(alaric) the winter of our discontent

Palais de Saint Petersbourg, hiver 1912. Un ciel constellé recouvre la russie impériale. Égarées dans le paysage glacé, deux silhouettes s'esquissent au crépuscule. Se rapprochant du palais, les deux étrangers se précisent. Tapis dans l’ombre, ils s’arrachent des ténèbres, les visages éclairés par des lampadaires solitaires. Se présentant au grilles du château, ils portent tous deux une cape ébène et le sceau ministériel britannique est apposé sur la poitrine. Deux gardes approchent d’eux et le plus jeune des deux leur tend un parchemin, prenant l’initiative pour celui qu’il sert. Une habitude pour le briseur de sort qui n’a pourtant plus à faire ses preuves auprès du maître. Ce n’est pas peine d’avoir essayé de le noyer sous une pression dans laquelle il a trouvé la félicité. Le sang mêlé étant devenu une des meilleures flèches de l’arc d’Alaric au ministère. Menant la conversation, les agates mordorées d’Albus s’attardent brièvement sur le Directeur de la Coopération magique internationale sorcière. Alaric Black. Missionnés par Isaiah Shacklebolt, ils sont ici pour faire affaire avec les prophètes russes. “Алексей Иванович Долохов ноу присутствовать.*” La voix grave du gallois se perd dans l’éther. Le russe qui se déverse de ses lèvres est approximatif mais leur décroche le droit d’entrée dans l’aile ouest de la bâtisse. L’échelle monumentale du palais d’hiver laisse le legilimens admiratif un instant. Un bijou baroque élisabéthain sur lequel l’oeil s’attarde un instant avant de se reconcentrer sur l’objet de leur venue. Suivant les patrouilleurs, ils avancent près d’une salle de bal et de la musique retentit. Une valse vaguement familière se fait entendre et les corps s’animent sur le marbre. Une paire de femmes richement habillée rit près d’eux et poursuit sa route.

Les sorciers retirent respectueusement leurs capes et dévoilent des habits étincelants, rappelant un style dont leurs vis-à-vis sont le parfait miroir. Enfin, ils sont parvenus ici. Dumbledore observe calmement son patron et recule tandis qu’ils approchent leur hôte, avant de se courber l’échine en une brève révérence. Un geste d’usage en ces lieux. Il faut bien honorer l'étiquette. “Вотре величество**.” Souffle-t-il. Il attend que le directeur s’adresse au Cassandre, un homme grand et blond au regard d’acier. Menacé par des chasseurs de sorcière qu’ils pensent anglais. Non, la discrétion n’est pas de mise pour les faiseurs de roi et leur apporte bien des malheurs auprès des moldus qu’ils servent sans retenue en leur vendant leurs visions célestes.

*Nous sommes attendus par Alexei IV Dolohov.
**Votre majesté.

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Messagers ministériels encapés de noir, dandys couronnés de roses anglaises et de jonquilles galloises qui échoués dans les venelles impérialistes de la grande Russie — fixaient le majestueux palais endormi sous la poussière diamantaire du règne impitoyable de l'hiver alangui. Le Directeur de la Coopération Magique Internationale accompagné de son plus fidèle employé s'immobilisaient devant les imposantes grilles obsidiennes teintées d'or et de lumière sous le manteau de la nuit — placide devant la garde impériale qui décocha un sourire arrogant de la part du sang-pur en laissant Albus les annoncer. Mandatés par Shacklebot, le roi noir se serait bien passé de cette mission à l'étranger, diplomate qui préférait de loin l'austérité de son bureau aux déplacements officiels — officieux — qu'exigeait ses fonctions d'ambassadeur des affaires étrangères via le territoire anglais. Le bleu glacé de son regard hiémal se posa une dernière fois sur l'empyrée constellé où la famille Black régnait avec ténèbres dans les cieux étoilés, pensée pour les siens, visage fermé. Sa démarche était assurée, point intéressé par les richesses qui l'entourait et concentré sur les raisons qui l'amenait à rencontrer le monarque d'un empire esclave de la souillure et profané par un humanisme émétisant chasseurs de sorciers. Professionnel, aucune émotion ne venait troubler le faciès d’albâtre du géant ciselé dans la perfection aristocratique, sa barbe noire parfaitement taillée et paré d'étoffes luxueuses assorties aux habits du talentueux Dumbledore — ils représentaient le Royaume-Uni et se devaient donc d'afficher le faste de leur pays.

Courber l'échine devant un autre monarque que lui — qu'il méprisait de surcroît — venait douloureusement poignarder l’ego du roi noir autoproclamé, esclave de l'étiquette et d'un protocole qu'il respectait malgré tout. Albus prit alors la parole dans un Russe qui impressionna son patron, lui-même polyglotte, il laissa le Gallois se dépatouiller avec les banalités d'usages tandis qu'il fixait droit dans les yeux le souverain à la chevelure dorée. Point décidé à faire l'effort de parler soviétique, le directeur préféra laisser le soin à Albus de le traduire si Alexei n'était pas assez cultivé pour parler anglais. « Mes hommages, majesté. Alaric Black, directeur du département de la Coopération Magique Internationale du Royaume-Uni accompagné de mon plus talentueux agent, Albus Dumbledore. » Il marqua une pause afin de désigner d'un geste élégant le brun à ses côtés. Affable, éloquent et d'un naturel avenant, il avait cette facilité déconcertante de charmer ses interlocuteurs en usant de la magie des mots et d'un charisme envoûtant. « L'Angleterre n'est pas aveugle, ni sourde et encore moins insensible aux tourments que traverse votre empire et nous nous joignons à vous dans un élan de solidarité afin d'apporter notre aide et consolider l'alliance fraternelle qui lie nos deux nations.   » Calme, le sang-pur se tourna ensuite vers Albus, l'invitant d'un geste de la main à traduire si il le fallait et à partager les raisons de leur venu à Saint Petersbourg après son argumentaire. « D'après les informations de nos diplomates sur place et des enquêtes menées dans le cadre du traité signé sur la collaboration internationale magique entre nos deux pays — décret œcuménique qui autorise l'investigation de nos services au vu de la possible implication de chasseurs anglais sur votre territoire. Je vais laisser mon subalterne vous exposer les faits et l'action que nous souhaitons entreprendre afin d'éradiquer cette menace. » Alaric partagea son regard azuré avec le Gallois après son monologue, l'autorisant à prendre la parole tandis qu'il dévisageait le monarque pour enfin s'autoriser à balayer la salle d'une oeillade critique, peu impressionné par tout ce luxe dégueulé à la gueule des deux émissaires figés dans l'impassibilité du royal flegme — apanage des britanniques.

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La morsure du froid lui intime un frisson. Le visage figé, il traverse l'abîme hivernale aux côtés du directeur de département. La Russie impériale se dérobe sous leurs prunelles, rutilante et mystérieuse. En pénétrant le palais Romanov, des siècles d’histoire se dévoile. Rangeant le bois au fond d’une poche, Dumbledore garde le silence. Les sorciers slaves baignent dans le monde moldu. Une alliance incomprise des britanniques qui ont bataillé avec les sans magie plus que de raison, et ce depuis l’époque médiévale, sombre et ardente, de la chasse. Un mince sourire étire les lippes du briseur de sorts lorsqu’on lui annonce l’objet de leur mission. Les Dolohov font les frais de leur réputation. Poursuivis par des moldus dont le but se résume à l'éradication pure et dure de la sorcellerie. Une menace pour leur espèce qui ne laisse pas le ministère de marbre. On dit que leurs ravisseurs sont anglais. Migrés au nord du globe, après avoir entendu les rumeurs sur les prédispositions du conseiller de Nicolas II. La souveraineté de la dynastie est indiscutable, pourtant, ils forment aussi une cible dérangeante. Exaspéré par l’affaire, Albus darde ses agates dans les billes d’acier d'Alaric. En un regard, ils se comprennent. Alaric a guidé ses premiers pas ministériels, lui prescrivant des tâches d’une robustesse à la hauteur de son ambition. Car Albus voit grand. Albus est grand, le sang-mêlé s’étant élevé au-dessus de la plèbe grâce aux aspirations et à l’insatiabilité de son mentor pour le danger et l’impossible. Un fait marquant, que sa loyauté de lion n’oublie pas.

Il a accepté cette quête sans la moindre hésitation, et tend l’oreille à l’écoute du serpent. Mes hommages, majesté. Alaric Black, directeur du département de la Coopération Magique Internationale du Royaume-Uni accompagné de mon plus talentueux agent, Albus Dumbledore. A l’écoute de l’angliche martelé, l’agent en question contient un rictus amusé. Le jeu de pouvoir subtil auquel l’autre s’adonne ne cesse de l’épater. L'Angleterre n'est pas aveugle, ni sourde et encore moins insensible aux tourments que traverse votre empire et nous nous joignons à vous dans un élan de solidarité afin d'apporter notre aide et consolider l'alliance fraternelle qui lie nos deux nations. A ces mots, les traits du gallois se font compatissants. Il leur faut exprimer l’appétence de Shacklebolt pour un renforcement de l’union russo-anglosaxone. D'après les informations de nos diplomates sur place et des enquêtes menées dans le cadre du traité signé sur la collaboration internationale magique entre nos deux pays — décret œcuménique qui autorise l'investigation de nos services au vu de la possible implication de chasseurs anglais sur votre territoire. Je vais laisser mon subalterne vous exposer les faits et l'action que nous souhaitons entreprendre afin d'éradiquer cette menace. La voix grave du sorcier retentit. Attendant calmement que le silence reprenne ses droits, Albus poursuit alors : “Nous suivons la trace de deux individus de taille moyenne. L’un est moldu et l’autre cracmol. Ils ont fait pas moins de sept morts à travers le continent.” Il tend deux portraits magiques au Cassandre. Les visages des deux hommes se meuvent sur le parchemin. “Majesté, le Directeur et moi-même aimerions vous proposer de leur tendre une embuscade. Notre but étant d’assurer votre sécurité, et de les capturer pour les rapatrier au ministère, où ils seront jugés pour leurs crimes.” Il sort deux fioles de polynectar de sa cape noire. “Avec votre autorisation, nous pourrions tous deux nous faire passer pour vous et emprunter un carrosse.” Il pointe la fenêtre du dextre et la calèche en question. “Bien entendu, nous sommes prêts à aborder, ensemble, des négociations.” Les russes et leur sens des affaires.

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