Ce que l'orgueil avait forgé ☆☆ (genesis)

Ce que l'orgueil avait forgé
@genesis shafiq

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« Les enfants de Morgane espèrent que vous avez apprécié le repas qui vous a été servi. »

Les mots s'évanouissent quand le monde se met à tourner.
Il aurait aimé rester plus longtemps, juste pour voir leur tête, à tous.
Mais il en avait assez entendu, et qui sait comment ils auraient réagi.

Ses pensées s'égarent vers les né-moldus chargés de servir la populace royale. Pauvre bêtes laissées en pâture quand il prendra aux sorciers le besoin de vérifier les dires de la furieuse beuglante. Son cœur heurté ne vibre pourtant que de rage. Avec un peu de chance, tous les bourreaux auront bien vite perdu leurs pouvoirs, et alors auront-ils une chance de se défendre. Il secoue ces sombres pensées, Nile, qui atterrit sur le sol verni de sa demeure, au centre de Londres. Loin du tumulte, loin du monde, loin du scandale et bien loin du poison. Il lâche le bras de sa sœur, avant d'entreprendre quelques pas en avant, tâche hardie quand sa vision tremble dans tous les sens. Transplanage précipité au premier endroit qui lui était venue à l'esprit. Il se touche le corps : la tête, le visage, les bras, les jambes, vérifie qu'il n'a pas laissé un membre derrière lui : voilà qui serait fort gênant.

L'image se stabilise, les meubles se remettent à leur place. Une main sur le fauteuil en cuir rouge, le regard sur le portrait de Salim accroché au dessus de la cheminée. Il jurerait qu'il le regarde d'un air désapprobateur, le grand-père. Vision dérangeante pour le briseur de sort, dont l'humeur s'arrange néanmoins nettement lorsque la petite créature velue saute de son vase en cristal jusqu'à ses bras basanés. Le niffleur grimpe le long de son cou, et s’active à gratter les boutons dorés qui tiennent sa veste de cérémonie fermée. Il ose à peine se retourner, confronter le regard de Genesis, qu'il sent furieux sur sa nuque. Il sait ce qui les attend : cette discussion n'aura rien d'agréable. Il est prêt à l'avoir, pourtant, il essaye de gagner du temps.

Quand il se tourne enfin, il a le regard de celui qui s'apprête à braver la tempête. Pourtant, aucune ne saurait rivaliser avec celle qui ravage ses entrailles depuis qu'ils ont récupéré la pauvre chanteuse. Cataclysme d'une fureur hibernante. Comme si il lui fallait plus de raisons pour haïr l'Ordre. Haïr. Oui, c'est bien le mot qu'il se plaira à employer, quand le temps sera venu de cracher son venin. Mais pour l'instant, ils n'en sont encore qu'à l'amuse-bouche, aux regards durs et à la confusion. Ses mains s'aventurent dans la poche intérieure du vêtement auquel l'animal a déjà chipé deux boutons, en sort une petite fiole qu'il force dans la main de son double en s'avançant vers elle, l'expression grave et sérieuse.

« Garde ça sous le coude, pour contrer les effets si jamais il t'arrive quelque chose. Toute l'eau de la ville est empoisonnée, Oukhty. »

Il referme l'antidote en son poing. Moitié la dose qu'il aurait dû garder pour lui, qu'il lui offre. Car si le plan est ingénieux, et finalement indolore, il n'avait su se résoudre, en acceptant l'idée, de laisser sa moitié perdre sa magie. Pas elle. Elle ne tomberait pas. Il abolit ses crimes aux yeux du Phoenix, lui offre une chance d'enfin ouvrir les yeux. Il n'avait pû sauver qu'une seule personne, il n'avait pas hésité un seul instant.
Genesis, la seule qui compte vraiment à ses yeux.

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--- @nile shafiq

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Tout va très vite, trop vite. À peine arrivés qu’ils sont déjà partis. Comme des voleurs. Et, c’est exactement ce qui la dérange. La convenance veut qu’un verre soit levé en l’honneur des mariés - aussi détestables soient-ils. Celui-là même, qu’il lui a interdit de boire. Sans raison, aucune. Son frère qui empoigne fermement son bras et après l’avoir menée à l’abris des regards indiscrets, leurs silhouettes disparaissent, main dans la main. Elle n’a pas le temps de comprendre, ni de questionner. Genesis lui a promis de ne pas le faire. Pas immédiatement. Confiance aveugle qui commence à s’ébrécher. Ses talons se posent sur le plancher verni alors qu’ils parviennent sans encombre jusqu’à leur destination. Le domicile de Nile. Il relâche sa prise et s’ausculte rapidement. Elle, reste de marbre, ses bras qu’elle replie sur sa poitrine en l’attente d’une explication de sa part. Un simple mot à vrai dire. Celui qui ne vient pas. À croire qu’il le fait exprès, son dos qu’il lui présente, tandis que la colère monte en elle. Rien n’a d’importance à ses yeux. Ni le portrait de leur grand-père suspendu au dessus de la cheminée, ni la petite créature qui se réfugie dans les bras de son maître. Il n’y a que lui. Il n’y a qu’elle. Et, ce silence pesant qui l’irrite. Chaque seconde un peu plus. Un hurlement étouffé au fond de sa gorge et les prunelles qui semblent lui lancer des éclairs. Il se retourne, finalement, lui lance ce regard qu’elle ne connaît trop bien. Impénitent. La lionne étudie sa proie. Qu’il s’agisse de son frère n’est qu’un détail futil. Elle attaquera, en temps et en heure. Pourtant, il se saisit d’une fiole qu’il force entre ses doigts contrariés. Il a l’air sérieux. Elle a l’air confuse.

« - Garde ça sous le coude, pour contrer les effets si jamais il t'arrive quelque chose. Toute l'eau de la ville est empoisonnée, oukhty. Elle qui a toujours été sur la même longueur d’ondes que son double ne parvient plus à le déchiffrer. De quels effets parle-t-il ? S’il lui arrivait quoi ? Et, à quel type de poison doit-elle faire face ? Genesis ne s’était pas débarrassée d’un péril pour que son frère incarne le prochain. Ce surnom qui sonne atrocement faux dans sa bouche.
- Je t’interdis de m’appeler ainsi ! »

L’orage dans la voix qui finit par éclater tristement. Il lui est venu en aide - probablement. Mais, elle n’entend que cette beuglante gémir entre ses oreilles, ne voit que son air coupable sur son visage basané. Nile, un peu trop bien informé à son goût. Elle pense à Harfang, qu’elle n’a pas pu prévenir. Son myocarde bat la chamade et elle pose une main fébrile sur son ventre, comme pour retrouver sa contenance. Sa tête qu’elle secoue légèrement, préférant ne pas songer à la perte de l’être aimé. Elle pense à Albus, Minerva et à tous les membres de l’Ordre pris au piège entre les murs du manoir. Genesis bout de l’intérieur et lui fait brusquement part de sa rage.

« - Pourquoi ai-je l’impression que tu es mêlé à cette histoire ? POURQUOI ?, rugit-elle en serrant la fiole un peu plus fort dans sa paume. »

Sans crier gare, elle s’empare de sa baguette, celle qu’il lui a offerte quelques semaines plus tôt - quelle ironie - et la pointe dangereusement dans sa direction. Hostile et menaçante. Elle ne parvient plus à réfléchir correctement. Tempête qui assombrit ses pensées et obscurcit son jugement. La sorcière a besoin d’entendre sa version des faits. S’il s’y refuse, elle ira lui extorquer par la force. Coûte que coûte. Il n’a jamais été très bon duelliste. Cette bataille ne devrait pas lui poser grand problème.

« - Que va-t-il leur arriver, Nile ?, parvient-elle à lui demander d’une voix que l’émotion fait chavirer. Les larmes qui lui montent aux yeux. Qu’est-ce que tu as fait ? »

Qu’elle ne pourra réparer. Car, elle ne vendra pas son âme au diable deux fois pour le sortir d’affaires. Que pourrait-il bien y faire de toute manière ? Une victime parmi tant d’autres. Cette situation les dépasse tous. Sauf Nile, peut-être. Lui qui s’est cru tout puissant, immobile face à elle. Une punition que ce demi-dieu a pourtant pris le soin de s'épargner.

Ce que l'orgueil avait forgé
@genesis shafiq

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La rage transpire de ses pores, découle de chaque syllabes crachées hors de ses lippes crispées en une grimace furieuse. L'accent si mélodieux qu'il associe généralement au soleil brûlant de Mascate lui rappelle cette fois les nuits froides du désert. Elle est en colère, constate-t-il sans surprise lorsqu'elle rejette brutalement le sobriquet, ce qui lui tire un rictus toujours insolent motivé par les frissons et l'adrénaline rampant dans ses veines. L'euphorie du crime : félicité au creux de l'estomac, battements incessants du cœur dans la poitrine et l'incertitude passagère qui accompagne les plus grosses bêtises. Est-ce la vraie vie, ou est-il simplement en train de rêver ? Étaient-t-ils réellement au mariage, et avait-il véritablement empoisonné tous les convives ? La dureté du verre entre ses doigts, les frottements des griffes de son niffleur sur son habit et la brûlure du regard de Genesis lui intimèrent non seulement que tout ça venait bel et bien de se produire, mais également qu'il s'était dépassé sur ce coup là. Dualité du djinn, comme elle se plaît régulièrement à le décrire, vacillant entre la fierté et la gravité, l'amusement et la panique. Qu'elle l'insulte tant qu'elle veut, du moment qu'elle garde la fiole. L'ingratitude de son double est plus supportable que l'idée qu'il agisse contre elle de quelque façon que ce soit.

« Parce que je le suis, pardi. » Rétorque-t-il en ouvrant les bras d'une façon bien grandiloquente avant d'effectuer une piètre révérence.

Il brave la tempête avec une désinvolture caractéristique qu'il viendrait à regretter, à n'en pas douter. La princesse ne semble pas d'humeur à supporter ses extravagances. Sa nature pourtant le poussera à aborder la situation avec cynisme, son meilleur moyen de défense. Le seul masque qui ne tombera pas en cet après-midi sinistre, puisqu'il n'est plus question de lui cacher quoi que ce soit. Elle a déjà deviné son implication, toute évidente est-elle et il a fini de cacher ses véritables motivations à celle avec qui il estime pouvoir tout partager. Il fanfaronne pourtant avec un léger pincement au cœur : peut-être est-ce ce qui finira par complètement les déchirer. Pincement qui se mue en déchirement quand elle ose, la sale sorcière, lever sa baguette contre lui, promptant ainsi son visage à s'assombrir et la petite bête à sauter sur le sol pour aller se réfugier sous un meuble. Vraiment ? L'interroge-t-il du regard. Juge-t-elle ceci réellement nécessaire ? Sa baguette à lui reste bien lovée dans sa manche. L'y déloger, pourquoi faire ? Genesis l'en débarrasserait avec aisance. Alors il fait deux pas en arrière jusqu'à sa cheminée et voile de ses doigts basanés le regard de leur grand-père, animé d'une théâtralité scandalisée.

« Me menacer dans ma propre maison et devant notre jid ? Où sont donc passées tes manières ? » Je te sauve d'un futur sans magie, et c'est ainsi que tu me remercie ?

Les plaintes à demi-larmoyantes lui inspirent une mâchoire crispée et un roulement de paupières insensible. Ôtant les doigts du portrait pour venir croiser ses bras sur son torse, Nile gratifie sa sœur d'un regard déterminé, aux iris brillantes d'une lueur de révolte.

« Ils vont perdre leurs pouvoirs pour une durée indéterminée, admet-il d'un ton piquant et revanchard. Tous ces grands sorciers, privés de leur précieuse magie. Je ne pensais pas qu'une telle chose serait possible, mais nous l'avons fait. »

Quoi de mieux pour froisser l'égo des arrogants que de leur retirer ce qu'ils prennent pour acquis ? La magie, source de tous leurs pêchés, la pureté du sang entraînant un faux sens de supériorité. Et pourtant, il leur aura été bien facile, aux Enfants de Morgane, de leur la retirer et ainsi de les rapprocher de ces pauvres cracmols qu'ils méprisent tellement, de les rendre même inférieurs aux sang-de-bourbe qu'ils craignent tant. Et tout ça sans verser la moindre goutte de sang. Non, Nile ne peut pas s'empêcher de jubiler à l'intérieur, même devant le regard torturé de sa sœur. Il sait à quoi elle pense, à qui elle pense : elle pense à ses confrères et consœurs de l'Ordre qu'ils ont laissé derrière eux et envers qui il refuse de gaspiller ses remords. Maintenant qu'elle en était sortie, il serait difficile de le convaincre que quiconque dans cette pièce ne méritait pas son sort.

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--- @nile shafiq

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La vérité. Horrifiante et sinistre. Celle qu’elle aurait, finalement, préféré ne pas entendre. Si cruelle, si douloureuse. La sensation d’un coeur qui vole en éclats, comme des milliers de brisures de verre sur le somptueux carrelage de sa demeure. Impossible à recoller. Un sourire fier, bien trop fier sur son visage qu’elle ne reconnaît pas, qu’elle ne reconnaît plus. La vie qui a fini par le muer en monstre. Son frère, son double. Qui est-il ? Et, cette pseudo-révérence… Insolence qui l’envenime. Parce que je le suis, pardi. Coupable. La condamnation tombe. Muette, mais bien réelle. L’avocate a tranché et elle refuse de prendre sa défense cette fois. Il paiera pour ses crimes. Lui qui refuse de laisser transparaître le moindre regret. Arrogance dans ses moindres faits et gestes. Elle le sent amusé, dédaigneux et sa colère est telle qu’elle ne perçoit pas la panique qui le submerge lui aussi. Aveuglée par ses humeurs.

« - Me menacer dans ma propre maison et devant notre jid ? Un coup d’oeil vers le portrait de leur grand-père qu’il lui indique du bout du doigt. Elle hausse légèrement des épaules, malgré l’air désapprobateur de l’ancien. Où sont donc passées tes manières ?
- Si tu crains ces intimidations dérisoires, c’est que tu n’as aucune idée du sort que je te réserve. Qu’ils te réservent. Aurors impitoyables assoiffés du sang des indignes. Car, c’est ce qu’il est devenu, Nile. Un abject sorcier qui sème la terreur dans un monde déjà trop fragilisé. Avenir incertain en temps de guerre. Mieux vaut qu’elle lui règle son compte elle-même. Une faveur qu’elle lui fait, vraiment. Que Salim soit témoin de ta peine. »

Larmes de haine le long de ses joues délicates, celles que Genesis tente de balayer du revers de la main. Ses doigts s’enroulent un peu plus fort autour de sa baguette. Elle va frapper, elle le sait. Mais, elle est prête à lui laisser une chance. Une dernière chance afin de racheter sa conduite. Confesser ses péchés. Lueur révoltée dansant dans ses prunelles, explosive au fond des siennes.

« - Ils vont perdre leurs pouvoirs pour une durée indéterminée. Tous ces grands sorciers, privés de leur précieuse magie.
- J’imagine qu’il s’agit de la raison pour laquelle tu as été épargné, lui crache-t-elle au visage. Aussi cynique que lui. Un point sur lequel ils se ressemblent toujours.
- Je ne pensais pas qu'une telle chose serait possible, mais nous l'avons fait. »

Et, ce n’est pas tant ce qu’il lui dit. Plutôt la manière dont il lui dit, qui fait que le stupéfix fuse. Le corps de son frère qui entre dans un état second, petit à petit. Elle ne sait pas ce qui est le plus difficile. Que sa soeur soutienne ouvertement la confédération ou que frère soit devenu un dangereux extrémiste. Révolutionnaire hasardé. L’impression que Nile est devenu fou, complètement fou. La rage dans son regard et pourtant, Genesis lève le sortilège avant qu’il ne se retrouve dans un état proche de la narcose. Elle ne peut pas lui faire cela, elle ne peut pas prendre le même chemin tortueux que lui. Descente aux enfers. Sa baguette toujours pointée vers lui et la respiration haletante.

« - As-tu la moindre idée de tout ce que j’ai sacrifié pour toi ?, hurle-t-elle entre les murs de la pièce. »

Allusion à cette journée qui avait si mal tournée. Son jumeau maintenu en salle d’interrogatoire, sur le point d’être condamné à une lourde peine d’emprisonnement. Elle ne pouvait le concevoir, ne pouvait le supporter. La sorcière s’était jetée dans la gueule du loup, littéralement, pour le sauver. À quoi bon ? Peut-être aurait-il été préférable de le voir derrière les barreaux. Plus en sécurité. Pour lui, pour eux. Les juges seraient-ils assez cléments pour l’envoyer à Sainte-Mangouste plutôt qu’Azkaban ? La démence qui le ronge de l’intérieur.

« - Je ne sais plus qui tu es, lui murmure-t-elle en secouant la tête. Tu viens de condamner mes amis ! Nos amis, se reprend-elle aussitôt. Minerva. Lysander. Léocadie. Isobel. La liste qui n’en finit plus. Celle des membres de l’Ordre du Phénix avec qui il s’était aussi lié d’amitié. Ou du moins c’est ce qu’elle pensait. Theseus. Newt. Alphard et Artemisia. Susan. »

Et, tant d’autres... Le prénom de Harfang qu’elle meurt d’envie de lui crier à la figure. Violemment. Pourtant, elle n’en fait rien. Hors de question que Genesis lui fasse ce plaisir. Son couple qu’il a peut-être détruit en voulant jouer selon des règles qu’il ne maîtrise pas. Elle n’y avait jamais songé auparavant. Mais, peut-être que la malédiction avec laquelle elle devait vivre, c’était Nile.

Ce que l'orgueil avait forgé
@genesis shafiq

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« Ouais, rétorque-t-il à sa réplique d'un cynisme tranchant. Et JE suis la raison pour laquelle TU as été épargnée. » Ne me remercie pas, surtout.

Toute la fureur qu'elle peut lui souffler au visage ne le convaincrait pas qu'il ait s'agit d'une erreur, non. Et même la baguette pointée contre lui ne saurait faire trembler ses convictions. Alors il soutient le regard de sa jumelle, son double, cette même lueur qu'il retrouve chaque jour dans le miroir, intimement convaincu qu'elle n'en fera rien. Et quand le sortilège frappe, il n'y a rien qu'il puisse faire pour le contrer. Il sent son corps s'engourdir et basculer vers l'arrière, son dos frapper le coin de la cheminée et s'écraser contre le sol, son visage figé en une expression de choc.
Genesis, non. Elle a osé !

Que Salim soit témoin de ta peine. Et effectivement, le vieil homme observe du haut de son portrait, ses deux petits-enfants se déchirer. Mais Nile ne peut lever son regard si haut, et sa vision commence à s'assombrir rapidement tandis qu'il entend l'omanaise hurler sans pouvoir lui répondre que si, il sait. Et ça lui semble si long. Chaque seconde, il sent son corps échapper un peu plus à son contrôle, et son esprit divaguer. Bientôt, il ne voit plus rien et n'entend plus que les battements de son propre cœur de moins en moins vivace résonner à l'intérieur de son crâne.

Et quand la douleur se dissipe, il couine.
Comme un chien blessé.

Le briseur de sort se redresse péniblement et glisse jusqu'au mur à la seule force de ses jambes encore raides. Son visage tordu de peine, et ses yeux qui brillent de larmes malgré lui. Un bras le long de son bas-ventre, l'autre qui s'agrippe sur le sol, la respiration saccadée et le palpitant incontrôlable pendant que les insultes pleuvent et que les noms défilent de la bouche de la princesse. Sa tête, qu'il secoue à chaque nominatif qui nourrit la colère naissante, grandissante, brûlante. Minerva, Lysander, Léocadie, Isobel et les Scamander … Toutes ces personnes, ultimement, restent libres. Il ne peut pas en dire autant des réfugiés qui se terrent derrière le manoir d'Erroll.

« Je pourrais te sortir une liste de noms également, mais tu n'en reconnaîtrais aucun. Crache-t-il alors en relevant son visage vers le siens. Ou peut-être que si, peut-être qu'il pourrait lui souffler le nom d'une certaine chanteuse, et voir sa réaction. Mais il ne peut trahir l'appartenance de cette dernière au clan. Certains que tu as envoyé toi-même au casse-pipe, je gage. D'autres qu'on a récupéré après votre petit tour de force à l'arène. Si tu n'étais pas ma sœur, tu aurais partagé le même sort que tes amis. Pas les siens ! Tu joues un peu trop bien ton rôle. »

Genoux à terre, il se redresse lentement sur ses deux jambes et se soulage de la veste sur ses épaules, qu'il laisse tomber sur le sol. Sa baguette glisse entre ses doigts tremblants. Maintenant qu'elle lui a prouvé jusqu'où elle serait capable d'aller, il anticipe la prochaine attaque. Rien ne l'empêcherait de dire ce qu'il avait à dire. Mais quand il ouvre la bouche à nouveau, c'est d'une voix brisée qu'il s'adresse à elle.

« Je ne veux plus que tu ais à faire ça, Genesis ! » Il sait que ça lui est insupportable. « Je ne veux plus te voir risquer ta vie en attendant que l'Ordre se décide à agir. » Le ton qui se durcit à chaque mot et le regard implacable. « Et si, figure-toi. Je sais tout ce que tu as fait pour moi, poursuit-il d'une voix plus douce en baissant légèrement les yeux. J'ai tout entendu, oukhty. Elle comprendra. Une grimace tord son visage, au souvenirs douloureux de ces heures passées dans une des cellules du ministère, couronnées par un pacte dont il s'est promis de la tirer. La rage dans les pupilles quand il relève la tête. Et maintenant, si tout se passe comme prévu, ce porc ne pourra plus rien exiger de toi. »

Ni lui, ni aucune de ces raclures.
Qu'elles soient de la coalition ou de l'Ordre.

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--- @nile shafiq

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Il serait donc la raison pour laquelle elle a pu conserver ses pouvoirs. Et, il est fier, Nile, de le lui cracher au visage. Devrait-elle le remercier ? Non. Certainement pas. Arrogant comme jamais. Genesis, aveuglée par la rage qui tambourine contre ses tempes. Son rythme cardiaque s’est emballé il y a un moment déjà. Esprit nébuleux qui frappe pour le faire taire. Elle aurait pu se contenter d’un sortilège de mutisme, mais une part d’elle voulait le voir souffrir. Sombre et terrifiante. Son dos qui rencontre l’angle de la cheminée et son corps qui s’effondre. Elle ne peut pas le faire souffrir. Pas alors que Salim les observe, horrifié par la scène qui se déroule sous ses yeux peinturlurés. Un geste pour l’inviter au calme et l’enchantement qu’elle lève. Le sorcier se réveille au son de ses cris exaltés. Reprenant peu à peu conscience, il se redresse avec difficulté. Qu’il serait simple de l’aider. D’un simple sortilège informulé. Elle en meurt d’envie, ne supporte plus ces prunelles emplies de larmes qui la dévisagent. Comme si c’était elle, le monstre. La voix qui baisse d’un ton, néanmoins la colère ne désemplit pas.

« - Je pourrais te sortir une liste de noms également, mais tu n'en reconnaîtrais aucun. Certains que tu as envoyé toi-même au casse-pipe, je gage.
- Tu oublies tous ceux que j’ai épargné. Te souviens-tu de leurs noms ? Toi qui semble avoir si bonne mémoire !
- D'autres qu'on a récupéré après votre petit tour de force à l'arène.
- Je n’ai pas participé à cette mission, tu le sais très bien. Nous faisons de notre mieux et cela implique parfois des sacrifices, des erreurs. Personne n’est parfait, Nile. Cela ne signifie pas que nos intentions sont mauvaises.
- Si tu n'étais pas ma sœur, tu aurais partagé le même sort que tes amis.
- Et, c’est bien ce qui nous différencie. Que tu sois mon frère ou non, n’aurait rien changé. Je n’aurais jamais pu faire une chose pareille. À qui que ce soit. Bats-toi à la loyale pour une fois.
- Tu joues un peu trop bien ton rôle. »

Sa baguette dans la main chevrotante de son double, elle ne peut s’empêcher de rire nerveusement. Ils s’étaient toujours battus ensemble, jamais l’un contre l’autre. Jamais de cette manière. Brutale. Bien loin de leurs chamailleries d'enfants. Ses doigts qu’elle passe dans ses cheveux sans rien dire, lèvre inférieure qu’elle se mord violemment et regard sévère qu’elle finit par détourner. Déconcertée, Genesis ne sait plus comment se comporter avec lui. Lentement, elle baisse sa garde, les paumes face à lui en signe de rédemption. Mais, toujours son bout de bois coincé entre son pouce et son index. Une erreur de sa part et elle s’en ressaisira, frappera. Plus fort cette fois. Pourtant, l’affliction dans sa voix qu’elle connaît par coeur risque de l’en dissuader.

« - Je ne veux plus que tu ais à faire ça, Genesis ! Soupir qui s’échappe de ses lippes et sa tête qu’elle secoue de droite à gauche.
- Je sauve des innocents, Nile, lui souffle-t-elle. Je me bats pour un monde plus juste. Il n’est pas sans l’ignorer. Il la connaît par coeur. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Alors, que désire-t-il ? La sorcière ne se rangera pas, pas comme leur soeur a pu le faire. Qu’attend-il donc d’elle ? Ses talons qui commencent à arpenter la pièce d’un bout à l’autre. Lionne en cage. Que fais-tu, toi ?, finit-elle par articuler avec mépris. Si ce n’est empoisonner des sorciers qui se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. Quelle leçon doivent-ils tirer de ta stupidité ?
- Je ne veux plus te voir risquer ta vie en attendant que l'Ordre se décide à agir. Ses sourcils se froncent tout à coup. Genesis peine à déchiffrer ses propos. Ne sont-ils pas intervenus à plusieurs reprises déjà ? Remporter cette guerre leur prendrait des mois, des années. Pas de solution miracle face aux aigles qui rodent. Quant à son avenir…
- Ma vie vaut autant que la leur, énonce-t-elle avec gravité. Je te pensais de notre côté... »

Véritablement. Lui qui avait gardé le silence quant à la salle sur demande qui leur sert, aujourd’hui encore, de repère. Peut-elle encore lui faire confiance ? Elle n’en est plus certaine. Et, douter de lui est insupportable. La sorcière, qui réalise enfin ce que son amant a pu ressentir en mettant le doigt sur son secret le mieux gardé. Soudain, ce sujet douloureux qu’il remet sur le tapis. Il sait ? J'ai tout entendu, oukhty. La honte qui empourpre ses joues, elle frémit, Genesis. Comment est-ce possible ? Ce ne sont pas des explications qu’il lui offre, mais des menaces. Contre Henry Potter. Il ne pourra plus rien exiger de toi. Loin d’être rassurée, bien au contraire.

« - Si ton plan ou peut-être devrais-je dire votre plan... Car, tu n’as pas agi seul, n’est-ce pas ?, l’interroge-t-elle avec désaffection. Tu n’es pas assez fou pour cela. Si votre plan ne se passe pas comme prévu, tu te détruis, tu nous détruis. Tous les deux. Tous les Shafiq. Il est impossible que tu ne m’entraînes pas dans ta chute. Nous sommes trop liés pour qu’ils ne réclament pas ma tête aussi. »

Lui qui n’a probablement pas réfléchi aux conséquences de ses actes. Trop impulsif, trop immature. Elle lui en veut tellement. D’avoir creusé ce fossé entre eux. De le perdre de cette façon. Les liens du sang, certes. Mais, ceux du coeur sont morts et enterrés. Dernière offensive de sa part.

« - Ce rôle que tu détestes tant, tu me forces à le jouer ! »

(c) harizon

Ce que l'orgueil avait forgé
@genesis shafiq

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Des jumeaux, nés sous la même étoile, élevés sous le même étendard, éduqués sous les doigts doux d'Inès et la voix autoritaire de Tariq. Deux récipients des mêmes valeurs, des mêmes idéaux qu'ils partagent comme ce lien qui les unit et qu'il pensait indéfectible. Cette scène est insensée : tout les a destiné à se battre du même côté. Pourtant, c'est bien face à face qu'ils s'affrontent du regard, et c'est un profond fossé qui les sépare. Genesis et Nile Shafiq, partenaires dans le crime. Les petites terreurs de Gringotts. Elle est devenue princesse, il est devenu paria au sein de sa propre maisonnée, le djinn dont on ignore comment se débarrasser. En lui épargnant le même sort, et ce malgré son association avec l'Ordre du Phoenix, Nile plaçait les liens du sang au dessus de ses méfaits. Quelques instants plus tôt, il refusait toujours de la mettre dans le même panier, de la voir comme une ennemi. Un coup de baguette plus tard, et le regard qu'il pose sur elle se retrouve meurtri. Nage-t-il encore à contre-courants, ou se tient-t-il seul du bon côté de l'Histoire ? Tout ce qu'il sait, c'est que sa sœur l'a abandonné de ce côté de la rive, et que si il a du mal à comprendre comment ils en sont arrivés là, il ne peut pas affirmer en être véritablement étonné.

▬ Épargné ? Répète-t-il sombrement. Ta conscience s'allège-t-elle donc aussi aisément ? Les visages de ceux que tu as, dans ta grande bonté, épargné remplacent-t-ils ceux que tu as condamnés quand les remords t'assaillent ? Il sait qu'elle aimerait autant que lui que les choses soient différentes. Rien de tout ça n'est juste. Les nés-moldus qui sont chassés se fichent bien de vos intentions, et ce sont pourtant bien eux que vous sacrifiez et qui payent le prix de vos erreurs. Quel toupet elle a de lui lancer ça au visage pour s’amender de sa propre culpabilité. Elle ne la lui ferait pas, à lui. Oh, il n'y a pas que ça qui nous différencie, poursuit-il d'un ton soudainement déçu tandis qu'il réalise pleinement à quel point la cassure est profonde. Un de nous à au moins un soupçon d'intégrité.

Vicieuse attaque, à l'image du sort qu'elle lui a jeté. Il brave sa baguette d'un regard revanchard, la défie de l'attaquer à nouveau, de lui prouver raison. Et avec le venin s'évapore le maigre espoir qu'il a nourri de la convaincre de le rejoindre dans ce combat. Il soupire sur ses jambes faibles et tremblantes, sa dernière plainte coulant sur sa langue comme une ultime main tendue. Mais elle rejette son inquiétude, lui répond avec dédain, et alors le briseur de sort réalise que c'est peine perdue. Le prévisible n'empêche pas la déception : elle affirme vouloir la même chose lui, se battre pour les mêmes idéaux, et au fond, Nile la croit. Mais il n'est pas sans ignorer sa facilité à la concession. Après tout, n'avait-elle pas été mariée à l'un d'eux ? Qui sait si elle n'aurait pas suivi le chemin d'Alev si Silas avait survécu.

▬ Nous aidons ceux qui refusent de vivre en esclaves. Répond-il néanmoins avec conviction. Puisqu'elle souhaite savoir ce qu'il fait, il ne compte rien lui cacher. Nous leurs offrons un refuge, nous soignons leurs blessures et nous les protégeons. Eux, les désormais célèbres Enfants de Morgane. J'aide certains d'entre eux à quitter le pays en tout sécurité et j'étudie le sceau du ministère pour les libérer de son emprise. Jusqu'ici, très peu d'avancées, mais il ne compte pas s'arrêter avant qu'ils soient tous libres. Nous leur donnons un peu d'espoir, conclut-il avec fierté en soutenant le regard identique de sa jumelle. Voilà ce que je fais, Genesis.

Non, il n'a jamais été de leur côté. Si tel fut le cas, il aurait rejoint l'Ordre en même temps que le reste de sa famille. Ceci dit, il avait toujours été de son côté à elle. Pour elle, il a gardé le secret. Pour elle, il est longtemps resté les bras croisés. Pour elle, il a tourné la tête et fermé les yeux. S'attendait-elle à ce qu'il reste passif toute sa vie, malgré ses méfiances bien documentées ?

▬ Pas à mes yeux, rétorque-t-il froidement lorsqu'elle se place à leur niveau. Et là réside une importante partie du problème : ses partenaires d'armes partagent-ils son point de vue ? Et je ne leur fais pas confiance pour te protéger si il devait t'arriver quelque chose, à toi ou à nos parents. Voilà qui est dit. Lentement, il laisse son bras retomber, sa baguette entre ses doigts. J'ai peur, Gen', commence-t-il, la voix tremblante. J'ai peur que tu te fasse attraper, possiblement par ma faute. Tu aurais dû me laisser pourrir à Azkaban. J'ai peur que père et mère perdent Gringotts. Théâtre de leur cachotteries. J'ai peur de souiller notre héritage. Et si ça devait arriver, j'ai peur qu'ils tiennent le même discours : que vous ne deveniez qu'un autre sacrifice pendant qu'ils continuent de se cacher à attendre ''le bon moment''.

Il baisse le regard, le souffle coupé, essuie les traînées de larmes d'un coup de manche. Si leur plan fonctionne, alors toute personne capable de lui nuire perdrait ce pouvoir. Et s'il ne fonctionne pas … Non, il fonctionnera.

▬ Nous jouons tous les deux à des jeux dangereux, Genesis, poursuit-il d'une voix plus calme, plus résignée. Serait-ce trop te demander de me faire confiance ?

La mettre en danger est la dernière chose qu'il souhaite, et tandis que la possibilité se dessine dans son esprit, elle s'accompagne des prémices d'un nouveau dessein secret. Si le pire doit arriver ...

we watch as our young hearts fade into the flood
a feeling i thought was set in stone
it slips through, my fingers
i'm trying hard to let go
--- @nile shafiq

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Est-ce la terre qui tremble ou son corps qui frémit violemment ? La pénible impression que le marbre se dérobe brusquement sous ses pieds. Une brèche qui se creuse entre eux. Profonde. Infinie. Leurs silhouettes de part et d’autre de la rive à laquelle ils sont parvenus à se raccrocher. Les Enfants de Morgane pour l’un. L’Ordre du Phénix pour l’autre. Ces sorciers qui se toisent comme des étrangers. Frère et soeur. Pourtant, elle ne le reconnaît pas. Elle ne le reconnaît plus. La rage dans ses prunelles ambrées ou la suffisance dans ses paroles. Qui est-il ? Son esprit qui s’embrume et son palpitant qui s’affole. Elle détourne le regard, comme pour esquiver ses attaques. Paroles assassines. Les visages de ceux que tu as, dans ta grande bonté, épargné remplacent-t-ils ceux que tu as condamnés quand les remords t'assaillent ? Jamais, il ne l’a soutenue. Jamais, il ne l’a comprise. C’est tout ce qu’elle retient de ces quelques mots. Des années passées à lui mentir. Car, ils n’ont cessé de la hanter, ces visages dont il lui parle. Ces innombrables victimes qu’elle n’a pu protéger, malgré les indices mis à la disposition de la partie adverse, malgré les tentatives d’arrangements à l’amiable. Genesis a toujours fait de son mieux, un peu plus que cela même. Il le sait, mais il ose la provoquer, naviguer en eaux troubles. Une fois de plus. Les nés-moldus qui sont chassés se fichent bien de vos intentions, et ce sont pourtant bien eux que vous sacrifiez et qui payent le prix de vos erreurs. Sauf qu’il n’a jamais été question de mettre à mort ou en danger qui ce soit. Bien au contraire. Alors, elle encaisse les coups, les uns après les autres. Son âme qui semble voler en éclats. Un même être qui se divise et s’oppose. Lui qui refuse d’écouter, lui qui refuse d’entendre. Persuadé d’avoir raison et d’être en son bon droit. À quoi bon ? Un de nous à au moins un soupçon d'intégrité. Énième agression à laquelle elle ne répond pas. Cela lui ferait bien trop plaisir et il n’est plus question lui sauver la mise. De fil en aiguille, Nile lui fait part de ses desseins, de leurs desseins.

« - Nous aidons ceux qui refusent de vivre en esclaves. Tout comme ils tentent de les libérer, risquant leurs vies dans de périlleuses missions afin de les affranchir de leurs conditions d’opprimés. Nous leurs offrons un refuge, nous soignons leurs blessures et nous les protégeons. Les sourcils qui se froncent légèrement. J'aide certains d'entre eux à quitter le pays en toute sécurité et j'étudie le sceau du ministère pour les libérer de son emprise.
- Tu n’y arriveras jamais seul, Nile, lui murmure-t-elle avec douceur. Ni un reproche, ni un affront. Une main qu’elle lui tend, sans véritablement le faire. Il n’a pas à porter ce fardeau sans être aidé, sans être entouré. Leurs intentions se croisent, sans jamais se rejoindre tout à fait.
- Nous leur donnons un peu d'espoir. »

Le véritable danger en temps de guerre. Idéaliser, plutôt qu’intervenir. Nile est un rêveur, elle aurait dû s’en douter. Mais, il semble si fier, si satisfait... Alors, elle reste silencieuse, Genesis, se contente d’acquiescer d’un signe de tête. Qu’il espère donc. Pendant qu’elle se bat pour leur avenir. À tous les deux. Je ne veux plus te voir risquer ta vie en attendant que l'Ordre se décide à agir. Le menton qui se relève vers lui. À quel moment ont-ils cessé de se comprendre ? S’imaginait-il que l’Ordre était en position de renverser la Coalition ? Et quand elle lui affirme que sa vie vaut autant qu’une autre, la réponse qui franchit la barrière de ses lèvres n’est pas celle qu’elle escomptait.

« - Pas à mes yeux. Et je ne leur fais pas confiance pour te protéger s’il devait t'arriver quelque chose, à toi ou à nos parents.
- Ils ont choisi de les rejoindre, Nile. Nos parents sont des adultes responsables, des sorciers talentueux. Tu dois accepter leur décision, ma décision. Nul n’ignore les risques encourus.  
- J'ai peur, Gen'.
- Akhi..., prononce-t-elle avec difficulté. Il baisse sa garde et Genesis initie un pas prudent dans sa direction. Faute de s'élancer dans ses bras, de lui chuchoter que tout ira bien. Malgré la terreur et l’effroi.
- J'ai peur que tu te fasse attraper, possiblement par ma faute. J'ai peur que père et mère perdent Gringotts. Et si ça devait arriver, j'ai peur qu'ils tiennent le même discours : que vous ne deveniez qu'un autre sacrifice pendant qu'ils continuent de se cacher à attendre le bon moment.
- Nos destins ont été tracés il y a bien longtemps, lui rappelle-t-elle d’une voix calme. »

Qu’il interroge les étoiles s’il le désire. Elles seules ont les réponses à ses interrogations. Les larmes qui coulent sur ses joues basanées, celles qu’il efface d’un revers de manche avant que ses doigts fins ne soient parvenus à son visage. Geste tendre qu’elle retient jusqu’au dernier instant. Pourquoi faut-il toujours que son double s’enlise dans les situations les plus ardues ? Se jeter dans la gueule du loup ne lui avait-il pas suffi ? Un soupir attristé s’échappe des lippes de l’avocate et ses cils battent longuement pour retenir l’émotion qui lui monte aux yeux.

« - Nous jouons tous les deux à des jeux dangereux, Genesis.
- ll n’est plus question de jouer.  
- Serait-ce trop te demander de me faire confiance ? Les incertitudes se bousculent dans son esprit et Genesis reste silencieuse quelques temps. Elle lui aurait confié sa vie sans la moindre hésitation avant cet incident. Elle lui a confié sa vie sans la moindre hésitation pendant cet incident. Sa main dans la sienne l’accompagnant et l’orientant à travers la foule. Sans s’enquérir sur ses motivations, comme il le lui avait demandé.
- L’idée que tu te fais de moi, cette avocate sans coeur, cette sorcière sans merci, est si différente de celle que je suis réellement. Si tu n’es plus capable de voir outre tes préconceptions… Elle s’interrompt brusquement, une phrase qu’elle laisse en suspens. Comment m’en remettre à toi après ce qu’il vient de se passer ?, l’interroge-t-elle avec sincérité. Oui, il lui en demande trop. Qu’attends-tu de moi, Nile ? Blessée et désemparée, sa baguette qu’elle finit par replacer dans un pan de sa robe. Elle n’en aura plus besoin. Sa dernière atteinte sera suffisamment douloureuse sans cela. Si tu n’es plus capable de voir outre tes préconceptions, ne m’appelle plus soeur. »