some things never change (césaire)

The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.

octobre 1914

Quand Prudence arrive chez Nicolas, elle a les bras chargés de fleurs coupées. Elle était partie chez Minerva cueillir quelques fleurs fraîches dans sa serre, les dernières de la saison avant que l'automne déjà bien arrivé ne les empêche de fleurir proprement. La sorcière les dépose sur la table de la cuisine dans un soupire fatigué, car les fleurs, mine de rien, pesaient leur poids. Elle a à peine le temps de se redresser que déjà vient sauter sur la table Salem, son fléreur, la gratifiant d'un ronronnement qui lui était presque caractériel : elle l'entendait rarement miauler. Il crachait et grondait souvent contre les hommes, et les personnes qu'il jugeait si non dangereuses au moins mal intentionnées. À Prudence, il n'avait jamais que ronronné, prenant son rôle de protecteur très à coeur depuis qu'elle était devenue sa maîtresse, cadeau de Theseus.

Un autre cadeau reçu récemment, c'était la boule de poils qui jappait à ses pieds. Cherchant l'attention et les caresses de sa maîtresse à son tour : Fleur, un cocker de trois mois qui ne se fatiguait donc jamais, ou tout du moins rarement. Présent d'Albus. Prudence avait été gâtée en avance, pourtant son anniversaire n'était que le treize novembre et parfois, elle se demandait ce qui avait bien pu pousser les deux sorciers à lui offrir l'un après l'autre un compagnon : avait-elle l'air si esseulée ?

Seule, elle l'était souvent oui.

Depuis sa fuite et son installation chez Nicolas, elle passait le plus clair de son temps seule à attendre des visites, parfois surprises, surtout prévues : et elles ne courraient pas les rues. En fuyant, elle avait tiré un trait sur bien des amitiés pour ne mettre en danger aucun de ses proches. Des amis, Prudence en avait maintenant seulement quelques uns dans l'Ordre. De ses fleurs coupées, elle en attrape une trop abîmée et se baisser pour la donner au chiot qui renifle d'abord l'objet.

Une fleur pour une Fleur. s'amuse Prudence tout haut en caressant le chiot. Tiens. Le chiot finalement l’attrape et s'allonge sur le carrelage pour mâchouiller la tige.

Le calme regagne un peu la cuisine, tandis que Salem s'allonge sur la table et que Fleur mâche son nouveau jouet bien qu’éphémère. Prudence, elle, ouvre un livre d'une main et commence son travaille de fleuriste de l'autre. C'est Une interprétation de la sociologie magique chez les né-moldus qu'elle lit, qu'elle commence tout juste, écrit par son oncle, acheté par Nicolas (trop généreux). C'est sans magie qu'elle travaille, des gestes réapprît sans baguette, et qu'elle lit quelques minutes avant d'être dérangée par quelques coups sur la porte en bois de l'entrée.

Le coeur qui saute.
Une fleur tombe de la table, nouveau jouet pour le chiot.

Prudence qui d'abord angoisse comme une flèche, se souvient des promesses de Nicolas avant d'aller ouvrir à -elle en était certaine- quelqu'un qui ne lui voudrait pas de mal. Et Nicolas avait une fois de plus raison, ses sortilèges de protection infaillibles et rassurants.

Oncle Césaire, bonjour. un sourire s'élargit quand elle voit le sorcier à sa porte, visite surprise qui de toute évidence lui faisait plaisir. Entrez je vous en pris. Prudence se décale, pour le laisser entrer, avant de s'enquérir des raisons de sa venue. Nicolas n'est pas là. vient-elle finalement préciser, un brin embarrassée.

Car elle partait du principe qu'on ne venait pas la voir elle. Jamais. Elle ne faisait que se cacher sous le toit de Nicolas et qu'on vienne lui rendre visite à elle plutôt qu'au légendaire alchimiste lui semblait toujours impossible.

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octobre 1914

C'est quand la porte est fermée que Prudence commence à se sentir mieux. Plus calme et plus rassurée. La présence de son oncle est une surprise, agréable et apaisante. Il était bien le seul chez elle, dans sa famille, a pouvoir la rassurer d'un sourire. Le seul avec le reste des Delacour, famille lumineuse et aimante à des kilomètres des Prince. Et bien sûr il y avait aussi son frère Perceval. Mais cela faisait des mois qu'elle ne l'avait pas vu, une absence qui doucement mais surement lui écrasait une part du coeur si ce n'est pas tout le muscle. La sensation de manquer d'air à tout moment, de manquer tout court. Et des lettres, elle en écrivait tous les jours au sorcier sans oser les envoyer de peur qu'on puisse les utiliser contre lui et qu'il soit également obligé de se cacher. Elle ne lui souhaitait pas cette vie de fuyard, ne le souhaitait d’ailleurs à personne, mais se concentrait sur le beau plutôt que le mauvais. Elle se concentrait sur ces nouveaux amis, cette nouvelle famille, sur Theseus qui avait aujourd’hui besoin d'elle plus que quiconque, et puis sur Salem et sur Fleur, ses deux nouveaux compagnons.

Fleur vient d'ailleurs sentir les pieds et les chevilles de son oncle, non sans remuer la queue. Curieuse et sociable, elle n'a pas peur des inconnus, la accueille toujours avec l'entrain des chiots.

Salem, lui, lui taciturne grimpe sur une armoire pour surveiller d'un oeil mauvais le sorcier. Méfiant. Protecteur. Inquiétant fléreur qui s'était empreigné de Prudence, nouvelle maîtresse à servir.

Je t’avoue que j'espérais Prudence lui lance un sourire désolé, se sentant presque fautive à la place de Nicolas pour être absent. Ça n'a pas de sens pourtant. Mais son inquiétude disparait un peu lorsque son oncle regarde derrière elle ses fleurs étalées sur la table. Enguerrand m’a dit que tu étais fleuriste, je vois que tu es talentueuse. Elle sourit, flattée. Son cousin aussi lui manque, même si elle le voit bien plus souvent que d'autres. Il restait l'un de ses plus proches amis et elle ne l'avait pas vu depuis quelques jours, semaines même. Elle voudrait le remercier mais il est plus rapide qu'elle. Je souhaitais savoir si tu te portais bien. Je crains que cette situation ne perdure. Oh.

Prudence ne s'y attendait pas et l'expression sur son visage la trahie. Mais son coeur se réchauffe sous l'attention un brin paternelle de son oncle, qui avait toujours été plus un père et un modèle pour elle que son propre géniteur plus proche du monstre et de l'abomination glaciale. Alors elle sourit, baisse un peu les yeux ne sachant pas trop où se mettre maintenant qu'elle sait avoir été le soucis de quelqu'un, son regard se perd sur ses fleurs qu'elle rejoint, pensive.

C'est très gentil de votre part, mon oncle. fait-elle en relevant le regard, accompagnant ce dernier d'un sourire aussi doux que les couleurs choisies pour son bouquet. Mais vous ne devriez pas vous inquiéter pour moi, tout va bien. Tout allait bien, plus ou moins. Elle était envie, son petit ami aussi, ses proches et quelques amis. Alors oui, tout allait bien.

Mais une fille de son âge ne devrait pas avoir à se cacher du gouvernement, à courir de maison en maison sans avoir de chez elle, à fuir sa propre famille, disparaître même des yeux de son jumeau. Une fille de son âge ne devrait pas avoir mis sa vie en danger pour la cause de l'ordre, ne devrait pas avoir à s'inquiéter de son futur comme elle le faisait trop souvent. Elle ne devrait pas avoir à soutenir Theseus, à qui l'on avait confisqué sa mère, tué ses bêtes, brûlé ses terres. Prudence s'était retrouvée au milieu d'une guerre à laquelle elle n'aurait jamais dû participer mais dans laquelle elle était déjà trop investie sans le vouloir.

Nicolas est très aimable, et généreux, regardez ce qu'il vient de m'offrir. Et Prudence lui tend son livre, celui qu'il avait écrit lui-même et qu'elle était en train de lire. Toujours intéressée par les écrits de son oncle. C'est gentil, n'est-ce pas ? ajoute-t-elle dans un sourire enjouée, ne se rendant plus compte de la bancalité de sa situation. Habituée, déjà. Elle ne voyait même pas le ridicule de s'enjouer d'un livre aux prémices d'un conflit bien trop large pour ses épaules de ballerine. Et puis ses mains, et son regard, reviennent vers les fleurs qu'elle trie délicatement. Mais vous, comment allez-vous ? J'ai vu Rose et Cedrella au mariage de Théa et Atlas mais je n'ai pas osé leur parler, elles ne m'auraient pas reconnue... après tout, elle portait à ce moment là le déguisement magique confectionné par Nicolas. Un coup de poker dangereux mais qui semblait avoir marcher puis qu'elle se tenait encore debout, ici qui plus est. Elles étaient toutes les deux ravissantes. finit-elle par se souvenir en relevant le regard vers Césaire.

Et sans savoir besoin de demander, elle savait que Cedrella avait dû confectionner les robes assorties. Une attention toute particulière qui ne la surprenait pas venant d'elle, trop bienveillante et généreuse pour que cela en soit autrement. Trop talentueuse aussi. Des qualités que Prudence n'avait jamais vu chez sa mère.

@césaire delacour
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