we came into this world like brother and brother. (lyongo)

we came into this world like brother and brother.

and now let's go hand in hand, not one before another --- @nyongo zabini

Lekié avait été décontenancé ces dernières semaines. Il avait vu Arcturus chez lui, dans son manoir; son meilleur ami l'avait appelé pour discuter d'un artefact égyptien qu'il avait déniché. Fier de sa trouvaille, fasciné par les arts occultes et les mystères archéologiques, le Black n'avait pas caché son intention d'utiliser l'objet maudit à l'encontre de quelqu'un. Il avait même demandé à Lekié s'il souhaitait qu'il en fasse usage contre quelqu'un qui nuisait au Zabini. De ce duo Black-Zabini, l'africain avait toujours été celui qui tempérait, qui tâchait de diffuser les situations explosives lorsqu'elles se présentaient à lui. Et le serpent avait eu un avant-goût de ce qui allait suivre prochainement; il en était persuadé, Arcturus s'enfonçait dans ses lubies dangereuses malgré les mises en garde de Lekié. Il se sentait à la fois impuissant et résigné; d'une part, il avait l'impression de ne pas avoir les armes nécessaires pour sortir son meilleur ami des griffes des ténèbres, et d'autre part, si Arcturus avait fait ces choix, le respect de leur amitié voulait que Lekié ne se mette pas en travers de son chemin. Le Black courait certainement à sa perte, et il n'y avait rien que le Zabini puisse faire pour empêcher cela. Cette prise de conscience, bien que pressentie, n'en fut pas moins brutale. S'il perdait Arcturus, il n'y avait donc plus que Nyongo pour rester à ses côtés. La réalité le heurta en plein cœur; si son frère jumeau venait lui aussi à disparaître, Lekié en était persuadé : sa place ne serait plus sur cette terre.

Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas eu de nouvelles de son meilleur ami, et la seule missive qu'il avait reçue faisait état de recherches intensives qui l'empêchaient de recevoir quiconque. D'après les vents qui couraient, même sa propre famille avait bien du mal à le voir. Zabini avait fait le choix de ne pas contacter Antarès; Lekié avait aussi eu vent d'une altercation avec les Umbridge. L'heure n'était pas au dérangement. La situation actuelle au sein du Londres magique, avec l'incessant conflit contre les nés-moldus et les luttes intestines de plusieurs familles sorcières, poussait Lekié à se recentrer sur son propre cocon. Celui qui était son univers personnel, son microcosme à lui seul : Nyongo.

Lekié avait peu parlé à son frère dernièrement et il voulait s'assurer que tout allait pour le mieux. Il le savait volcanique, impulsif, colérique. Un feu grégeois bouillait en lui. Ils avaient toujours été comme le Yin et le Yang. Nyongo, ce feu ardent, la comète qui fusait, la bourrasque qui emportait tout sur son passage. Lekié s'était constamment placé face à lui pour le retenir, l'apaiser dans ses frasques, l'attendrir pour le recentrer. Plusieurs fois, l'africain avait été témoin des actes impulsifs de son frère jumeau, et depuis la tragédie qu'ils avaient vécue, Lekié estimait qu'il avait la primeur lorsqu'il s'agissait de tempérer des actes de violence inconsidérée. Les Zabini en avait fait les frais, et l'acte isolé d'un cousin leur avait valu la vie. Nyongo et Lekié étaient à présent les derniers enfants survivants. Il était hors de question que l'horreur ne se reproduise un jour.

Lekié rentra au manoir Rosier en Cornouailles, fief de sa tante Njeri, mariée au patriarche Rosier. C'était là que les jumeaux avaient élu domicile après leurs retrouvailles avec cette dernière. Elle leur avait fait aménager deux chambres au dernier étage, là où le calme régnait. Tels deux hirsutes, les deux jeunes hommes avaient fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas s'imposer ni se mélanger. Depuis six mois maintenant, ils avaient pris l'habitude de se suffire à eux-mêmes, et l'idée de partager le quotidien d'autres personnes leur était pour le moment difficile. Aussi, Lekié n'avait pu résister au besoin de s'extirper de sa propre chambre chaque soir pour constamment rejoindre celle de son jumeau. Et ils passaient leurs nuits prêts l'un de l'autre, comme les deux fœtus qu'ils étaient dans les entrailles de leur mère tant aimée.

L'horloge sonnait minuit et Lekié avait fait silencieuse irruption dans la chambre de Nyongo. Refermant la porte derrière lui, encore vêtu de son col-roulé et de son pantalon de costume, tous deux d'un noir de jais, pieds nus, il s'avança dans la pièce pour y trouver son double. Il plongea ses iris sombres dans les siennes, prisonnier du désarroi qui s'emparait de lui ce soir. Lui qui avait mis un point d'honneur à se montrer le plus fort des deux, il lâchait quelque peu les armes.

— Promets-moi que tu ne vas pas faire de bêtises. Dit-il, les yeux presque embués de larmes. Je n'ai plus de nouvelles d'Arcturus, les Black s'entre-tuent ou se lancent dans des croisades contre d'autres familles... Je ne supporterai pas de te perdre toi aussi.