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 The velvet hour {Alaric}

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Adela Black
sans camp
Adela Black
crédits : Ondine (avatar) ; 0stara (profil)
face claim : Eva Green
pseudo : Ondine
The velvet hour {Alaric} Ererffeefefef
études : Couronnée lionne en 1881, son mariage et sa première grossesse l'année de ses 16 ans l'ont empêchée d'achever sa scolarité à Poudlard.
particularité : Maudite d'une sombre clairvoyance, Cassandre déclinant ses visions nébuleuses en migraines et nuits blanches.
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Message (ϟϟ) Sujet: The velvet hour {Alaric}   The velvet hour {Alaric} EmptySam 18 Juil - 0:45


NOUS AURONS DES LITS PLEINS D'ODEURS LÉGÈRES
DES DIVANS PROFONDS COMME DES TOMBEAUX,
ET D’ÉTRANGES FLEURS SUR DES ETAGERES...



De tristes mauves en bleus mélancolies, les délicates nuées d'iris alanguissaient leur flore au clair-obscur de leurs jardins de pluie. Il bruissait dans leurs feuilles la fraîcheur chuchotée d'une brise anglaise, parfumant de murmures poudrés l'errance d'Adela Black dans l'éden oublié de Blackmoor House. Le vent, soutirant soupirs aux parterres et pâmant à son gré les plus sauvages des roses trémières, avait escorté l'averse avec tant d'ardeur que ses précieux iris avaient manqué d'y succomber ; pour ne perdre rien de leur grâce, elle en avait cueilli les tiges à la pâleur de doigts sensibles, quittant l'alcôve de leur petit salon pour en lover contre elle la brassée volubile sitôt l'ondée tarie. Les pétales constellées de pluie blottissaient à présent toute leur douceur de soie contre la peau nue de ses bras, tandis qu'elle observait du noir de ses pupilles celui du sépulcral orage à poindre ; déjà le ciel s'accablait de nuages sombres, et l'air fleurait bon le tourment à l'avènement de leurs pénombres. Qu'il pleuve, et que les bosquets s'en inondent ; jamais ils n'embaumaient plus subtilement qu'après les pleurs de l'onde, aussi luisants d'humidité que l’œil brillant de sanglots enlarmés. La terre exhalait en volutes l'haleine fragrante de ses rinceaux de limbes, estompant de vapeurs nacrées jusqu'aux pourtours sinueux du sentier ; des landes cette brume était née et des landes elle se déversait, embuant jusqu'aux verrières trahissant l'impérial profil d'Alaric, occupé au salon par les pages de quelque lecture. Lorsqu'une goutte de pluie rida la flaque au pied du grand bouleau et que l'horizon morne gronda de sinistres présages, lorsque la bise s'infusa d'eau et fit frémir le lierre sans âge, Adela regagna sans empressement l'abri de leur précieux manoir. L'espoir se mussait secrètement dans le souffle de soulagement qu'elle expira, comme si les affres rédempteurs de l'orage suffiraient à la purifier de son propre coeur. Tandis qu'elle arpentait sereinement le chemin, le brouillard déferlait à marée grise depuis le fer forgé du grand portail ; des confins du jardin il ouvrait sur les vastes landes, hantées à chaque bruyère de funèbres légendes, et leurs revenants marchaient à pas spectral derrière ceux de l'épouse qui revenait à son mari.

Aucun ne se traînait à ses chevilles lorsqu'elle franchit le seuil de Blackmoor House, pourtant, et aucun n'accueillit à gorge d'outre-tombe la maîtresse de maison. Nul esprit ne s'éternisait ici, nul aïeul n'avait subsisté ; les seuls fantômes à susurrer encore la quintessence leurs mémoires demeuraient le plus intime de leurs propres souvenirs. Pour le meilleur, comme pour le pire... Cette maison avait chéri l'un et subi l'autre, en des tempêtes plus noires que celle qui tourbillonnait au-dehors. Les murs s'étaient décousus de leurs déchirures et suturés de leurs sourires, jusqu'à ce que cesse de trop s'effilocher le fil de leurs noces - tissées d'un sombre amour, bouquet fatal dont le manoir avait goûté tous les poisons et contemplé les plus fiévreuses des floraisons. Il était seul à en être l'écrin, ils étaient seuls à en détenir la clé. Aux arabesques spiralées du papier peint, aucun ancêtre n'émettait jugement depuis l'or chantourné de son portrait ; aucun ne pouvait témoigner l'enfer de leurs disputes, pas un n'avait toisé le désespoir d'Adela lorsque Alaric avait élu ces lieux pour ceux de sa convalescence, à l'abri des regards après qu'elle ait voulu mettre fin à ses jours. Personne ne l'avait observée lui annoncer sa seconde grossesse, dans le secret feutré de leurs draps. Personne ne lui avait dérobé le sourire qu'il lui avait dédié, alors... Seuls vastes paysages et natures mortes adornaient là leur quotidien, promesse d'un calme tout précieux où leur exil puisait toute son essence - comme s'il avait fallu pour qu'ils s'entendent enfin, que règne le silence.

Presque paisible tandis qu'elle rejoignait le monarque au petit salon, elle en entrouvrit les vantaux de bois sculpté et s'apprêtait à les clore lorsque la sollicita respectueusement la voix parcheminée de Martha Bellingham. La domestique, ancienne et loyale sang-mêlée dont la famille œuvrait depuis bien des générations au service du clan Black, lui remit une missive cachetée tout juste arrivée par hibou à l'ancestrale volière. Fronçant les sourcils tandis qu'elle prenait possession du pli, la matriarche la congédia non sans prodiguer d'ultimes instructions pour la soirée et les pas de Martha s'effacèrent, discrets contre le lustre du parquet que son vieil âge avait verni, disparaissant de la vue du couple sans oser leur tourner le dos jusqu'à ce qu'Adela ferme la porte. Considérant la lettre à mandorles d'emblée défiantes, elle haussa l'arc ébène d'un sourcil à l'attention d'Alaric.

"S'il s'agit encore de cet ambassadeur parisien, j'aurai plaisir à lui servir un cru vendangé de mes propres vignobles. Cela serait toujours plus savoureux que cet infect bordeaux qu'il s'obstine à vous offrir", prédit-elle en y glissant une touche de français, tout en examinant l'importune intrusion épistolaire sous un angle nouveau. La cire s'estampait glorieusement de l'insigne du Ministère, prisant sans doute les éclairages urgents d'un de ses directeurs les plus éminents. Sans bruit contre l'épais tapis, Adela ne lui abandonna le courrier que pour glisser la caresse rare et furtive d'une main compatissante sur son épaule ; elle le savait tenir en pure horreur les ingérences dans ce cocon qu'était Blackmoor.

"Dois-je faire regraver nos alliances au sceau du Ministère, ou pourrons-nous jamais prétendre à quelque espoir d'accalmie ?" glissa la sorcière en une lassitude impertinente. Ses doigts graciles de céleste pianiste arrangeaient la langueur sucrée de son bouquet dans une somptueuse aiguière, dont les gravures d'argent se redessinèrent aussitôt par enchantement pour adopter toute la sveltesse des feuilles d'iris.  Affectant d'être absorbée par la délicatesse de sa tâche, drapée de grâce en ses dentelles arachnéennes et soieries jades, elle faufila son nez jusqu'à la lisière des pétales avant d'en inspirer l'arôme subtil. Dehors commençait à gronder l'orage, et l'aura vespérale se colorait de nuit."Je caressais la folle idée de pouvoir tant soit peu vous accaparer, mais peut-être ais-je péché par audace..."

Alors qu'elle inclinait sensiblement l'ovale diaphane de son visage vers son mari, dont elle embrassa d'un regard toute l'austère élégance des traits, l'ombre d'une moue légère folâtrait sur l'ourlet de ses lèvres ; dissimulant le soulagement de n'avoir pas reçu un pli estampillé de Sainte-Mangouste annonçant quelque affreuse nouvelle concernant leurs enfants, et sans rien cacher de son désamour le plus absolu pour l'intrusion d'un monde d'acier dans leurs noces de velours.


Dernière édition par Adela Black le Dim 23 Aoû - 0:05, édité 2 fois
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Alaric Black
coalition sorcière
Alaric Black
crédits : myself (avatar) drake (code signa) gramsci (quote) gif (tumblr) vocivus (icons)
face claim : richard handsome armitage.
pseudo : sarah.
The velvet hour {Alaric} E6bGJyD
études : serpent parmi l'élite estudiantine de poudlard. (1876 //1883)
particularité : magie sans baguette, les sentences incantatoires crachées à la gueule sans remuer les babines.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: The velvet hour {Alaric}   The velvet hour {Alaric} EmptyLun 20 Juil - 20:39



si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ? — @adela black  
Lamentations orageuses d'un ciel en proie aux sanglots, endeuillé par la disparition précoce d'un été qui ne trouvait guère beauté dans les yeux d'un roi qui portait la bannière des saisons mortes — des jours enténébrés où le soleil prétendait se lever pour chasser les ombres méphitiques de la nuit avec lesquelles il avait pactisé. Rétines qui fixaient les cieux s'assombrir en expectorant des fumerolles de ses narines tout en appréciant enfin l'exil marital loin des responsabilités. Silence de mort assourdissant en fermant ses paupières, la naissance d'un sourire reconnaissant d'être aujourd'hui loin des parasites citadins. Adela dans sa jungle florissante qu'il apercevait au loin, absorbée à faire mûrir les fleurs du mal de ses serres empoisonnées, le patriarche fût alors rejoint par le vieux gardien sang-mêlé qu'il blâma intérieurement de venir profaner les soupirs d'une nature avec lesquels il aimait communier. Palabres ennuyeuses d'un jardinier bien trop heureux de vanter à son employé la verdure entretenue d'un domaine pourtant condamné aux larmes diluviennes d'une averse sur ces terres de pluies. Le Cerbère tirait sur sa pipe, feignant un intérêt pour le travail ingrat du vieux sang-mêlé à qui il partageait une œillade faussement intéressée. Fier le manant souillé de montrer au dynaste saturnien le labeur de longs mois à entretenir les espaces verts de la propriété, le monarque lui donna une tape sur l'épaule, comme-ci il flattait un chien loyal et l'abandonna à son triste sort sous les grondements d'un empyrée en ébullition. Du silence et de la quiétude comme seuls fantômes de cette maison qui renfermait bien des secrets. Des sourires tristes aux œillades embrumées d'autrefois, Blackmoor s'était bâti sur les rires et les pleurs d'un roi et d'une reine qui se retrouvaient presque trois décennies après leur mariage dans ce temple dédié aux ébats passionnés et à l'intimité. Loin des coursives étriquées du Square et du bureau austère du Ministère, Alaric aimait retrouver le temps de quelques jours un semblant de paix en compagnie de son épouse. Une femme occupée à esthétiser les pièces de la maisonnée de ses nombreux bouquets dont les effluves étaient bien fades en comparaison à la fragrance qu'elle laissait derrière chacun de ses passages enivrants — reine de beauté.

D'un geste impérieux, il retira sa veste de costume qu'il confia à Martha en rejoignant le petit salon pour s'installer sur un fauteuil chesterfield capitonné en cuir marron, décochant un instant le bec de sa pipe d'entre ses dents pour la laisser se reposer sur son portant en poussant un soupire d'aise. Peu habitué à ne rien faire, le sang-pur redécouvrait le plaisir de procrastiner loin de ses prérogatives de directeur, de père mais certainement pas de mari. Absorbé par un ouvrage d'alchimie que Monsieur Flamel lui avait conseillé, la présence de sa reine vint indubitablement le faire sortir de ces pages usées, relevant son œillade cérulée sur les formes féminines de sa douce qui faisaient déjà naître en lui l'envie de la soumettre sous le poids de ses baisers. Fin de sourire sur des babines amusées après les remarques de Adela, il réceptionna la missive d'un aire lasse en l'ouvrant doucement pour en étudier le sujet. « Si seulement il n'y avait que le bordeaux d'infect. L'arrogance française du ministère des Affaires Magiques est tout aussi indigeste.   » Rétorqua-il en parcourant en diagonale la missive, manifestement ennuyé tandis qu'il abandonnait le courrier sur une table d’appoint après avoir passé une main furtive dans sa barbe noire. Alaric ne parlait jamais de ses activités professionnelles, gardien du secret et surtout peu désireux d'ennuyer son épouse avec de la politique. Le regard presque rieur à l'écouter lui chanter quelques remontrances visant certainement à le faire culpabiliser, il porta à ses lèvres un verre de whisky qui vint délicieusement enflammer sa trachée. « Quel piètre époux je fais pour vous Adela, vous m'en voyez fort navré. » Il tira une dernière fois sur sa pipe avant de l'abandonner pour la soirée en sachant que l'odeur du tabac grillé incommodait sa femme, il était désireux de lui offrir un peu de quiétude pendant ce petit séjour improvisé.

La nuit était tombée et Blackmoor demeurait le dernier rempart face à l'obscurité d'un domaine happé par les ombres,  les dernières chandelles fébriles de l'existence sans cesse en proie aux ténèbres glacés d'une romance passionnée que le vent s'évertuait à vouloir souffler. Alaric se leva alors, s'approchant d'un secrétaire pour y dérober un trésor dissimulé un peu plus tôt à son arrivée loin des iris curieuses de sa bien aimée. Il profita du dos tourné de la vénusté pour venir la surprendre, penchant son visage pour décorer son noble cou de tendres baisers si rares mais distribués en toute sincérité. « Ceci ne vous rendra certainement pas toutes ces heures perdues loin de moi pendant lesquelles vous avez contemplé la ronde lancinante et infernale des aiguilles de l'horloge du temps ... Mais quand je l'ai vu, il m'a indubitablement fait penser à vous. » D'un geste gracile, il vint alors magnifier le décolleté de sa femme d'un énième bijou visant à se faire pardonner mais aussi à lui montrer que malgré les estafilades des années pluvieuses entre eux — l'éclaircie n'était jamais loin pour chasser de leur mariage ces affligeantes aubes élégiaques. Un collier somptueux, hors de prix et enchanté dont les pierres précieuses et cristaux changèrent instantanément de couleurs au contact de sa peau pour épouser la teinte de sa robe. « Inaltérable, mystérieux et sublime. A votre image ma chère, j'espère qu'il vous plaît ? Pas d'enfants, ni de Ministère pour nous déranger et loin du vacarme de Londres — je vous suis dévoué, je suis vôtre. » Le Colosse se décala pour la laisser s'admirer en ne s'attendant pas à des effusions de joie, certainement pas après tous ces chapitres entre eux à lui offrir des cadeaux hypocrites pour lui faire oublier ses incartades de conduite et certains vœux de leur mariage qu'il avait honteusement déshonoré. Sa démarche était sincère, désireux de pouvoir la combler et de faire de sa reine des épines la plus belle rose noire des jardins de la création — la sienne — son amour empoisonné, sa douce folie.

après ta lecture gourgandine !:
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: The velvet hour {Alaric}   The velvet hour {Alaric} EmptyMar 25 Aoû - 0:52


NOUS AURONS DES LITS PLEINS D'ODEURS LÉGÈRES
DES DIVANS PROFONDS COMME DES TOMBEAUX,
ET D’ÉTRANGES FLEURS SUR DES ETAGERES...



Dans l’onde de la nuit se dissolvait l’épais brouillard, diluant sa grise opalescence au bleu fuligineux d’une palette nocturne et les plus vespérales de ses nuances. Aux fenêtres les brumes se dessinaient, pressant le flou spectral de leurs silhouettes contre les verrières effilées jusqu’à les embuer de soupirs ; scrutant la tiédeur du petit salon depuis le jardin froid et l’opacité creuse de leurs prunelles vitreuses, tapis derrière le velours des tentures, les fantômes des rancœurs passées  cherchaient pour s’infiltrer en leur manoir la faille qui n’y existait pas. Arrangeant à doigts nonchalants la grâce de sa composition florale, Adela ne leur adressa qu’un regard impérieux pour tout avertissement ; si les murs étriqués du Square Grimmaurd semblaient irrémédiablement peints à l’amer de leurs querelles, si ses coursives enténébrées chuchotaient encore en écho leurs déchirures, les revenants de leurs plus noires amours n’avaient pas droit d’asile à Blackmoor House. Seul l’un d’entre eux parut subsister un instant, hésitant, tandis que dos à son mari elle ne prétendait s’absorber dans l’agencement de sa brassée d’iris que pour mieux écouter ses déplacements toute en silence et feinte indifférence - guettant le parchemin froissé et le grattement de plume qui trahiraient sa réponse immédiate à la missive, craignant qu’il n’abandonne déjà le costume de l’époux pour revêtir celui du directeur.

Lorsque l’assurance des pas d’Alaric soutira au parquet quelques discrets craquements lustrés, Adela résignait déjà ses espérances pour leur soirée en présageant, désappointée, qu’il ne la rejoignait sans doute que le temps de quelques excuses avant de sacrifier sa compagnie pour celle du Ministère. Mais les regrets courtois qu’elle s’apprêtait à recueillir s’avérèrent l’apanage de sa pure imagination, alors que s’estompait dans l’air l’odeur de ce tabac qu’il délaissait pour elle, que son souffle s’échouait contre sa nuque et qu’enfin, renonçant, l’ultime spectre de ses appréhensions se dissipait jusqu’en l’exil maudit des landes pour ne laisser en son sillage que la plus séduisante des vérités ; Alaric serait  l’unique à pouvoir prendre possession d’elle, et elle serait la seule à  le hanter.

Des ombres mortes du passé il ne demeurait rien sous ses baisers, tièdes et vivants, roi conquérant le cou d’ivoire qu’elle lui cédait à la faveur d’une diplomatie caressante, savourée à paupières brièvement closes et d’un sourire feutré qu’il ne vit pas. Tricheur. Jamais elle n’avait su y résister. Soudain cette ronde lancinante et infernale des aiguilles de l'horloge du temps interrompait son odieuse litanie, le compte à en perdre patience des heures sans lui et de jalousies à en perdre l’esprit -  l’instant présent se suspendait en précieux pendentif au collier de baisers qu’il lui ciselait à même la peau, avant qu’il ne l’en ceigne d’un tout autre d’un geste délicat. Mussant son plaisir surpris face au somptueux bijou dans un souffle ténu, la sorcière sentit aussitôt veiner l’albâtre de son cou le secret d’un frisson, né du contact des gemmes encore froides et des mots insensés qu’il lui dédia.

"Vous me gâtez", concéda-t-elle en l’imperceptible arabesque d’une moue faussement réprobatrice, tandis qu’il décalait son austère silhouette afin de lui laisser loisir d’en apprécier l’effet d’ensemble sur la sienne. La pulpe de ses doigts égrenaient leur admiration songeuse au gré des cristaux raffinés, chapelet de magnificence dont les  reflets déjà changeants sous le prisme des chandeliers s’infusèrent sans tarder des nuances profondes de sa propre robe. Saisie, elle contempla l’ensorcelante beauté de l’enchantement dans l’immense miroir du trumeau sous le regard attentif du monarque ayant serti d’orfèvrerie son port de reine, sans doute aussi sensible qu’elle à la façon dont l’opulence du luxueux bijou soulignait l’élégance gracile de sa femme sans l’effacer sous sa préciosité. Alaric avait toujours su choisir ses présents avec le goût certain des gentlemen, indiscutable pertinence propre aux plus nobles connaisseurs des arts et de la gent féminine. Cent fois déjà ses doigts avaient repoussé ses cheveux d’ébène pour dévoiler la nuque, ajustant là une chaîne d’or à la finesse arachnéenne, scellant ici le profil d’un camée d’agate ; certains d’entre eux n’avaient reçu pour seul remerciement que le mépris blessé de maillons brisés, foulés à terre comme il lui avait piétiné le cœur, traités aussi piètrement que sa propre fierté et leur mariage aux insupportables tourments de leurs pires années. D’autres n’avaient été que l’apparat de parures éphémères, déliés sitôt arborés, sacrifiés sur l’autel de leurs réconciliations aux exigences de corps à nu, furieux de ne plus savoir comment s’appartenir. Il ne s’agissait pas de la première fois qu’il s’adonnait pour elle à telle folie, loin s’en fallait ; mais Adela chérissait déjà le collier parmi ses favoris tant miroitaient dans ses facettes la sincérité troublante de son mari.  

Délaissant le reflet pour lui préférer l’homme,  elle esquissa un volte-face et cueillit dans sa paume l’angle affûté de sa mâchoire, ligne parfaite qu’aiguisait plus encore sa barbe parfaitement taillée. "Il est superbe… Je vous soupçonnais parfois d'être déraisonnable, mais cela dissipe mes derniers doutes". De doutes n’en subsistait aucun tandis qu’elle effleurait des siennes les lèvres d’Alaric,  prisant en un baiser l’effluve masculin qui s’y attardait comme pour l’accaparer ; sombre alchimie de l’ambre tourbé du whisky et de tabac fragrant, l’arôme fugace de son parfum grisant. L’embrasser trop sagement pour mieux s'en faire languir, vénéneux romantisme. Goûter contre sa bouche au poison de leur égoïsme.

"Dévoué et mien... Quelle imprudence, Alaric. Si vous n'y prenez garde, j'y prendrai grièvement goût." Murmures contre ses lèvres, augurant de quelque sentence dût-il être parjure à ses serments - promesse scellée par l'obscure rose des Black en un baiser trop éphémère pour être assez.

L'azur de ses mandorles s’ancra aux cérulées de son époux comme pour se gorger du regard qu’il portait sur elle, du sentiment aussi réconfortant que terrifiant que leur clarté limpide suffirait un soir à la dénuder, délacer ce corset de mensonges qu’elle s’obstinait à resserrer jusqu’à l’étranglement, à ne plus savoir comment ressusciter son souffle autrement qu'en l’échouant dans celui de son roi. D'un geste aux délicatesses possessives, Adela apposa une main où scintillait l’argent de son alliance sur la chemise du sorcier, contre son torse, à deux doigts de ce cœur qu’elle s’était rendue malade de vouloir faire sien. Il palpitait, puissant, vantant si bien l'intense ardeur de leur mariage qu'elle aurait pu céder au désir fou d'y croire. Lorsque se déliait l’adamantin de cet incorruptible masque qu’il portait au quotidien, si pur et terriblement dur, le charme grave qu’il déployait dans l’intimité de Blackmoor confinait à la cruauté tant il était facile de s'y abandonner. Ses doigts glissèrent du cœur jusqu'aux soies de sa lavallière, dont elle lissa nonchalamment l'étoffe tandis qu'une lueur impertinente infusait ses yeux.

"Peut-être même succomberais-je à la tentation de vous garder captif ici en ma seule compagnie, jusqu'à être en tous points certaine que vingt-neuf ans ne vous en ont pas lassé. Prisonnier de Blackmoor et de votre épouse... Qui sait seulement ce qu'il adviendrait de vous ?" s'amusa-t-elle en haussant l'arc d'un sourcil, sourire bientôt fané lorsque la soliflore se détourna de son empereur pour adorner son imparfait bouquet de deux derniers iris. L'obscur pourpre de leur pétales confinait aux ténèbres violacées, si sombres qu'ils en semblaient noirs contre la joue d'opale qu'Adela nicha en leur sein. Inspirant la douceur de leur fragrance poudrée, elle les glissa dans le vase argentin en n'adressant plus que vestiges d'un sourire mélancolique à Alaric.

"En vérité, je n'aspire à rien qu'à d'égoïstes accalmies. Nous avons affronté suffisamment d'orages, vous et moi."

Et elle ne se sentait la force d'en affronter aucun, sinon celui qui désormais foudroyait de tonnerre grondant la lande anglaise. L'averse diluvienne abattait sur Blackmoor les crépitements de sa berceuse, constellant les verrières qu'illuminaient en clair-obscur les lumières crues d'une pluie d'éclairs. Elle préférait s'abandonner aux affres violents d'une telle tempête que repenser à l'aîné qu'elle avait détruit pour sauver le père, au cadet qui la détestait, au benjamin qu'elle ne parvenait pas à sauver de ce damné don - pas plus qu'elle n'arrivait à s'en sauver elle-même, accablée de migraines et d'insomnies, de nébuleuses visions sans espoir de répit. Sans plus dire mot, elle demeurait dans l'ombre imposante d'Alaric sans pouvoir réprimer l'espoir qu'une fois encore il sache l'aimer pour ses noirceurs ou en dépit de leurs abîmes - à croire qu'Adela Black ne savait réellement être elle que lorsqu'elle se révélait sienne.
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