four seasons (horace)

Le 5 octobre 1914, Notting Hill. Les phalanges de Dumbledore font tournoyer une cuillère en argent dans une tasse emplie de Earl Grey, comme à son habitude. Il est fidèle aux thés floraux et raffole toujours de ceux d’Horace. Plus qu’une coutume, le partage du thé est un rituel pour les deux dandys. A l’astre déclinant, ils se retrouvent, faisant honneur au souvenir de leurs jeunes années à Poudlard. Il s’agit d’un moment privilégié en compagnie de l’autre, au cours duquel ils conversent, refont le monde. Horace et Albus font partie des précurseurs de ce qu’ils appellent la Renaissance sorcière, un courant contemporain qui propulse leurs semblables et la magie toujours plus haut. Toujours plus loin. Les deux ambitieux ont encouragé plus d’un londonien à s’élever avec eux au-dessus de la mêlée et, ici encore, le phénix et le serpent alimentent la même dynamique. Ils causent, un sourire aux lèvres. Pourtant le visage d’Albus dénote. La lueur, d’habitude pétillante au fond de son regard, n’est plus. Emportée avec sa magie pendant les noces Black. La perte de mémoire infligée par Nicolas s’ajoute aussi à la liste des malaises de colosse désargenté. Poussant un soupir, Albus pose son breuvage sur la table basse. Il s'accoude ensuite au fauteuil de velours et lève les yeux au plafonnier. Quelques secondes plus tard, il souffle à son meilleur ami : “Certains empoisonnés ont viré obscuriaux...” Un frisson lui parcourt l’échine. Il songe au cas d’Orfeo Lovegood en se mordant la lèvre inférieure, visiblement nerveux. Et s’il finissait moldu jusqu’au restant de ses jours, voire pire, qu’il suivait le chemin d’Ariana ? Tout cela le travaille et le besoin de se confier au potionniste grandit. “Horace, c'est la Grande Bretagne qui a besoin de toi. J’ai besoin de toi.” Les ambres du gallois se perdent un instant dans les siennes, cherchant une réciproque. “Cela fait déjà un mois et nous n’avons pas avancé. Pourrais-tu te joindre à Elisabeth et l’aider dans ses recherches ? Il faut trouver un remède à ce fléau avant que nous soyons tous bannis du monde magique… Qui mieux que toi pour le faire ? Bien évidemment, ton nom serait encensé par mon département auprès de la presse et ton salaire actuel se verrait doublé.” Les affaires sont les affaires. Il connaît l’autre par coeur et n’hésite pas à tirer plusieurs cordes pour le convaincre. Sa voix grave traduit aussi une inquiétude ravalée plus d’une fois, qu’il ne peut ignorer. Jusqu’à présent, le sans magie n’a rien caché de Slughorn. Ce jour ne sort pas de l'ordinaire ; il se confie ouvertement à lui, ne gardant toujours aucun secret de son ami. “J’ai aussi une deuxième offre à te faire, serpent.” Le surnom est inchangé depuis leur rencontre chez Ollivander. La moue pincée, il fléchit les genoux et approche de l’anglais, écartant délicatement le service à thé qui les sépare. “Gellert et moi pensons que la Coalition est infestée par des traîtres. On a tous les deux besoin de personnes de confiance, et naturellement tu es la première personne à qui j’ai pensé. Tu es mon meilleur ami, Horace. J’aimerais te compter parmi nos rangs. Qu’en dis-tu ?” Détresse risible au fond de l’oeil. Dumbledore ne sait plus rien de l’Ordre ou des derniers événements. Oublietté, il tend une paume vers lui, attendant sa réponse comme la pluie.

CODAGE PAR AMATIS
AVATAR PAR BATTERY FOX