ghost of you (andraste)

tw : violences faites aux femmes, mention de féminicides

Elle se passe une main sur le visage. Elle a envie de casser quelque chose. Elle a envie de broyer quelque chose. Elle a envie d’hurler sa rage et son mécontentement. Ca lui prend le cœur et ça se diffuse dans sa poitrine. C’est la colère qui monte et les larmes aussi. C’est le troisième nom qu’elle inscrit aujourd’hui sur le mur. Le troisième. Trois noms de trop en trop peu de temps. Un mois. C’est le lapse de temps qu’il a fallu pour que ces noms s’ajoutent. Elle a envie de vomir, de hurler encore et encore. Mais tout ce qu’elle trouve à faire, c’est d’inscrire les noms, les dents serrés, le visage déconfit. Minerva McGonagall est pourtant en colère. Terriblement en colère. Si une part d’elle est heureuse de reprendre ses activités au sein de W.I.T.C.H. à la normale, elle ne peut pas dire que c’est dans la joie que les activités reprennent. Lors de la réunion extraordinaire qu’elle avait mené aujourd’hui et qui avait duré quatre longues heures, Minerva avait constaté que la situation avait été catastrophique. Pendant ce mois où une bonne partie de la population, y compris elle-même, avait été privé de ses pouvoirs, les violences faites aux femmes avaient augmentés dans les foyers touchés et aussi dans ceux qui avaient miraculeusement échappé à ce cataclysme.
Adeline Scoffield, décédée il y a quelques semaines sous les coups de son mari parce qu’elle n’avait plus sa magie, tout simplement.
Tina Albert, décédée de négligence, son mari refusait de croire qu’elle n’avait plus sa magie.
Hella Esclay, décédée sous les coups de son père alors qu’il était en proie à des hallucinations à cause de l’empoisonnement. Elle était enceinte.
Le regard de Mei Chang passe sur Minerva et la métisse se décalle pour commencer à ranger ses affaires. Elle a le cœur lourd et les dents serrées. Elle se sent impuissante et elle déteste cela. Nullement encore consciente qu’elle est si proche d’un Enfant de Morgane, un de ceux qui veut faire la révolution, elle ronge son frein.
« Minerva, tu peux bien aller prendre l’air. Je pense que cela te sera bénéfique. » dit l’asiatique. « Je m’occupe de rétablir les sortilèges de protection. Tu pourras fignoler après. »
Minerva acquiesce en silence. Elle vient passer la porte qui mène dans la minuscule cour derrière Fleury et Bott. L’air frais lui fait un peu de bien. Elle se rend alors compte qu’elle allait probablement vomir si elle ne se calmait pas et jura intérieurement de ne pas avoir ramené un peu de thé au gingembre que lui avait donné sa marraine. Artemisia. Elle se force aussi à ne pas penser à elle. Minerva n’a pas encore retrouvé la totalité de ses pouvoirs mais elle sent que ça vient. Elle s’était réveillée le matin du 5 octobre, le lendemain de son anniversaire officiel, et avait compris qu’il se passait quelque chose quand elle avait entendu la cornemuse de son père jouer un air qu’elle connaissait bien. Il n’était pas étrange que, petite, Minerva qui restait une sorcière puissante et précoce, utilise sa magie instinctive pour faire voler des objets jusqu’à elle, jouer de la cornemuse de son père, ou prendre possession de son chat. Quand elle avait compris que ça y est, cela arrivait, elle avait éclaté de joie et tenté quelque chose. Sa baguette n’avait produit que des étincelles mais cela lui avait donné un peu d’espoir. Les trois jours qui avaient suivi lui avaient confirmé qu’elle retrouvait peu à peu ses capacités et elle n’avait pas pu s’empêcher de vouloir se transformer en chatte, ce qui avait réussi mais elle avait eu l’impression d’avoir de nouveau dix-sept ans et d’à peine maitriser sa particularité. Elle savait qu’elle se devait d’être patiente et Minerva n’en manquait pas, mais c’était suffisant pour qu’elle se remette en scelle et qu’elle puisse retourner travailler, qu’elle puisse reprendre ses activités au sein de l’ordre et notamment commencer à redonner la mémoire à certains, et agir pour W.I.T.C.H. Elle était censée voir Nicolas ce soir, pour qu’ils parlent de la suite et surtout d’Albus. Elle n’avait encore aucune idée pour Abelforth et ne voulait en réalité que retrouver ses bras pour pleurer un peu un bon coup de déception, frustration et surtout colère.
« Minerva ? » L’amazone se tourne alors vers Mei qui vient de passer la porte qui mène dans la petite cour. « Une jeune femme vient d’arriver et te réclame. »
« J’arrive, Mei. Merci. Et tu peux y aller, je m’occuperai de fermer. » dit Minerva avec un sourire.
Elle laisse Mei disparaitre et reste quelques secondes dehors. Souffle fort, essaie de reprendre sur elle et s’arme encore de son bouclier et son armure. La journée n’est pas terminée, elle a encore à faire et si une jeune femme la réclame, elle doit être là pour elle. Alors, Minerva rentre de nouveau dans la W.I.T.C.H et traverse la grande salle. Elle arrive au niveau de la porte qui mène à la boutique et la pousse.
« Andraste ? » s’étonne-t-elle.
Elle ne s’attendait pas le moins du monde à la voir ici. Et soudainement, Minerva a peur. Elle a peur qu’il lui soit arrivée quelque chose à elle aussi.
« Est-ce que tu vas bien ? Il s’est passé quelque chose ? » Les questions se bousculent et l’inquiétude continue de germer, s’insinuer.
Pitié, pas toi aussi, Andraste. Dis-moi que tu vas bien qu’aucun homme ne t’a fait du mal.
@Andraste Lestrange

Angoisse qui ne disparait pas. Tout va de mal en pire et Minerva McGonagall a l’impression d’être un réceptacle de mauvaises nouvelles. Rien ne va plus. Tout s’effondre petit à petit sous ses yeux et elle y est impuissante. Alors naturellement, elle s’inquiète quand elle voit le joli minois d’Andraste. Elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter, Minerva parce que la dernière chose au monde qu’elle voudrait c’est qu’il lui arrive quelque chose. Peu importe qu’Andraste lui ait mené la vie dure jusqu’à maintenant. Andraste n’en a pas moins compté et compte toujours. Jamais Minerva ne lui voudrait du mal, ni ne lui en souhaitera. Perdue dans une inquiétude lattante, elle n’arrive plus cependant à faire la différence entre les femmes qui ont besoin d’aide et celles qui veulent aider. Andraste pourtant, appartient aux deux catégories sans le savoir parce qu’elle est elle-même victime de cette société qui ne tolère pas sa sexualité, l’a obligée à se marier, à avoir des enfants et continue d’exercer des violences devenues trop communes sans qu’elle ne le sache. Fatiguée de sa journée qui est de pire en pire, Minerva attend alors le cœur battant une réponse de l’ancienne Serpentarde.
« bonjour minerva. »
Le regard de l’ancienne Gryffondor l’inspecte alors pour tenter de déceler si son enveloppement physique a été touchée de quelques manières que ce soit. Il va de soi que Minerva sait parfaitement que les femmes sont bien douées à cacher les bleus et que peut-être même si rien ne la choque en cet instant, Andraste cache peut-être des choses sous ses vêtements. Cela ne la rassure pas, Minerva. Elle-même cachait une cicatrice de brûlure.
« tu t’inquiètes pour moi. »
Minerva fronce les sourcils et immédiatement, la phrase d’Andraste l’agace. Elle trouve cela drôle ? Ce n’est pas drôle. Ce n’est pas drôle parce que si Andraste n’a rien, il y a probablement d’autres femmes qui ont besoin d’elle et elle lui fait perdre un temps précieux. Il n’y a pas sujet-là à rire, ni à plaisanter, encore moins faire preuve d’arrogance. Ca la fatigue Minerva de devoir s’inquiéter pour tout le monde parce qu’il n’y a plus de place pour elle-même alors que cela devrait. Mais impossible d’ignorer tous les combats dans lesquels elle s’engage pour son propre bonheur.
« Evidemment, Andraste. » Le ton est un peu sec et les sourcils toujours froncés, l’air un peu pincé. Elle sait la fatigue déjà présente et si elle prend mal la réflexion qui n’a rien d’agressive mais marque peut-être un certain narcissisme d’Andraste, Andraste n’est pas réellement la cause du problème. Le problème est global, sociétal. Pourtant, l’aveu est limpide et exprimé sans aucune honte. Oui, elle s’inquiète mais elle sait qu’elle doit faire attention. Surtout avec Andraste. Leur relation est trop fragile et elle ne peut pas se laisser aller. Pas en sachant tout leur passif et elle ne sait pas si cela arrivera un jour malgré sa volonté d’avoir Andraste comme amie. Mais cela vaut la peine d’essayer. Elle est suffisamment patiente pour savoir qu’elle en a envie et qu’Andraste le mérite aussi.
« je suis touchée, mais ne te fais de soucis pas pour moi. »
Cela ne rassure pas pour autant Minerva qui connait trop bien des femmes qui font comme si tout va bien, rassurent mais ont toujours besoin d’aide. Pourtant, l’assurance d’Andraste dénote. Mais là aussi, Minerva est prudente et reste dans un rôle d’écoute et d’observation intense.
« tu seras surprise de l’entendre, mais albus est celui qui m’envoie. »
De cette phrase, elle ne s’y attendait pas et Minerva se retrouve un instant désarçonnée.
« Albus ? » répète-t-elle, confuse et ses épaules se détendant légèrement. Albus n’a pas retrouvé ses souvenirs. Elle ne sait pas ce qu’il a en tête lui aussi et elle n’a pas envie de le gérer aujourd’hui. Elle le devra sûrement dans les prochains jours étant donné qu’elle passera voir Nicolas après en avoir terminé avec Andraste. Mais Minerva est toujours en colère de ce qu’a pu lui dire cet Albus sans mémoire. Elle n’a pas besoin de le gérer en plus aujourd’hui et elle a peur de ce qu’il a dit ou fait avec Andraste.
« il est un drôle de bonhomme, tu ne trouves pas? mais j’aime bien ses intentions. »
« Cela dépend lesquelles. » souffle Minerva qui a une moue.
Elle n’a pas aimé ses dernières intentions et elle sait qu’elle le lui fera la réflexion tôt ou tard.
Mais tout de même, le prénom d’Albus attise sa curiosité. Minerva ne peut qu’écouter attentivement Andraste sans pour autant boire toutes ses paroles. Etrangement, elle reste méfiante que ce soit vis-à-vis d’elle ou même vis-à-vis d’Albus.
« il pense que tu peux m’aider. » Et cette phrase ne fait rien pour arranger l’angoisse tapie dans l’ombre de Minerva. Albus pense qu’elle, Minerva, peut aider Andraste. Comment ? Minerva attend la suite et s’agace intérieurement. Non, décidément, elle n’a pas de temps aujourd’hui à perdre avec des devinettes ! Patience qui s’effrite ou hormones trop présentes qui la rendent versatiles. C’est bien un des pans de la maternité que Minerva déteste : celui d’être sujette à ses émotions qu’elle maîtrise si bien normalement.
« et je l’espère. »
Andraste s’est rapprochée et ne quitte pas son regard. Étrangement, cette situation lui fait écho à d’autres situations où Andraste s’approchait pareil, Andraste la regardait pareil. Minerva s’approchait à son tour à l’époque et venait l’embrasser naturellement, légèrement. Il n’en était pourtant plus question aujourd’hui. La seule personne que Minerva embrasserait était Abelforth et elle le ferait ce soir-même en se réfugiant dans ses bras pour pleurer un bon coup de cette journée catastrophique et prenante émotionnellement, sans savoir que ce serait loin d’être le cas après sa visite chez Nicolas.
« Eh bien, rentre. » dit Minerva sans détour avant de se détourner d’Andraste et d’ouvrir la porte menant chez W.I.T.C.H.
Les filles avaient tout rangé avant de partir si bien que la vaste pièce semblait intacte. Minerva s’approcha alors d’une table et invita de la main Andraste à s’asseoir avant d’actionner une bouilloire de bout de sa baguette avec aisance dans la petite kitchinette.
« Je t’écoute. » dit Minerva patiemment. « Pourquoi Albus pense que je peux t’aider ? »