a cup of tea (moon)

La note adressée à la future Gaunt ne s’embarrassait guère de politesse d’usage, invectivant la Flamel sous couvert de curiosité. Curiosité ayant pris racine depuis l’annonce des fiançailles par son frère ainé et ne s’étant tarie avec le temps. Plus encore, la récente escapade à la recherche d’une bague destinée à orner l’annuaire, l’avait intriguée sur l’identité de celle qui prendrait bientôt leur nom, s’installerait à leur table et offrirait peut-être un héritier à Amos. Amener un nom étranger au sein de la famille n’était guère une tâche aisée, bourdonnements malsains autour de leur nom peu sont ceux qui accepteraient de leur vendre une de leur fille. Le romantisme voudrait certainement qu’un autre mot s’emploie mais le réel ne pouvait s’embarrasser de fioritures romanesques. Un œil jeté sur l’horloge lui indique qu’il est temps qu’elle ferme ses dossiers, paperasse guère intéressante constituées de multitudes de rapports à écrire. L’un d’entre eux traine encore sur le coin du bureau, portant le nom d’Elphaba Prince. Interrogatoire, perte de temps pour elle mais ses lippes ne laisseront l’aveu prendre forme, se devant de faire l’objet d’un rapport écrit. Les bruits de couloirs s’étaient intensifiés après ces interrogatoires, violence de l’ainé chuchotée par les bouches impures, instabilité familiale comme fardeau. Les séditieux s’étaient vu répondre que le sort des sangs de bourbes ne devrait être le sujet d’inquiétudes, palabres sèches sans volonté d’apaiser les cancans de bas étage. Dossiers refermés, soigneusement rangés dans l’étagère magiquement close elle peut enfin quitter le ministère afin de faire honneur à l’heure du thé. Elle reviendra se plonger dans ces écrits dans la soirée, lui permettant de fuir quelques instants l’oppressant manoir familial, loin des œillades masculines réprobatrices.

La main se saisit lestement du chapeau, qui complète la tenue sobre qu’elle arbore, désireuse de ne pas laisser les rayons du soleil lécher son épiderme. Pâleur comme preuve d’appartenance à une famille au carmin pur, elle ne laisse l’écorce se brunir. Quelques minutes lui suffisent pour rejoindre les cheminées du ministère, la menant dans un fracas de flammes émeraudes sur le Chemin de Traverse.  La ruelle est connue, les pas l’ont foulés des années durant l’enfant émerveillée devant la multitude de vitrines proposant des objets alléchants pour la petite. L’adulte a l’œillade plus sobre, guère attirée par les vitrines affriolantes et moins encore pour les friandises qui s’étalent à chaque coin de rue. Le pas est rapide, elle rejoint rapidement le salon de thé faisant l’angle avec le magasin de Quidditch. Magasin pour lequel elle n’avait aucun attrait, mais ou elle s’était régulièrement rendue, accompagnant Cahir dans ses acquisitions, opinant du chef lorsqu’il lui expliquait les caractéristiques techniques des balais, là ou elle ne voyait que des branches volantes inconfortables. A son entrée dans le salon de thé la cloche tinte, annonçant chaque arrivée au serveuses commençant à s’affairer devant l’affluence provoquée par l’heure chérie des par les anglais. « Bonjour. Je souhaiterais une table pour deux s’il vous plait. Au fond cela fera parfaitement l’affaire » le menton désignant une table légèrement reculée permettant une vue sur les autres tout en gardant un semblant de discrétion. Suivant la serveuse qui lui ouvre la voie, elle prend place sur la chaise qui lui est élégamment proposée dans l’attente de la jeune fiancée. « Veuillez s’il vous plait guider Miss Flamel à cette table lorsqu’elle se présentera », chapeau et cape débarrassés par la serveuse.