Fioles sur fioles de souvenirs à pensines.I.« Vous réalisez qu’il vous sera interdit de pratiquer aucune magie Voodoo quelle qu’elle soit sur notre territoire ? »
Il y a une beauté étrange et terrifiante, à ce visage sombre qui se redresse vers toi, pour à peine prendre la lumière blafarde et artificielle d’un dehors factice de campagne, créé par magie. L’homme aux cheveux longs, au regard jauni et aux dents davantage blanches, dépouillé de son long manteau brun et émacié, de ses bijoux en os, et de tout ce qui cache normalement ses multiples tatouages et cicatrices dénote cruellement avec la volonté de rappeler une authentique Britannique d’autrefois. La chaleur du soleil figuré se glace au reflet de ce sourire détaché.
Tu n’as pas de chance, agent. Tu es tombé sur lui. Mais ne t’en fais pas, il n’y a rien que tu aurais pu faire pour l’arrêter. En 1912, tu ne peux pas l’empêcher d’entrer ici. Ton instinct te cries que tu devrais le renvoyer hors des frontières, mais tu ne peux rien.
Les papiers sont en ordre.
« J’en suis conscient. »
Il est ‘coopératif’.
Il se redresse de toute sa hauteur sur son siège. Il est grand. On s’en doutait en lisant le passeport. Il n’y a pas grand monde qui fait 1 mètre 83 dans le service d’immigration.
S’il n’était pas d’aussi bonne humeur, la magie ne lui serait pas utile. Il lui suffirait d’un grand geste du bras pour vous assommer tous deux, même les mains liées.
Il n’est pas dans ton intérêt de ne pas être toi aussi ‘coopératif’.
Tout est en règle.
« Pour quelle raison voulez-vous vous installer en Grande-Bretagne ? »
Il lève la manche de l’odieux vêtement prêté par le ministère le temps d’examiner son attirail. Opération qui, par ailleurs n’a rien donné ; quelle que soit la magie qui en émane, elle est, si ce n’est indétectable, inidentifiable par aucun mage britannique sans le concours du département des mystères ou d’un étudiant en magie ethniques. Sous la manche rêche, l’entrelac de tatouages et de dessins dessiné par une lame est traversé d’une cicatrice irrégulière et plus récente.
« Envie d’un changement de paysage. »
Il a le corps entièrement recouvert jusqu’aux poignets et au-delà des chevilles, sur la paume des mains et sur la plante des pieds. Les tatouages sur son visage sont très fins et discrets, et des continuations de ce qu’il a sur le reste du corps. Les scarifications et les tatouages se superposent à plusieurs endroits pour former de nouveaux motifs.
Tu avales ta salive. Quelque chose ne tourne pas rond. L’asile politique est demandé, pourtant il n’y a pas de crainte dans son regard. Il semble être passé par l’enfer, épuisé et le corps couvert d’une histoire dont une âme saine chercherait à sortir. Pourtant il sourit. Il sourit tranquillement, presque passivement. Aucun geste de trop. Un aimable bagage.
Qui est son porteur ?
« Avez-vous de la famille ici ?
— Aucune.
— Et aux États-Unis ?
— Plus depuis l’an dernier, hélas. Du moins pas au sens où vous l’entendez.
— Et selon vous ?
— Des cousins. A votre sens, ils seraient éloignés à un degré qui remonte trop loin pour être considéré de la même famille. Nos ancêtres communs remontent à l’époque où nos aïeux étaient esclaves aux Caraïbes, pour les plus proches. »
Ravale ton malaise. Tu n’as juste pas l’habitude. La plupart des hommes et femmes noires que tu croises sont bien intégrés à la société, module ou sorcière. Ils sont en vêtement et en attitude des copies des Européens. Tu veux respecter ce que tu ne comprends pas.
Pourtant il te semble dans le plus profond de ses nerfs et tes os qu’une fois ta garde baissée, il sortira de cet être calme et étrangement froid une nuée de tentacules qui te ramperont sur la peau en succions affreuse sur ta chair.
Tu n’es pas raciste. Tu ne crois même pas en la théorie du sang. Mais cet homme te met mal à l’aise. Et tu sais que tu ne devrais pas le laisser entrer.
Mais autant qu’il te glace le sang, il a montré patte blanche. Il a passé toutes les épreuves. Tu as pu voir tous ses souvenirs. Ils sont tragédie les uns après les autres. Et il n’y a rien d’incriminant, selon la procédure.
La procédure. Dans ce genre de moment tu constates avec toute la violence de ce monde immobile que tu n’es qu’un engrenage sans pouvoir et sans volonté.
Vous avez assez retardé le jour de son départ. Il est temps.
« Je vais vous demander de signer ici. »
Tu lui tends une plume, il la regarde avec un drôle d’air, et la feuille de papier que tu lui tends.
« Qu’est-il écrit ?
— Erm. Vous garantissez sur l’honneur la véracité des informations déclarée ici. Votre identité, vos intentions. »
Il examine la feuille. Il hausse les épaules.
« C’est de l’anglais. »
Son accent. A force de l’interroger, tu as oublié comme cet accent est particulier.
« Nous pouvons vous en remettre une copie en Français, si vous le préférez.
— Inutile. Je ne la lierai pas plus facilement. »
Il prend la plume avec une geste doux. C’est à peine si tu as la sensation de la lâcher. Il s’arrête dans son geste cependant.
« En fait, pourriez-vous m’en donner une de chaque ? Pas que je ne vous fasse pas confiance, mais…
— Aucun problème. Nous l’inclurons dans vos affaires.
— Merci. »
Il pose la pointe de la plume sur la feuille, seulement pour y apposer un X en bas de la page.
« Monsieur Sauveur Baptiste Pierre Lanuit, tout est en ordre. Nous allons vous conduire pour récupérer vos effets personnels, vos papiers et votre carte de séjour. Vous devrez régulièrement revenir pour confirmer vos activités et faire les démarches pour gagner la nationalité magique britannique si vous venez à passer une période allongée au Royaume-Uni et en Irlande, ou si vous veniez à vous marier à une ressortissante britannique. Nous nous occuperons alors de vous guider pour vous fournir également une identité moldue.
— Merci pour votre aide, monsieur. »
Encore ce sourire. Comme si de sous ses cicatrices allaient bondir des démons venus du fond des mers, transportés avec les maladies du nouveau monde par les bateaux de fer. Il y a une vibrance sombre derrière cet aimable sourire. Dérangeant. Il se lève, surplombant ses geôliers d’une tête, et tu disparais de son regard, qui dérive déjà dans d’autre mondes.
Y as-tu jamais été, dans son regard ? C’est comme si pendant ces jours, il voyait bien au-delà de toi, comme si tu étais aussi insignifiant que tu l’es pour le monde.
Et dès qu’il est sorti, tu soupires et souffles comme s’il t’avait tenu étranglé. Tu passes les mains sur ton visage. Mord tes lèvres. Tant pis. Tant pis si tu passes pour un blaireau ou un mioche effrayé. Tu dois faire quelque chose. La seule chose que t’autorise ce système. Tu te lèves et cours vers le bureau du directeur. Tu éclaircis ta gorge et frappe. On t’ouvre en quelques secondes, et le chef des aurores te regardes avec un sourcil froncé. Tu sais qu’à ses yeux, tu n’es qu’un gratte papier.
« Je suis désolé de vous déranger, mais c’est à propos de Lanuit. »
Les deux hommes se regardent et le Chef des Aurores regarde le Directeur avec un air entendu.
« Parlez, je vous prie.
— Je n’ai aucun moyen légal de le retenir plus longtemps, ni même de le renvoyer d’où il vient. Mais je recommande de le faire suivre. Bien qu’aucun de ses souvenirs ne l’indique, je suis persuadé qu’il est ici pour une raison précise. »
Ils se regardent avec hargne, le Chef croise les bras, et monsieur le directeur pince les lèvres en réfléchissant, tout en t’encourageant de sa voix craquante.
« Continuez.
— Je sais que c’est bien au-delà de mes prérogatives, mais je recommande de le faire suivre. Je n’ai aucun préjudice quant à ses origines, mais il ne me semble pas qu’il soit venu pour s’intégrer à notre pays, ni pour chercher du travail.
— Et qu’est-ce qui vous fait penser cela, agent ? »
Ils te regardent tous les deux avec un air grave. C’était une mauvaise idée. Tu te sens sur le point de larmoyer de honte, comme un enfant pris à rapporter quelque chose qu’il ne peut pas prouver.
« Mon instinct monsieur. »
Ils te scrutent, mais surprenamment, aucun ne te renvoient dans tes filets. Le directeur mâchonne des mots incompréhensibles, contrariés, tandis que le Chef des Aurores, après t’avoir longuement et durement examiné, craque un sourire et met une main ferme sur ton épaule, te faisant sursauter au passage.
« Le mien aussi petit. Et il y a une raison pour laquelle la magie ne suffira jamais à ce genre de poste. Bon travail. »
Il t’emmène par l’épaule à une fenêtre qui donne sur l’entrée, où Lanuit récupère ses vêtements, son bâton en os, et ses bijoux morbides.
« Monsieur le directeur, faîtes-moi simplement la demande. Je mettrai une équipe à le suivre.
— Entendu. Je vous en fait la demande officielle. Surveillez Sauveur Lanuit aussi longtemps qu’il vous conviendra pour juger de son inoffensivité, et tenez-nous au courant si nous devons révoquer son droit de séjour.
— Votre demande est acceptée. »
Il te regarde avec un grain de fierté.
« Merci petit. Retourne à ton poste. »
Tu le salues, et jette un dernier œil par la fenêtre. En dessous, Sauveur Lanuit regarde en l’air, et te regarde toi. Dans les yeux. Et il te sourit comme s’il te voyait réellement pour la première fois. Il te fait un signe de la main, et s’en retourne, libre, projetant sur le sol une ombre multiple sur le sol qui semble te narguer une fois son dos tourné, comme pour rire de la folie que vous venez de commettre :
Le monstre est entré.
II.Premier novembre 1887. Dehors il y a des cris de ralliements. Des chants. Des rumeurs et des clameurs.
Vingt centimes. Vingt centimes de plus, aux soixante-cinq cents que reçoivent les travailleurs noirs des plantations.
Philipa Lanuit pousse une dernière fois pour mettre au monde le second des deux bébés qui ont grandi en elle depuis le printemps dernier. Les deux enfants pleurent en canon alors qu’on les lave et les emmaillote l’un après l’autre. Aux côtés des sages-femmes, une costaude femme se penche près de deux parents épuisés mais rassurés de voir leurs demi-portions bien vivantes.
« Káshìmawò, tu as du souci à te faire. Les jumeaux peuvent t’apporter la fortune, mais si par malheur tu donnes à l’un moins qu’à l’autre, tu déclencheras les colères des Loas. Fais à chacun ce que tu ferais à l’autre, tu entends ? »
III. Allongé sur le ventre. Quel âge a-t-il ? D’après les informations sur la fiole, il en avait 14. Il semble à peine en avoir 11. A coté de lui, une petite fille, dans la même position. Ils ont tous les deux le regard doux et confiant l’un pour l’autre, mais il y a une dureté dans leur posture. Les mains sous les tempes, ils se regardent.
Une femme à la peau noire et luisante, au grand front, et portant autour de ses lèvres des cicatrices s’agenouille avec des aiguilles dans les mains.
Ils parlent un Français déformée. Un créole qui leur est unique.
« Tata Bitie, d’où elles viennent, les traces blanches sur ta bouche ? »
Dehors, un adolescent se retourne prestement, manquant le ballon qu’il aurait dû renvoyer.
« Assez Kisii. Ce sont pas des questions qu’on pose.
— C’est mieux d’écouter les rumeurs, peut-être ? Bitie dis-moi. Sogbé et moi, on entend que des horribles histoires. On veut que ce soit toi qui racontes. »
Elle sort son aiguille du bol d’alcool et fait signe aux garçons dehors. D’après les dossiers, se sont leurs frères. Leurs grands frères. Ils viennent tenir les deux enfants par les chevilles et sur la tête. Mais leur peau est nette, contrairement aux deux petits. Ils ont eux la peau couverte de tatouages et de scarifications, dans des dessins complexes.
« Arrête de parler, tu vas mordre ta langue. »
Et elle commence à piquer la peau du jeune garçon, qui ne bronche pas, ou à peine, puis verse de l’encre.
« Des blancs m’ont enlevée quand j’avais ton âge. Ils m’ont attachées les poignets, cousues les lèvres, et m’ont déshonorée chacun leur tour. Trois d’entre eux ont eu le temps avant que ton maître, Sogbèhindé, ne me porte secours. Il les a entravés, et m’a laissé les tuer. Je suis depuis à son service.
— C’est pour ça que c’est toi qui nous tatoues ? AIE !
— Gros malin, vas. Je vais devoir faire la même chose à ta sœur, maintenant !
— Ce n’est pas la peine !
— Tu seras un homme et tu diras ça à ton père quand j’aurais fini. En attendant, la règle est la même. Désolée Kisii.
— Pani pwobleme, Tata. »
La femme se redresse et se retourne, pour recommencer le même geste sur la peau de la jeune fille. Le même, jusqu’à l’aiguille s’enfonçant légèrement trop dans la chair. La petite ne pipe mot. Elle tient le regard désolé de son frère jumeau. Les lèvres serrées.
IV.« Sogbéhindé. Viens ici. »
Le vieil homme à la colonne vertébrale cassée en deux est recroquevillé près du feu, et le jeune homme s’approche pour déposer son petit bois près des flammes, et s’installé près de lui.
« Qu’a appris ta sœur.
— A guérir les maux de ventres, de tête, et la mélancolie.
— A-t-elle appris à tisser une poupée protectrice ?
— Elle n’a pas terminé sa première.
— Sa maîtresse est trop douce avec elle.
— Mama Janice est très gentille avec elle, et ma sœur comprend vite.
— Elle est impatiente, et Janice lui fait payer. Et ça vous ralenti. Tant pis, elle te rattrapera bien assez vite. J’ai quelque chose de nouveau à t’apprendre. Quelque chose qui n’a rien à voir avec Janice, ni avec le Prêtre Titouan. Ne leur en parle jamais, promets-le-moi.
— Pourquoi ? Je ne garde aucun secret pour Père Titouan, ni pour ma sœur. Et ma sœur n’a le droit à aucun secret avec Mama Janice.
— Je vais t’enseigner quelque chose qui transgresse les règles avec les Loas. Les Rada, les Petro et les Ghédés. Ce sont des sorts qui transgressent les interdits de tous tes ancêtres, des secrets qui se passent de Sorciers du village en Sorciers du village. Il n’y a plus de village, mais il y a encore des sorciers.
— C’est interdit, Maître.
— Les sorciers blancs ont interdit notre magie. Ils en interdisent tant que notre art se perdra un jour dans les âges. Nous n’avons déjà pas le droit de montrer nos véritables pouvoirs à ta famille. Nous devons nous cacher derrière la nef, dans les grottes, en haut des montagnes. Cette magie aussi, a été interdite. Et je vais te dire ce qui arrivera : l’art va se perdre, et avec, la crainte et la manière de l’utiliser. Quelqu’un tentera de la reproduire, pour les mauvaises raisons, de la bonne manière, et fera du mal autour de lui.
— N’est-ce pas mieux que tout le monde oublie, alors ?
— Non, Sogbéhindé. Il faut un gardien. Et je suis ce gardien. A ma mort, tu seras gardien à ton tour, et tu n’enseigneras qu’à un homme digne de confiance, pour continuer à rependre la crainte autour de ce pouvoir, qui ne doit jamais être utilisé. »
Le jeune homme médite quelques secondes. Tu sauras plus tard qu’il se demandait alors : si nous l’avons, pourquoi ne pas l’utiliser ? Le vieil homme défait son collier, et le tend à son apprenti :
« Ils appellent ça de la magie noire. C’est ton héritage. Avec le consentement de ceux qui traversent ta route, tu pourras user de leurs restes pour lancer des sorts, fabriquer des gris-gris interdits, protéger les tiens, et chasser les intrus. C’est la raison pour laquelle tu m’accompagnes quand je suis Père Titouan pour l’extrême onction d’un des nôtres. S’ils sont d’accord, je prendrais leurs os à leur mort. De ces os je tire ma puissance véritable. Et à partir de maintenant, je vais t’enseigner comment faire, et pourquoi. Alors tu seras le chasseur, et tu chasseras les blancs qui nous ont volé notre nom, chasseras les blancs qui font périr notre magie, chassera ceux qui se croient chasseurs. Et quand tu hériteras de mes propres os et de ceux de mon maître, tu seras le Gardien, le Chasseur, et le Sauveur. Tu seras le sorcier qui reviendra à la fin des temps, de notre temps. Ainsi Mama Janice l’a vu, et moi je l’ai vu. Tu dois maintenant protéger ta vie, car elle ne t’appartient plus seulement à toi, mais au peuple dont le nom a été effacé par les blancs. »
V.Du sang. Du sang partout.
« Sogbé, écoute-moi. »
Des larmes. Mal. Ça fait tellement mal.
« Sogbéhidé, regarde-moi ! »
Celeste Lanuit, allongée sur le canapé, en se tenant le ventre meurtri attrappe le menton de son frère entre ses doigts avec une autorité impeccable. Sa force ne semble pas faiblir, alors qu’elle se vide de sa vie, et que ses pouvoirs la quittent. Elle utilise ses dernières forces pour faire preuve de dureté avec son frère, son écho et son allier.
« Mama Janice est morte. Les gris-gris ont tous brulés. Les potions, aussi. Je vais essayer de me soigner toute seule, mais je ne vais pas y arriver. Je le sais, je le sens.
— Tais-toi idiote !
— JE. VAIS. MOURIR. Ecoute-moi tête de mule. »
Des larmes se font échos dans leurs yeux. Aucun mot ne peut décrire cette peine immense. On ne peut que l’imaginer. L’amour fraternel, le lien puissant tissé, du premier baiser dans le ventre de leur mère, aux journées entières de tortures passées à se regarder l’un l’autre et se comprendre, à tenir ensemble en silence. La douleur de sentir l’autre partir, l’angoisse de laisser l’autre seul. Ils savent que c’est la dernière heure. Ils savent.
« Tu prendras mes os.
— Non.
— Tu les prendras.
— NON !
— Tu prendras mes os, et tu t’en serviras pour protéger les nôtres. Pour les sortir de là. Pour veiller sur père et mère, nos frères, et ceux qui sont sous la protection du Sorcier.
— Ne meurt pas.
— Tu prendras mes os et tu défendras ta propre vie. Tu vas vivre, tu m’entends ? Tu vas vivre. Promets-le-moi.
— Pas sans toi.
— Promets-le moi. »
Il ne parvient pas à ravaler les sanglots.
« Je ne peux pas user des os d’une âme en peine.
— Mon seul regret en cette vie est de mourir avant toi. Je suis en paix. Si tu me promets de vivre, et de me porter avec toi, je serai en paix. Il n’y a pas plus grande bénédiction que de te savoir vivant, et invincible. Car avec moi, tu es invincible. »
Les mains sont rouges, leurs fronts se touchent. Les larmes brulent et coulent et se mélangent, sur les voiles blancs d’une robe blanche et crème.
« Promets-moi.
— Je vais vivre, et je prendrais tes os. Je te le promets.
— Merci. »
Elle se redresse et malgré la douleur, porte le regard droit.
« Maintenant, amène-moi mes drogues. Ça me calmera, et il y a encore quelque chose que je puisse faire contre ces hyènes. »
Le souvenir se délite après ça. Impossible de distinguer autre chose qu’une musique rythmique et des hurlements de douleurs pendant des heures d’affilées.
Les cris n’ont pas de couleur.
VI. écrire ici.
VII. écrire ici.
VIII. écrire ici.
IX. écrire ici.
X. écrire ici.