around the deep (w/andromaque)

Deux heures du matin.
C'est l'heure désignée par les aiguilles de la grosse horloge qui trône à l'entrée des boxes qui servent de bureau pour les aurors. Des petits bureaux presque par centaine, pratiquement tous vides. Les employés sont rentrés chez eux à cette heure, ils dorment, ils font l'amour sauvagement, ils boivent, ils dépensent leur maigre paie dans les vices du casino ou dans les désirs inavoués du Fol'Opium, ils sont partout, mais pas là.
Au sommet de la pyramide de la justice trône Sir Potter. Le bureau du directeur se trouve un étage au dessus des boxes et une grande baie vitrée permet d'avoir une vue panoramique sur l'intégralité du département. Cigare entre les lèvres, visage fatigué, trait tiré, verre de vodka à la main, le directeur, le sévère Potter observe les boxes sans vie un par un. Chacun est le propriété d'un auror, un employé dont le directeur prend soin de le connaître, de détailler son visage, sa manière de travailler et ainsi, savoir ce dont il est capable ou incapable justement.
Perdu au sommet de sa tour d'ivoire, Saint Potter laisse ses pensées s'évaporer. Oh bien sûr, son épouse doit penser qu'il la déshonore encore avec une catin de bas étage, mais cette fois-ci, ce n'est pas le cas. Cette fois-ci, le mari infidèle se noie dans le travail, les dossiers empilés sur un bureau bardé de feuilles et de notes, encrier presque vide, plume meurtrie pour avoir autant travaillé. Depuis l'apparition de la résistance et surtout, depuis la tragédie des arènes, le jour de son inauguration, Potter n'a pas de temps pour lui, ou très peu. On lui demande toujours plus et les résultats doivent suivre. De son département dépend la traque des catégories d'ennemis. Les dossiers sont déposés ainsi, des noms, des visages et des recherches lancées, des affaires deviennent prioritaires, tandis que d'autres sont mises de côté. Potter, merci de ne pas nous décevoir encore. Vilaine grimace sur le visage du malin, rasé de prêt, cheveux plaqués à l'arrière de son crâne. Une nouvelle fois, oui. Le souvenir cuisant de son duel raté avec McGonagall lui revient en mémoire, un duel tout feu tout flamme, mais qui lui a coûté un avertissement de la part du tout puissant, perdre son emploi et pire, sa baguette ainsi que l'estime qu'on peut encore lui accorder. Déshonneur n'est pas dans les veines de Potter, alors il serre les dents et acquiesce, fait ce qu'on lui demande, gentil petit toutou muselé de force et se promet silencieusement qu'un jour, il se libérera de ses entraves, mais ce jour n'est pas encore arrivé.
Lumos.
Une vive lumière éclaire les boxes. Un sorcier s'y aventure, sans se rendre compte de la présence du directeur dont le bureau est plongé dans le noir. Le cigare seul, émet une faible lumière quand Potter tire dessus. Hm. Diggory. Cette silhouette fine, élancée, cette crinière sombre, Potter reconnaît la sorcière malgré la distance et l'observe quand elle entre déjà, dans le boxe qui est sien. Que faites donc ici ? A cette heure si tardive ? Le deuil encore non expiée de son jumeau l'empêche de dormir ? Sale affaire, mais Potter fera taire le pourquoi du comment qu'il a dû agir ainsi, pour le plus grand bien de tous dira-t-on, une communauté qui protège la magie par le parjure et si on maquille un enlèvement en meurtre, on obtient un auror talentueux, mais miséreux entrain de croupir dans un trou, à Azkaban, la terrible. Secret bien gardé au coeur des ténèbres.

« Vous commencez à sept heures il me semble, Andromaque. » souffle Potter, surprise. Il se tient droit, devant l'entrée du bureau de la sorcière, dans son dos et la fixe, les mains dans les poches, sa baguette à sa ceinture, dans son costume des enfers, tout de noir vêtu, marque de fabrique typique de l'homme. Léger sourire entre les lèvres, rasé de prêt, sa cicatrice ressort encore plus ! Coincé entre son bras et son corps, un dossier qu'il saisit de sa main et laisse tomber sur le bureau de la sorcière. Diggory, le jeu du chat et de la souris. Il en a pleinement conscience, Potter, qu'elle est à son goût et qu'elle s'en amuse. Séduction oblige, l'homme accepte de jouer volontiers, il aime les défis après tout.
« Le dossier du calice maléfique. J'ai vu que vous l'aviez déposé sur mon bureau dans la matinée. » Sombre affaire, celle d'un calice ensorcelé par la magie noire qui brûle quiconque ose le porter à ses lèvres, une cuisante blessure qui vous expédie directement à St Mangouste et qui laisse des traces, une magie douloureuse et puissante. « Un certain Jasper Brown est à l'origine du maléfice ? Il a été arrêté je suppose. Est-il encore dans nos locaux ? Avons-nous des preuves concrètes de sa culpabilité et un mobile ? » pointilleux ? A peine. Perfectionniste ? A souhait.
Potter ouvre le dossier d'une main et fixe le portrait de l'homme. La quarantaine au premier regard, barbe poivre et sel, il hurle son innocence et pourtant, on le pointe déjà comme coupable. « Efficace, Diggory. J'aime ça. » compliment sous couvert d'une touche de séduction, Potter le sévère aime la rigueur et la discipline, autant qu'il méprise la paresse et la décadence.
Un pas en avant, il ose, car après tout, ils ne sont que deux ici, dans ce labyrinthe de bureaux empilés les uns autour des autres, inspire profondément. Son visage, trop prêt de la sorcière pour être innocent d'intentions malsaines.

« Du muguet, une pointe de bergamote et je dirai... De la rose par dessus ? mais il y a dans votre parfum ma chère, une note exotique que je n'arrive pas à déceler. » nez subtile, dévotion obsession d'avoir toujours le contrôle, il s'assoit sur le bord du bureau et observe Diggory de sa hauteur. « Votre mère n'était-elle pas originaire d'Egypte ? Cette note inconnue doit venir de là-bas je suppose, quelque part... Au bord du Nil. » sourire délicieusement carnassier, Henry lance la partie.

D'aussi loin qu'elle se souvienne. Elle a toujours été une bonne actrice, Andromaque. Déjà gamine, elle a toujours su user de l'art du mensonge et de la dissimulation. Entrer dans la peau d'une autre, ça a toujours été un jeu d'enfant. Et c'était ça, le but, autrefois. Des jeux d'enfants. Un masque de candeur et d’innocence, qu'elle arborait sur le visage. Les lèvres légèrement tremblantes, les larmes au coin des yeux et la voix qui défaille. Et le tout était joué. Avec cet air là, elle pouvait tout obtenir, la gamine. Et tout se faire pardonner. Elle en avait usé, Andromaque. Parfois, c'était pour faire oublier une quelconque bêtise, d'autres fois simplement pour gagner une poignée de mornilles pour sortir, ou bien un délai supplémentaire pour rendre un devoir. De multiples raisons, toujours justifiées aux yeux de la sorcière, et parfois des plus impensables. Parfois, cela semblait complétement fou. Tu es folle, Andromaque ! qu'ils disaient. Jamais tu n'y arriveras. Et pourtant, le résultat restait le même : Elle gagnait. À tous les coups. Les victimes étaient nombreuses : Son père, bien des fois. Des camarades d'école. Des professeurs. Des hommes. À chaque fois, elle parvenait à ses fins, la sorcière. Mais les années sont passées, depuis ces années où les mensonges n'étaient que des jeux. Des jeux envolés, partis en fumée dans cet autrefois révolu. Des jeux d'enfant. Sauf qu'elle n'est plus une enfant, Andromaque.

Il est deux heures du matin. Et comme bien souvent, la Diggory est réveillée. Après tout, c'est pas comme si elle parvenait à trouver le sommeil. A chaque fois qu'elle ferme les yeux, il est là. Le moindre songe est habité par son image, par les échos de lointains souvenirs. Tels des fragments entrelacés, dans lesquels elle revoit à regret les images d'un passé parti en fumée. Des instants de joie, où ils étaient encore unis. Ensemble. Ils étaient alors jeunes et fous. Tous d'arrogance et d’orgueil. Hector et Andromaque. Les cœurs vaillants, brulants du jeu de la jeunesse. Deux coeurs unis en une âme. Mais à chaque fois, l'image finit par s'embraser. Et lorsqu'elle ouvre les yeux, il n'est plus là. Pour beaucoup, la nuit est synonyme d’apaisement et de reconnexion. La nuit porte conseil, comme dit l'adage. Mais elle craint la nuit, Andromaque. Ces instants ou elle se retrouve seule. Seule, face à ses angoisses. Seule, face au vide. Seule, face à son absence. Seule. Et c'est ainsi que, comme bien souvent, ses pas la mène vers le ministère ou elle occupe ses heures dans ses dossiers, glanant ici et là quelques informations pour l'ordre tout en occupant son esprit.  

« Vous commencez à sept heures il me semble, Andromaque. » La voix claque dans l'obscurité, tirant la sorcière de ses pensées alors qu'elle pénètre dans l'allée ou siègent les bureaux des aurors. Potter. Elle ne l'avait pas vu, caché dans l'obscurité. Il faut dire qu'elle ne le croise que rarement lors de ses errances. Lui, préfère sûrement occuper ses nuits dans d'autres distractions que de rester là à bucher sur des papiers. Il s'approche, Potter. Tout d'arrogance et de puissance contenue. Comme à son habitude, il est tout à son avantage, rasé de prêt et un sourire teinté de suffisance étirant ses lèvres. « Le dossier du calice maléfique. J'ai vu que vous l'aviez déposé sur mon bureau dans la matinée. » Elle acquiesce, sans répondre. La surprise passée, elle l'observe. Patiemment. Elle sens bien que derrière les banalités échangées, il se cache autre chose. Elle n'ignore guère les effluves de désir qui se cachent sous les mots. C'est un homme à femme, Potter. Elle le sait. Un homme dangereux, habile dans le jeu de la séduction. Un jeu auquel elle même excelle. Et ils savent bien, tous les deux, que parmi leurs échanges les plus anodins se cachent bien souvent des sous-entendus aux allures bien moins innocentes. « Un certain Jasper Brown est à l'origine du maléfice ? Il a été arrêté je suppose. Est-il encore dans nos locaux ? Avons-nous des preuves concrètes de sa culpabilité et un mobile ? Efficace, Diggory. J'aime ça. » « Merci, patron. Il faut dire que j'ai été bien formée. » Un peu de flatterie ne fait pas de mal, même si elle se doute qu'il faut bien plus que ça pour atteindre Potter.

Elle l'observe alors qu'il s'approche. Doucement, d'une démarche assurée. Celle d'un prédateur, approchant presque nonchalamment d'une proie qu'il ne doute pas d'atteindre. « Du muguet, une pointe de bergamote et je dirai... De la rose par dessus ? mais il y a dans votre parfum ma chère, une note exotique que je n'arrive pas à déceler. » Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la Diggory, qu'il s'approche tout près, le visage à peine à quelques centimètres du sien. Si près, qu'elle peut entrevoir la moindre nuance d'orage luisant dans ses yeux de glace. Des yeux d'un bleu perçant, presque transparents. Des yeux qui vous transpercent, implacables.  Aussi tranchants que des lames d'acier. « Votre mère n'était-elle pas originaire d'Egypte ? Cette note inconnue doit venir de là-bas je suppose, quelque part... Au bord du Nil. » Le coeur s'accélère, tout doucement. Et le souffle est court alors qu'il s'éloigne, venant s'assoir face à elle, sur son bureau. « Rien ne vous échappe à ce que je vois ... ou presque. » Elle marque une légère pause, laissant un léger sourire planer sur ses lèvres. « Ma mère venait d'Egypte oui, elle portait toujours ce parfum issu de ses terres. La note que vous recherchez est un savant mélange, fait de ces lotus blancs qui poussent au nord du delta du Nil, entremêlés d'un mélange d'épices issues de l'Ile de Philæ. » Elle vient se placer face à lui, venant s'assoir presque négligemment sur le siège. « Alors, vous aussi le sommeil vous fuit ? Ou bien c'est vous qui le fuyez ? » Elle passe une main dans ses longs cheveux noirs, laissant ses mèches retomber le long de son visage. La séduction est un jeu dangereux, elle le sait. Cela va bien plus loin que ses jeux d'enfants, alors qu'elle usait de faux semblants pour parvenir à ses fins. Le jeu est le même, l'enjeu a changé. Envolée l'innocence. Envolée la candeur. Ce n'est plus un simple sourire destiné à obtenir le pardon d'un bêtise. Mais un désir brulant de vengeance. « Et votre femme ? Que pense-elle de vous savoir au bureau à cette heure avancée de la nuit ? » La voix est modulée, teinte d'une innocence teintée d'un léger accent de provocation, alors qu'elle enfile ce nouveau masque. Le jeu est lancé, et celui-ci se joue sans règles.

(☾☾)

Céder aux avances du mal.
Une douce tentation, un délicieux poison, mais qui te tuera quoique tu décides, quoique tu fasses. Un choix, une tradition marquée, ancrée dans l'identité même des Potter. Your agony is our, voici une devise qui définie bien cette famille, douleur, parjure, crainte et malgré tout, brave et ténacité. Vaincre un Potter n'est pas une chose aisée, encore plus quand celui-ci est le patriarche en personne, l'alpha, le chef de la meute, mais en rien invisible, mortel, si on lui tranche la gorge, il saigne, il se pisse dessus et expire un dernier souffle. Sache, petite Andromaque, que beaucoup en ont rêvé, que personne n'a jamais réussi à pourfendre le dieu des enfers.
Mais peut-être.
Peut-être que elle, elle peut. Oui, elle peut.
Car elle a le visage de la beauté, Hélène de Troie, celle qui déclencha la guerre, celle qui fit basculée le monde dans l'horreur, celle qui brisa les murs infranchissables de la cité, un poison introduit au sein même du ministère, Sekhmet, la lionne enragée, celle qui ne courbe pas l'échine, en ça, l'auror et le directeur sont de la même veine. Renoncer ? Jamais, impossible, impensable. Deux lions en cage qui n'attendent qu'une chose, se battre dans l'arène, se dévorer l'un et l'autre et qu'un seul, le plus fort peut-être, le plus rusé sans doute, ne reste debout.

Et il tourne, il rôde, le lion.
Potter, tel un félin tapis dans l'ombre, guette sa proie. Et quel choix ! Une beauté froide, une reine indomptée, sauvage, libre. Libre, oui, car elle n'appartient à personne et sûrement pas à lui. Potter bien sûr, aime et s'enivre dans sa femme, mais elle lui appartient, autant qu'il lui appartient et comme un gosse, il souhaite avoir quelque chose qu'il n'a pas dans son coffre à jouet, une belle poupée, la plus inaccessible de toutes, Diggory.
« Merci, patron. Il faut dire que j'ai été bien formée. » douce flatterie, à manier avec précaution car cela ne marche pas à tous les coups et Potter méprise les langues de bois. Il acquiesce, sans un mot pendant quelques secondes. « Et si j'ai bonne mémoire, ton formateur t'a toujours dit de ne pas flatter n'importe qui, car tout le monde n'est pas sensible à la flatterie. » rappel d'un conseil jadis répété à de nombreuses reprises, le sorcier est doué avec les mots et pourtant, malgré les apparences, ce n'est pas une discipline qu'il affectionne particulièrement. Homme d'action, il préfère le frisson d'un duel plutôt qu'une joute orale, même si, dans ce cas présent, il refuse de s'avouer vaincu et se battra jusqu'à la victoire car elle seule permet de sortir la tête haute du combat, sinon, autant périr dans la gloire et le sang, plutôt que de vivre dans la honte et la déchéance. Là, encore, la philosophie des Potter, héritage de son père, ancre l'esprit de l'homme, quoiqu'on en dise. Potter avant tout !
Et les effluves du parfum enivrent la pièce.
L'esprit de Potter se concentre sur ces notes, tout en finesse, le nez attentif, le regard aiguisé, les sens en alerte. Il cite les odeurs avec une précision stupéfiante, sans se tromper, mais il bute sur les derniers, impossible de poser un jugement dessus, ça lui brûle presque la langue. Et enfin, Diggory le libère de ses interrogations nocturnes. « Rien ne vous échappe à ce que je vois ... ou presque. » tu me connais maintenant, petite. L'importance est dans le détail ! « Presque, comme tu dis. » léger sourire, il attend la délivrance, elle arrive sans attendre. « Ma mère venait d'Egypte oui, elle portait toujours ce parfum issu de ses terres. La note que vous recherchez est un savant mélange, fait de ces lotus blancs qui poussent au nord du delta du Nil, entremêlés d'un mélange d'épices issues de l'Ile de Philæ. » l'homme acquiesce, imagine la mère de la sorcière pour l'avoir déjà aperçu par le passé, durant sa jeunesse. Et nul doute que sa fille lui ressemble trait pour trait, hormis le teint moins halée, elle a hérité de sa chevelure et de la finesse de son visage, une belle femme, un fruit que l'on désir, une grenade prête à être dégustée et à vous exploser en plein visage, deux visages pour un seul et même mot. « Ah, du lotus blanc, il me semblait bien. » et elle le contourne pour s'asseoir sur la chaise. Le directeur l'observe, sans la quitter des yeux, sans cacher ses viles intentions, séductrice à souhait, la petite.
« Alors, vous aussi le sommeil vous fuit ? Ou bien c'est vous qui le fuyez ? » léger haussement d'épaules tandis que Potter se détache du bureau, se redresse et décide de faire face à la jeunesse femme de toute sa hauteur, il la surplombe. « Un peu des deux, je suppose. Le sommeil ne m'aime pas et moi, cela fait longtemps que je le chasse. » sourire carnassier sur les lèvres, il n'en dira pas plus, Potter. Surtout pas que la nuit, il rêve parfois, il cauchemarde beaucoup ! Des images de ses crimes, des horreurs, les mains souillées, la couche de Drusilla pleine de sang, ce bébé mort-né, les déviances de l'alchimie, la trahison de son frère, la punition de Cygnus et cette cave maudite sous sa maison dans laquelle l'enfant hurle, l'enfant jure, l'enfant se meurt. Ton agonie est mienne.
Nul doute que cela a un prix, celui de rejoindre Morphée, de trouver un sommeil paisible. « Et votre femme ? Que pense-elle de vous savoir au bureau à cette heure avancée de la nuit ? » les traits de l'homme se durcissent presque immédiatement. Non, il n'aime pas cela. Pas du tout même. Sourcils froncés, Potter n'apprécie pas que quiconque évoque son épouse à tout va. Un pas avant, elle ne sait pas à dans quoi elle s'est lancée, la petite.
« Ma femme ? Voyons, en quoi cela te regarde, Diggory ? » sourire poli, paroles soufflées avec dureté.
Un autre pas en avant. « Mais pour ta gouverne, Drusilla partage sûrement déjà sa couche avec un autre homme que moi, ou peut-être est-ce une femme, peu importe. Je ne suis pas au centre de ses pensées. » Un dernier pas en avant, Potter, les mains sur les deux accoudoirs, empêche la chaise de bouger, se penche, approche son visage tout près de celui d'Andromaque, si près, qu'elle peut sentir le souffle chaud s'échapper de ses lèvres et celle de son parfum, prononcé et délicat à la fois. « Et elle n'est pas au centre des miennes. » les yeux dans les yeux, quoique... Potter se surprend à baisser les siens, désireux d'admirer encore un peu plus, la silhouette de cette ravissante auror. « Surtout pas en ce moment. » position délicate, quelques centimètres d'écart, une proximité qui met en déroute et pourtant, la partie ne fait que commencer.

Et tu causeras ma perte.

Le bien et le mal. Depuis l'enfance, ils sont là présents dans les histoires narrées de la bouche des plus grands. On nous parle des grands méchants, des princes vaillants et des combats épiques ont le bien finit toujours par l'emporter. Des légendes, des contes et des histoires qui nous façonnent, nous guident. Les héros sont érigés en légendes, icônes glorieuses et sans reproche. Ces figures aux valeurs d'or, qui jamais ne faillissent. Et surtout, jamais ne tombent dans l'obscurité. Ils sont le bien. Et jamais ils ne s'abaissent à tomber dans le mal. Les mensonges, tromperies et autres coups bas, ce sont les méthodes du méchant. Et le héros, lui ne gagne que dans la justice. C'est comme ça, et pas autrement. Durant longtemps, elle rêvait d'être un de ces héros, Andromaque. A l'image de son ancêtre illustre. Elle était de ces gamines un peu rêveuse, idéaliste. Elle rêvait d'être une de ces héroïnes aux valeurs indéniables. Mais, alors qu'elle regarde Potter, elle ne peut nier qu'ils sont bien loin ses rêves. L'héroine sans reproches n'est plus. Les idéaux d'autrefois, ceux qu'elle abordait tel un étendard, ne sont plus. Aujourd'hui, elle ne rêve que de vengeance. La défaite n'est pas une option, et elle sait que pour vaincre, elle doit s'engager dans cette voie sombre, sinueuse. La voie de la tentation, de la violence et des mensonges. Une voie ou les idéaux n'ont pas leur place. Se parjurer, pour mieux vaincre.

« Et si j'ai bonne mémoire, ton formateur t'a toujours dit de ne pas flatter n'importe qui, car tout le monde n'est pas sensible à la flatterie. » Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la Diggory, touchée. Cela ne fait jamais de mal, de laisser quelques victoires à l'ennemi, après tout. Elle se contente d'acquiescer, le sourire mesquin toujours pendu au coin des lèvres. Il est vrai que ce conseil, elle l'a entendu. Parmi tant d'autres depuis qu'elle a rejoint le ministère. Après tout, il l'a formée, le Potter. Elle ne peut nier qu'elle a appris beaucoup de choses au contact de ce sorcier de renom, lui qu'elle estimait et respectait. Lui qui lui a fait confiance, à elle comme à Hector. Il avait su voir leur potentiel, et l'exploiter au mieux. Puis il a trahi. Et le héros s'est écroulé aux yeux de la Diggory. « Ah, du lotus blanc, il me semblait bien. » Elle acquiesce, en silence. Elle n'a pas choisi ce parfum capiteux au hasard, après tout. « Un peu des deux, je suppose. Le sommeil ne m'aime pas et moi, cela fait longtemps que je le chasse. » Elle arque un sourcils. Insomniaque, le Potter ? Et pourtant, elle se doute que ce n'est pas ses crimes qui l'empêchent de dormir. Et encore moins la rancoeur. Un instant, elle sent la rage l'envahir à cette idée. Elle qui ne dort plus depuis des mois, hantée par les images de celui qu'elle a perdu. Des souvenirs au goût rance de regret, et un manque insondable. Elle se calme néanmoins, immédiatement. Ne faillis pas, idiote. Ne rien montrer, ne rien dévoiler. Tout vient à point, à qui sait attendre, qu'il disait.

« Ma femme ? Voyons, en quoi cela te regarde, Diggory. Mais pour ta gouverne, Drusilla partage sûrement déjà sa couche avec un autre homme que moi, ou peut-être est-ce une femme, peu importe. Je ne suis pas au centre de ses pensées. » Erreur. Elle s'apostrophe intérieurement, Andromaque. Stupide, manque du subtilité. Tu vas trop vite, ma fille. Elle s'apprête à répondre, l'air désolée d'une petite fille en faute s'affichant sur son visage. Mais avant qu'elle ne puisse répondre, Potter s'approche. Tout près, les mains posées sur l'accoudoir. Si près, qu'elle peut sentir son souffle et admirer les moindres détails de son visage. « Et elle n'est pas au centre des miennes. Surtout pas en ce moment. » Les sous-entendus sont à peine voilés, c'est qu'il jouerait presque cartes sur table, le Potter. Pour une fois. « Je ... Je suis désolée, je ne voulais pas me montrer offensante. » La voix est tremblante, comme celle d'une enfant honteuse après une bêtise. Elle affiche cet air de biche effarouchée, tout d'innocence et de honte entremêlée. « Je n'étais pas à ma place. » Elle marque une pause, le coeur battant fort contre sa poitrine. La proximité la trouble, elle sait qu'elle a fait une erreur, elle ne peut se permettre de faillir à nouveau. Un instant, elle reste là, à l'observer. Lui, le Potter. Henry Potter, le héros tombé de son piédestal. Lui, qu'elle déteste plus que tout. Lui qui lui a arraché Hector, son âme. Son coeur. Le pilier de sa vie, enfermé. caché aux yeux de tous au fond d'une cellule. Un complot mené par cet homme. « Je ne suis pas vraiment moi même en ce moment, je ne sais plus ce que je dis. » répond-elle, détournant les yeux. Ne pas aller trop vite, dévoiler une faiblesse pour mieux cacher ses réelles intentions. Après tout, la chasse ne perd-elle pas son intérêt si la proie est trop facile ? « Le manque de sommeil, j'imagine. Moi non plus, il ne n'aime pas vraiment en ce moment. » Elle marque une pause, plantant à nouveau ses yeux dans ceux de son patron. « Mes pensées sont trop troublantes pour m'aider à trouver le sommeil, je le crains. » Tout en douceur. Innocence feinte malgré le léger sourire chargé d'impertinence qui se dessine sur les lèvres de la Diggory. Tout est une question de mesure.

Un pion, après l'autre.
Avant de jouer le roi.

(☾☾)

La partie est lancée.
Et bien lancée.

Tour à tour, ils avançent leurs pions, les laissent se tourner autour, et porter des coups encore voilés de non-dits. Le coeur s'accélère, alors que la tension semble doucement s'installer dans le bureau désert. Une tension lourde, chargée d'un orage dormant, ne demandant qu'à éclater. Ce genre de tension à la fois dérangeante ... et terriblement excitante. Une tension insidieuse, qui s'infiltre dans les pensées et les idées, brouillant même les coeurs les plus décidés. Une tension qui augmente d'un cran encore, alors que Potter attire à lui une bouteille de whisky. Il veut la jouer comme ça hein ? Amener un peu d'alcool dans la partie ? Bien. Cela ne rend le jeu que plus ... excitant. « Tu n'étais pas offensante, seulement, ce ne sont pas tes affaires. » qu'il répond, lui tendant un verre qu'il vide à moitié. Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la sorcière. Espère-il que l'alcool la rendra plus suceptible de succomber ? Possible, mais si ses origines Irlandaises ont bien apporté quelque chose à Andromaque, c'est sa résistance à la boisson. Doucement, elle porte le verre à ses lèvres, sans quitter des yeux le visage du sorcier. Le liquide ambré picote légèrement sa palais. Un bon cru, assurément. « Nous savons tous les deux pourquoi tu n'arrives pas à dormir, Andromaque. » Andromaque fronce les sourcils. Elle ne saurait dire ce qui la trouble le plus, la phrase, sortie de nulle part la brusque utilisation de son prénom. « Tu n'acceptes pas le sort tragique de ton frère. »

La reine flanche. Un coup, parfaitement ajusté. Et l'un des pions qui s'écroule alors que le nom d'Hector résonne en elle. Comment ose-il ? Comment peut-il ne serait-ce que prononcer son nom ? Un instant, elle sent la rage serrer ses entrailles. Une rage sourde, ardente. Celle avec laquelle elle vit depuis des mois, tel un monstre caché au coeur de son être. Et le monstre, en cet instant, il montre les crocs face à l'homme qui la fait naître. Et il n'a qu'un but : Enfoncer ses dents dans la gorge d'Henry Potter. Le détruire et se repaitre de ses entrailles. Et pourtant, elle le sait qu'elle doit se contenir, Andromaque. Arborer son masque, encore et toujours.

Et ne pas flancher.

Elle boit une nouvelle gorgée pour se donner contenance, se contenter de serrer les poings si fort que ses phalanges en sont livides. Elle ne le sait que trop bien, craquer signifierait son arrêt de mort et la fin de tour ce qu'elle a mis en place. Et elle ne le peut pas se le permettre, pas maintenant. Pour l'ordre. pour son salut. Mais surtout pour lui. Après tout, elle en a fait le serment. « Triste fin pour un auror de sa trempe et il est difficile de faire son deuil quand la justice n'est pas rendue, je te comprends. » Andromaque se contente d'un léger hochement de tête. Paraître troublée par l'évocation d'Hector n'a rien de compliqué ... Après tout, ce n'est pas si éloigné de la réalité. « Néanmoins, avec un verre tout passe mieux, à la tienne. » Un nouveau verre, pour lui. Et à nouveau ses sous entendus à peine voilés. Comme si un verre pouvait lui rendre ce qu'il lui a arraché. Mais elle joue le jeu, Andromaque, prenant à son tour la bouteille pour se servir à son tour.

« À la vôtre, chef. » murmure-elle, sans le quitter du regard. « A défaut de t'aider à trouver le sommeil, note qu'une toute petite goutte de mort vivant pourrait y parvenir, que dirais-tu ma chère Andromaque... » Ma chère Andromaque, tiens donc ? Il semblerait que les sous-entendus soient de plus en plus entendus. Le roi noir semble décidé à attaquer de façon plus frontale ? Très bien. « De te perdre dans mes bras ? » Le voilà. L'instant. Dans la vie, tout est une question de temps, d'instants précis où tout bascule. Et là, c'est précisément un de ces instants. Quelques secondes, à peine le temps d'un battement de cil.

Et tout bascule.
Après plusieurs minutes à gronder derrière des nuages de plus en plus sombres, l'orage semble enfin décidé à éclater.

La tension, si forte, atteint son apogée alors que la Diggory sent son coeur s'accélérer. « Autrefois, tu obéissais aux moindres de mes ordres et aujourd'hui encore, tu le fais car j'ai les galons pour te faire obéir. Obéis moi. » Elle hausse les sourcils, Andromaque. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle décroise les jambes pour les recroiser de l'autre côté, buvant une nouvelle gorgée. « Embrasse moi. »

L'ordre claque.
Tel le tonnerre qui retentit.
L'éclair qui déchire le ciel déjà chargé de tension.
Et la libère.

Le coeur de la sorcière, lui, bat fort. Il est proche, le Potter. Tout proche. De là, elle distingue le moindre détail de son visage. Des mèches grisonnantes poussant dans ses cheveux d'encre où des nuances d'orage zébrant ses yeux cobalt. Des yeux de glace, chargés d'un désir pervers. En ce regard, nulle once de bienveillance, de regret ou de compassion. Rien d'autre que le froid désir carnassier d'un prédateur, avide. Elle se mord la lèvre, la Diggory. Cet homme, il l'a toujours fascinée. Lui, la force. Un héros sans foi ni loi, tels ceux des livres qui ont bercé son enfance. Un héros attirant, elle ne peut le nier. Andromaque se mord la lèvre, ses yeux allant et venant des lèvres à son regard de glace. Doucement, elle se rapproche encore, ne laissant que quelques centimètres entre leurs deux visages. « Êtes vous toujours aussi sûr de vous, cher Monsieur Potter ? » qu'elle murmure, le visage tout près du sien, un sourire empli d'impertinence dessiné sur ses lèvres. Volontairement, elle reste sur le vouvoiement, mais se permet une légère familiarité. Elle se saisit de la bouteille, servant deux verres à nouveau. « Il est vrai que j'ai toujours été la bonne élève. Obéissante, sage, appliquée. Une vraie petite fille modèle. » En parlant, elle tend le verre vers Potter. Ses jambes se décroisent, provocantes. Néanmoins, elle se refuse à obéir. Pas encore. « Mais j'ai grandi. Et aujourd'hui, j'en ai assez d'être sage. » Après tout, le jeu ne fait que commencer. Et il est bien connu, que les prédateurs n'aiment guère les proies trop faciles. Et Andromaque, est bien loin d'être une proie effarouchée. Elle savoure une gorgée, sentant le liquide ambré titiller sa gorge. Pas encore suffisant pour embrouiller ses sens, mais suffisant pour la détendre quelque peu. Elle se rapproche à nouveau, approchant ses lèvres de son oreille. « Et puis ... qu'est ce qui vous fait croire que j'en ai envie ? Vous vous croyez donc si irrésistible ? » qu'elle murmure, le sourire au coin de ses lèvres qui effleurent à peine l'oreille du sorcier. Tel un serpent sifflant. Le serpent de la tentation, peut-être ?

Une chose est sûre, si elle a perdu quelques pions.
La reine ne se laisse pas prendre si facilement.

(☾☾)

Garder le contrôle.
Toujours.

Tel a toujours été le crédo de la Diggory. Tellement qu'Hector la traitait souvent de control freak, pour la taquiner. Déjà plus jeune, elle a toujours été ainsi, presque maladivement. Au moindre instant, même le plus débridé elle a toujours su discerner ses limites et ne jamais les dépasser. Et si cela lui apporte une réputation parfois froide, cela lui convient. Après tout, garder le contrôle, c'est se protéger. Toujours. Et plus encore face à un adversaire tel que Henry Potter, elle ne le sait que trop bien. Et en parlant de Potter, elle voit bien ses yeux pâles parcourir ses courbes. Des yeux de glace, dans lesquels elle ne parvient qu'à discerner l'éclat torve d'un désir à peine refoulé, perdu parmi les méandres d'autres vices profondément enfouis. « La désobéissance te va si bien, Diggory. » Les lèvres s'effleurent, mais ne se touchent pas. Seuls les souffles, chauds, s'entremêlent. « Beaucoup mieux finalement que le parfait petit soldat auquel tu m'as si longtemps habitué. » Un léger sourire se dessine sur les lèvres d'Andromaque. Le petit soldat a bien changé, Potter. Il a ouvert les yeux. Et alors que le Potter s'éloigne, brisant la promiscuité dangereuse qui s'était installée entre eux, elle l'observe. Lui, le Potter. Respecté, et craint à la fois. Figure d'autorité à la parole toujours écoutée, tel le héros des légendes. Un Héros aux mains entachées, et à l'âme aussi noire que les ténèbres. « Mais parfois, il faut savoir obéir quand la situation l'exige, sinon, la punition sera sévère. »

Le héros se saisit de l'une des mèches couleur de nuit de la Diggory, l'entortillant dans ses doigts pour humer son parfum. Un geste qu'elle sait signe du désir à pleine voilé. Et un geste qu'elle ne repousse guère. « Je suis ton supérieur, je peux user et abuser de cette position. » Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la sorcière. Son supérieur, voyez-vous ça ? Voilà qu'il joue la carte de l'autorité ? Intéressant. Elle s'apprête à répliquer, mais voilà qu'il se lève le Héros, la dominant ainsi de sa haute stature. Ses mains se posent alors sur ses épaules, à la fois rudes et d'une douceur perverse. Elle frisonne à ce contact, Andromaque. Peur ? Désir ? Surprise ? Peut-être un peu des trois. « Ce n'est pas question d'être irrésistible ma chère, je n'en ai pas la prétention. » « C'est une question de désir commun. » Les doigts du sorcier effleurent sa peau, avant de se saisir de son visage, l'obligeant à le regarder. « Si tu n'en n'as pas envie Andromaque, repousse moi. Sinon, cesse de lutter et succombe. »

Ah, on y est.
Le jeu est dévoilé.
Fini, les faux-semblants.
Fini, les tours de passe-passe.
Le cavalier attaque, frontalement.
Et la reine, elle, n'est pas prête à flancher.

Un instant, elle reste là, à le regarder. Elle arque un sourcil, tandis que son éternel sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. « Le désir commun ? Tiens donc ? » Elle secoue légèrement la tête pour la dégager de le l'emprise de Henry. « Vous croyez donc qu'il est si facile de m'avoir, Potter ? Que je suis de celles qui cèdent aussi facilement ? » Elle se lève, faisant face au sorcier. Et si même debout, il la domine de toute sa stature, elle ne se laisse pas impressionner. Jamais. Un instant, elle se contente de plonger ses yeux de nuit, dans ceux de glace du sorcier.  « Que savez-vous de mes désirs, Potter ? Que croyez-vous lire en moi, vous qui êtes toujours si perspicace ? » Elle sourit de plus belle, ses yeux allant des lèvres du sorcier à ses yeux, avant de se rapprocher, doucement pour les poser sur celles du sorcier. Un baiser soupir, à peine le temps d'un souffle. Chaste. Avant de se reculer, laissant un bref avant-goût au désir pour mieux le rattraper au dernier moment. « En voici un bref aperçu. Mais en quel honneur vous en donnerais-je plus, ici, dans ce bureau vide ? Telle une vulgaire despérée en quête des faveurs de son supérieur ? »

Elle joue, Andromaque.
Avancer, se retracter.
Pour mieux embrouiller.
Un jeu dangereux, elle le sait.
Mais elle garde le contrôle.
Pour l'instant.

(☾☾)