my hands no longer an afterthought

chronologie juin 1884. naissance de phineas. octobre 1889. naissance des jumeaux orion et psychée.  août 1890. consécration des fiançailles à la jeune lestrange. septembre 1895. entrée à Poudlard, intronisation chez les serpentards. 1895  - 1902. l’adolescence pleine d’impudence, ces années d’insouciances soigneusement placées entre la compagnie de ses grimoires et des deux jeunes filles trop souvent présentées comme étant les fragments de lui-même. été 1902. entrée au Ministère comme assistant d’un proche ami de son père au sein du département du contrôle et de la régulation des créatures magiques. 1905 toujours un pas derrière son frère, le jeune Malfoy ne cesse de marcher dans les pas de ce dernier en entamant une formation afin de devenir langue-de-plomb. mai 1914. de part son avidité, son arrivisme et sa ténacité, doublé de ses relations, le jeune Malfoy obtient le poste de coordinateur de la recherche des reliques de la mort. une tâche qui l’obsède au quotidien et lui vaut de ne plus être simple spectateur de son existence soigneusement planqué.

What can you know about a person? They shift
in the light. You can’t light up all sides at once. Add
a second light and you get a second darkness, it’s only
fair.

Sa crinière couleur de blé flirte avec l’or du ciel du haut de ses trop jeunes années. Astre céleste contemplant l’inanité de ces jeux d’enfants, le solaire est un bien injuste arbitre dans ces luttes si promptes à s’envenimer. Courant après son frère, à peine de quelques années son aîné, Phineas rit en éclats. D’écume, de lui, un peu de soie. Il rit tant que son souffle se brise et s’épuise au gré de la brise et de ses respirations haletantes. Le cœur aux abois, le poing serré sur son arme de bois, le gamin s’époumone en contemplant le garçon hors de sa porté. Sempiternel vainqueur de cette course de la vie, Laserian n’épargne pas même une œillade à l’enfant trébuchant le long du chemin. Il se contente de rire en choeur, sautant par dessus la clôture tandis que le plus jeune des deux Malfoy peine à conserver le rythme. Les genoux écorchés par leur escapade délictueuse, les fragments de sa baguette de fortune fermement prisonnière de sa poigne, il enjoint ses lèvres aux phonèmes, ses lippes rompant l’incantation imaginaire tandis que ses crocs en brise l’échine. Chutant sans grâce, goéland arraché au ciel par le poète ou la plume, la plume plus qu’arme, Laserian s’échoue à même l’herbe de leur jardin. Une seconde, une seconde durant, l’enfant redoute l’ampleur de ses émotions. Redoute le tableau peint par l’arrogance de leurs jeunes années, ses lippes retroussées en un rictus de délectation, l’éclat de ses prunelles avides tandis qu’il ne sait qu’espérer. Voir l’héritier s’élever sans un bruit, conquérant à jamais invaincu, ou contempler le corps de ce dernier épouser son sépulcre verdoyant? “Trop lent!” Le rictus est translucide, la justesse de ces notes s’échappant des lippes de Laserian une mélopée composée par le fil des saisons. Debout, incandescent seigneur du royaume de leur imagination, le Malfoy ne pouvait que triompher quand Phineas était voué à n’être que son second. Les mots s’échappent des lèvres de son opposé avec innocence, la scène tant de fois répétée au détour de leurs étés languissant sous la contemplation sereine d’un ciel frémissant à l’idée d’observer encore le décours de ce mythe. Quand bien même aucun n’éclat ne s’échappe de la branche trouvée au détour du ruisseau, Phineas connait l’ampleur de son rôle. Connaît à la perfection le silence attendu hors de ses lèvres une fois leurs jeux achevés. Incapable de dissocier son atour du costume qu’il arbore face à Laserian, le gamin ne cherche plus tant à savoir qui de lui ou de celui qu’il prétend être s’éteint sous les doigts de son aîné à chaque fois que ce dernier triomphe au gré des rayons de l’astre monstre pendu au ciel. Une jambe posée contre la clôture, entrant dans le royaume de leur enfance partagée, Phineas connaît la courbe de ces paroles. La violence de leur réalité. En a mainte fois savouré le flegme et la bile, forcé de ravaler la discorde de leur force tranquille. Ainsi, soldat sans front, oiseau sans ciel, le gamin n’a plus de fleur au fusil, plus de coeur au buste. Fauché par la vie, l’herbe tendre souffrant les affres d’un été rayonnant, les fils de son existence se délient tandis qu’il s’écrase à même le bitume de ses rêves orphelins. Le corps désarticulé, toujours un peu moins de lui-même entre les mains, il est figé en ses derniers instants. Une exhalation futile et ignorée par le vent. Puis, comme toujours, les gamins entendent la porte de la véranda grincer, le croassement fragile de leur père lacérant l’éther pour enjoindre sa progéniture à se pendre à son giron. “Laserian!” Fidèle héritier épaulant le labeur avec grâce, le garçon s’approche de son cadet pour l’aider à se lever. L’aider à dépoussiérer sa tenue couverte de poussière et de boue. Un sourire incandescent aux lèvres, Laserian est si difficile à abhorrer. “Si tu veux, on continuera à jouer après le repas? Père m’attend.” A peine plus que du silence coincé entre les molaires, Phineas ne prend pas même la peine de hocher la tête. Déjà trop douloureusement conscient que personne ne se soucie jamais d’entendre sa voix.

i remember the day i met you,
and your smile was everything mine would never be.
jealousy isn’t meant to turn to love,
but i never learned how to listen.

“Ta mère et moi-même avons besoin que tu comprennes, Phineas. Il s’agit d’une très belle opportunité pour cette famille. Pour ton avenir.” Malgré ses jeunes années, le gamin ne peut s’empêcher de remarquer en quelles mesures son père met des mots dans la bouche de sa mère. Dans quelle mesure il en vient à oublier la voix de sa génitrice une fois sobrement installé face à ses parents de la sorte. Forcé de se noyer en son silence. “Et Lase?” Malgré lui, rongé par l’impudence, rongé par la malice, il ne peut s’empêcher de s’interroger sur la volonté de son père. Pourquoi lui? Qu’en es-il de son aîné? Souffre-t-il encore de n’avoir que les miettes de ce dernier ou avait-il enfin su s’extraire à son ombre? “Nous parlons de ton futur, mon garçon. Pas celui de ton frère. Je veux... Nous voulons que tu accueilles la jeune Lestrange en bonne et due forme. Un jour elle sera ta femme.”
Que lui reste-t-il de l’insouciance, maintenant forcé de contempler l’holocauste de ses plus tendres roses? Des éclats de sa jeunesse désormais émaciée? Les traits serrés, délavés par l’effroi, il se perd à contempler la gamine et le ballet insoluble de son ingénuité. Ne sait que faire à part l’observer depuis l’extrémité opposée du jardin, incapable de ne pas l’abhorrer quand bien même il ne la connaît pas encore. Déjà les yeux de leurs parents respectifs contemplent le massacre, les ravages que ce silence imposait à leurs carnes enfantines. Celles-ci mêmes déjà à jamais marquée par ces vagues de promesses soigneusement placées dans le buste de ces enfants trop jeunes que pour nager vers le rivage. Roulant des yeux face à l’intensité du regard de son père, le gamin traîna ses pieds jusqu’à la jeune Lestrange. Déjà irrité par la futilité de ses jeux, il soupire lassé et terrassé tandis qu’elle se tourne enfin vers lui. “A t’agiter dans tous les sens tu vas faire fuir tous les lapins au lieu de les attraper.” “Je ne veux pas les attraper.” Étonné par la douceur de sa voix, la candeur de sa réponse, Phineas observe l’enfant de plus près. Le soin de sa tenue, ses genoux couverts de poussière et d’herbe, la boue tachant ses mains à force de tentatives infructueuses. Tout l’irrite chez elle et pourtant il ne peut s’empêcher de demander: “Si tu n’essayes pas de les attraper, qu’est-ce que tu fais?” Pointant du doigt une des bêtes, frêle animal traînant la patte, l’enfant lui offre un sourire triste: “Je pense qu’il a la patte cassée, je veux le ramener à sa mère.”  Les traits soudainement froissés par l’incompréhension, délavés par l’orage installé en son regard, le garçon peine à comprendre la créature lui faisant face. “Pourquoi?” Les lèvres délacées par la bienveillance, la forêt de ses prunelles miroitant sous les rayons mordorés du soleil, Hestia lui offre le plus doux des sourires. Un artefact que les années ne surent jamais arracher à sa mémoire.

“Puis il passa toute la fin de l’après-midi à tenter d’attraper la pauvre bête!” Un doux rire s’échappe des lippes de la jeune adolescente tandis qu’elle conte l’histoire de leur rencontre pour la énième fois. Faussement irrité, Phineas se contente de rouler des yeux, bercé par la quiétude d’une fin d’après-midi. “Il ne m’a même pas fallu cinq minutes pour l’attraper.” Hestia ne peut que rire de plus belle face à son ami d’enfance, le son ramenant le garçon à l’aube de leur existence telle qu’ils la connaissaient. Le jour de leurs fiançailles passées sous le plus délicat des linceuls, un silence religieusement maintenu par tous les individus concernés. “Tu penses qu’il a survécu? Le lapin.” Songeur, le Malfoy perd son regard dans l’azur, toujours incapable de comprendre malgré les années comment l’adolescente avait su préserver les fragments de son innocence. La pureté de ce cruor ne brûlant que de protéger ce qui reposait entre ses doigts quand son hémoglobine à lui ne grondait que d’horreur et d’effroi. Souriant tendrement, les lèvres tachées de l’onirisme de ses songes, il hocha doucement la tête. “Depuis le temps, je suis sur qu’il a eu le temps de repeupler la région.” Déjà à l'époque le Malfoy avait trop l'habitude de mentir. Ce dernier trop prêt à tout pour épargner à son amie les affres du monde et de ses maux.

And I can’t tell you all the ways that I have made myself
a lighthouse for other people’s storms. But I still carry their salt. I still carry their thunder. After the clouds have cleared and the damage is swept away, I just wanted to be remembered for the ways that I have saved.

L’arrogance suinte de ses traits douloureusement froissés par l’affront. La suffisance s’écoule de ses lippes entrouvertes, ses babines écorchées laissant le torrent alangui du Phlégéton leur échapper. Nonchalamment installé dans l’herbe, il sait qu’elle ne posera pas de question. Elle sait qu’il n’y répondrait pas si elle le faisait. Un grondement sourd s’échappe de ses lippes à elle tandis qu’il ignore les landes émeraude de son regard. Tandis qu’elle contemple l’étendue du massacre et souffre ces paires d’yeux s’égarant partout ailleurs que sur le visage du malheureux. “Je crains que si tu gardes le silence un instant de plus ta tête risque d’exploser.” Le rictus qu’elle lui offre est moqueur quand bien même il sent l’irritation tacher ses traits. Phineas pourtant ignore la justesse de ses émotions, révoque la droiture de ce qu’elle éprouve quand lui-même ne ressentait rien. Rien que ce calme étreignant ses poings une fois la sentence abattue avec impudence. “Tu parles de ma tête? Est-ce que tu as vu ta face dans un miroir dernièrement?” Un délicat éclat de rire échappe aux lippes du Malfoy alors qu’il porte une main à l’hématome ceignant sa pommette. Il était tant de non-dits partagés en leurs silences, l’assurance tranquille que leurs jeux ne cessaient pas, peu importait l’étendue de la plaie. Peu importait l’horreur de l’affront et ces mots qu’elle ne pouvait jamais tout à fait oublier, à défaut de l’en préserver, le blond s’assurait tant bien que mal à voir germer en ses plaies d’autres fleurs que celles d’une honte injustifiée. “Les filles adorent les dures à cuir. Pourquoi crois-tu que je me laisse passer à tabac?” “Admets plutôt que t’es incapable de te défendre.” Le garçon gronde, poussant malicieusement l’adolescente au point de l’en faire lâcher ses bouquins. Rigolant ingénue, Roisin ramasse ses affaires tandis que le Malfoy se redresse. Il ne veut admettre et elle ne peut lui arracher l’étendue de ses actes. Ils se contentaient d’en rire, d’en frôler l’urgence, ignorant la violence dispendieusement écoulée. “Si Hestia te voit, elle va te...” “Si Hestia quoi?” Les deux adolescents se tournèrent vers leur amie soudainement présente. Le remerciement muet de Roisin s’échappant de ses lippes tandis que la Lestrange découvrait la fresque horrifique peinte à même le faciès de son ami d’enfance. “Phineas!?” Riant de plus belle, le garçon n’esquisse pas même un mouvement tandis qu’Hestia auscultait avec douceur sa lèvre fendue et puis sa pommette. “Tu devrais voir l’autre gars.” Le visage froissé par l’irritation, elle ne daigne même pas commenter les actes inconscients du Malfoy, probablement trop habituée à ses travers lui qui pourtant n’avait de cesse de briller par sa personnalité trop policée que pour être véritable. “Tu devrais voir l’ex de l’autre gars.” Un sifflement arrogant s’échappe de ses lippes tandis que la jeune femme gronde soudainement lassée par son ami. “Tu es vraiment... vraiment incorrigible!” Phineas sourit sereinement face aux mots de la brune, incapable pourtant d’ignorer le regard de Roisin. D’ignorer cette connivence les liant tandis que le blond s’intronisait trop souvent gardien de la Lestrange.

The shadow is everything removed, the shadow is proof of what light cannot do and what terrible things we have done beneath it.

Au gré des célestes pendues au firmament, amantes condamnées à errer dans les nues jusqu’à la fin des temps, l’homme traîne dans son sillage le ballet désarticulé de son ombre. Les pans de sa cape ramenés contre lui-même, la brise lacérant de sa froideur toute chair à sa portée, le Malfoy n’est pas aisément dérouté par le climat. Dérouté par les bras qu’il a quittés. Au détour des allées embrumées de ses songes, le blond semble s’être perdu au gré des nuages dilacérant la Voie lactée. Encore un peu d’écume à ses prunelles, d’embrun au bord du carmin de ses lippes, des mirages guidant ses pieds jusqu’à un rivage espéré le sorcier ne se remémore que l’impudence des actes posés. D’embruns en brumes, de lèvres délacées en corps enlacés, il n’existe sous les faveurs de l’opalescente que les naufragés égarés au gré de ses lueurs. Retrouvant le chemin de son foyer, la quiétude de cet appartement figé hors du temps, Phineas titube jusqu’au portemanteau, le soin qu’il prend à se dévêtir honorable en son état de perdition. En son empire de solitude, bercé par les lueurs éternelles d’astres désorientés, repose au gré du silence le corps désemparé de ces liqueurs se voulant oubli. Un verre porté à ses lippes fendues, démone se gorgeant de la ciguë jusqu’à la lie, la jeune femme est dissonance en ces terres inconnues. Pourtant, arrogante en dépit de ses trop jeunes années, la sylphide est infernale en ses silences désincarnés. “Je ne me souvenais pas avoir une politique de porte ouverte pour tous les chiens errants.” Le son s’échappant des lippes de la sorcière n’a rien d’un rire, grincement haletant saccageant le fil de ses pensées. L’écho se répercute en la pièce jusqu’à atteindre l’homme déjà fauché par le nectar copieusement ingéré, la brune s’approchant au gré de son étourdissement. “Est-ce que mes yeux me trompent? Serait-ce un Malfoy titubant ivre devant moi? Je me demande de la couche de quelle bonne femme tu as pu sorti pour être dans cet état.” Grimaçant piteusement, le blond ne peut s’empêcher de sourire amusé face à la grandiloquence de la jeune femme. “Tu aimerais bien savoir, n’est-ce pas?” Ce n’est cependant pas dans les habitudes du sang pur d’exhiber outrageusement la liste de ses travers les plus sordides. Parfait représentant de son clan, il n’a de cesse de briller par cette image policée renvoyée au monde ardemment. Pourtant, une fois le soleil détrôné de l’azur, celui-ci flirte effrontément avec les limites de la bienséance. Phineas à jamais parfait couturier une fois le temps venu de recoudre toutes les déchirures, faire des plus tristes sutures les plus envoûtantes dorures. S’approchant nonchalamment du marin ivre, elle pose une main sur son épaule, beaucoup trop proche de ce dernier pour qu’il ne sente le ressac de la marée. “Un nouveau parfum... Je me demande bien qui a pu être l’idiote tombant pour ton charme.” Plongeant ses prunelles dans celles de la jeune femme, il lève les yeux au ciel avant de s’éloigner pour se servir un nouveau verre. “Et moi je me demande bien ce que tu es venu faire à trainer dans mes pattes à cette heure.” Haussant les épaules effrontément, elle va se rasseoir dans le canapé. “Quand c’est pour t’aider à avancer ta carrière ou je ne sais quoi, ça ne te dérange pas que je traîne dans tes pattes.” S’humectant les lèvres incapables de réprimer l’amusement tachant ses traits, l’homme se contente de répliquer en haussant un sourcil. “Ari, c’est la seule raison pour laquelle je te supporte toi et tes manières de sauvage.” Lui lançant un coussin au visage, elle gronde tandis qu’il pointe le projectile du doigt pareil à une preuve irréfutable entre eux. “La prochaine fois que tu as besoin de moi, va plutôt demander à ta fiancée ou la chose que vous considérez étrangement comme un animal de compagnie.” “Qui?” “La Lestrange et... Rosie? Rosa? La sang-de-bourbe.” La bile est rance au fond de sa trachée tandis qu'il contemple Ari dégueuler tout de son mépris à ses pieds. Immobile, marmoréenne statue figée dans les glaces de l'éternité, si ses phalanges blanchissent et sa poigne se resserre autour de son verre Phineas ne dit rien. Pour toutes ces fois où il a trop dit. Toutes ces fois fauché par la vie à vouloir lutter contre du vent. Pour ces coups portés à l'égard du néant, ceux reçus au nom d'idéaux plus grand que le monde. Puis surtout pour tous ces moments à venir, ces instants marqués par le besoin afin de faire face au pire. Puisqu'il aurait encore besoin d'elle. Il le savait. Mais peu importait le rationnel de ses choix, il ne pouvait empêcher l'écume de lui éroder la carne, les brumes de lui brouiller le regard à contempler la vipère ravaler son venin. Le Malfoy avait ses raisons, mais aucune explication ne pouvait délacer les ombres lui écrasant soudainement le buste jusqu'à en éclater ses côtes.