lou + no rest for the wicked

(01). tu as vu le jour dans une famille de sang-pur, sans pour autant avoir été élevée avec l’image de noblesse que les autres sang-purs ont la sale tendance à entretenir. en même temps, Papa et Maman n’avaient guère les moyens d’élever leurs enfants dans le luxe. depuis la disparition du fameux Newt Scamander – bénit soit-il, avec sa vie bien remplie – la famille a perdu de sa grandeur, matériellement parlant. en ce qui concerne le côté affectif de la chose, tu n’as jamais eu besoin de te plaindre. Maman a toujours été là pour te consoler, Papa était déterminé à protéger ses enfants qu’il considérait comme la prunelle de ses yeux. ton frère aîné, Leonard, a toujours été ultra présent dans ta vie aussi, malgré vos neuf années de différence. en somme, tu n’as jamais été malheureuse durant ton enfance. (02). si Leonard a été envoyé à Serdaigle durant sa scolarité à Poudlard, faisant ainsi la fierté de tes parents, tu as longuement craint d’être la honte de la famille en étant envoyée dans une maison qui ne conviendrait guère à tes parents. tu fus cependant bien vite rassurée quand tous te félicitèrent quand tu fus envoyée à Poufsouffle. tu y as passé de belles années, au sein de cette maison. tu n’étais pas une élève qui faisait rêver les professeurs – tu étais trop souvent distraite, pas assez attentive – mais tu n’étais pas non plus une élève médiocre ; curieuse et travailleuse, tu parvenais sans trop de mal à avoir des notes relativement satisfaisantes. (03). depuis ton plus jeune âge, tu rêvais de marcher dans les traces de tes aînés et devenir magizoologiste. c’est le coeur lourd que tu as du renoncer à ce rêve ; les aléas de la vie – mais surtout la cruauté de ton ancien entourage – ont fait que tu as été contrainte d’abandonner bien des choses. c’est quelque chose qui te reste encore en travers de la gorge, malgré les années qui ont passé. tu ne te plains pas, professionnellement parlant. au moins, tu as un travail, chose qui n’était clairement pas donnée lors de ta sortie de Sainte-Mangouste. heureusement qu’Hypnos était là. (04). durant tes années d’ élève à Poudlard, tu as longuement eu des fréquentations que ta famille qualifiait de peu recommandables. tu n’as jamais voulu y croire pourtant, malgré les mise-en-gardes de Leonard. tu l’as regretté lors de ta sortie de la célèbre école de sorcellerie ; ayant refusé avec ferveur de rejoindre les conspirations sombres de certains de tes camarades sang-purs, ceux-ci t’ont infligée la pire des tortures, le sort interdit. chacun à leur tour, à plusieurs reprises. et en cet instant, tu as terriblement regretté de ne pas avoir écouté ta famille plus tôt, tu t’es maudite d’avoir été aussi naïve. ta vie s’est brisée alors que tu n’avais que dix-sept ans. dix années ont passé et tu en cauchemardes encore. (05). après cet "incident", tu as passé de longs mois à Sainte-Mangouste pour te remettre plus ou moins bien. Maman ne pouvait pas s’empêcher de pleurer dès qu’elle posait les yeux sur ta silhouette frêle et ton visage blafard, elle ne supportait pas de voir sa petite fille en proie à une douleur quasiment constante. Papa avait des épisodes violents qui t’effrayaient quelque peu … il était tellement furieux que quelqu’un ait pu te mettre dans un tel état. Leonard n’était guère mieux ; il s’était muré dans un silence pesant, te suppliant avec les yeux de dénoncer les responsables de ta souffrance. tu n’en as jamais eu la force, le courage, craignant trop les représailles potentielles, autant pour toi que pour ta petite famille. tu as gardé ces noms pour toi, les laissant se graver dans ton esprit. dix ans après les faits, tu n’oses toujours pas dire un mot à ce sujet. (06). c’est à Sainte-Mangouste que tu as rencontré Hypnos pour la première fois, entre deux visites du médicomage qui t’avait été attribué. potionniste, il était venu te rendre visite pour voir l’étendue des dégâts, ayant entendu parler de ton cas particulier. le sort de torture interdit a laissé des séquelles importantes sur ton corps, t’a meurtrie au plus profond de ton être. tu boites terriblement, ton pas est lourd et marcher te fatigue rapidement depuis ce jour. parfois, tu marches avec une canne, pour t’aider, mais tu n’aimes pas cela. à cela s’ajoute cette main gauche qui n’a de cesse de trembler. pour toi, à cause de ces séquelles, ta vie était finie ; personne ne voudrait une jeune demoiselle à la main tremblante pour travailler, tu ne pouvais partir à la recherche de nouveaux animaux magiques avec cette lourdeur dans tes pas. Hypnos t’a prouvé le contraire en te proposant le poste de gérante du Fol’Opium, sa boutique, à ta sortie de Sainte-Mangouste. désespérée comme tu l’étais, tu n’as pas hésité une seule seconde et tu as donc accepté sa proposition sans réfléchir. (07). tu es victime de terreur nocturne depuis des années. tu te réveilles au beau milieu de la nuit en hurlant, la voix rauque, et la nuque parcourue de sueurs froides. des fois, tu ne te réveilles pas et restes prisonnière de ton effroi. c’est l’une des raisons qui t’a poussée à quitter la demeure familiale des Scamander. tu ne supportais plus d’empêcher ton frère de dormir la nuit, logeant dans la chambre juste à côté de la tienne, il était aux premières loges. les regards constamment inquiets que te lançait Maman te rendaient folle et les soupirs lourds de regrets de Papa pesaient terriblement sur ton coeur. alors tu es partie, tu as coupé les ponts avec eux. ça devenait beaucoup trop difficile à digérer, à accepter. tu souffres toujours de ces affreux cauchemars, mais au moins tu n’empoisonnes plus les nuits de ceux qui te sont le plus cher. (08). bien malgré toi, tu as été séduite par les potions que concocte Hypnos. surtout celles qui te permettent d’oublier la douleur, qui te rendent euphorique presque. après les cauchemars, ce n’est pas le confort humain ou la chaleur d’un être aimé que tu cherches, c’est la légèreté que t’offrent les potions de ton ami et employeur. c’est malsain et tu essaies de te persuader que tu n’es pas addict, mais c’est compliqué. si les cauchemars arrêtaient un jour de te harceler, tu aimes penser que tu n’aurais aucun problème à décrocher. mais tu n’en es pas certaine. (09). tu ne sais pas trop quoi penser de ta relation avec Hypnos. tu le considères comme un très bon ami, si ce n’est ton meilleur ami. mais tu ne sais pas s’il y a plus, tu n’es pas sûre de ce que tu ressens à son égard. votre relation est tout ce qu’il y a de plus platonique, mais tu crains que l’attachement profond que tu lui portes soit en vérité né de l’attention qu’il t’a portée lorsque tu étais encore à Sainte-Mangouste. tu ne lui en parles pas, tu n’oses pas. tu restes seule avec tes doutes. (10). tu as rencontré Augustus un après-midi de septembre. il ne faisait pas particulièrement froid, mais il ne faisait pas chaud. en cette journée, tu avais pris la décision d’aller te balader sans ta canne. tu avais donc fatigué relativement vite et t’étais assise sur un banc délaissé, dans un square du Londres moldu. et, sorti de nul part, était arrivé un jeune homme à peine plus vieux que toi aux cheveux ébourriffés. il s’était assis à côté de toi, sans rien te demander, et avait timidement entamé une conversation quelconque. si au début tu n’avais pas voulu lui répondre, tu t’étais laissée prendre au jeu avant de partir en fin d’après-midi. tu le revis plusieurs fois après cette fameuse rencontre et un profond lien d’amitié est né entre vous. presque plus que de l’amitié. tu songes souvent que tu aimerais plus, mais tu n’es pas sûre. Augustus sait que tu boites, a déjà vu plusieurs fois que ta main gauche est parcourue de tremblements que tu ne peut contrôler. il n’a jamais rien dit à ce sujet, mais tu restes persuadée que cela serait un motif tout à fait légitime de rejet. (11). auparavant, tu étais une jeune fille pleine d’enthousiasme, avec un humour sec et ravageur. maintenant, tu n’es plus l’ombre que toi-même ; renfermée, cynique et rancunière, tu ne parviens plus à pardonner aussi facilement qu’avant, tu n’as plus envie de pardonner. mais tu as aussi terriblement peur de ces personnes que tu ne connais pas, mais tu fais de ton mieux pour mener ta vie le plus normalement possible. entre tes angoisses incontrôlables et tes cauchemars poignants, ce n’est pas chose facile. (12). tu n’as pas beaucoup d’amis. même, il n’y a que Hypnos et Augustus qui comptent réellement pour toi. tu crains de faire de nouvelles rencontres. cela ne veut pas dire, cependant, que tu es incapable d’avoir des connaissances positives, tant du côté moldu que du côté sorcier. tu dois surmonter tes angoisses, ta nervosité pour affronter le monde extérieur, chose que tu fais tant bien que mal. tu te sens terriblement seule et le fait que tu ais coupé les ponts avec ta famille n’arrange rien. tu as constamment envie de recontacter Leonard, Papa et Maman, mais tu n’oses pas. tu as trop peur de leurs réactions après ces années de silence. (13). c’est Augustus qui t’a suggerée de te faire tatouer, quand il a remarqué que tu n’appréciais pas ton corps, que tu te sentais prisonnière de celui-ci. si au départ l’idée ne t’enchantait guère, tu y as réfléchis avant de sauter le pas. il était là pour te tenir la main quand l’aiguille moldue a percé ta peau pour la première fois, te faisant grimacer de douleur. mais tu ne regrettes pas de voir la petite collombe aux contours noir au creux de ton poignet droit ; tu commences à voir ton corps comme une toile de peinture qui ne demande qu’à se remplir, qu’on la colore petit à petit. tu envisages de retourner au salon de tatouage tenu par le cousin d’Augustus dans les moins qui viennent, pour un travail plus conséquent cette fois-ci. (14). tu n’es pas comme les Weasley, qui sont passionnés par la culture moldue. tu es intriguée par ces êtres sans magie, impressionnée par leur inventivité parfois, mais tu ne veux pas en faire ton sujet d’étude. tu l’as promis à Augustus, comme tu lui as fait promettre de ne pas étudier les sorciers non plus, quand sa curiosité l’a un peu trop animé. vous ne parlez pas de vos différences, seulement de ce qui vous unit. (15). tu n’as jamais été en couple et cela est source de malaise pour toi. toutes les femmes de ton âge ont au moins connu l’amour une fois, tu as l’impression. et le fait que ce ne soit pas le cas pour toi, tu te sens inférieure à elles toutes, ce qui te rend encore moi sûre de toi. tu aimerais un jour connaître l’amour, mais qui voudrait d’une personne aussi amochée que toi ?