas à une relation ne serait-ce qu’amicale. elles ont choisi leur camp. si on peut appeler ça un a choix. peut-être que la notion de choix est inexistante, elles sont allées vers ce qui leur était le plus familier. tout ça ce n’est que excuse. elles ne sont plus des enfants de dix-sept ans qui ne savent à peine ce qu’elles font. elles sont des adultes qui sont en contrôle de leur vie. si andraste voulait s’enfuir, avec ou sans ses enfants ; bien sûr qu’elle pourrait. elle pourrait porter cette honte sur le nom de léonide lestrange -- y’a quelque chose d’amusant à imaginer sa tête s’il devait supporter cette trahison-là. mais au lieu de ça, elle est toujours en place. au lieu de ça, elle réprime sa sexualité qui la tue à petit feu. au lieu de ça, elle embrasse le pouvoir que lui offre son nom. comme elle l’a dit, elle n’a pas de regrets. « Ce n’est pas de la pitié, Andraste. » ça, pourrait, pourtant. chacune pourrait ressentir de la pitié l’une envers l’autre ; celle qui a été dans l’obligation d’épouser un homme qui la répugne et celle qui a vu le corps assassiné de son fiancé. il y aurait des raisons de ressentir une tendre pitié. mais ce n’est plus ce qu’elles sont depuis longtemps, plus de tendresse. elles ne sont plus tendre parce que ce monde les a brisées avec un succès terrifiant. elles se sont haïes. elles se sont tellement haïes. combien de fois andraste a-t-elle pensé à juste mettre fin aux jours de minerva? ça pourrait être derrières elles. toute cette haine pourrait être derrière elles. mais adraste n’est pas si facile, n’a jamais rendu les choses si faciles pour minerva. « Première chose, je veux que tu arrêtes de vouloir ruiner mes relations amoureuses. Ce n’est pas comme cela que je te voudrais dans ma vie. Cela aura même l’effet inverse. » c’est tout ce qu’il faut pour rompre les relations de minerva ; une jolie blonde de son passé. une jolie terreur. un monstre presque aux airs d’ange. « Je te veux comme amie, Andraste. Je sais que c’est peut-être chose impossible et douloureuse pour toi et que peut-être n’es-tu pas prête pour cela, mais c’est tout ce que j’ai à t’offrir… » je te veux andraste ; des mots qu’elle ne pensait plus attendre. peu importe le contexte auquel ils appartiennent, andraste sent son coeur battre à vive allure. quand elles n’étaient qu’enfants ; amies c’est ce qu’elle devait être avant de devenir plus. voilà qui est intéressant. « Si tu n’es pas capable d’envisager les choses comme cela, je suis prête à attendre que cela passe et ma porte te sera toujours ouverte quand tu seras prête. » c’est une drôle de déclaration. c’est une déclaration sincère. il n’y a rien de plus dangereux que la vérité. amies c’est quelque chose d’important. ce n’est pas insignifiant. ou du moins pas pour andraste. elle ne croit pas qu’elles ne seront jamais ces amies dont minerva rêve. parce qu’andraste ne lui fait pas assez confiance avec son coeur pour prendre un tel risque. parce qu’amies c’est pire qu’amantes. parce que dans l’amitié, il y a quelque de si personnel. il y a quelque chose de si extrêmement intimes. loin de cette haine fugace à laquelle elles se sont habituées au fil des années. et andraste ne peut pas se le permettre. elle ne peut pas se permettre de prendre un tel risque. être proche de minerva, ça pourrait lui retomber dessus. elle pourrait le regretter, elle pourrait le payer ; et tout ça pour des beaux yeux. et pourtant, c’est tentant. c’est bien tentant de se laisser aller. juste d’y goûter, à cette incongru amitié promis. « Réfléchis-y. » andraste se redresse et regarde le ciel. le soleil se lèvera dans quelques heures seulement. ses enfants et son époux se réveilleront bientôt. bientôt elle devra reprendre cette vie d'épouse et de mère, loin de minerva. la tourmenter toujours semblait dans l’ordre des choses, rien de mauvais mais une amitié? ne trahit-elle pas les siens? elles ne parlent pas du ministre et des nés-moldus parce qu’il est trop évident que leurs positions sont différentes et c’est une bataille contre minerva qui n’a jamais intéressé andraste. mais elle sait très bien à quel point elles sont opposées. considérer une amitié avec une personne qui lui est si opposée ; n’est-ce pas une forme de trahison? elle n’a jamais su ce qu’elle faisait avec minerva. elle a toujours été sa zone fantôme, sa zone à risque. dangereuse, qu’il ne faudrait sûrement pas accéder mais andraste elle n’a jamais pu s’en empêcher. malgré elle, malgré ces croyances, malgré la femme implacable qu’elle peut être ; elle n’a jamais été incapable de résister à minerva. son péché mignon, son plaisir coupable, sa malédiction. “ce fut une soirée intéressante, minerva.” elle s’approche d’elle, un sourire complice aux lèvres. elles ne vont pas devenir meilleures amies du jour au lendemain. ou même amies tout court. parce qu’andraste sait comment elle est. parce qu’aucune d’entre elles ne fera si facilement autant confiance. parce qu’elles ont un lourd passé mais elles n’ont jamais été capable de briser leur lien. andraste reprend maladroitement minerva dans ses bras, juste pour sentir son parfum une nouvelle fois puis la lâche assez vite. un regard et une voix de douceur ; “on se reverra. bonne nuit, minerva.” et en un clin d’oeil, elle disparaît dans la nuit.

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