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 Supercollide (w/Perséphone)

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Enkhjin Greyback
coalition sorcière
Enkhjin Greyback
crédits : Baldaquin (Cassandra, best bae)
face claim : Tao Okamoto
pseudo : Circanem
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études : Serdaigle promo 1893-1899, enfant trouble, érudite frustrée
particularité : Louve, l'engeance maudite.
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Message (ϟϟ) Sujet: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyMar 31 Mar - 5:13


Avril 1914
 

Les phalanges blanchies tracent les veines exsangues, canyons immondes sur le poignet meurtri. La marque brûle encore. Où est-ce la honte, la haine sourde en torrent de lave dans les artères ? Sur les canines effilées se retroussent les babines hargneuses, dans un souffle teinté de rancoeur.
Le pas leste, la Greyback progresse rapidement, louvoyant la nuque courbée dans le dédale de l'Allée des Embrumes, serrant contre elle les dernières trouvailles pour l'Antre. Fugace, sa main replace l'écharpe en laine enroulée autour de son cou, en geste saccadés, muraille contre les regards indiscrets plus que le vent sifflant sur les pavés. Le soleil froid de fin d'après-midi inonde tout juste les rues labyrinthique avant de laisser place à l'impératrice sélène et des boutiques comme des bureaux dégueulent des hordes de sorciers, les prunelles aiguisées, transperçant un peu trop la peau.

Elle est fatiguée. La lune a trop demandé, dernièrement. Ou peut-être est-ce l'inverse. On ne supporte plus le temps qui file. Et ces gens trop lents. La marche alanguie agace, prise en otage entre deux foules contraires. Ceux qui rentrent, ceux qui vaquent, les esclaves envoyés terminer les basses besognes, ou, enfin, libres de respirer un peu. Sous l'avalanche d'informations, on suffoque un peu et la Bête s'en agace. Dans les entrailles qui se tordent, ça hurle, gratte les murs jusqu'au sang.
Un passant sursaute, vaguement outré au grondement plein de verve qui s'élève naturellement de la gorge de la louve. Dans un pur instinct de conservation, il s'écarte et elle trace sans attendre, sans l'allée éventrée.

Le poing de Djinn s'enfonce rapidement dans les poches râpées du long manteau trainant sur ses épaules, le pardessus usé récupéré en toute discrétion à la meute, héritage auto-attribué après le décès de l'Alpha. C'est que personne d'autre n'est vraiment venu le réclamer, alors elle finit par parader un peu, insolence volée, guerrière farouche à endosser la pelisse du monstre.
Ses doigts se referment sur quelques mornilles, qu'elle vient compter à la hâte. Un. Deux. Trois. Recompte encore, des fois qu'elle n'ait pas saisi toute l'ampleur de l'absence de richesse. Un. Deux. Trois. Le "Ah." qui s'échappe de ses lèvres dans la plus grande simplicité, étranglé sous un feulement éraillé.
Dans un froncement de sourcils contrarié sur ses deux ambres sombres, la louve fait un tour sur elle-même, à l'approche du Fol'Opium et surtout des coins de rue coupable. L'écho d'un corps laissé à l'abandon, le pavé encore teinté de vermeil sombre. Puis le regret, un peu.
Il faut se faire pardonner. Enkhjin n'a aucune idée de quoi mais il y a forcément quelque chose. Quelque part, c'est forcément un peu de sa faute. Trop de laisser faire, trop de laisser passer. Des centaines de remords, des dizaines de regrets. Fleurir le paillasson comme on fleurit une tombe, récente habitude prise sur le coup de l'amertume, puérilité pleine de fiel du mâtin qui choisit son maître. Regarde, Theia, à qui mon allégeance ira. Jusqu'à mordre la main qui nourrit, voler à la loyauté aveugle un torrent de liberté.

A la hâte, elle tire un pot de fleurs qui trainait par là, vulgaires tulipes arrachées avec une telle force qu'elles embarquent tout sur leur passage, les bulbes, les racines, une motte de terre. La louve presse le pas à nouveau, dévorant les pavés, limier en chasse, jusqu'au bordel.

Et Djinn se fige soudainement à l'approche du Fol'Opium, la carne tatouée déjà de sortie, les fleurs qu'on fourre dans la poche avec un embarras crasse. "Bah merde." Fichus gens. Elle la regarde, d'un air vaguement bovin, claquant des crocs brièvement. Peut-être qu'elle n'a pas reconnu. Peut-être qu'il n'est pas trop tard pour faire semblant. "N'est-il pas un peu tôt pour la sortie des créatures des marais ? Le soleil pourrait brûler ce qu'il te reste de peau intacte." Qu'elle claque, le ton anglais emprunté aux Potter qu'elle entend un peu trop dernièrement, l'accent reflué avec peine, tambourinant déjà sur les consonnes enrobées de fiel.
Parfait.
(Non.)
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyLun 6 Avr - 16:28

Dans le miroir, le corps étranger nargue. La silhouette est restée la même, à peu près. Quelques kilos perdus, mais pas tant, pas assez pour que la minceur naturelle devienne maigreur malade : la viande doit rester attirante. Les traits du visage, eux aussi, sont inchangés. Peut-être une certaine dureté dans le regard, parfois, un soupçon de mépris, si on s’y attarde suffisamment. Peut-être un sourire plus crispé que la veille, souvent, aux bords un peu tremblants. Pas assez, là non plus, pour justifier le reflet discordant.
Non, l’étrange est engrainé dans la peau, milliers de traits parasites serpentant à la surface, encre noire que ses vêtements peinent à camoufler complètement. Elle, pourtant. Elle, sûrement. (Vraiment ?) Du bout des doigts, elle frôle la glace, dessine les contours du derme marqué. Cou, bras gauche, bras droit. Bras droit, bras gauche, cou. “Un chef-d’oeuvre”, souffle-t-elle, ponctue d’un rire froid. La main tendue devient poing mais ne s’abat pas, retombant mollement à ses côtés.

Un dernier regard courroucé au miroir, et Persephone enfile à la hâte les couches qui lui permettront de se cacher. Les doigts tirent sur les manches jusqu’à les déformer, jusqu’à ce qu’elles enveloppent bon gré mal gré les dessins coupables. Le col est remonté, les cheveux soigneusement placés de sorte à détourner les regards persistants. Elle les sent encore, toutefois, même quand ils ne sont pas là.
Dans les couloirs étroits du Fol'Opium, les ombres semblent la dévisager, tentent elles aussi de lui arracher les parts d'elle-même qu'elle avait réussi à conserver. Il ne lui reste plus grand-chose, aujourd'hui, des miettes qu'elle a distribuée aux plus offrants ces quinze dernières années. Envolées, les ambitions sacrifiées pour une mère qui n’en avait jamais rien eu à faire. Piétinées, les opinions trop dangereuses pour être formulées à haute voix. Éparpillées au vent, les vagues élans de combativité qui ne lui ont valu que des échecs cuisants. Ne reste que, sur le bout de la langue, le goût amer de la défaite. Au fond du ventre, un peu de rage. Un coin de l’esprit vif mis à l’abri, tant et si bien camouflé que même elle peine à le retrouver. Et dans les yeux de ceux qui s’offrent sa chaire étrangère, elle se voit minuscule, réduite à une vulgaire possession.
Marquée. Par l’encre noire, par les mains qui agrippent et éraflent, par le temps qui lui a échappé et par les regrets qu’elle n’a jamais voulu partager. Par la reconnaissance crasse, balbutiée en réponse à la générosité affectée de celui qui l’a remise en cage. Oui, Wardwell a trop donné, pensant stratégie sans être capable d’imaginer l’ampleur de la cruauté qu’on déploierait en réponse à ses offrandes.

Un “hé, où tu vas comme ça ?” résonne à ses oreilles et c’est tout juste si elle n’aboie pas. Pas encore, plus enchaînée à ce qu’elle sache. Sceau sur le poignet, peut-être, laisse autour du cou mais — libre. Un peu. Suffisamment, pour l’instant. Ils n’ont pas encore pris. Elle ne s’arrête pas. Ne répond pas, non plus, de peur de laisser glisser le fiel qu’elle garde habituellement pour elle.
L’air frais du mois d'avril l'accueille, la ramène brusquement au corps qu'elle avait presque oublié. Prête à disparaître dans la foule qu'elle est sûre de trouver une fois éloignée du bordel, son attention est cependant attirée par une silhouette s'approchant d'un pas déterminé. Des fleurs, d'abord. Racines. Aussitôt enfouies dans les poches d'un manteau trop long. Un visage, ensuite. Un juron, elle pense, mais n'enregistre pas : déjà les souvenirs s'éveillent et ses membres se crispent. Courir, attaquer, ou remercier ? Le regard glisse de gauche à droite, pour vérifier qu'elle ne suit pas juste à côté. Et avant qu'elle ait pu prendre une décision, l'autre l'alpague. "N'est-il pas un peu tôt pour la sortie des créatures des marais ? Le soleil pourrait brûler ce qu'il te reste de peau intacte." Les manches sont trop courtes. Elle le savait. Peut-être des gants ? Les mains coupables glissent derrière le dos, se tordent à l’abri du regard trop perçant. Le sien se fait noir, un instant, avant de s'apaiser.

“C’est pour moi ?” D'un mouvement de tête, elle désigne la motte de terre qui menace de tomber de sa poche. Le ton se veut léger, la question anodine, mais elle a dans l’œil la défiance qu’elle ne parvient pas à tout à fait effacer. Ignorant les tripes lui hurlant de s’éloigner, elle s’avance d’un pas en direction de la louve, poignets toujours planqués. “Tu aurais pu me les donner directement.” Qu’elle ajoute, l’ombre d’un sourire sur ses lèvres, celui-ci à peine forcé. Pas la première fois, non, que des fleurs desséchées trouvent le chemin de sa chambre sans que personne ne puisse lui en donner la provenance. Pourquoi ? Veut-elle, elle aussi, prendre un morceau d’elle sans rien offrir en retour ? Mais Djinn a déjà donné. Les liens desserrés et, apparemment, l’offrande. Non, sûrement pas.
Alors pourquoi ?
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Enkhjin Greyback
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyMar 7 Avr - 4:27


Avril 1914
 
Elle s'est extirpée trop vite des entrailles du stupre, la vestale à la peau souillée. A l'image du sang dans les veines, l'épiderme est teinté d'anathème. Sang de bourbe, carne impure. Alors que les mots dégueulent des lèvres d'Enkhjin avant même qu'elle n'ait pu les arrêter, ses prunelles capturent une griffe d'encre sur les mains de la née-moldue, qui disparaissent rapidement hors de portée. Discrètement, dans les méandres de l'esprit, ses iris remontent le dédale de jais, entrelacs d'ébène qu'elle craint ne connaître que trop bien, fruit de son abjecte collaboration involontaire.
Epinglée par les deux ambres brûlantes de l'ancienne Serpentard, la bête se fige quelques secondes, luttant contre le besoin de baisser le regard sur les pavés défoncés, par habitude. Les lèvres se retroussent brièvement, sifflant un grondement frondeur entre les crocs dévoilés. L'échine se tend et par instinct, la louve se grandit, ses frêles épaules se dressant vers le ciel, le menton altier. Elle n’accepte la haine de ceux qui lui sont inférieurs. Et l’engeance qui lui fait face est tout sauf digne.
Imperceptiblement, elle détache son regard de celui de l'abomination, ses iris lisant les mouvements de l'adversaire, prête à lui bondir à la gorge, arracher, étriper. Ses doigts s'enroulent doucement autour de la baguette fixée à sa ceinture, le coeur manque un battement presque vital.
Peut-être que lui trancher la gorge serait trop extrême, même en cas de légitime défense. Peut-être pourrait-elle simplement l'assommer, traiter la vermine comme elle le mérite, éteindre l'incendie avant que les braises ne prennent. Qu'elle ravale ce regard noir et orgueilleux qu'elle vient de lui jeter. Au fond des entrailles s'affrontent la chienne culpabilité et la haine intégrée, irrationnelle violence qui lui dévore l'âme, la louve écartelée.
Sa main s'extirpe de sa poche et s'élève, lentement, prête à abattre le jugement implacable sur la joue mouchetée de tâche de rousseur. "C’e#t p##r moi ?" Monte la voix, la tirant d'une torpeur certaine, difficiles à comprendre dans le brouillard de guerre, difficile à saisir. Trop tard. Les mots, déjà, filent entre les lippes. Inarrêtable, la langue trop pendue que les regrets emportent déjà. "La ferm-... Hein ?" La Louve se reprend, perplexe, l’accent des Steppes venant trébucher brièvement, roulant sur les consonnes, détruisant les liaisons.
Trois battements de coeur et ses prunelles s'accrochent de nouveau au visage humain. Ah. Pas vraiment une gueule de guerrière, ni de meuble, d'ailleurs, la rousse. Juste une gueule de... rousse. Et malgré tout, le pas qu'elle fait vers l’avant provoque un recul instinctif de la louve, pas habituée que les meubles se mettent à bouger quand on les fusille du regard. "Tu aurais pu me les donner directement." Elle cille légèrement alors que ses prunelles suivent les indications de la rousse, lente épiphanie se dessinant avec peine sur les traits impassibles. De la poche râpée émerge la glorieuse motte de terre, dans toute sa splendeur, surmontée de sa couronne de racines. Ah.
Le flot ininterrompu de passants s’assèche aux abords du Fol Opium et la situation semble tanguer quelques secondes, la louve pliant et dépliant les phalanges à un rythme régulier avant de se décider à en sortir le bouquet indigne.
Les fleurs écrasées ondulent brièvement entre ses doigts serrés, dans une pluie de terre et un ballet de germes dénudés. "A vrai dire… Ce n’est pas vraiment pour vous." Elle finit par souffler, avec un sourire parfaitement poli, la nuque raide, fière  Théoriquement, ce n’est pas un mensonge. C’est pour son paillasson. Pour sa porte. Pour quand elle n’est pas vraiment là pour tout saisir. On ne rend pas hommage à une personne encore en vie. On porte surtout le deuil des aspirations disparues. La fin d’un plan illusoire et les vengeance avortées. Peut-être un peu (beaucoup) par égoïsme. Ca n’a jamais vraiment été pour elle précisément, n’est-ce pas ?
"Mais je vous les offre. Une catin ou une autre, la différence est peu importante, j’imagine." Vile tentation de la misère des autres, abject besoin de détourner l’amertume coulant dans les veines, de tenter de jouer dans une cour à laquelle on n’appartient pas. Le chien qui se rêvait empereur, invité à la table des dieux. Remontant la manche du pardessus sur le Sceau ondulant sur l’avant-bras, la louve lève le bouquet, légèrement, juste assez pour qu’elle puisse le récupérer sans trop s’approcher. Assez pour qu’elle extirpe les mains de leurs cachettes. Sur ses lèvres s’étale le faux sourire froid qu’elle a volé à Theia, celui qu’elle n’arrive pas à garder plus de quelques secondes et qui s’efface aussi rapidement aussi vite qu’il est apparu, laissant place à l’habituelle impassibilité. Douce placidité.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyJeu 9 Avr - 22:14

Tout est toujours une question de présentation : de l’intonation de la voix au langage corporel, le masque doit être parfaitement mis en place, suffisamment soutenu pour dissimuler les failles que l’oeil cherche toujours à déceler.
Certains les préfèrent enjoués, soulageant leur conscience et apaisant leur humanité : oui, ils vont bien. D’autres les préfèrent silencieux, vague élément du décor dont ils peuvent disposer à leur convenance — moins humain encore qu’un elfe de maison, moins noble.
Certains préfèrent les voir trembler, et peut-être est-ce là son rôle favori. Il n’est pas bien compliqué, après tout, d’user de la terreur pour mimer la soumission. Pas trop éloigné de la vérité non plus. N’es-tu pas prête à te jeter à leurs pieds pour implorer leur pitié ?

Comme un miroir déformé, quand Enkhjin se fait plus grande, Persephone perd quelques centimètres. Les épaules rentrent, le menton descend, le dos se courbe presque imperceptiblement et les mains coupables disparaissent à l’arrière-plan, chorégraphie éprouvée de celle qui ne danse que lorsqu’elle connaît la musique. Face à la louve, pourtant, la peur tarde à ressurgir : il y a quelque chose de fascinant, dans le contrôle tout juste maintenu, l’équilibre précaire prêt à être renversé. Quelque chose qui lui rappelle son chaos à elle, qui -finalement- lui fait oublier ses propres réflexes. Le regard se teinte de haine alors même qu’elle se redessine et il lui faut apercevoir la main menaçante pour se rappeler des pas qu’elle est censée exécuter ensuite. Ses yeux virevoltent sur la baguette accrochée à la ceinture, un instant, avant qu’elle ne tente de dissiper la tension de quelques mots et accroche solidement un sourire à ses lèvres.
La tentative ne lui vaut néanmoins qu’un hein? perplexe. Le rictus tremble, part un peu vers le côté, soupçon d’insolence dans le coin gauche. La confusion de l’autre traîne en longueur, quelques secondes durant lesquelles elle s’enorgueillit de l’avoir déstabilisée, assez pour induire un mouvement de recul alors qu’elle tente de s’approcher. Tant habituée à être chassée et pourtant tellement plus à l’aise dans le rôle du chasseur, la née-moldue s’enivre du pouvoir factice qu’elle s’est elle-même octroyée. Le bouquet, ou ce qu’elle nommera comme tel faute de mots plus appropriés, apparaît enfin entre les phalanges de Djinn. Elle s’en empare presque, à moi à moi chantant dans un coin de son esprit (en est-elle vraiment réduite à ça ?), mais l’herbe lui est brusquement coupée sous le pied quand l’offrande lui est refusée. "A vrai dire… Ce n’est pas vraiment pour vous." À son tour de perdre de sa belle, renvoyée brusquement à la place qu’elle avait momentanément oubliée. La main qu’elle avait quasiment sortie s’immobilise aussitôt, les doigts bien trop avides retournant attraper le poignet qui n’avait pas bougé.

Si pas pour elle, pour qui ?
Le visage qui lui fait face est impénétrable, et la part de la môme qui croyait un jour tout remporter en elle trépigne. Que des fleurs, elle sait. Arrachées à l’envolée, remplies de terre, de racines sales. Que des fleurs, loin des sommets qu’elle pensait atteindre vingt ans plus tôt. Que des fleurs, mais aujourd’hui c’est tout ce à quoi elle peut prétendre, alors la déception ressemble à s’y méprendre à celle du premier jour de classe, méprisée là comme ici (et certainement comme ailleurs). "Mais je vous les offre. Une catin ou une autre, la différence est peu importante, j’imagine." Le masque frémit, tombe presque à ses pieds. Les tripes se retournent et les ongles s’enfoncent dans la chaire et les os des mains sales.
Le sourire, cependant, reste pour l'instant bien en place.
Son bouquet lui est une nouvelle fois tendu, la manche révélant le tatouage immédiatement jugé abject ancré sur l'avant-bras d'Enkhjin. Son regard s'y attarde, attiré par les traits et les significations qui y sont attachées. La fascination se meut rapidement en dégoût, l’estomac se soulevant alors que ses yeux se raccrochent brusquement à ceux de l’ancienne Serdaigle. “Vraiment ?” Elle demande, trébuche un peu, sans savoir si elle parle du destinataire des fleurs ou de — de quoi ?
L'offrande est de toute façon entachée, maintenant, par ce qui lui reste de fierté. Répugne à s’en saisir, évidemment. Les doigts qu’elle a toujours derrière le dos commencent à fourmiller, d’envie crasse, de rage contenue ou peut-être simplement d’ennui, elle ne saurait le dire.
Sans doute aurait-il mieux valu se taire, lever le bras qu’elle protège toujours pour s’emparer du cadeau traître et disparaître. Mais si l’animal apeuré est souvent un masque facile à arborer, c’est le meuble qu’elle n’est jamais réellement parvenue à incarner. Trop de mots dégueulés d’un air détaché pour correspondre au décor rêvé par certains, oui, trop d’attaques à peine voilées pour qu’on l’oublie dans un coin. Il est parfois plus facile, a-t-elle décidé, de parler sans trop de retenue pour ensuite prétendre la simple bêtise, plus facile de sortir des horreurs et de les essuyer d’un rire. L’autre n’est généralement pas difficile à convaincre : le sang-de-bourbe est indigne, forcément limité. “Les autres sont-ils arrivés chez moi par erreur, eux aussi?” Elle s'enquiert, mime l’inquiétude. Refuse d’admettre, peut-être, la méprise sincère. Si pas pour elle, pour qui ? Pour qui ? “Si ça peut t’aider, je pourrais te donner le numéro de porte de la…” Elle cille, crache presque les mots suivants. Catin concernée.” Elle ne s’est toujours pas approchée pour saisir ce qui est légitimement sien. L'acte de défiance est risible, puéril et sans doute mesquin, vaine parade du pouvoir qu'elle ne possède pas et n'a jamais possédé. Mais qu’importe les armes, finalement : que la louve range son bras, fasse disparaître ce Sceau qui la nargue et la ramène à la douceur immonde de l'artiste.  



Dernière édition par Persephone Wardwell le Sam 11 Avr - 12:46, édité 2 fois
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptySam 11 Avr - 4:31


Avril 1914
 
La situation semble échapper un peu au contrôle, poussière entre les doigts, inéluctable sablier déversant l’ire d’une âme à l’autre. Subtile fuite en avant, les limiers lâchés en groupes désordonnés, la chasse prend des allures de débâcle barbare. La louve acculée montre les canines trop vite, l’assurance trop rapidement effritée, fauve pris en tenaille. Fiévreuses ambres brièvement emplies de la panique inhérente aux cabots domptés trop vite, les prunelles lâchent les traits ciselés pour se perdre sur les mur de l’Allée, à la recherche d’une issue. Une idée. N’importe quoi. Un échappatoire simple, n’impliquant pas de dégorger les foudres souveraines sur la silhouette qui se tasse face à elle.

Mais l’intouchable est tempétueuse, fille des vents à la verve haute. Ses mots à elle, son venin sous la peau, clair obscur du sourire en coin qu’elle dessine doucement pour mieux dresser.
Tendu, le bouquet en bouclier, un peu comme arme aussi. Un peu des deux. A se jouer de l’intention mortifère et des hontes assassines. Le Sceau que l’on dévoile à dessein délétère. Un coup au coeur, un coup dans l’âme. En temps normal, la vision seule remue les entrailles d’une nausée infinie. La louve aurait déjà masqué l’empreinte du Malin, s’il n’y avait pas eu orage d’orgueil pour noyer l’humiliation. La peau frémit au contact de l’air londonien, sous le regard acéré de la rousse, lui arrachant un léger claquement de la langue. Toujours aussi insupportable.
Mais cette fois, il y a la prétention feinte, dessinée sur le rictus factice emprunté à la Souveraine Grecque, la prétention dont on se pare brièvement comme d’une armure. L’encre conspué dans toute sa gloire est agité sous le nez de la né-moldu, dansant sous le derme, provocatrices arabesques dans leur ballet d’illusion. Même stigmate aux profondeurs des chairs, statut différent.  Un déshonneur supérieur, sur l’échelle avilie des infamies, le chien est au-dessus des indignes. "Vraiment ?" Mûs par la même force, flirtant aux frontières du dégoût, les regards s’arrachent à la contemplation du Sceau, verrouillant l’adversaire, comme un défi mutuel.
Vraiment. Ce n’était pas vraiment pour elle. Mais maintenant, ça l’est un peu, qu’elle agite le bouquet improvisé comme un hochet à l’attention d’un enfant.
"Les autres sont-ils arrivés chez moi par erreur, eux aussi ?" Un grondement traverse la gorge, la mâchoire se crispe d’une irritation non feinte, dans la caboche travaille le cerveau à plein régime, chercher une excuse qui ne vient pas assez vite. Merlin que les mots sont lourds à traîner, sortis de la longue litanie qu’elle laisse échapper tous les jours.

Faute de réplique cinglante, les doigts noueux se serrent et se desserrent en rythme, poing qu’elle aimerait bien abattre dans l’instant pour s’échapper. Mais que dirait le patriarche, si elle s’abaissait à se quereller avec ce qui, en théorie, ne mériterait même pas un regard. A ses oreilles, elle entend déjà le rire rauque de Lars, plein d’un mépris consommé.
Alors Enkhjin expire simplement, son regard brisant le contact pour s’attarder sur les lèvres, dont s’écoulent les mots. Beaucoup trop de mots. "Si ça peut t’aider, je pourrais te donner le numéro de porte de la…" La phrase n’est pas terminée, que déjà, la cerbère grogne, secouant doucement la tête. Agaçante, cette façon que l’ancienne Serpentard a de rebondir avec naturel sur chaque opportunité de mordre à nouveau. Agaçante, cette éloquence, pour un meuble, quand les seuls mots que la louve connaît sont ceux que l’on a répété avec assiduité. Fragments volés de la bouche des autres, patchwork obscène des accents chimériques plaqués sans honte sur les consonnes tumultueuses. Défaut de n’avoir appris que par mimétisme, bon petit soldat, perroquet appliqué. "... la Catin concernée." Le catin craché avec force dont elle finit par mesurer le poids, le sens profond qui n’était jamais réellement arrivé jusqu’aux synapses. L’appellation n’avait pas l’air si dégoulinante de fiel, lorsqu’elle venait franchir les lèvres de Lars ou même de Svein. "Non." Claque la louve en réponse directe, agitant à nouveau les fleurs sous le nez de la rousse alors que ses prunelles ambrées viennent à nouveau épingler l’esclave, agressivité muselée. "Je ne connais pas son nom, de toute façon." Ca non plus, ce n’est pas totalement un mensonge. Elle n’est pas certaine, elle n’avait jamais vraiment écouté. La retrouver n’a pas été si difficile, les heures passées dans l’atelier de Greyback ont marqué plus que la peau. Elle exsude presque encore les mêmes effluves de Theia, aberration aux douces senteurs royales. "Prenez-les, je ne vais pas rester ainsi toute la soirée. Ou mettez-les dans un pot. Je ne sais p#s." La langue fourche sur les dernières paroles, trahissant l'agacement teinté de culpabilité, château de cartes prêt à s’effondrer, le mensonge bâti sur du vide. Les épaules s'affaissent un peu, quelques imperceptibles secondes. "Vous avez vraiment eu m… des fleurs ? Beaucoup ? Qu'en faites-vous ?" Inclinant légèrement la tête sur le côté, limier curieux , elle finit par abaisser le bras, un peu, laissant sa manche recouvrir le Sceau. Son index vient distraitement effleurer le triangle d’encre magique, l’outrage froissant brièvement les traits habituellement figés.
Machinalement, sa main libre tire sur la chaîne à son cou, rituel naturel alors que les prunelles détaillent les marques visibles de l’autre, l’inventaire des barreaux d’une cage, comparaison inconsciente de celle que l’on écrase le plus. Et c’est mieux si c’est l’intouchable.



Dernière édition par Enkhjin Greyback le Sam 9 Mai - 13:42, édité 1 fois
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyDim 12 Avr - 18:03

Le bouquet toujours tendu perd peu à peu ses mottes de terre. À deux secousses d’être respectable. Quelques autres de plus, et il pourrait même en devenir joli. Un peu plus, et ses pétales s’écraseront eux aussi sur le pavé. Peut-être qu’alors la louve lui proposera les racines survivantes, écrasées par la main trop serrée. Et peut-être les accepterait-elle encore.
"Non."
Non ?
Deux yeux sombres l’épinglent, grognements à présent soigneusement contenus. La laisse qui semble l’entraver est serrée, et Persephone se demande un instant ce qu’il lui faudrait faire pour la voir s’en défaire. L’idée qu’elle ne soit peut-être pas la seule injustement enchaînée l’amuse plus que de raison, mesquinerie futile qui la pousse à hausser un sourcil sans détourner les yeux.
Non, entre les crocs rentrés, ça passe presque pour un aveu (à moi à moi, comme un refrain entêtant). "Je ne connais pas son nom, de toute façon." La justification, véritable ou non, sonne délicieusement creux à ses oreilles — elle a maintenant décidé avoir raison et Djinn pourrait lui trouver dix, cent voire mille excuses qu’elle se penserait encore dans le bon. La victoire est mince mais significative, loin d’un quotidien où elle ne remporte jamais plus que le droit de vivre un jour de plus. On se contente de peu, finalement, quand on part de rien. D’un hochement de tête, elle fait pourtant mine d’approuver, consciente que pousser sa chance pourrait l’amener sur un terrain glissant. (Tu pourrais la décrire ?) Gagnante, sans doute, mais l’agressivité étouffée de l’adversaire est palpable et si elle est curieuse, elle n’a jamais été particulièrement brave. Prudence est mère de sûreté, ses dix ans et l’assurance rationalisée : elle le sait, elle l’a lu quelque part. Alors on remballe l’air goguenard, lisse les traits mutins, musèle les mots qui pourraient faire basculer une situation auparavant parfaitement maîtrisée tolérable.
Le Sceau, après tout, est toujours entre elles. Rien de vraiment marquant en réalité, elle le voit bien sur tous les bras de ses congénères. Mais leur prison est parfaitement délimitée, barreaux qu’ils ne pourraient même pas rêver de plier. Enkhjin se porte avec la supériorité des oppresseurs, suinte la rage rentrée des opprimés et Persephone a du mal à distinguer la nature de sa cage à elle. Évoluer à l’aveugle lui déplait. N’ayant jamais tout à fait dépassé le stade des pourquoi balbutiés d’une moue frustrée, elle a l’oeil qui observe et sonde à la recherche de réponses aux questions qu’elle ne peut plus se permettre de poser. Elle ne trouve rien. L’ancienne Serdaigle a les bords tranchants soigneusement arrondis, les griffes rentrées et le regard droit. Si faille il y a, elle n’est pas assez large pour qu’elle puisse s’y glisser sans risquer d’en souffrir les conséquences. Dommage. "Prenez-les, je ne vais pas rester ainsi toute la soirée. Ou mettez-les dans un pot. Je ne sais p#s." L’accent contenu siffle, teinté de frustration. Les mains toujours croisées dans son dos, elle hésite. Cacher les marques honteuses semble trivial, maintenant, mais l’orgueil est fragile et s’en emparer serait reconnaître l’avidité coupable. L’idée de son vis-à-vis, le bras levé, dans la rue déserte, la sommant d’accepter le présent lui plait, aussi. Dans une autre vie, face à quelqu’un d’autre peut-être, elle se serait presque imaginée courtisée.

Finalement, ses doigts relâchent les poignets osseux, et ses bras retrouvent leur position naturelle, ses épaules roulant pour dégourdir les muscles crispés. Plutôt que de se saisir des fleurs en piteux état, elle s’approche d’un autre pas. Les phalanges s’approchent, lissent la corolle d’une tulipe endommagée. "Elles n'aiment pas l'intérieur." Pas sa chambre, en tout cas : il y fait bien trop humide, et la lucarne qu’elle tente d’imaginer en baie vitrée ne peut décemment pas apporter la lumière nécessaire. La réplique, voulue défiante, tombe à plat, alourdie par le soin qu’elle accorde à la plante et la sincérité crasse. "Vous avez vraiment eu m… des fleurs ? Beaucoup ?" Des clients plus généreux que d’autres, à la conscience coupable ou voulant obtenir davantage. Pas assez, aurait commenté sa mère. Dans son ancien appartement, Persephone s’était appliquée à reproduire le jardin de son enfance. Quand elle fermait les yeux, elle pouvait alors presque sentir la présence d’Eileen, rayonnante. Sans doute a-t-elle essayé de faire de même ici aussi. Sa main levée retombe à ses côtés et elle sourit sans la regarder. "Parfois." Née-moldue si bavarde devient taiseuse lorsqu'on approche des parts d'ombre, avare de partages trop sincères, elle garde pour elle les élans sentimentaux et leur signification.
"Qu'en faites-vous ?" Sur sa commode, sur sa coiffeuse, un pot et un vase vides attendent les prochaines offrandes. Dans le seul livre qu’elle a pu garder, quelques pétales séchés. Un soir, dans ses cheveux, une fleur soigneusement accrochée. Sous son oreiller, parfois, d’autres pétales. Elle hausse les épaules, détourne le regard des tulipes pour le poser sur Djinn et remarque son expression curieuse. "Elles finissent souvent à la corbeille." Sur sa langue, le mensonge glisse avec naturel, a le goût sucré de tous les secrets qu’elle conserve précieusement. La fierté déplacée reprend le dessus. Elle répugne à admettre la valeur qu'elle accorde aux miettes sales que certains lui concèdent crânement. "Pas toutes," ajoute-t-elle cependant, un peu à contre-temps : il ne faudrait pas qu’on arrête de garnir son paillasson. "Celles-ci, sûrement, tu les as endommagées." Le ton a des inflexions accusatrices quand elle décide finalement d'accepter l'offrande presque retirée. Les doigts s'en saisissent avec soin, ramènent le trésor contre sa poitrine. "Et je préfère les freesias."
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Enkhjin Greyback
coalition sorcière
Enkhjin Greyback
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face claim : Tao Okamoto
pseudo : Circanem
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études : Serdaigle promo 1893-1899, enfant trouble, érudite frustrée
particularité : Louve, l'engeance maudite.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Supercollide (w/Perséphone)   Supercollide (w/Perséphone) EmptyDim 14 Juin - 5:14


Elle n’a jamais vraiment eu de passion pour les fleurs. Enkhjin les trouve inutiles, et même les épines des roses ne sont que des artifices pour laisser croire qu’elles pourraient bien se défendre. Le geste même de fleurir une tombe lui est passablement absurde, infusée qu’elle est de la culture des guerriers de la Steppe, dont le corps est offert à l’éther. Par mimétisme évident, pourtant, parce qu’il a fallu fleurir quotidiennement la tombe de Svein pendant des mois, l’ancienne Serdaigle a fini par adopter l’idée que la poignée de végétaux plus ou moins harmonieux était vu comme un hommage. Son excuse à elle, un peu, aussi absurde puisse-t-elle être. Comme elle fait pénitence auprès de Svein pour le manquement au devoir, Enkhjin se repent de l’évasion avortée. C’est sa vengeance, un peu, qu’elle enterre aussi.

La brune s’approche et la louve doit lutter pour ne pas faire un bond en arrière. Ou en avant. Instinct mortifère dansant aux frontières de la conscience, les tripes s’agitent en esclaves de l’avidité qui les étreint éternellement. “Elles n'aiment pas l'intérieur.” Souffle la catin en lissant les pétales et Enkhjin cligne des yeux. “Moi non plus.” Qu’elle s’entend souffler entre les lippes serrées, aveu à peine audible, noyé sous d’autres interrogations, esquives mal agencées de la louve peu habituée au badinage.
Une curiosité certaine pour les vestales amoureuses des fleurs. Persephone n’est pas la seule. Elle a bien vu Prudence Prince dans sa boutique ou d’autres se pâmer d’une poignée de roses. Entre ses doigts fourmille la frustration de ne pas saisir toutes les subtilités de la conversation, frisson abject de l’échine aux phalanges, dont l’étreinte se resserre sur les tiges d’un bouquet moribond. “Qu’en faites-vous” du bout des lèvres, comme si la réponse lui importait sincèrement, comme si ce n’était pas le manque de compréhension qu’elle voulait égoïstement combler, soif de connaissance hermétique à assouvir.
“Elles finissent souvent à la corbeille.” Finit par répondre Persephone, non sans attirer un râle de dépit de la part de la louve. Ah.
Les épaules s’affaissent imperceptiblement et la stature perd de sa superbe, presque de dépit d’une réponse faisant si fortement écho aux pensées déjà bien ancrées.

Son regard se porte sur les tulipes froissées, presque teinté de déception, elle leur avait imaginé meilleur destin. Ou du moins plus intéressant. Quoi, elle ne sait pas exactement mais différent, elle en est plus que certaine. “Pas toutes,” Ah. (bis). Le regard qui se relève légèrement pour que les opales trouvent le chemin des prunelles de la brune, lueur d’intérêt passablement ravivée. “Celles-ci, sûrement, tu les as endommagées.” Ah (ter).
Dans un grondement sourd, mercuriale hargneuse au bord des lèvres, elle laisse le bouquet changer de mains, l’accusation résonnant comme une déclaration de guerre aux tympans de la louve belliqueuse.
Assurément, elle aurait laissé échapper un aboiement frondeur si la décence ne l’avait pas retenue, si le doigt pressé sur sa marque n’était pas déjà douloureusement suffisant pour rappeler les effluves animales. “Et je préfère les fr##si#s.” Enkhjin regarde avec incrédulité la catin se saisir du présent qu’elle dit pourtant vouloir jeter. Elle frotte ses mains pour en chasser les vestiges de terre, sa tête dodelinant brièvement dans un ballet de mèches de jais rebelles. Les lippes s’agitent quelques secondes en silence, formant les mots entendus quelques secondes plus tôt. Puis elle abandonne, dans un haussement d’épaule résigné, l’oeil agacé épinglant la née-moldue.
“Je ne sais pas ce qu’est un fr##si#.” Sa langue claque contre son palais, diversion de la main au phalanges exsangues qu’elle enfonce dans ses poches pour empêcher les coups d’éclat. “Mais je vous crois.” Greyback vient incliner le buste dans une révérence à peine marquée, sa main s’extirpe de sa poche pour se poser sur sa poitrine et ses iris fauves s’attardent sur Persephone. “Je ne vais pas discuter botanique plus longtemps avec vous. Mais vous devriez vous méfier des cadeaux. Surtout à l’égard de votre engeance, les intentions sont sans doute floues.” Elle déroule l’échine aux sursauts insatiables et son visage se fend d’un sourire placide. “Prenez-en soin tout de même, elles pourraient être les dernières ou vous pourriez finir à l’arène avant d’en voir d’autres. Bonne soirée.”
Dans un bruissement léger, Enkhjin s’éclipse sans laisser à la née-moldue l’occasion de répondre, sans doute par conscience aiguë qu’elle n’aurait pas la victoire sans manoeuvre déloyale.

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