Dossier n° 2415
nom et prénom(s) : La folie des grandeurs, celle qui anime et étourdit, ambitieuse et spectaculaire, ce sont les
Selwyn qu’elle caractérise et à c’est à eux qu’elle profite. Les dessinateurs, les ingénieurs, les architectes, tous se sont succédés sous l’étendard gallois et ont en commun ce brin de folie mêlé à cet opportunisme qui ont fait leur fortune. Vautrés dans leur opulence injurieuse, l’or passe avant les convictions, leur salut avant le bien de tous. Dans les veines d’
Eusebius Orsino Kahurangi, jamais appelé par son premier nom, coule le sang du monde entier, des collines du pays de Galles aux monts de Nouvelle-Zélande en passant par les rivages d’Italie, bouillonnement d’une trinité de cultures qui font de lui l’éternel excentrique amoureux de ces folklores venus d’ailleurs qui lui apportent encore aujourd’hui toute l’inspiration dont il a besoin.
âge et date de naissance : La quarantaine passée, l’argent vient lui ronger les tempes pour s’emmêler à l’ébène de ses boucles. Du haut de ses
quarante trois ans, Orsino contemple le fruit de quatre décennies passées en un battement d’aile de billywig, débutée en cette chaude soirée du
20 août 1871 entre les murs de
Venise, terre d’union de ses parents où le cri du nourrisson a rejoint celui d’une mère éreintée après tant d’heures à l’attendre.
origines et degré de la branche familiale (mineure ou majeure) : Les grands baroudeurs épris du globe, la magie bouillonnante dans leurs veines quand ils succombent à l'appel de l'inconnu, tous les sols du monde ont été foulé de leur pas audacieux et opportuniste. Des Selwyn, extravagante dynastie du luxe et des arts, Orsino appartient à la branche
majeure que symbolise le patriarche Magnus Selwyn, ingénieur réputé à la retraite. Si leur nom fait chanter de ses sonorités galloises et évoque les collines sombres d'Europe, la branche se distingue de sa cadette par la peau brunie de ses enfants, héritage du soleil du pacifique qui a vu naître la mère d'Arctus et Orsino. Rien d'étonnant, à vrai dire, à ce qu'un Selwyn avide de nouveautés ne tombe sous le charme d'une perle du bout du monde, la troisième héritière d'un chef d'hapu de l'iwi de Whakatōhea qui s'envolera vers l'Europe à ses côtés, sans néanmoins jamais s'éloigner trop longtemps des affaires de son pays dont la fédération lui tient à coeur. Le sang toujours pur, sublimé du choc de deux cultures qui l'enrichissent tant, fuse dans les veines de l'architecte comme celui des italiens qui figurent plus haut dans son arbre généalogique. Il est l'enfant du monde, Orsino, élevé dans la vanité conquérante britannique comme dans l'authenticité spirituelle maori, même quand l'âge changera les murmures des ancêtres du pacifique en simples échos auxquels il devra porter davantage attention pour ne pas se perdre dans le chaos de ses caprices.
état civil et orientation : Cadet des Selwyn délesté du fardeau de l’héritage, il est l’éternel
célibataire qu’on n’associe jamais à personne. Ses histoires sont cachées, ses aventures maquillées, le bruit court qu’il aime les hommes mais jamais on n’a surpris telle créature dans ses draps de soie, aussi il est tout à fait possible qu'il aime
tout le monde. Car ils ne savent pas, eux, qu’Orsino amoureux des sens et de sa liberté ne s’est enchaîné qu’à une seule âme disparue à jamais, sans jamais convoiter le mariage ni la paternité, et qu’il se plaît plus à butiner qu’à s’engager.
profession : À deux frangins deux héritages. Là où l'aîné s'illustre par ses mariages, Orsino hérite du génie artistique qui émoustillait autrefois ses aïeux et s’évertue à s’en montrer digne. Sans grande surprise, son coeur bat pour les arts auxquels il voue sa vie et pour la beauté de ces cultures diverses qui l’exaltent de mille façons. Sans grande surprise non plus, il accède au titre convoité d’
architectomage qui lui concède bien vite une réputation qu’il cultive scrupuleusement, sans jamais évoquer ses techniques puisées ici et là dans les cultures étrangères qu'il chérit tant ou auprès des génies moldus qu'il se garde bien d'évoquer aux clients. Mais l'unicité de son style n'échappe à personne. Si son amour du grandiose repousse les plus austères, force est de constater que l'architecte excelle tant dans la création de l'harmonie née du chaos d'inspirations multiples que dans la conception de passages cachés auxquels plus d'une famille a eu recours. Le sens du détail aiguisé, il signe d'ailleurs ses oeuvres de quelques tentacules bien dissimulées, empruntées à la légende du Te Wheke-a-Muturangi de sa Nouvelle-Zélande natale qu'il utilise désormais comme symbole de ses entreprises, excepté lorsqu'il s’adonne à des activités bien moins nobles comme le
trafic d’objets et antiquités magiques dont il raffole en grand collectionneur sophistiqué qu’il est.
nature du sang : Molquoi ? L’or ne s’oxyde pas. Aussi, celui qui coule dans ses veines de ses teintes vermeilles ne se laissera jamais noircir par l’impureté de ces gens que la magie répudie. Qu’ils parlent anglais, gaélique, italien ou maori, aucune âme ne semble avoir été souillée dans l’arbre généalogique extravagant et cosmopolite d’Orsino.
lieu de vie : Caverne d’Ali Baba londonienne, le vaste appartement qu’il s’est octroyé au sein d’un immeuble conçu par ses soins. De son perchoir luxueux, Orsino s’est offert les toits noirs et fumants de la capitale, trophée dantesque de ses labeurs artistiques dont il n’ouvre la porte qu’à peu d’initiés. Car finalement, l'architecte n'y passe guère beaucoup de temps, préférant l’opulence festive du Fol’Opium à deux pas de là au charme certain mais oisif de ces livres qu’il compte par centaines dans les étagères de sa bibliothèque. Entre les murs tapissés d’étoffes chamarrées empestent les encens rapportés de ses innombrables expéditions et s’agglutinent les butins de ses voyages. Rien n’est sobre, rien n’est rangé. La démesure resplendit dans chaque recoin de ce kaléidoscope chaotique, prêt à donner la migraine aux amoureux du minimalisme, de l'ordre et de la simplicité. Les objets d’arts et autres bibelots s’entassent, les plantes grimpent sur les murs, les concoctions au parfum entêtant fument sur des fenêtres bordées de canapés bigarrés et jonchés de dizaines de coussins moelleux dans lesquels il dort presque davantage que dans son lit. Mais il ne reçoit pas, Orsino. Il ne garde sa tanière aux mille trésors que pour dormir ou travailler, à moins que les effluves d’une créature ensorceleuse ne l’ait suffisamment séduit pour qu’il décide de lui ouvrir les épais rideaux rouges de son lit à baldaquin le temps d’une nuit, une nuit et jamais plus. À grand architecte grand appartement ? Pas aux premiers abords. Outre le grand salon qui l’accueille le plus souvent, les couloirs sont étroits, les pièces petites. Ceux qui les ont entraperçu se sont peut-être laissés surprendre par leur insignifiance, plongé dans l’ignorance des malices d’architecture dont Orsino a fait preuve pour dissimuler ses propres secrets. Car les passages cachés sont nombreux, révélés par quelques pirouettes ou sortilèges dont lui seul a la connaissance. Les salles clandestines se multiplient derrière les portraits austères des ancêtres ou les grandes toiles ostentatoires qui ornent les murs, déployant le fruit des ruses architecturales de leur concepteur et grouillantes des secrets qui l’alourdissent.
baguette : Vendue par le manitou du domaine londonien, l’héritier Ollivander, la première baguette avec laquelle il fit son éducation fut en bois de sycomore, arme de l’éternel insatisfait des expériences, avide de voyages et de nouveautés, et contenait une plume de phénix. C’est au Brésil qu’Orsino dut lui faire ses adieux lorsqu’elle lui fut volée par une horde de caiporas locales dont le souvenir lui gèle encore le sang aujourd’hui. Pour l’heure, il lui préfère désormais sa remplaçante qu’il porte comme une seconde peau et qu’il cache dans le manche de sa canne. Car malgré le sale caractère que lui procure le capricieux
cheveu de vélane en son sein, le
bois de noyer qui la constitue sur ses
vingt-neuf centimètres le comble de fierté, outil des grands inventeurs qui le pousse à l’innovation à chaque nouvelle oeuvre et qui prouve à elle seule ses talents d’artiste visionnaire aux plus sceptiques.
épouvantard : Le gouffre des misères. L’opulence arrachée, la dignité dépouillée. Plus de toit au-dessus une tête qu’une couronne a autrefois coiffée avec tant d’orgueil, les trésors retirés et le
néant abyssal d’une solitude imposée.
miroir de risèd : La renaissance flamboyante de son coeur éteint. Loin des biens matériels qui l’exaltent pourtant, le cynisme repoussé pour toujours, la simplicité d’un sourire à sa vue le comble d’un bonheur enterré huit ans plus tôt. À ses côtés, sans jamais se départir des richesses qui lui sont si chères ni de l’ostentation de son univers, il est désormais accompagné de
Caliban, celui qui a asservi son coeur et dont la Faucheuse a cousu les paupières à jamais.
particularité : occlumens (uc.)