études : lionne de 1905 à 1905, rappatriée, oubliée
particularité : elle saigne un peu trop longtemps, facilement, ses bleus sont noirs et un troisième oeuil l'aggrave
(ϟϟ) Sujet: Page 72 (addolorata) Dim 9 Aoû - 14:42
(c) DΛNDELION
Page 72
Addolorata & Aristée
« There are only patterns, patterns on top of patterns, patterns that affect other patterns. Patterns hidden by patterns. Patterns within patterns. »
Tête baissée, pas rapides, le petit être se faufile. Pressée, où anxieuse, peut-être les deux : la foule du chemin de traverse était toujours une épreuve pour celle qu’on avait éduquée à rester cloitrée. Trop d’odeurs, trop de gens, autant de manière d’être foudroyée par une vision en plus des regards qu’elle sentait se coller sur son drôle d’accoutrement. Sens du style hérité de son père, détonnement de couleurs pastels dans un amas de bruns et noirs, au moins apportait-elle un peu de lumière, et puis, les gens s’écartaient devant elle. Pour les autres, Aristée se cambrait, retournait, essayait d’éviter tout contact dans sa course effrénée, entre un point A et un point B, deux ilots de sécurité dont le trajet n’était jamais assuré. Contre sa hanche sa besace de cuir martelait le rythme soutenu. Sous ses semelles, elle sentait les pavés inégaux. Et puis, dans l’air, la peur à couper au couteau. Entre terreur et perte de magie. Si cela était possible, son menton s’enfonça de plus belle dans son cou, son foulard, ses cheveux emmêlés, tout pour ne pas s’y attarder. D’un point A – à un point B. La phrase était martelée, en boucle, dans son crâne creux. Les yeux rivés sur le sol qu’elle connaissait, pas même ne relevait-elle la tête pour savoir où elle allait. Le peu d’endroits où la sorcière se rendait, toujours au pas de course, s’était, à force, gravé dans sa démarche saccadée.
Après la boutique qui sentait les lilas, c’était à droite. Puis, dans la rue aux miaulements, tout droit ; juste un peu. Quand les graviers commençaient à percer le cuir de ses souliers, elle y était.
Visage relevé vers le panneau travaillé qui indiquait : Il Bosco ; elle inspira. Franchissant la porte, elle expira. Et puis, la rigidité de son visage fermé se fendit enfin d’un sourire. Dans l’entrée, elle resta un instant devant, prenant appui sur le pied droit, puis le pied gauche. Les yeux fermés. Enfin, elle se mis à avancer. Lentement, cette fois-ci, en sécurité. Entre les grandes et petites étagères, les livres exposés et ceux qui prenaient la poussière. Quelque part dans le fond, l’accent italien bourdonnait. Occupée. En un haussement d’épaules : elle attendra. Se rendit dans ce même petit coin de la boutique que la dernière fois, et celle d’avant aussi. Oh, elle en avait d’autres, mais le rayon des contes et légendes était peut-être son préféré. La raison, aussi, de sa venue.
Elle laissa ses doigts passer sur les reliures plus où moins ouvragées. Celui-ci, elle l’avait déjà lu. L’autre, emprunté. Sa spécialité, c’était de lire directement dans la librairie – et peut-être, une fois fini, de payer les pages déjà parcourues. Cela dépendait de si l’italienne la choppait où non. Où de son envie de relire par la suite l’ouvrage. Sans réellement se gêner, Aristée disparu de l’horizon, un livre à la main, en tailleur à même le sol. Farces et Trésors des Faes d’Islande. De mémoire, une allusion aux reliques y était glissée. Distraitement, elle se demanda pourquoi est-ce qu’elle ne l’avait pas annotée (puis se rappela que c’était parce qu’elle ne l’avait pas acheté). Alors la sorcière tournait les pages, absorbée dans sa lecture, en oubliant même une Addolorata dont la voix ne se faisait désormais plus entendre. Elle finira bien par la trouver – là ! Page 72 : les faes dansaient avec la Mort, et avec celle-ci, leurs méthodes d’accouplement étaient.. – non, non, non, elle s’était trop vite enflammée.
« There are only patterns, patterns on top of patterns, patterns that affect other patterns. Patterns hidden by patterns. Patterns within patterns. »
Chapitre 13, c'était là, sous ses yeux, et les pupilles dévalèrent les mots L'Ancien Roi au sceptre de sureau.. avant que de ses mains le livre ne décolle, un signe ?, Aristée l'observa médusée léviter. Et puis, elle vit la main d'Addolorata l'attraper. Evidemment. Frustrée de sa propre naïveté, elle laissa la sorcière faire de son crâne une touffe informe, malgré tout amusée. Yeux fermés, elle voit une lueur verte. “ Il fallait bien que j'attende, madame Alighieri était occupée “ Ses paupières papillonnent et puis elle pris la main tendue, se releva et serra le livre retourné contre elle. Maigre ligne de défense face à l'italienne. Menton rapidement pris en étaut, son sourire se dissoud, un peu, alors qu'elle lui fait la morale. Son geste s'accompagne d'une vague de parfum. Ses bras se resserrent contre le livre - qui lui est finalement donné. Le menton se baisse. Elle ne pensait pas que c'était si important, de ne pas lire, dans un magasin de livres. Même si l'intention était bonne, seulement penser qu'Aristée était dans le besoin blessait. J'étais juste en train de lire. “ Je t'attendais c'est tout.. “ L'ambiance Lourdes de Londres devait peser sur l'Alighieri - oubliant par-là même que la tête blonde était aussi remplie par ses propres problèmes. Orfeo en étant le plus gros. Son père. Bêtement, elle fixait ses chaussures. L'une d'elle est sur l'un des pans de sa robe informe. Elle l'enleva. Et puis, glissa une main dans son cardigan pour en sortir un papier soigneusement plié, qu'elle tendit à la sorcière. “ J'aurai besoin de ces livres là.. Je ne les ai jamais vu dans tes rayons, ils sont seulement à la bibliothèque. “ Relevant enfin son visage, elle se rapprocha de la belle et glissa un peu plus bas : “ C'est pour mes recherches “
S'écartant de nouveau, elle regarda derrière la libraire, puis à gauche, puis à droite. Personne n'était là pour les entendre, mais au moins s'en était-elle assurée. A posteriori. “ J'ai trouvé quelqu'un avec qui mettre mes travaux en commun ! “ Quelqu'un ! Fait rare pour la protégée. Première étape : trouver quelqu'un. Seconde étape : trouver les Reliques. Aussi simple que cela. “ Et ehm.. Je ferrai attention à plus lire ici. “ C'était sa manière de lui demander si tout allait bien.