first love (andraste)

Le corps est d’une légèreté aérienne alors que le balais vient se mettre en mouvement. C’est comme s’il était une extension d’elle-même. Elle a du talent là-dedans, Minerva. Elle le sait ! Elle n’était pas une McGonagall pour rien, on était un peu des filles de l’air autant que du feu avec les dragons familiaux. Elle savait monter un dragon depuis son plus jeune âge, elle savait aussi monter un hyppogriffe, alors un balai était une chose tout à fait naturelle. Minerva McGonagall, du haut de ses quinze ans s’entrainait ce jour-là seule sur le terrain de Quidditch. Batte en main, tresses collées sur son crâne pour l’occasion, la Gryffondor testait encore son équilibre sur son balai. Tout était une question de fermeté des cuisses et de jeu des abdos. C’était Susan qui le lui avait dit et elle essayait de s’y entraîner. La journée était maussade. Il avait plus quelques instants auparavant et maintenant il ne pleuvait plus. Cela ne sembla pas déranger Minerva qui était de toute façon trempée et boueuse. D’un coup de hanche, elle se retrouve la tête en bas et ne vient plus tenir son balai de ses mains. Laissant ses bras retomber droit vers le sol comme la gravité le voulait, son regard tomba alors sur une silhouette dans les gradins. Une blonde ? Minerva n’arrivait pas trop à distinguer de là et finit par se remettre à l’endroit avant de diriger son balai droit sur la personne. Un sourire aux lèvres, la Gryffondor finit enfin par la reconnaitre.
Andraste Lestrange.
Strictement rien ne les avait jamais reliées. Gryffondor contre Serpentard. Sang-pure contre sang-mêlée. Blanche contre métisse. Blonde contre brune. La reine des abeilles de la maison de Serpentard n’était pourtant jamais à prendre à la légère et Minerva l’admettait particulièrement : Andraste était jolie. Elle aimait bien la regarder quand elle était dans les couloirs et parfois dans les cours qu’elles partageaient. Toujours bien apprêtée, avec une langue bien pendue qui lui plaisait et arrivait à la faire rire, Minerva savait que pour en avoir discuté avec sa mère, elle avait beaucoup d’intérêt pour la Serpentarde.
« Bonjour Andraste. » dit-elle en arrivant à sa hauteur dans les gradins. Quelques mètres les séparaient. Elles ne s’étaient encore pas tant parlé mais Minerva n’avait pu s’empêcher de comprendre qu’il y avait une certaine alchimie entre elles qu’elle ne pouvait ignorer. Elle repensa à Albus et sa révélation sur sa sexualité. Etait-elle aussi comme Albus ? A n’être attirée que par les personnes du même sexe qu’elle ? Minerva ne savait pas trop. Abelforth Dumbledore était beau aussi et elle était aussi attirée par lui. Alors elle était quoi ? « Tu veux venir jouer un peu avec moi ? » Elle n’était pas sûre d’avoir vu Andraste monter une seule fois sur un balai d’ailleurs. Mais elle proposait quand même. Parce qu’elles pourraient bien passer un peu de temps ensemble ? Pourquoi devraient-elles nécessairement se détester parce qu’elles étaient une Gryffondor et une Serpentarde ?

Andraste est toujours aussi mignonne et Minerva a envie de lui demander où elle a acheté son ruban noir. Cela lui va bien d’ailleurs de rattacher ses cheveux pour les relever. Son visage est plus dégagé et on remarque plus ses traits fins et son air angélique. Parce que contrairement à elle c’est ce dont à l’air Andraste : un ange tout droit venu des cieux ou dans ce cas-ci, posé sur terre tandis qu’elle-même tente de l’égaler avec son balai mais sans ailes. La lune et le soleil, voici ce qu’elles sont, complètement opposées, complètement différentes. Et pourtant. Il y a comme une alchimie entre elle et Minerva a du mal à passer outre. Mais elle s’interroge quand même. Est-ce normal de ressentir cela pour une Lestrange ? Leur famille ne sont pas du tout alliées et elles n’ont aucun atome crochu. Elle sait évidemment que les sentiments ça n’a pas vraiment de logique et Andraste, elle la connait à peine mais c’est comme ça, elle sent bien qu’il y a quelque chose et elle sait quoi, plus lucide peut-être que la blonde. L’hésitation quand elle lui propose n’échappe pas à Minerva qui a une petite moue. A vrai dire, ce n’est pas très grave si elle ne veut pas. Mais cela aurait été bien de passer un peu de temps ensemble, pas vrai ?
« Si tu ne veux pas… » commença Minerva, embarrassée et rougissante.
« bien sûr. » trancha finalement Andraste.
Naturellement, un sourire vient illuminer les lippes de la Gryffondor, heureuse que la jeune femme accepte. Minerva la regarde venir jusqu’à elle et retient son souffle. Andraste est vraiment belle.
« ne me laisse pas tomber, promis? »
Minerva a un petit sourire.
« Il y a un sortilège sur le terrain qui ralentit les chutes. Même si tu tombes tu ne te feras pas mal… » Elle lui tend la main. « Et je ne te laisserai pas tomber, je te le promets. »
Promesse qu’elle tiendrait. Elle n’a jamais laissé tomber personne de toute façon. Descendant de son balai, Minerva lui indique alors finalement comment se mettre. Elle l’aide, toujours les deux pieds au sol.
« Tu n’aimes pas le Quidditch ? » demanda-t-elle finalement, face à elle avant de s’assurer qu’elle était bien positionnée. « Tu aurais fais une bonne attrapeuse, je trouve. » Elle se glisse alors derrière elle avant d’enfourcher le balai. « Alors du coup, on va faire ça progressivement… D’abord, je te montre comment te pencher et ensuite pour décoler doucement, tu pourras taper du pied. Le balai s’élèvera un peu dans les airs mais à moins d’un mètre et on monte progressivement. Ca te va ? » dit Minerva gentiment avant de lui montrer, collant un peu son corps au sien pour lui montrer les mouvements.

« Tout le monde aime le quidditch, Minerva. » dit Andraste.
Minerva a une moue et observe attentivement cette dernière. Elle, elle voit bien qu’Andraste n’est pas à l’aise.
« Apparemment, pas. » répond-t-elle, trop franche et sans filtre mais sans aucun mépris dans la voix. Au contraire, elle sourit, amusée. « Mais tu as le droit, tu sais. » Et dans le fond, Andraste peut aimer ce qu’elle veut, ou ne pas aimer d’ailleurs. Tout du moins c’est le point de vue de Minerva, elle à qui on a appris qu’il n’y avait aucune honte nulle part à être différente.
Mais Minerva, comme toujours est confiante. Elle n’a pas peur elle parce qu’elle a l’habitude et si Andraste lui fait confiance, ce qui est là tout le problème, tout se passera bien. Elle ne compte même pas la faire voler très haut en réalité. Une fois Andraste en place, Minerva la laisse faire, dardant son regard sur elle, tant pour la surveiller que pour s’enquière de ses réactions. Evidemment, dans le fond, elle a bien envie qu’Andraste s’amuse un peu. Mais elle ne s’en offusquerait pas si ce n’était pas le cas. Mais c’est en sentant le corps d’Andraste trembler qu’elle coupe court à tout espoir. Immédiatement, elle s’inquiète.
« Andraste ? » lui demande-t-elle, l’inquiétude dans la voix. Témoins de la panique de la blonde, Minerva décide alors de prendre les commandes et les fait redescendre le plus doucement possible pour ne pas faire paniquer davantage Andraste. A peine les pieds posés par terre, la métisse saute agilement du balais et se place devant Andraste.
« Hé, c’est bon. On est sur la terre ferme… » Qu’est-ce qu’elle doit faire devant quelqu’un qui panique ? Elle essaie de se souvenir de ce que sa mère fait avec un dragon qui se sent menacé mais elle se dit que ça n’aide pas vraiment. Andraste n’est pas un dragon et elle aurait l’air idiote à faire des gestes étranges et parler en écossais pour apaiser Andraste. Mais Minerva se sent coupable. Elle veut faire quelque chose. Posant sa main sur l’épaule d’Andraste, Minerva vient prendre la main de la jeune fille et la poser sur sa poitrine au niveau de son cœur.
« Respire, Andraste. Cale-toi sur mes respirations… » souffle-t-elle avant de se mettre à respirer plus fort et longuement comme pour s’apaiser elle-même. Essayant de ne pas se mordre la lèvre, Minerva attend qu’Andraste aille mieux.
« Je suis désolée, Andraste. Je n’avais pas compris que tu avais peur du vide… »

Minerva ne peut s’en empêcher : elle culpabilise parce qu’elle n’a pas vu. Mais enfin, pourquoi Andraste a-t-elle quand voulu monter sur le balai alors qu’elle savait qu’elle avait peur du vide ? Une seule réponse cependant vient à la métisse : elle aurait dû être plus vigilante. Son regard darde la belle blonde, inquiète, blonde qui s’asseoit par terre littéralement. Minerva vient s’agenouiller en face d’elle mais elle est embêtée, elle ne sait pas bien quoi faire. Fallait-il attendre que cela passe ? Non. Elle ne peut tout simplement pas la laisser comme cela, ce n’était pas possible. Alors elle la guide naturellement, tente de l’apaiser comme elle peut. Finalement le corps d’Andraste s’allonge dans l’herbe et Minerva s’assoit à côté d’elle sans oser trop rien dire. Quand la Lestrange lui dit qu’elle va rester comme cela, Minerva ne répond rien. Elle préfère la laisser se calmer et se remettre de ses émotions.
« Pour toujours. »
Elle se mord encore la lèvre plus fort parce que dans le fond la manière dont elle le dit est drôle. Mais Minerva ne veut pas qu’elle pense qu’elle se moque d’elle, au contraire. Elle trouve cela enfantin et touchant, vrai. Et c’était rare de voir Andraste Lestrange vraie. De sa mémoire, ce n’était jamais arrivé en réalité. Pour autant, Minerva se doit de s’excuser. C’est plus fort qu’elle. Le corps fin d’Andraste se relève alors et l’observe, visiblement un peu perdue :
« tu es désolée. pourquoi? »
« Parce que j’aurais dû faire plus attention. »
Sur le visage de Minerva, il y a cette petite fermeté. Elle a toujours voulu bien faire, Minerva, parce qu’elle a toujours donné le meilleur d’elle-même dans tout ce qu’elle faisait, dans ses relations aussi. Alors, ne pas avoir compris qu’Andraste pouvait avoir peur du vide ça la met en colère contre elle-même quand bien même savait-elle dans le fond qu’elle n’aurait pas pu le deviner. Andraste n’avait rien dit en ce sens.
« je n’ai rien de grave. en plus, c’est de ma faute. je ne t’ai rien dit. ne t’inquiète pas pour moi. »
Le sourire d’Andraste. Minerva a le cœur qui bat plus vite et elle sourit à son tour, un peu rassurée mais toujours vigilante. Son cœur rate un battement en sentant sa main sur la sienne et naturellement, sans trop réfléchir, Minerva la prend aussi et la caresse.
« je voulais seulement passer du temps avec toi. »
Si Minerva avait pu rougir, elle l’aurait fait mais elle se contente de sourire, un grand sourire et souffle sincère, la regardant dans les yeux :
« Moi aussi. »
Elle se mord encore la lèvre mais ne lâche pas la main d’Andraste. Un brin de vent passe et le parfum d’Andraste arrive jusqu’aux narines de Minerva. Elle sent bon. Et elle ne sait pas trop ce qu’il lui prend mais elle est irrémédiablement attirée par ses lèvres. Minerva approche alors sa tête. C’est comme une impulsion, l’envie de juste savoir ce que ça fait de l’embrasser, si elle va avoir le même baume au cœur que quand elle voit Abelforth. Volonté de Gryffondor et courage trop lourd, Minerva vient effleurer de ses lèvres les lèvres d’Andraste.
Et ça fait boum dans sa poitrine.
Un gros boum qui l’ébranle autant que ça la libère.
C’était tout ce dont elle avait besoin.
Maintenant, elle est entière.

Les lèvres d’Andraste sont douces. Elles sont douces mais il y a quelque chose de plus. Une sorte d’électricité qu’elle comprend sans trop comprendre. Elle devine Minerva, que dans son cœur et dans sa tête, jusque dans son corps même, c’est comme si elle venait de rétablir quelque chose d’important. Embrasser Andraste, c’est ressentir qu’elle est entière et complète, que tout est à sa place. Elle n’éprouve pas de honte parce qu’elle ne comprend pas pourquoi est-ce qu’elle aurait honte. Elle sait bien que pour beaucoup ce n’est pas normal ce qu’elle a osé faire, que c’est même dégueulasse. Mais elle, elle a envie de le faire et elle espère de tout cœur, le palpitant battant qu’Andraste ne va pas la repousser.
Alors, quand elle s’écarte les yeux encore fermés, l’excitation et la peur en même temps au bord des lèvres, elle se demande si elle veut vraiment rouvrir les yeux. Voir le dégoût dans les yeux d’Andraste, ça va lui faire mal. Elle le sait. Mais ne pas l’affronter, c’est se nier aussi. Alors, elle rouvre les yeux. Si Andraste veut la gifler, elle peut, Minerva ne dira rien. Elle se demande aussi si Andraste ne va pas le dire à tout le monde. Qu’est-ce que ça lui ferait ? Elle sait que beaucoup de monde va mal réagir mais elle ne se laissera pas faire. Elle ne se laisse jamais faire, Minerva. Ses billes sombres rencontrant les billes claires d’Andraste sont dans l’attente. Et c’est avec un soulagement inestimable que Minerva observe Andraste sourire vraiment. Et qu’il est beau ce sourire dans la cacophonie de son cœur qui bat maintenant de fierté.
Les doigts clair caressent sa main matte et Minerva voit de nouveau Andraste s’approcher et l’embrasser.
Elle a envie de pleurer de joie et de soulagement et ressent la même chose. Un boum dans son cœur et des papillons dans le ventre.
Minerva est amoureuse comme l’adolescente qu’elle est et elle est amoureuse d’Andraste.
« C’était bien ? »
Rougissement de Minerva qui pourtant n’arrive pas à détacher son regard d’Andraste et sa main se serre sur la sienne.
« Oui, c’était plus que bien. »
Elle n’a pas encore les mots, Minerva, ne sait pas trop comment dire ce qu’elle ressent. Mais elle ressent et c’est le plus important. Et la suite ? Elles font quoi maintenant ? Est-ce que cela veut dire qu’elles sortent ensemble ? Est-ce qu’elle a envie d’être la copine d’Andraste et qu’Andraste soit sa copine ? Oui, elle aimerait bien. Elle n’a jamais vu deux filles sortir ensemble et elle se doute bien qu’elles vont devoir être discrètes. Elle repense à Albus et aura envie de tout lui raconter parce que lui doit bien comprendre, elle le sait.
« je crois que je t’aime bien. »
Le palpitant de Minerva bat fort et alors elle répond en regardant dans les yeux Andraste :
« Moi aussi. Je t’aime plus que bien même. »

(…)

Ca ne fait que quelques semaines qu’elles se voient en cachette. Minerva aime bien cela, c’est drôle de faire attention. C’est tout nouveau en fait et elle a l’impression que ce qu’elles vivent n’appartient qu’à elle. Mais parfois, quand elle voit les autres couples, hétérosexuels, s’embrasser, elle se dit qu’elle aimerait bien embrasser Andraste devant tout le monde mais qu’elle ne peut pas. Alors, pour l’instant, elle se dit que c’est mieux comme cela. En public, elle tente de ne pas faire trop attention à Andraste. Après tout, elles ne sont pas censées être meilleures amies et à peine se parler. Pourtant, Minerva veille sur elle de loin.
Ce jour-là, elle est sortie à Pré-Au-Lard avec ses copines de Quidditch et elles ont décidé d’aller aux Trois Balais. Minerva a énormément ris et discuté et c’est bien amusée. Elle aurait aimé pourtant qu’Andraste, qui était plus loin avec son propre groupe à elle, les rejoigne. Elle est persuadée qu’Andraste aurait pu s’amuser aussi avec elles. Mais elle finit par rentrer en respectant le couvre-feu, bras dessus, bras dessous avec une des filles. Finalement, Minerva leur dit qu’elle a quelque chose à faire et elles se séparent. C’est finalement, silencieuse, que Minerva va à leur endroit pour attendre, comme d’habitude Andraste.
La salle est poussiéreuse mais Minerva sait qu’elle ne sera pas utilisée avant le lendemain et qu’elles ont quelques heures devant elles. C’est suffisant et elle a hâte de voir Andraste. Alors, patiemment, elle décide d’attendre Andraste en se plongeant dans ses notes. Elle a commencé à faire ses recherches pour devenir animagus et elle veut que sa mère l’aide. Lysander voudra aussi sûrement commencer avec elle les entraînements. Cela voudra dire passer moins de temps avec Andraste. Mais elle comptait tout lui expliquer et elle était persuadée qu’Andraste comprenait. Après tout, c’est important pour elle de devenir animagus.