the fire club - (ag & sp)

Trois têtes portant la couronne, inspirant crainte et terreur dans les abysses du ministère. Sourire froid toujours perché sur les lèvres, les iris foudroient ceux qui ne méritent pas leur considération. Les noms font trembler – et Aletheia aime cela plus que tout au monde, ce sentiment inébranlable de supériorité. Grindelwald, Parkinson, Greyback. Prendre plaisir à observer le sang couler sous l’aiguille d’argent, les corps recroquevillés dans la poussière d’un vieux cachot. Dans l’ombre, elle sévit, et comme les autres fait claquer les talons lorsqu’elle rejoint la surface, toujours la tête haute et les mains rincées. Les reines ont toujours les chaînes des damnés entre les doigts, de toute évidence. À leur pieds dansent les flammes de leur grandeur.

Mais la journée fut plutôt reposante, rien que de la paperasse d’anthropomage pour une fois, au contraire de la soirée qui s’annonçait. Nul autre endroit que le fol’opium pour accueillir les trois sorcières – suffisant pour s’octroyer un moment de plaisir en petit comité. Détour par le manoir Greyback avant de s’y rendre, Theia enfile sa plus belle robe rouge pour éblouir. Être veuve ne signifiait pas pour autant toujours se revêtir de noir, ni pleurer sur son sort. Elle était toujours jeune et, de toute évidence, le cœur avait été sauvé d’une peine interdite. Le tissus légèrement traînant, pour accentuer son passage. Les cheveux parfaitement tirés, elle observe son reflet dans le miroir. Ce soir, les festivités seraient dirigées en l’honneur du mariage de Graal, et de la nomination de Selina. Le myocarde toujours enfermé dans son étouffant étau de pierre, la malédiction endormie, elle se demande si un jour peut-être elle s’abandonnera à connaître l’amour à son tour. Tout cela relève du rêve, du cauchemar et malgré elle, une pointe de jalousie naît à l’encontre de son amie. Sentiment rapidement enfoui au creux de la poitrine, l’indifférence revient prendre sa place sur le faciès alors qu’elle enfile ses talons et attrape son sac pour transplaner devant la porte du club. Évidemment, c’est un salon privé qui les attend. Elle traverse le lieu d’un pas mesuré, jusqu’à tomber nez à nez avec la Grindelwald, déjà assise, vêtue d’une robe noire sans pareil. À la suite de ses études, Aletheia avait rapidement trouvé sa place au ministère, ses services avidement demandés. Le souvenir de leur rencontres est désormais flou dans sa mémoire. Le lien qu’elles avaient tissé ensembles relevait plutôt de l’évidence. Elles qui étaient si semblables, leur ambition si ressemblantes – elles étaient devenues ses meilleures amies en l’espace d’un éclair. Redoutable éclair, même. Theia s’approche, tout sourire, honnête, pour prendre place à ses côtés. « Graal ! Quel plaisir ! » Si la sorcière grecque n’était pas si résignée à s’adonner aux contacts physiques, elle l’aurait volontairement serrée dans ses bras. Au lieu de cela, elle se contente de poser simplement sa main sur la sienne, légère pression pour capter son regard et enfouir ses iris dans les siens. « Encore toutes mes félicitations, pour ton mariage ! Le plus bel événement du siècle, ma belle. » Elle rit doucement, retirant sa main pour sortir une cigarette de son sac. Elle aperçoit la bouteille de vin toujours pleine sur la table, mais décide de retenir encore un peu cette envie et d’attendre l’arrivée de Selina, se console en laissant échapper de ses lippes un nuage de fumée.

la robe