La perte de tes pouvoirs t’avait perturbée, avait semé le doute en toi surtout quand tu avais vu la manière aléatoire dont les personnes étaient touchées. Devoir dépendre de Tiny, ton elfe de maison et de Keelan n’avait pas été simple, pire tu avais bien été obligé d’admettre que ton esclave été doué en magie et sûrement meilleur que toi dans certains domaines. La perte de tes pouvoirs, la rage de constater ton impuissance face à ce qui était un inférieur avais souvent provoqué des accès de rage où faute de baguette, tu avais usé de couteaux sur le garçon. Si tu as pu travaillé ainsi ton maniement d’armes blanches ainsi que ta dextérité dans l’usage des couteaux, le fait de commencer à retrouver peu à peu tes pouvoirs te procure une joie immense. Le fait de ne pas avoir récupérer ton plein potentiel t’agace encore mais tu t’accroches à l’espoir d’y arriver et accepte avec plus de facilités de devoir prendre des leçons d’un sang-de-bourbe catholique et irlandais même si les crises de rage restent toujours présentées. Privée de tes pouvoirs, dépendante d’un homme indigne et pourtant très attirant, tu t’es plongée un peu plus dans la peinture pour tenter de calmer le flot de tes doutes, la concentration sur le paysage, le pinceau dans la main t’aidant à calmer l’orage grondant à l’intérieur de toi. Tu as aussi peint quelques portraits de ton fils bien décidé à éloigner tes doutes en profitant aussi de l’adorable enfant qu’est encore Aaron. Reste que face à ce surplus de tableaux, tu as décidé de te rendre à la galerie où tu exposes pour pouvoir écoulé un peu de stocks, uniquement les paysages et un tableau de ta petite tête blonde assis dans l’herbe écoutant son précepteur dont le visage avait été modifié. Après tout, il est hors de question de vendre des représentations de ton fils bien que les exposer ne te dérange pas outre mesure.
C’est donc vêtu d’une magnifique robe, accompagnée de Tiny, officiellement pour t’aider dans le transport des toiles officieusement car tu ne peux toujours pas transplaner mais tu ne risques pas d’admettre cette faiblesse encore actuelle. Apparaissant discrètement dans une impasse londonienne, tu te glisses dans les rues de Londres avec discrétion, l’elfe sur tes talons, pour rejoindre la galerie de Naiara Fabregas. Ton amie d’enfance, celle qui a aidé Edward, cet imbécile que tu as dû épouser dans ses débuts en tant qu’ambassadeur d’Australie, une femme forte comme toi mais dans un style bien différent. Un style qui ne te convient guère pas forcément non plus très adaptée pour les Lufkin mais ta famille avait noué depuis longtemps des relations commercial et l’art vous a rapproché là où le reste vous aurez éloigné depuis longtemps. Tu lui as d’ailleurs déjà prêté Keelan pour son art et tu te demandes même si il resterait quelques productions accessibles à pouvoir acquérir, un désir, une lubie de posséder une telle chose concernant ton esclave. Bien sûr, tu as conscience que ce désir n’est pas du tout en adéquation avec ton éducation et que beaucoup de tes ancêtres désapprouverait une telle demande, une preuve de faiblesse mais tu as suffisament confiance dans la cubaine pour ne pas exploiter cette faiblesse.
Ayant pris rendez-vous au préalable avec la galeriste, tu pousses la porte comme si tu étais chez toi et te perds un peu dans les lieux pour observer les œuvres en attendant que Naiara se montre. Tu observes les œuvres exposées, tu n’as pas le même style puisque tu n’arrives pas à faire de l’abstrait, problème d’inspiration mais tu ne peux t’empêcher d’admirer la manière dont ton amie crée ainsi des choses. Tiny t’as abandonné dès ton entrée pour gérer le transport des premières œuvres dans une habitude prise depuis longtemps. L’elfe sait que tu es en sécurité dans les lieux et qu’elle peut t’abandonner sans avoir besoin de veiller à ta protection comme cela pouvait être le cas durant le trajet. Tes yeux finissent par s’arrêter devant une toile rouge t’évoquant un garçon qui occupe bien trop tes pensées et tu te noie dans la contemplation oubliant peu à peu le monde autour de toi.
La baguette s’agite avec une agilité déconcertante. La magie sur le bout de bois qui défile est précise et vient tailler le marbre avec une précision étonnante. Naiara Fabregas peut se féliciter intérieurement d’avoir échappé au poison quand bien même avait-elle vu bon nombre de ses amis proches touchés. Mais ce qui l’avait le plus tourmenté était bel et bien sa fille, Haydée, à peine âgée de sept ans qui n’avait toujours rien retrouvé quant à elle. Naiara ne savait que faire pour que sa fille retrouve ses pouvoirs et s’inquiétait énormément du changement d’état d’esprit de cette dernière. Haydée avait toujours été une petite fille épanouïe, curieuse et rieuse et Naiara l’avait toujours motivée à l’être, touchant à tout de ses petites mains qu’elle aimait temps. Mais depuis l’empoisonnement, sa vie n’était plus la même. Haydée avait peur de tout et ne voulait presque rien manger de peur d’être nouveau malade. Naiara qui cuisinait très régulièrement contrairement à la croyance populaire que c’était son esclave qui faisait tout, avait du mal à la faire manger quoique ce soit et regardait, affolée le poids de sa fille dégringoler. Si rien pour l’instant n’était alarmant, Naiara gardait à l’œil cette dernière. Ainsi, la petite avait-elle trouvé place où s’endormir dans l’atelier tandis que Naiara attendait l’arrivée de son amie d’enfant, Diane. Tout comme bon nombre de ses proches, Naiara avait constaté et appris que Diane avait elle aussi été dépourvue de magie. Bien qu’embêtée pour cette femme que Naiara appréciait beaucoup, elle se doutait que son amie était bien entourée entre son elfe et son esclave. Pour autant, Naiara n’avait pas manqué de petites attentions envers Diane, s’enquiérant de son état d’esprit et de sa santé. Diane allait bien quoique recluse depuis un bon mois maintenant. Naiara espérait sincèrement que son amie retrouvait rapidement ses pouvoirs et se remettait. Recevoir sa lettre pour prendre rendez-vous avec elle avait été un délice et la cubaine s’était empressée d’y répondre avec sa chaleur habituelle et sa bienveillance. Aussi, rapidement, le rendez-vous avait-il été pris et Naiara se trouvait donc à attendre son amie dans son atelier. Revoir le minois doux et en apparence inoffensif de la belle lui réchauffait le cœur. Son esclave vint finalement l’avertir de l’arrivée de la Meadows et Naiara lui demanda poliment de surveiller sa fille. L’esclave en question s’était attaché à Haydée et Naiara lui faisait confiance pour ne pas que cette dernière soit ingérable pendant qu’elle-même gérait son amie enfin sortie de sa réclusion. Délaissant son œuvre à moitié commencée, la cubaine se sortir alors de l’atelier et se dirigea vers la salle d’exposition où de nombreuses œuvres étaient exposées. Il y avait beaucoup d’artistes inconnus dans cette section et aucune œuvre d’elle-même. Naiara tenait à ce que les jeunes artistes se fassent connaître dans sa galerie d’art. Très souvent, les œuvres changeaient pour laisser sa chance à tout le monde. Mais il arrivait que des jeunes talents tels qu’Orfeo Lovegood restaient parmi les préférés de Naiara qui le mettait très régulièrement en avant. Son regard chocolat rencontra alors les tissus de la somptueuse robe impeccable de Diane Meadows. Diane était une beauté non négligeable et Naiara l’avait toujours trouvée très belle sans que cela ne déclenche des émois véritables, la voyant toujours comme une amie d’enfance qu’elle cotoyait depuis des années durant. « Diane, quel plaisir de te revoir. Tu as l’air en forme. » dit Naiara avant d’arriver à la hauteur de l’australienne. Son regard passe finalement sur Tiny, l’elfe de maison. « Madame Meadows est en lieu sûr maintenant, vous pouvez disposer. » Rien dans le comportement de Naiara ne laisse penser qu’elle n’aime pas les elfes de maison. En réalité, elle n’en est pas adepte, ayant toujours eu des domestiques et plus récemment un esclave. Elle trouvait les elfes hideux et pathétiques. Mais pour autant, elle les trouvait utiles. « Keelan, vous pouvez aller dans l’atelier. » s’adressa-t-elle avec un sourire chaleureux à l’esclave. Son regard passe sur le jeune homme qu’elle avait déjà pris pour sujet dans une de ses œuvres. Sa plastique était intéressante et Naiara l’aimait beaucoup sur le plan artistique. Mais aujourd’hui, cela ne serait pas le sujet et Naiara était toute tournée vers son amie. Lui prenant délicatement le bras, elle la mena à l’étage dans un endroit qui était réservé uniquement à Naiara. Le salon était quelque peu spacieux et accueillait en général des privilégiés dans l’entourage de la cubaine. Invitant Diane à s’asseoir, Naiara activa le thé qui vient se placer devant l’australienne. « Comment te sens-tu, Diane ? J’ose espérer que tu retrouves un peu tes pouvoirs en ce moment. Il parait que c’est le cas de bon nombre de bonnes gens. Une sorcière aussi grandiose que toi ne devrait pas tant avoir de problèmes ! » s’enquérit alors Naiara avant de s’asseoir sur le canapé à côté de son amie.
