this is my story - weasley

Allègrement mésestimées par l'ensemble des sorciers, la plupart des créatures magiques étaient considérées comme des êtres inférieurs, de vulgaires animaux, ou encore du bétail dangereux dont on tolérait, à peine, la présence terrestre, en leur extirpant d'innombrables bénéfices, tels une concoction de potion ou encore la fabrication de baguette, en usant de leur essence. Mais malgré une servitude profitable, monétairement parlant, le département des créatures magiques, préférait employer la force, plutôt que la discussion, pour les contenir, omettant volontairement leur faculté de communication, pour les abrutir, les soudoyant au silence, enjoignant cette masse hétéroclite d'individu à courber l'échine, à s'agenouiller sous la magnificence gouvernementale, en se délestant ainsi de tout droit et territoire, au profit d'un joug tyrannique, sanguinaire, grandement renforcé par l'émergence de Gellert Grindelwald. Néanmoins, si Hécate avait de la pitié pour l'ensemble de ses descendants de vélane, de Harpie ou encore de lycanthropes trouvés à arpenter leurs terres, en quête d'un refuge nocturne, ou d'un repas copieux rassasiant leurs estomacs désespérément vides, elle n'en avait absolument aucun pour les gnomes de jardin. Flanqué de deux XX, selon la classification en vigueur, ces pommes de terre ambulante, à la tête monstrueusement boursouflée, se targuaient d'être inoffensifs, complètement bénins, une simple séquelle magique à l'apanage sorcier. Corniaud aux possibles, ces vermines, à l'instar des taupes moldu détruisaient absolument tout sur leurs passages, grignotant, grâce à leurs dents affûtées comme des lames de rasoirs, la moindre racine comestible.

Fort heureusement, un dégommage suffisait à les tenir à distance, celui-ci était même facilité par leur propension, totalement absurde, à pointer le bout de leur nez, dès le début de l'opération, en quittant leur tanière. Une fois n'était donc pas coutume, alors que la matriarche Weasley était partie couper un potiron pour le dîner, Schade et Grimm, les deux malinois, l'avait accompagné dans son périple, courant à perdre haleine vers l'immensité verdâtre bordant le terrier. Rapidement, la rousse avait pu entendre le bruit caractéristique d'un «Fishmoilapaix ! Fishmoilapaix !», couiné à tu-tête dans un timbre suraigu, tandis que les chiens, eux, jouaient de leurs pattes sur les gnomes, esquivant leurs morsures avec une adresse légendaire, tout en essayant de les attraper au vol, pour les faire voler par-delà la clôture, dans un grognement amusé, qui lui arracha un rictus. Affublé de botte caoutchouteuse griffée de partout, ainsi que d'une chemise ample, aux multiples rapiècements couturiers, l'enchanteresse semblait pourtant resplendir de mille feux, là, flanquée dans le grand air, les bourrasques lui balayant la crinière, emplissant ses poumons d'un air pur, loin du vicié de la plèbe, loin des mensonges éhontés, de la rage et de la haine. Elle était ou elle devait être, chez elle, aussi éloigné fût ce dessein que celui-ci espéré par son paternel, ou par la lignée Abbott, jamais elle ne changerait... Du coin de l'œil, l'ancienne Poufsouffle avait remarquée l'arrivée d'une silhouette féminine au portique, au même moment que les malinois, mais elle n'avait point pressé le pas pour aller voir, cogitant méticuleusement sur le champs posé sous ses yeux, pour déterminer laquelle était la meilleure courge à emporter.

Cible déterminée, un coup de baguette suffit à la déloger de terre, encombrant ses paumes, noircissant ses phalanges, jusqu'à lui flanquer une légère tache noirâtre sur le sommet de la joue, en voulant positionner une mèche rebelle derrière son oreille. D'excellente humeur, la quarantenaire, siffla les canidés, quêtant leur approche enjouée, avant de prendre la direction du terrier, pour se délester de l'encombrant cucurbitacée orangée, dont la taille atteignait, sans mal, celle d'une grosse caissette de vin. À peine posait-elle un pied dans l'habitacle, que la voix de son époux résonnait, invitant l'inconnue à pénétrer au terrier, dans leur bulle d'air, dans cette maison se voulant être et devenir le recueil des opprimés et des délaissés, tout en l'appelant Moon. Immédiatement, les pièces du puzzle s'alignèrent sous crâne, rejouant le fils d'une des nombreuses conversations nocturnes du couple Weasley, où Archibald l'avait mis au jus de la demande de Théa, l'ancienne perceptrice de Calypso, qui leur demandait si ils pouvaient héberger la sœur de son futur mari, Atlas Flamel, quelque temps, de quoi lui donner un peu de leste, du temps pour se retourner et se remettre de ces émotions.  Fervente partisane des grandes tablées, sang pur aux cœurs débordant de sollicitude, la Weasley avait acquiescé avec vigueur, poussant les jumeaux à lui déménager une place pour se sentir à l'aise, dans un cocon à elle. Potiron posé, le frêne s'agita sous sa pogne, tandis que le minestrone débutait sa préparation, seul, se scindant en morceaux, s'ôtant de la pelure et des pépins, avant de jaillir, en petit morceaux pré-coupés, dans une casserole cuivrée apposés sur un feu brûlant, afin de délicieusement fondre pour le plus grand plaisir des gourmands. «Schade, Grimm, venez-ici. Laissez notre invitée tranquille !» Son timbre claqua plus abrupte, autoritaire, essayant ainsi de tempérer les ardeurs, amicales, des malinois, qui s'étaient déjà précipités vers les jambes de la demoiselle, en quémandant des câlins et en reniflant ses vêtements. Clin d'œil envoyé à son aînée, Hécate, se faufila au travers les tables et les meubles pour rejoindre le salon, où leur jeune invité s'était posée, en suivant son époux.

Orbes jade posées sur elle, elle put tout de suite englober la beauté douce de la jeune femme, cette apparente fragilité enchanteresse, bien loin des tumultes acerbes et cruels engendrés par ces interrogatoires. Sourire tendre, presque maternelle, figé sur le minois, la rouquine s'avançait à son tour, la saluant généreusement en accolant son corps au sien, adoubant la nouvelle venue comme une fille, un autre enfant, un énième, et ce malgré le désargentage flagrant et le manque criant de liquidité qui les poursuivaient, eux les traîtres-à-leur sang... «Je suis ravie de te rencontrer, Moon. Théa nous à beaucoup parlé de toi. Je m'appelle Hécate.» Douce, voir étrangement posée était sortie sa verve, englobant ainsi la silhouette féminine d'humilité et de bienveillance, bien loin du tempérament emporté dont une partie de ses marmots pouvait écoper, à la moindre incartade. Ils savaient tous, cependant, que l'enflammement ne durait jamais longtemps et qu'elle les aimait, tous, plus sans doute que sa propre vie. Alpaguant la tenue vestimentaire de leur convive, toujours endimanchée de sa veste, elle interpella le cadet de ses fils pour lui demander de la débarrasser et de conduire sa valise en haut. «Si tu as besoin de quoique se soit, surtout n'hésite pas. Je suis sur que Nausicaa, où Calypso, sera ravie de te montrer la maison, n'est-ce pas?.» Au fils de sa phonation, ses pupilles étaient partis agripper les deux concernées, les présentant en même temps à la jeune Flamel. Hôtesse soucieuse de ses invités, plus que de son accoutrement, loin des dictas puritains, qu'elle embrassait pourtant elle aussi de part deux filiations aux carmin immaculés, elle sembla d'un coup songeuse, son regard harponnant celui de la brune. «Dis moi, tu aimes la soupe au potiron? Parce que c'est un des programmes de ce midi... D'ailleurs, qu'est-ce qui te ferais plaisir?» Prompt à se couper en quatre et à faire des miracles culinaires, la rousse souhaitait la mettre à l'aise, l'intégrer dans leur maisonnée, emplie de vie, hors pour se faire Hécate était déjà partie sur la boustifaille, le rassembleur par excellence, du moins, selon elle..