quête personnelle 02 — l'incunable des reliques de la mort

• Difficulté: 8/10. (Dé à utiliser: Difficile)
  
• Conditions de réussites:  Obtenir 6 lancers favorables. Au moins un lancer du topic doit porter sur le système de défense. Si celui-ci est déclenché il ne restera que quelques minutes avant de s'enfuir.
  

no matter how long you train someone to be brave, you never know if they are or not until something real happens.

août 1914

Cette idée, elle ne l'avait pas eu tout à coup, dans un éclair de génie. Prudence l'avait murement réfléchie. Elle l'avait tournée dans tous les sens et y avait perdu de longues heures de sommeil. Parce que ça lui brûlait la langue depuis qu'elle avait entendu ce que souhaitait faire l'Ordre. Recréer les reliques, les trouver, qu'importe mais pouvoir les égaler avant que Grindelwald ne mette la main sur ces dernières et ne s'élève au rang de mage suprême. Elle avait immédiatement fait le lien avec son père et ses recherches sans parvenir à trouver le courage de mettre à plat cette idée folle. La peur, l'appréhension, la mauvaise habitude de se taire à moins qu'on ne lui parle en premier. Elle n'avait finalement parlé de son père à Nicolas qu'il n'y a quelques jours, suffisamment apprivoisée pour s'y confier à défaut d'être à l'aise devant Albus. S'en étaient suivis quelques jours d'organisation et la voilà qui transplanne aux côtés d'Edelgard qui s'était portée volontaire pour l'accompagner dans ce qui semblait aux premiers abords une mission peu dangereuse.

Prudence rentrait chez elle.

Pour la première fois depuis des semaines, depuis plus d'un mois même. La boule au ventre mais la baguette bien serrée entre ses doigts. Et avec Edelgard à ses côtés Prudence avait l'impression que rien, ou presque, ne pourrait lui arriver.

La porte des cuisines se trouve derrière l'aile ouest. finit-elle par dire d'une voix basse, comme si les arbres de la propriété des Prince avaient des oreilles. Dans son ton se lisait aisément l'inquiétude qui l'habitait.

Il était quatorze heure, en plein milieu d'une journée de Lundi qu'elle savait toujours chargée pour son père. Sa mère et ses frères ne devaient pas se trouver dans le manoir non plus, chacun occupé à son travail. Ne restaient que les trois elfes de maison, Fibsey une elfe chauve aux yeux jaunes brillants trop bavarde, Poddey un elfe aux grands yeux bleus d'une stupidité qui n'avait d'égale que sa visciosité et enfin le plus sage et le plus attentionné, le vieux Bodkey. Leur plan était simple : utiliser les passages secrets des elfes de maison pour atteindre le bureau de son père le plus vite possible. Dedans. Dehors. De retour chez Nicolas. Tout se passerait bien. N'est-ce pas ? Prudence lança un regard à Edelgard, comme pour lui demander si elle était prête, si tout ça valait le coup, si elles ne se jetaient pas un peu dans la gueule du loup.

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août 1914

L'adrénaline lui monte d'un coup, quand Edelgard s'avance vers la maison. Elle n'avait pas pensé y remette les pieds de si tôt, encore moins dans ces circonstances. Son coeur lui martelait la poitrine si fort que ça lui pinçait. Prudence avait peur. Prudence était terrifiée. Mais Prudence était aussi très courageuse par moment, comme ici. Derrière Edelgard, elle la suit tout en la guidant d'un signe de main vers les cuisines qu'elle avait rarement visité tout au long de sa vie. Pas d'elfe à l'horizon, ça la soulage mais seulement pour un temps car bien vite les sorcières rentrent à l'intérieur. La sensation de se jeter dans la gueule du loup. De pénétrer de sa propre volonté dans un abattoir. Edelgard est plus rapide qu'elle pour maîtriser un elfe qui entre dans la pièce, mais son sort manque et Prudence qui s'était figée de peur s'avance enfin vers le petit être qu'elle reconnaît à ses rides marquées. Bodkey.

Bodkey, c'est moi Prudence. fait-elle en se baissant vers le serviteur de sa famille.

Prudence n'avait jamais été de ceux les traitant comme de la vermine. Ces elfes s'étaient plus occupés d'elle que ses propres parents. Et Bodkey, plus que les autres, avait toujours été d'une grande aide. Pourtant il couine, a peur lui aussi.

Madame et moi ne te voulons pas de mal, s'il te plait ne fait pas de bruit. lui demande-t-elle avec douceur, trop pour un elfe à cette époque. Maîtresse Prudence ? Mais Bodkey pensait que vous étiez partie. finit-il par dire en levant ses grands yeux vers elle. Maître Atticus a dit que Maîtresse Prudence avait été enlevée dans son sommeil. Disparue !

Prudence a un sourire triste.
Balivernes.
Mensonges.
Excuses.

Eh bien je suis rentrée. dit-elle tout simplement en l'aidant à se relever. Madame et moi sommes venues récupérer des affaires. elle marque une pause en regardant Edelgard. L'horloge tournait. Mais c'est un secret et nous n'avons pas beaucoup de temps. Nous devons emprunter les passages de elfes... pour gagner du temps. L'elfe semble intrigué. Mais les passages des elfes sont sales. Maîtresse Prudence pourrait salir son pantalon, et ses cheveux. Maîtresse Prudence ne devrait pas les emprunter. Il marque une pause, hochant finalement les épaules. Mais Maîtresse Prudence est ici chez elle.

L'elfe contourna Edelgard non sans lui lancer un regard plein de rancoeur, avant de s'approcher d'un mur et frapper trois coups contre ce qui semble être un trou de souris. Celui-ci s'agrandit magiquement et pris la taille d'une porte.

Lumos. souffla Prudence pour allumer sa baguette tant les couloirs semblaient sombres. Maîtresse Prudence a-t-elle besoin d'autre chose de Bodkey ? Prudence lança un regard à Edelgard, l'interrogeant de celui-ci, avant de reposer son attention sur l'elfe. Reste ici Bodkey et ne bouge pas s'il te plait. fit-elle. Autant savoir où l'un des trois elfes se trouvait.

Puis Prudence s'avança dans le passage des elfes, non sans retenir sa respiration. Jusqu'ici, tout se passait bien, mais une fois dans le passage qui savait ce qu'elles trouveraient.

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août 1914

Prudence avance, baguette en main qu'elle utilise comme source de lumière. Le passage est bel et bien poussiéreux à souhait en plus d'être étroit et elle sent déjà la poussière venir lui coller aux cheveux bien que relevés en queue de cheval. Quelque chose avec ce passage la rassure, comme si l'étroitesse de l'endroit le rendait plus sûr. Elle se trompe sans doute mais n'arrive pas à s'ôter cette idée de la tête. Et quelque part, ça la rassure. Et puis tout à coup, c'est la panique. Elle entend derrière elle Edelgard presque trébucher dans des jurons, ainsi qu'une petite voix nasillarde qu'elle reconnaît bien. Prudence fait volteface pour découvrir l'elfe Poddey qu'elle appréciait le moins, toujours collé aux jupes de sa mère aussi froide que l'hiver.

Tiens, prends cela, je te le donne, mais en échange, promets moi de ne rien dire et de nous laisser partir !. fait Edelgard en enlevant son pull.

Prudence est surprise, mais reste en retrait. Laissant Poddey prendre la décision d'accepter le vêtement non sans un ricanement satisfait.

Que fait Maîtresse Prudence dans le passage des elfes ? lui demande finalement l'elfe qui marche devant elles maintenant. Je viens récupérer des affaires Poddey. Prudence répond sans y prêter trop attention, son regard penché sur une carte. Oh Poddey adore les affaires de Maîtresse Prudence, peut-être que Poddey peut en récupérer aussi.

Prudence préféra ne pas répondre, se contenant d'un sourire pincé, avant de s'arrêter devant des escaliers. Elle se retourna vers Edelgard en lui montrant la carte, l'air peu confiant malgré la certitude d'être au bon endroit. Le peur de se tromper était grande, et les conséquences plus encore.

Je crois que c'est l'escalier qui mène dans le couloir, juste à côté de la salle de bain contre le bureau. Elle pointe du doigt l'endroit sur la carte qu'elle avait tracé de mémoire. Si on monte les escaliers on devrait arriver derrière un tableau, celui d'un de mes oncles. précise-t-elle dans un murmure comme si sa voix entre les murs pouvait en sortir.

Et puis soudain la voix nasillarde de Poddey.

Poddey pourrait vous aider mais Poddey ne sait pas lire il rit bêtement avant d'enchaîner, l'air mauvais. Maîtresse Prudence et son amie devraient faire attention les escaliers sont glissants...

L'elfe rit encore, provoquant chez Prudence un frisson, et se met à jouer avec le pull d'Edelgard se trompant de trou à plusieurs reprises pour ses bras squelettiques.

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août 1914

Prudence laisse passer Edelgard devant elle dans les escaliers. Après tout, la jeune Prince n'était là qu'en tant que guide. S'il n'avait pas été question de son père et du manoir des Prince sans doute aurait-on refusé qu'elle ne mette les pieds "sur le terrain" comme d'autres membres de l'Ordre. Et même si depuis juillet, Edelgard l'avait aidé à non pas parfaire mais construire de toute pièce ses compétences en duel et en défense, elle avait encore un long chemin à faire. Alors quand Edelgard l'empêche de plus avancer dans le couloir, Prudence se fige d'angoisse. Est-ce que c'était son père ?

Une ombre, rien de plus, et Edelgard se dirige au hasard vers une porte pour leur éviter de croiser ce qu'elle devine être Fisbey, la troisième et dernière elfe des Prince. Prise par l'adrénaline, Prudence ne fait pas attention où elles vont et ne réfléchit pas plus. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur qu'elle se rend compte s'être réfugiée dans la chambre de son jumeau. Perceval. Presque immédiatement sa gorge la serre tandis qu'elle ravale un sanglot. Se retrouver là était déroutant, jamais encore elle n'avait été aussi longtemps éloignée de son frère et voilà un mois qu'elle n'avait pas senti son odeur, entendu sa voix, croisé son regard. Ça la prend au coeur, la rend silencieuse un moment.

C'est la chambre de mon frère. se sent-elle obligée de dire dans un murmure.

Tout à coup, elle a envie de lui laisser un mot. De lui écrire quelque part qu'elle va bien, qu'il lui manque, et elle s'approche de son bureau, effleurant du bout des doigts un morceau de parchemin.

Non, elles n'avaient pas le temps.

Ses doigts s'éloignent du papier pour attraper un objet qu'elle reconnaît pour avoir appartenu à son père. Un encrier dont il se servait d'ordinaire dans son bureau, l'avait-il donné à son frère depuis ? Prudence fronce les sourcils, oubliant un instant sa mission, avant d'avoir soudainement une vision. Sa silhouette se crispe, se fait de marbre, tandis que ses yeux se voilent.

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août 1914

Les coups. Les insultes. Les menaces. Son rire froid, cruel. Ses mains dures, rêches. L'odeur de son haleine, celle humide de la cave. L'écho de ses pas, les éclairs de ses sorts. Quand Prudence reprend ses esprits, elle en lâche l'encrier qui vient tâcher la moquette de la chambre de Perceval et le bout de ses bottes en cuir. Une vision. Ça ne devrait pas l'étonner. Mais dans cet instant présent ça la prend par surprise et ça la déconcentre, la bouleverse. Elle qui ne voit que le futur, cela voulait-il dire que leur mission tournerait si mal qu'elle en resterait ici, à tout jamais ? Allait-elle finir à nouveau entre les griffes de son père ? Quand ? Comment ? Elle est livide quand Edelgard l'encourage de mots sages et réfléchis. Mais elle garde le secret de sa vision, ne voudrait pas gâcher leur mission, décourager Edelgard. L'inquiéter. Elle se contente de se terrer dans un mutisme qui lui est habituel, si bien que la sorcière ne semble pas s'en inquiéter et la somme de la suivre vers le bureau de son père.

Leur but.
Leur perte ?

Une fois dans le bureau, un mauvais pressentiment la prend. Était-ce simplement l'impression de ne pas avoir le droit d'être ici ? La peur que quelque chose leur arrive ? Restons méfiantes, ne touchons que ce qui est nécessaire et trouvons ce pourquoi nous sommes venus avant de filer Prudence. Tu connais cette pièce que moi, selon toi, où le livre peut-il être entreposé ? Edelgard prend les devants et déjà l'interroge mais Prudence se pince les lèvres. Nous n'avions pas le droit de le déranger lorsqu'il travaillait. autrement dit, elle ne savait pas bien où. Mais il a toujours une clé au cou, peut-être celle d'un coffre ? D'un tiroir ?

Elle n'a que le temps de finir sa phrase qu'une des armures décoratives de son père prend vie et attaque Edelgard. Le coeur de Prudence se met à battre à 1000 à l'heure, plein d'adrénaline.

Edelgard ! qu'elle appelle paniquée en voyant une lance s'enfoncer dans sa cuisse.

Cette fois c'est pour de vrai. Ce n'était pas un entrainement et Prudence devait vraiment se protéger et protéger Edelgard. Les défendre. Riposter. Elle panique, tremble, mais lève quand même sa baguette.

Immobulus ! Prudence lance le sort en espérant que l'armure se fige.

Spoiler:

Raté. Prudence tente à nouveau mais n'a pas le temps de finir son incantation que déjà l'armure se jette sur elle et d'une seule main la projète à l'autre bout de la pièce. Prudence atterri contre une étagère pleine d'objets qu'elle brise dans sa chute. La sorcière tombe au sol, sonnée un moment. Les oreilles qui vibrent, la tête qui menace d'imploser et les muscles tendus, douloureux.

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août 1914

Les paupières lourdes, sa tête l'est tout autant. Sur le sol du bureau, au milieu d'objets brisés, Prudence reprend peu à peu ses esprits. La chute tout comme le choc avaient étaient violents et il avait fallu à la sorcière plusieurs minutes pour revenir à elle. Sonnée, vaseuse, elle cligne lourdement des yeux alors que le bruit de l'armure qui s'approche se fait entendre. Prudence tâte le sol de sa main libre pour chercher sa baguette, lâchée dans sa chute, la respiration sourde et douloureuse. Sans doute lui avait-il foulé une côte. L'un de ses yeux lui est plus difficile à ouvrir et il lui faut un instant pour se rendre compte que c'est à cause de l'épais filet de sang qui lui traverse le front et le sourcil. Du revers de la main, elle s'essuie la paupière et se relève à bout de bras avant de subitement retomber sur le sol et se recroqueviller par réflexe.

L'armure vient d'exploser.

Quand le calme revient, le coeur de Prudence bat à tout rompre et sa respiration, si un brin sifflante, est aussi chaotique que les battements de son palpitant.

Edelgard ?! appelle-t-elle affolée. Edelgard ?! qu'elle répète en se relevant.

Debout, Prudence vacille d'abord, encore déboussolée par sa chute, le souffle erratique et quand elle voit Edelgard à terre elle se précipite à ses côtés maladroitement. Livide. Paniquée. Tremblante. Elle ne s'était pas préparée à ça. Le sang à travers le pantalon d'Edelgard, la lance en métal qui lui traverse la cuisse, la couleur pâle qu'a pris son teint.

Je suis désolée, je suis désolée s'empresse-t-elle de dire, paniquée. C'était de sa faute si elles étaient là aujourd'hui. Sans elle, Edelgard n'aurait pas une lance dans sa cuisse par Merlin. Pardon, pardon, pardon... les larmes lui montent aux yeux mais elle sait que ce n'est ni l'endroit ni le moment.

Alors elle les ravale.
Ressaisis-toi Prudence.

Cette fois, c'était à elle de jouer. Mais la lance, dans sa cuisse. Le sang. Prudence a les mains qui tremblent. Elle sait qu'il faut qu'elle l'enlève mais comment ? À la force de ses bras ? Elle essaie de réfléchir mais plus elle réfléchit plus ses pensées s'embrouillent et se mélangent et bien vite les larmes qu'elle avait voulu ravaler lui coule le long des joues et se mêlent au filet de sang qui lui barre le visage.

Je - Il faut que - Elle a les mains qui tremblent. Le souffle court. Elle balbutie plus qu'elle ne parle. Je dois l'enlever, Edelgard, mais ça va te faire mal. Affreusement mal. Elle n'en a pas l'expérience mais elle s'en doute.

Alors elle essaie de faire sens du noeud que sont ses pensées, Prudence enlève soudainement la ceinture de son pantalon large. Edelgard pourra peut-être mordre dedans. Et puis elle se lève, vacille encore, se rattrape au bureau de son père et tend le bras pour attraper le foulard étendu sur le dossier de sa chaise. Elle se retourne, s'agenouille à nouveau près d'Edelgard, instruments en main.

Pause.
Est-ce qu'elle allait vraiment faire ça ?

Elle n'était pas médicomage. Elle n'était qu'une magicofleuriste. Elle soignait les fleurs par les sorciers. Prudence hésite, regarde Edelgard. La ceinture et le foulard dans ses mains instables. Elle se pince les lèvres et inspire un grand coup. Elle n'avait de toute façon pas le choix.

Je suis désolée qu'elle s'excuse encore. Tu peux mordre dans ça, j'essaierais d'être brève... sa voix est aussi incertaine que le sont ses compétences.

Elle lui donne la ceinture, et puis du bout des doigts tire sur le tissu de son pantalon pour en élargir le trou. Ça ne suffira pas. Prudence se lève à nouveau, perd encore l'équilibre mais se rattrape pour faire le tour et fouiller dans un tiroir du bureau de son père sans même penser au moindre système de sécurité. Elle y trouve tout un tas d'ouvre lettre et attrape le plus pointu avant de retourner vers Edelgard, à bout de souffle. Prudence lui déchire cette fois le pantalon tout autour de la jambe pour lui dégager la plaie. D'où venait ce sans froid, tout à coup ? Prudence n'a pas le temps d'y réfléchir, parce qu'il faut maintenant tirer la lance.

Je n'peux pas le faire. Elle le souffle, alors qu'elle réalise. Je... je n'peux pas faire ça, je ne l'ai jamais fait, je ne suis pas médicomage, je n'ai pas les compétences, c'est trop dangereux. elle parle vite, les mains tremblantes, les yeux grands comme des billes.

Mais Edelgard en avait besoin.
Elle ne pouvait pas la laisser comme ça.
Elle l'aurait fait pour elle.
Elle n'avait pas le choix.

Alors Prudence inspire. Prend son courage à deux, regarde une dernière fois Edelgard et dans un commun accord, attrape la lance et la tire vers l'extérieur.

Elle était beaucoup plus lourde qu'elle ne l'avait pensé.

Il s'y prend mal et doit se reprendre à mi-chemin.

Elle entend Edelgard geindre et crier malgré la ceinture.

Elle y est presque.

Ça y est.

C'est fait.

La lance tombe sur le sol, glissant d'entre ses doigts. Et Prudence lâche un soupire de soulagement. Le plus dur était passé. La panique avait au moins eu l'effet d'arrêter ses larmes de couler, et l'adrénaline à son summum, Prudence attrape le foulard de son père et le noue rapidement autour de la cuisse d'Edelgard.

C'est terminé. Ou presque.

Je suis désolée. Prudence s'excuse, pâle comme un linge si ce n'est pour le filet de sang qui lui barre le visage. Et elle recommence à pleurer. On devrait partir. On ne peut pas rester là, il te faut des vrais soins. Mais elle voit dans le regard d'Eldegard qu'elle n'est pas du même avis. Je fouille un peu mais après on part d'ici, s'il te plait. Prudence la supplie presque de ses grands yeux brillants de larmes.

Quand elle se relève, la sorcière titube encore, s'aide d'un buffet pour retrouver l'équilibre avant de regarder autour d'elle des endroits susceptibles de contenir l'incunable. Il fallait faire vite, pour sortir Edelgard de là, mais elle n'avait qu'une envie : laisse tout tomber pour rentrer. Alors elle se dépêche de regarder partout, la respiration lourde et bruyante.

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