(persephone) drop it like it's hot

Dans les visages, ce soir, aucun qui ne puisse la réconforter. Ni favori ni allié, pas même Potter et ses manières étranges pour la sauver. Les semaines puis les mois passés au sein du bordel lui ont permis de finalement marquer ses préférences, se faisant presque difficile quant aux hommes qu’elle laissait froisser ses draps lorsque Lockhart n’était pas dans les parages.
La née-moldue se ferait volontiers reine des putains si ça lui permettait d’acquérir une couronne, dont elle userait pour en enfoncer les parties acérées dans la chaire de ceux qui osaient encore lui rendre visite. Dans un monde idéal, en tout cas. Mais sans doute que dans celui-là, elle ne serait de toute façon pas ici. En attendant, il ne lui reste plus qu’à rêver le sang qu’elle aimerait verser.

Un homme vacille dans sa direction, l’imbécile, et manque de lui tomber dessus, lui tirant une grimace affligée. Laissant ses doigts glisser le long de son torse, elle le repousse ensuite d’une main faussement caressante, une moue provocante plaquée sur son visage. Il titube, cette fois-ci en arrière, et elle en profite pour s’échapper de son pas léger, se faufilant entre deux couples tout juste formés.
Derrière elle, un “hé catin reviens” somme toute parfaitement séduisant qui malheureusement ne semble pas la convaincre de s’arrêter. Ses lèvres sont trempées dans son verre de… Quelque chose, l’alcool étant assez fort pour lui brûler la gorge et rosir ses joues, et elle décide d’aller se resservir au plus vite. La nuit serait longue, à en croire le nombre de clients potentiels. La loi de l’offre et la demande ne jouait clairement pas en sa faveur aujourd’hui.

“Persephone.”

Son prénom résonne à ses oreilles comme des ongles sur un tableau ; aucune douceur ni affabilité dans l’homme qu’elle découvre en se retournant. Sans surprise, se dit-elle en reconnaissant immédiatement ses traits froids. “Mishka,” salue-t-elle en retour, lui adressant un sourire vide. “Venu te vautrer dans la crasse, toi aussi ?” Les mots sont lancés avant qu’elle puisse s’en empêcher, et son expression se referme aussitôt.
Tais-toi.

Son ancien camarade l’attire à lui, et elle doit s’empêcher de griffer les avant-bras dénués de toute gêne. “Emmène-moi dans une chambre.” Elle éclate de son rire cristallin, choquée par les mots qu’il ose lui balancer après tout ce qu’ils ont vécu ensemble, de l’amitié fragilement tissée à son explosion. Toujours sans aucune manière, le Dolohov ne semble absolument pas perturbé par ses propres manquements.
Son regard, par contre, ne tient pas en place, attiré par deux de ses collègues. Sur les traits, aucune envie, bien au contraire. S’il te plait, comme si elle avait le choix. Est-elle une Sainte à présent ? Écarte tes cuisses, brave demoiselle, on te construira un autel à ta gloire. Le serpent s’approche davantage, pose sa paume contre le bras du malotru. Approche ensuite sa bouche sucrée de son oreille, et y siffle : “ce sont les putes qui te font peur aujourd’hui ?” Se recule ensuite, son expression soigneusement remodelée pour afficher ce qu’on attend d’elle.
Petit Mishka terrifié par les (nés-)moldus, jusqu’à se faire bourreau pour mieux les écraser. Si facile de piétiner ce qu’on ne peut maîtriser, n’est-ce pas ?

Mais peut-être par pitié, davantage sans doute parce que c’est lui ou un homme aux mains sales et au regard torve, elle saisit sa main dans la sienne et l’entraîne. “De la poudre ou de l’Amortentia ?” Le souffle est derrière elle et elle rit. “Si tu as besoin de l’un ou de l’autre, c’est que tu t’y prends mal.” Arrivée à la porte de sa chambre, elle la pousse avec aisance et s’y glisse. “Pour ma part, je m’en tiendrai à la poudre.” Elle se déchausse avec délicatesse et s’élance vers son lit d’un pas leste. “À moins que tu le veuilles vraiment, je tiens peu à ressentir quelque sentiment que ce soit à ton égard, tu m’en excuseras.” Ou non. Qu’importe.

“Qu’est-ce que tu veux, exactement ?”

Les jambes se croisent et les paumes s’enfoncent dans le matelas. Assise, elle le toise d’un regard perçant. Ils ne se sont plus vus depuis si longtemps qu’elle en avait oublié ce que c’était, d’être en sa présence. Il n’avait que faire d’elle. Ni de personne. Ca l’avait souvent amusée, sa manière de scruter le monde sans trop s’en approcher ou savoir qu’en faire.
Aujourd’hui, ça aurait tendance à lui donner envie de mordre.

@mishka dolohov