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 even if i bleed to death (minerva)

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Message (ϟϟ) Sujet: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptySam 18 Avr - 1:29

Fleury & Bott n’a pas changé. Rayons remplis de livres, quelques tables disposées pour mettre en avant les plus populaires, un gérant qui n’émet généralement qu’un grognement en direction de ses potentiels clients. L’endroit, devenu un refuge au fil des années, lui est familier : des heures passées le nez dans un bouquin, cachée entre deux rayons avant qu’on lui rappelle d’une voix sèche que la boutique n’était pas une bibliothèque. Elle riait alors, feignant la culpabilité, cherchait ses poches à la recherche de quelques mornilles à échanger contre sa dernière trouvaille. Elle avait l’air ingénu des gosses voulant bien faire, l’oeil curieux et pétillant, le sourire innocent quand elle finissait par trouver l’argent nécessaire. On n’était jamais dupe, mais on laissait faire, souvent.

Oui, Fleury & Bott a l’odeur réconfortante de la maison, les effluves nostalgiques de l’identité qu’elle a dû abandonner. Au lieu de l’attendrir, toutefois, cela ne sert qu’à renforcer la colère qui l’étreint. Les souvenirs mentent, soufflent les aspirations délaissées et la place qu’elle n’avait finalement jamais acquise. D’une main, elle frôle une étagère, ses yeux s’attardant sur un ouvrage avant de s’en détourner. Aujourd’hui, Persephone ne tente pas de voler quelques lectures au détour d’un couloir. Le regard méfiant, elle inspecte les lieux à la recherche de visages connus, analyse les comportements alentour en se faufilant jusqu’à la porte du fond. Malgré l’arrivée de l’été et la chaleur qui l’accompagne, elle a choisi d’enfiler une cape, en rabattant le capuchon sur ses mèches rousses dans l’Allée des Embrumes puis le Chemin de Traverse, avant de s’en débarrasser une fois arrivée à l’entrée. Les longues manches suffisent néanmoins à couvrir les marques qui lui attireraient trop d’attention, et elle se satisfait d’un relatif anonymat quand elle approche de l’arrière-boutique. De nature prudente, elle est devenue paranoïaque, sans doute un peu trop.
Parfois pas assez. Les filles et garçons du Fol’Opium sont tenus strictement en laisse, malgré l’attitude affable d’un patron peu scrupuleux. Elle sait que si l’on apprenait ses visites clandestines, que ce soit à l’Ordre ou ici, elle n’aurait pas de seconde chance. Balancée à l’arène, au grand minimum, et bien qu'elle n’aurait aucun scrupule à combattre ses adversaires, elle refuse de prendre le risque d’y mourir – et les statistiques ne jouent clairement pas en sa faveur. Alors elle multiplie les précautions, apprend à faire corps avec le décor, tant bien que mal.

"Nous fermons bientôt," entend-elle non loin. Pour elle ou pour quelqu’un d’autre, qu’importe. Sans s’arrêter, elle laisse glisser ses doigts sur le mur, traçant le bord de l’affiche qui est censée l’aider. Trois coups. Elle entend encore la voix de son interlocutrice, lui expliquant en quelques mots comment la rejoindre. À l’abri.
Loin de là, en tout cas, loin des quatre murs qui étouffent et des mains qui broient. Quelques mois, déjà, que la née-moldue est en possession d’un miroir à double-sens, offert lors de l’une des réunions du Phénix. Quelques mois mais c’est la première fois qu’elle s’en sert. Les gestes brusques, les doigts légèrement tremblants, elle avait balbutié "j’ai besoin d’aide" dès qu’elle avait croisé le regard de l’autre, retenant à grande peine l’envie d’hurler. Survivante mais orgueilleuse, prête à tout mais méfiante, l’idée de prendre la main tendue lui avait jusque là parue trop risquée, trop pathétique. Persephone Wardwell avait après tout toujours su se débrouiller seule. Jusqu’à ce qu’elle ne sache plus. Une fois encore, les certitudes arrachées, comme tout le reste.

Ses doigts s’éloignent finalement de l’affiche et elle laisse échapper un souffle peu assuré. Un. Deux. Trois coups. Clairs, déterminés, à l’opposé du turmoil qui sommeille en elle. Les contours d’une porte apparaissent alors, et elle jette un regard en arrière, pour s’assurer que personne ne l’a repérée. La voie semblant libre, sa main se referme autour de la poignée, et elle se faufile à l’intérieur sans bruit. La salle qui l’accueille est spacieuse, presque plus que la boutique en tant que telle. Déjà sur place, la sorcière à qui elle a décidé de faire appel semble l’attendre.
"Bonsoir Minerva" lance-t-elle d’une voix enjouée – aussitôt suivie d’une grimace. Les réflexes d’une vie passée à faire semblant semblent la poursuivre où qu’elle aille, aujourd’hui, et elle en oublie parfois de déposer le masque inutile à ses côtés.

"Merci d’être venue." De m’avoir invitée. Qu’importe. Le ton est plus sobre cette fois, et elle se déleste de sa cape d’un geste, avançant dans la salle pour la pendre au porte-manteau, n’allant cependant pas jusqu’à prendre place, instinct rôdé de celle qui a toujours un pied dehors. L’ancienne Serpentard ne sait plus trop ce qu’elle fait là, soudainement, consciente d’avoir appelé à l’aide mais ne l’acceptant qu’à moitié. "C’est un bel endroit pour se retrouver. Discret." Bavardage plus que réelle discussion, elle hasarde, comme à son habitude : parle parle parle jusqu’à noyer le poisson. "C’est donc ici que tu organises les réunions de… Witch ?" La sorcière lui en a parlé, rapidement, en l’enjoignant à les rejoindre si elle le souhaitait. N’ayant jamais été une teamplayer, elle a balayé la proposition d’un sourire et d’un geste de la main. Pas besoin. Pas envie. Tout comme elle n’a eu ni besoin ni envie de son aide.
Et maintenant, elle est là.  
Persephone n’a jamais été particulièrement honnête non plus.

@Minerva McGonagall
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Minerva McGonagall
ordre du phénix
Minerva McGonagall
crédits : avatar (étangs noirs) ; signature (albus de mon coeur avec icons bltmr + doom days) ; gif profil (prudence choupette)
face claim : zoe kravitz
pseudo : guimauve
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études : promo 1895-1902, ancienne capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor de 1900 à 1902
particularité : maîtresse de la métamorphose, animagus chat tigré, féline et discrète.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptySam 18 Avr - 13:57

tw : violences conjugales

Aujourd’hui était une journée de deuil.
Aujourd’hui, dans le petit cimetière près de l’église anglicane, on enterrait Sarah.

Il y avait peu de monde. Les petites filles de Sarah de quatre et six ans se prenaient dans les bras alors qu’elles regardaient en larme les gens jeter de la terre sur le cercueil. Minerva McGonagall vêtue de noire s’approche alors quand c’est son tour, le visage fermé, se retenant de pleurer. Elle vient s’agenouiller pour récupérer la terre dont le trop plein lui fila entre les doigts, puis, se tourne vers le cercueil. Il était de très mauvaise qualité. Les Osborne n’avaient pas beaucoup d’argent et ce n’était certainement pas son mari soulard qui allait faire quoique ce soit à ce propos. A vrai dire, il en avait déjà fait assez.

Sous les yeux des deux filles, il avait tabassé Sarah jusqu’à ce qu’elle ne meure d’une hémorragie.

Sarah avait été une femme d’une douceur exceptionnelle et d’une gentillesse particulière. Sarah avait été une femme qui rayonnait malgré son quotidien difficile. Sa scolarité c’était faite dans la plus grande discrétion, petite Poufsouffle. Un jour, elle était tombée amoureuse et l’homme était charmant, pas d’une très grande famille, ni d’une très grande fortune mais ils s’aimaient. C’est comme ça que commencent toutes les histoires d’amour de ce genre. Sarah avait comme beaucoup d’autres femmes de leur époque, été formatée pour se dire que son objectif de vie était de faire des enfants, d’être une bonne mère, d’être une bonne épouse. Alors, elle s’était mariée avec son amoureux et ils avaient commencé à faire des enfants. Sauf que comme de nombreuses femmes à leur époque, Sarah avait perdu le premier enfant lors d’une fausse couche. C’est comme ça que ça a commencé, les premiers coups dans cette histoire d’amour. Puis, les deux petites filles étaient arrivées mais sa grossesse ne l’a pas épargnée. Quoiqu’elle fasse, elle le faisait mal. Quoiqu’elle dise, elle parlait mal. Il y avait bien sûr toujours des excuses, des remords, mais ça recommençait vite. Un jour, ayant sa plus jeune enfant dans les bras, tenant l’autre par la main, elle était arrivée chez W.I.T.C.H., Meredith Thonks lui avait ouvert la porte. Sarah avait un œil au beurre noire et n’arrêtait pas de pleurer. C’était Minerva qui l’avait accueillie.
La discussion a été dure : Sarah avait des contusions sérieuses et probablement une côte cassée. Minerva avait fait de son mieux pour l’aider comme le pouvait et lui avait offert le gîte avec ses petites. C’est une autre des membres de W.I.T.C.H. qui avait acceptée de la prendre elle et les petites filles. Pendant un mois, ce que Minerva avait considéré comme un exploit, Sarah avait participé aux petits groupes de discussion. Elle essayait à sa manière, toujours bienveillante, toujours chaleureuse mais cassée par les poings d’un homme qu’elle avait aimé, d’apporter un peu de joie ici avec les autres filles qui allaient et venaient qu’elles soient celles qui aidaient ou celles qui étaient là pour trouver de l’aide. Un petit chocolat chaud pour réchauffer les cœurs, l’un des meilleurs que Minerva avait bu dans sa vie. Petit à petit, dans cette communauté de femmes, Sarah avait pensé ses blessures et ses filles avaient retrouvé un peu de joie.
Puis, un jour, il avait débarqué.
C’était sa femme qu’il avait dite. Elle devait rentrer à la maison. Elle lui manquait, elle et les petites. Il était si désolé. Il s’en voulait. Il ne recommencerait plus jamais, ferait d’elle une reine, arrêterait de boire.
Meredith n’avait rien pu faire. Minerva était à ce moment-là absente car à une réunion de l’Ordre avec Albus et Nicolas. Sarah était repartie avec son mari.
C’était la dernière fois qu’on la vit vivante.
Quand Minerva était sortie de la réunion et qu’elle avait vu le mot paniqué de Meredith dont rien n’était la faute, elle avait foncé droit sur W.I.T.C.H. la peur au ventre, la colère dans le regard. Elle avait demandé à Meredith précisément ce qui s’était passé près d’une heure auparavant et quand elle avait eu sa réponse, elle était partie droit sur la petite maison des Osborne.
Il avait suffi d’une heure et demi. Une heure et demie pour qu’il la tue à coups de poings.

Sarah avait vingt-quatre ans.

Aujourd’hui, on enterrait Sarah dans le petit cimetière anglican et Minerva McGonagall se tenait sur la tombe.
Alors qu’elle ouvrit la main, la terre tomba sur le cercueil et elle se fit une promesse : plus jamais ça.

Le mari était encore en garde à vue et une enquête avait lieu mais Minerva ne se laissait pas trop d’espoirs, quand bien même l’homme avait vraiment tué sa femme, il avait un bon avocat. Elle faisait confiance à Genesis pour tenter son maximum mais… Mais Minerva McGonagall n’avait plus envie d’y croire. Ce système lui donnait envie de vomir, la révoltait.

Combien de femmes ?
Combien de femmes par jour, par heure, par minute ? Combien de femmes laissaient des enfants derrières elles ? Combien finissaient à la morgue, le visage tuméfié ?

Minerva savait qu’elle avait fait ce qu’elle pouvait avec les moyens qu’elle pouvait. Mais ce n’était pas suffisant. Ça n’était jamais suffisant et ça la mettait dans une rage folle. Une rage qui la prenait aux tripes. Sarah ne méritait pas ça. Aucune femme ne méritait cela. Aucun enfant ne devait être témoin de scènes pareilles. Si elle avait encore foi en la justice, elle ne se faisait pas d’illusions : on irait piétiner la personnalité de Sarah et trouver toutes les excuses pour dire que c’était de sa faute. Puis, elle tomberait dans l’oubli.

Le cœur lourd, Minerva rentrait chez W.I.T.C.H, toujours vêtue de noir quand elle avait entendu l’appel.

« J’ai besoin d’aide. »

Des tâches de rousseurs, une chevelure rousse, une voix magnifique.

« Tu sais où. » avait-elle soufflé avant de transplaner immédiatement dans les locaux de son association.

Meredith Thonks avait pris sa journée, trop choquée par la nouvelle de la mort de Sarah. Minerva irait la voir tout à l’heure si elle le peut mais pour l’instant, il y a plus urgent, plus présent.
Perséphone Wardwell a enfin appelé à l’aide.

Minerva ne s’était pas fait d’illusions quand elle lui avait donné le miroir à double sens quelques mois plus tôt. Elle savait que Perséphone mettrait du temps, et elle savait pourquoi. Situation différente mais mêmes problématiques, mêmes mécaniques. Déposant son chapeau, Minerva attend alors en faisant les cent pas. Elle n’osait pas s’approcher d’un des murs là où il y avait des noms. Un tableau qui grandissait de jour en jour.

Tous les noms de femmes mortes.
Pour ne pas les oublier.
Pour que jamais elles ne tombent dans l’oubli.
Jamais.

Le temps lui semble long et elle se demande avec une certaine angoisse si elle ne devrait pas aller à la recherche de Perséphone quand elle entendit le mécanisme de la porte s’activer. La rousse entra dans la pièce vêtue de sa cape qui couvrait son corps. Immédiatement, Minerva l’observa.

« Bonsoir Minerva »

La voix est enjouée, presque chantante, comme un mécanisme qui est devenu si habituel mais qui sonne faux à Minerva qui n’a pas oublié son appel à l’aide J’ai besoins d’aide.

« Bonsoir Persephone. » Aucune abréviation de son nom comme elle le fait toujours. Sa voix est calme. Minerva sait qu’elle doit attendre que l’oiseau mis en cage soit plus apte et moins méfiante.

« Merci d’être venue. »
« Je te l’ai dit : tu m’appelles et je ne suis jamais loin. »

Minerva tenait ses promesses et cela lui tenait à cœur. Elle vient inciter à Persephone de s’asseoir si elle le souhaite.

« C’est un bel endroit pour se retrouver. Discret. C’est donc ici que tu organises les réunions de… Witch ? »

Le bavardage comme première approche. Tester le terrain. Persephone est égale à elle-même. Les derniers mois lui auront appris malheureusement à ne pas être totalement elle-même, ou plutôt de ne plus être elle-même. Jamais vraiment honnête parce que dans sa nouvelle réalité, l’honnêteté tue.

« Oui, c’est ici même. » répondit-elle avant de s’approcher un peu de la jeune femme. Elle garde un instant le silence avant de souffler : « As-tu mal quelque part ? » Ne pas demander tout de suite ce qui s’est passé. Persephone parlera quand elle sera prête, mais déjà savoir si elle était blessée et si elle avait besoin de soins immédiats.

@Persephone Wardwell
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptySam 25 Avr - 14:52

"Je te l’ai dit : tu m’appelles et je ne suis jamais loin."
Minerva lui répond sans hésitation, la voix claire et le ton posé. Elle a beau chercher des traces de mensonge entre les mots assurés, elle ne trouve rien. L’héroïsme imprudent des anciens rouge-et-or lui rappelle quelqu’un d’autre, et Persephone se demande si on lui a un jour arraché, à elle aussi, le coeur qu’elle exhibe avec nonchalance sur sa main tendue. Probablement. Sans doute a-t-elle continué malgré tout. L’idée lui semble grotesque, bien sûr : la née-moldue n’a jamais réellement été intéressée par le sort d’autrui, et si elle a distribué des parts d’elle-même aux plus offrants, il s’agissait avant tout de survie et certainement pas d’altruisme. Son coeur, puisqu’il en est question, a pour sa part été soigneusement barricadé derrière une carapace si épaisse qu’elle a aujourd’hui du mal à le retrouver. Alors elle ne peut offrir qu’un sourire forcé face à la bonté donnée sans rechigner, un hochement de tête un peu coupable. Non, si les rôles étaient inversés, elle ne serait certainement pas installée dans une salle cachée pour recueillir tous les laissés-pour-compte d’un monde devenu fou. Mais les rôles sont ce qu’ils sont, et elle connaît désormais le sien sur le bout des doigts.
Prétendant ne pas remarquer l’implicite invitation de la sorcière à venir s’asseoir, à se détendre, la jeune femme s’éloigne cependant de l’entrée pour se rapprocher de l’un des murs. Placardée, une liste. Semblant sans fin. Elle ne distingue pas encore tout à fait les mots écrits sur cette dernière lorsqu’elle complimente distraitement la disposition de la salle, sa curiosité piquée. "Oui, c’est ici même." Sans s’arrêter, elle jette un coup d’oeil en arrière, laisse échapper un "hmm" de reconnaissance. La question avait été meuble plus que réel intérêt, destinée à dissimuler les vérités dont elle ne souhaitait pas encore parler. Minerva en est consciente, bien sûr, tout comme elle-même le savait lorsqu’elle a ouvert la bouche, mais est suffisamment conciliante (suffisamment habituée) pour suivre la chorégraphie au pas près. De son surnom devenu prénom en entier à la retenue digne, de la douceur de chacun de ses mots à son langage corporel presque chaleureux, la dame qu’elle voyait de fer s’est adaptée avec brio. Aucune note discordante ici, et ça lui donne envie d’hurler.

Arrivée à destination, elle parvient finalement à lire ce qui est gravé : des noms. Levant une main, sa manche glisse doucement sur son avant-bras, dévoilant les tatouages aucune elle ne prête presque plus aucune attention. Les doigts se tendent vers l’affiche, touche presque Phoebe. Wardwell n’y est pas accolé, et de toute façon sa mère n’aurait rien à faire ici, que ce soit entre ces murs ou au sein de cet univers qu’elle peinait à comprendre, mais la mémoire est vicieuse et se préoccupe peu de ce genre de détails. Les traits sont devenus flous au fil du temps, mais Persephone n’a aucun mal à se remémorer les sanglots d’une femme perpétuellement dépassée. Face à l’argent qui manque, le temps qui file, une chaussette trouée. Souvent des chaussettes trouées. Elle pleurerait aussi, aujourd’hui, en la voyant là. Demanderait à être rassurée, éternelle enfant consolée par une gosse qui n’a jamais pu l’être réellement. "As-tu mal quelque part ?" Cette fois-ci, elle est prise de court, et s’immobilise. Les épaules se crispent, et le visage qu’elle a toujours tourné vers le mur se froisse, un instant.

A-t-elle mal quelque part ? L’esprit se met immédiatement en branle, catégorisant chaque membre, chaque organe potentiellement en danger. Les courbatures sont habituelles, les hématomes aussi, peau en constellations et muscles étirés. Le crâne hurle, comme d’habitude, migraines perpétuelles liées au manque de sommeil et aux soirées indécentes. Les tripes chantent la rage et la peur. Mais a-t-elle mal ? "Pas spécialement," répond-t-elle après quelques secondes de latence. Pas plus qu’hier, peut-être moins que demain. Ce n’est pas la raison de sa présence, pas totalement. Mais comment l’autre pourrait-elle le savoir si elle garde jalousement ses secrets comme elle l’a toujours fait ?
Le bras qu’elle avait immobilisé reprend son avancée, et ses doigts se posent finalement sur l’affiche. Ne s’arrêtent pas sur le nom d’abord remarqué, glissant au fur et à mesure que ses yeux découvrent chaque identité. Abigail, Julia, Elisabeth. Deanne, Medea, Vicky. Olive, Lotty — "Les membres ?" Elle s'enquiert, la voix tentant désespérément de rester légère malgré la gorge nouée. Elle connaît là aussi la réponse, n’aurait pas dû poser la question. La paume rencontre complètement le papier, s’y écrase avec trop de force, comme pour à son tour s’y graver.
Des dizaines de vies perdues, piétinées, et le cœur qu'elle pensait avoir mis à l'abri se brise un peu.
Un rire grinçant, un haussement d’épaule et elle se détourne finalement, l’oeil pétillant, le rictus mordant.
"Peut-être serai-je aussi sur ce mur, un jour."
Et alors, peut-être se souviendra-t-on d’elle, enfin.

@Minerva McGonagall


Dernière édition par Persephone Wardwell le Ven 8 Mai - 23:43, édité 1 fois
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Minerva McGonagall
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études : promo 1895-1902, ancienne capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor de 1900 à 1902
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptyLun 27 Avr - 22:52

Persephone Wardwell est encore une énigme pour Minerva McGonagall qui, pourtant, lui a proposé son aide sans jamais y réfléchir à deux fois. Cela lui semble logique de tendre la main à cette jeune femme. Logique et terriblement nécessaire. Si elle n’a jamais réellement écouté les chansons du Rossignol de l’Ordre du Phénix, elle ne se doute pas que depuis maintenant trop longtemps à son goût, on l’a capturée et mise dans une cage, sa voix offerte uniquement à ceux qui veulent bien l’écouter, distordue par sa prison pas si dorée que cela. Persephone s’échappe pourtant encore, filant entre ses doigts. A raison peut-être, dans sa situation, Minerva aurait sûrement fait la même chose car la confiance donnée à n’importe qui pourrait la tuer voir pire encore. Pourtant, tandis que Persephone s’échine à vouloir rester telle qu’elle est, insaisissable, Minerva commence peu à peu à saisir ses contours tandis que son regard l’observe sans pourtant la transpercer de toute part. Ici Persephone dévoile ce qu’elle veut bien dévoiler. Elle a le droit de mentir et probablement le fera-t-elle mais personne, surtout pas elle, Minerva, ne dira rien à ce sujet ou ne la forcera à dire la vérité.

Il arrive que les femmes ici mentent. Leurs raisons sont les leurs et elles ne sont personnes pour les juger.
Minerva n’est personne pour juger Persephone.

Elle le sait Minerva : il faudra du temps pour que Persephone puisse se sentir en sécurité ici et retrouver un peu d’elle-même. Si tant était qu’elle puisse se retrouver elle-même avec tout ce qu’elle vivait. Mais Minerva est la patience incarnée. Elle sait que tout finit par se faire petit à petit surtout ici. Il y a parfois de grandes réussites mais ce sont surtout les petites qui sont les plus appréciées et les plus justement récompensées.

L’observant aller et venir, décidée apparemment à ne pas s’asseoir, Minerva ne bouge cependant pas de sa place. Elle laisse Persephone observer les lieux aménagés, s’approcher du tableau magique dont les noms des victimes. Le cœur lourd, elle n’a pas envie d’accrocher cet énième nom. Elle n’a pas envie d’inscrire le nom de Sarah. Ce serait accepter sa défaite, ce serait accepter ce qui se passe. Minerva ne peut pas encore, c’est trop dur et elle se sent subitement si vieille. Si vieille. Elle a quoi ? vingt-neuf ans, bientôt trente et elle a déjà vécu trop de choses, vu trop de choses. Elle se sent parfois épuisée d’être témoin de tout cela mais c’est dans ces moments-là qu’elle se dit qu’il faut bien quelqu’un pour prendre ce rôle. Sinon qui sera là pour se rappeler ? Ce tableau c’est un mémorial, celui des femmes tombées sous les coups des hommes ou de la société plus largement. Ces femmes n’ont en commun que leur sexe et pourtant, Minerva sait que c’est si révélateur du Mal qui ronge cette société.

Être femme c’est risqué de finir sur ce mur.
Elle-même cinq mois auparavant aurait pu y figurer.
Triste constatation.

Mais elle ne sera ni la première, ni la dernière à y passer de prêt. Pas plus que toutes ces femmes ne seront ni les premières, ni les dernières à y figurer. De cela, Minerva en est malheureusement sûre, terriblement sûre.

La question posée à Persephone n’est pas anodine. Qui lui demande encore si elle a mal quelque part ? Mal où ? Dans le corps ou dans l’âme ? Minerva suppose que les deux ont tendance à se mélanger pour l’ancienne verte et argent.

« Pas spécialement » dit finalement Persephone.

Minerva acquiesce et se lève. Elle réfléchit à poser la question autrement. Trop vague peut-être. Elle reste cependant silencieuse, observant Persephone faire, voyant les tatouages et n’en pensant pas grand-chose. Après tout, elle avait bien une rune de feu à l’intérieur du bras gauche, ça ne va pas être elle qui ira juger cela.

Tandis que Persephone observe les noms, Minerva se lève, toujours silencieuse. Persephone est un colibri auquel il ne faut pas faire peur. Le moindre geste brusque et elle s’envole. Ici, elle en a la possibilité.

« Les membres ? »

Minerva ne répond pas tout de suite. Elle s’approche doucement de la serpentarde et arrive à ses côtés. Peut-être que Persephone finit par comprendre toute seule.

« Peut-être serai-je aussi sur ce mur, un jour. »

Sourire triste de Minerva qui souffle à son tour :

« Je n’espère pas, Persephone. Je te dirais bien que tant que je serais de ce monde, cela ne t’arrivera pas mais… » Son regard est triste quand il se pose sur Persephone. Peut-être comprend-t-elle le message. « Il se trouve qu’aujourd’hui m’a prouvé que faire ce genre de promesses était impossible parce qu’elles ne peuvent pas être tenues malgré toute ma volonté et mon engagement. Tout ne dépend pas de moi. »

La métisse vient poser son regard de nouveau sur le dernier nom. Alisha Dington. Morte sous les coups de son père qui a découvert qu’elle était enceinte. Elle aurait bien aimé ajouté le nom du bébé mais il n’en avait pas.

« Ce sont le nom de toutes les femmes que nous avons rencontré, qui ont foulé ou pas ces lieux, qui ont été victimes d'un féminicide depuis le début de l’année. » répond-t-elle finalement après un instant de silence. Sa voix est basse. Elle est incapable de parler plus fort, prise par l’émotion tandis qu’elle lève sa baguette. « Certaines, je ne les connaissais pas et il doit sûrement en manquer. Nous essayons de faire un recensement de toutes les femmes victimes d’un féminicide au cours de l’année. »

Elle expire doucement et sa main bouge pour y inscrire des lettres. A chaque lettre, elle adresse une prière silencieuse. A chaque lettre qu’elle grave dans le mur, elle fait en sorte que ce prénom ne soit pas oublié.

Sarah Osborne.

Sarah Osborne suivant Alisha Dington.
Son cœur est lourd et la culpabilité lui est chevillée au corps même si elle sait que ce n’est pas à elle de la porter.

« Donc, non, Persephone, je n’espère pas que tu sois sur cette liste. » conclut-elle avant de faire un pas en arrière.

Elle ira à l’église demain matin pour déposer un cierge. Sarah n’était pas croyante, pas plus qu’elle mais Minerva était persuadée que où qu’elle soit, Sarah aurait un peu de chaleur avec elle, et cette bougie en signe que son souvenir est impérissable.

@Persephone Wardwell
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptySam 9 Mai - 2:22

La sorcière s’est placée à côté d’elle sans qu’elle ne s’en rende compte. Les yeux fixant le vide, la tête fourmillant de souvenirs, elle n’a pas entendu le pas souple se rapprocher, est prise par surprise lorsqu’elle se détourne du panneau pour se heurter à son regard triste. Trop près. Défiante dans les mots qu’elle éructe, elle ne peut pourtant pas s’empêcher de se sentir minuscule face à Minerva McGonagall.

Aurait-elle fui, si elle l’avait vue arriver ?
Va-t-elle fuir maintenant ?

Prémices de fuite dans les jambes qui tremblent, la gorge qui se contracte quand elle déglutit avec difficulté. Effacer l’appel à l’aide ridicule, prétendre qu’elle n’était là que pour une visite de courtoisie, jolis locaux, bonne continuation et à la prochaine. L’autre ne la retiendrait pas, elle le sait : tout dans son attitude tente de lui prouver qu’elle est ici en sécurité. L’autre ne la retiendrait pas, et ça serait si facile de s’en aller maintenant. Mais peut-être est-ce justement pour cette raison que Persephone ne bouge finalement pas, les pieds fermement ancrés dans le sol et le dos droit. Ignore l’instinct perpétuellement aux aguets qui ment le danger à chaque expiration et dessine les trahisons dans chaque ombre.
Minerva lui sourit et, parfait reflet de son vis-à-vis, ses lèvres s’étirent à leur tour. Tristesse d’un côté, hésitation de l’autre. L’atmosphère lui semble chargée, presque irrespirable, vacillant sous le poids de toutes les choses qu’elle n’admet pas, sous l’intenable vérité des mots que l’autre n’hésite pas à partager. “Tout ne dépend pas de moi,” dit-elle, malgré l’évidence. Mais pas si évident que ça, parfois, de se rappeler que même celles qui s’en tirent mieux qu’elle ne font pas pour autant partie de l’élite qu’elle méprise autant qu’elle envie. Elle hoche la tête, prudemment, puis suit le regard miroir jusqu’à la liste de laquelle elle venait de se détourner. “Ce sont le nom de toutes les femmes que nous avons rencontré, qui ont foulé ou pas ces lieux, qui ont été victimes d'un féminicide depuis le début de l’année.” Féminicide. Le mot lui est inconnu, mais elle n’a pas besoin d’explication pour comprendre ce qu’il représente. Une nouvelle fois, elle parcourt les noms d’un regard sombre, l’expression gardée neutre, tandis que l’ancienne Gryffondor lui explique qu’elles essaient de faire un recensement. Une goutte d’eau dans l’océan, des poings frêles contre la grande muraille. À deux doigts de lui demander à quoi ça sert, finalement, elle ravale son fiel rageur.
Elles essaient.

McGonagall, surtout, semble y mettre tout son être. Bouleversée, elle lève sa baguette solennellement pour la diriger vers le mur annoté. Des lettres y sont apposées, soigneusement et avec une douceur douloureuse, jusqu’à former un nouveau nom. Sarah Osborne. Anonyme parmi les anonymes, gravée pourtant à jamais sur un mur qu’elles ne seront probablement qu’une poignée à découvrir un jour. Elle aimerait demander, ne serait-ce que pour rendre honneur à leur existence, qui sont étaient ces femmes aujourd’hui devenue statistiques moribondes. Leurs histoires, leur façon de rire, leurs opinions et leurs goûts — chocolat ou vanille, dis moi ? Elle se tait pourtant, consciente de sa putride hypocrisie : au fond, ça ne changerait rien, et elle s’en fout. La curiosité est déplacée, laisse un goût dégueulasse sur la langue. Ne voudrait pas, elle, être découverte analysée et discutée après son décès. Ses secrets enterrés avec elle, son essence à jamais délivrée, la fuite éternelle et qu’on lui foute la paix. Alors sans doute est-ce plus honnête, plus clément, de ne rien demander.
Non ?
“Donc, non, Persephone, je n’espère pas que tu sois sur cette liste.” La conclusion tombe comme un couperet, lui arrache un rire étouffé. Dans ses mots, ni réconfort ni salvation. Pas de promesse non plus, surtout, et rien que ça ressemble à une condamnation. Ne sais-tu pas qu’il faut mentir parfois ? “J’ai vu mieux comme discours d’encouragement, Minerva,” souffle-t-elle. À mille lieues du récit sombre de la sorcière, elle plaisante avec une légèreté désinvolte. Ne reste qu’un vague cynisme amusé, quand tout s’en va, n’est-ce pas ?

La née-moldue jette un dernier regard à la liste menaçante avant de s’en éloigner, comme pour mettre de la distance entre l’idée de sa propre mort et elle-même. Si tu cours assez vite, peut-être — “Je ne compte pas y être ajoutée,” marmonne-t-elle à contre-temps, plus convaincante (espère-t-elle) que réellement convaincue. Elle ne compte pas y être ajoutée, mais les autres avant elle non plus. Que vaut un simple souhait face à la force du puissant ?
D’une moue amère, elle lâche “et c’est pour ça que je suis là.” Trop tard, maintenant, pour tout retirer et s’en aller, les dés sont jetés. La façade se brise et révèle le regard hanté de la proie, une main tordant nerveusement le bout de sa manche tandis qu’elle se demande si elle a fait le bon choix. Le calcul est simple, raisonne-t-elle. Peut-être son souhait additionné à tous les autres ont-ils une chance de vaincre l’opposition. Survivre seule n’était noble qu’en théorie : acculée, ni stratégie ni fierté ne pourraient la sauver. “Je vais bien,” précise-t-elle. L’inventaire a été fait un peu plus tôt, après tout, et elle n’avait rien à déclarer. “Plus ou moins.” Admission écrasée entre des lèvres serrées.
Elle secoue la tête, se met à marcher vers les tables et chaises délaissées. S’appuie contre l’une d’entre elles, sans s’asseoir tout à fait. Le regard se plante dans le mur en face d’elle, évitant les traits inquiets de son hôte, la porte trop facile à prendre et la liste narquoise. “Certains jours, il me suffit de penser à ce qu’on fait, et c’est… Supportable. Mais que puis-je faire des autres jours ?” Sa main gauche revient tirer sur sa manche droite, tic nerveux qu’elle dissimule habituellement tant bien que mal, auquel ne prête même plus attention à présent. “Hier, Mar — l’une des filles s’est défendue face à un client. Elle a…” Punie. La colère retombée comme un soufflé, les yeux écarquillés par la peur, et puis les cris. “Je n’ai pas pu l’aider.” Elle n’a pas voulu l’aider. Se préserver en premier, le motto bien ancré, partagé par le groupe dans son ensemble : des coups de pouce à gauche et à droite, mais ne jamais encaisser pour un autre. Les codes étaient établis pour être respectés, la loyauté vacillante et la peur omniprésente (surtout pas moi). “Et on ne pourra pas m’aider non plus. Si je craque, et un jour je craquerai, c’est certain… Si je craque, personne ne m’aidera,” conclut-elle d’un rire amer. Pas de grand méchant à abattre pour elle, pas une mais des menaces, partout où elle va. Et, finalement, la pire de toutes, c’est elle. Le jour où son sourire ne brillera pas assez fort dans les couloirs, elle ne courra pas assez vite. Alors la question est : comment se protéger d’elle-même ?  

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Minerva McGonagall
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études : promo 1895-1902, ancienne capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor de 1900 à 1902
particularité : maîtresse de la métamorphose, animagus chat tigré, féline et discrète.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptyDim 10 Mai - 9:10

Le rire étouffé de Persephone Wardwell vient interrompre le silence. Minerva ne sait pas bien pourquoi elle rit, il lui semble pourtant qu’elle n’a rien dit de drôle. L’amazone ne cherchait pas à enrober la vérité, ni à donner de faux espoirs à la née-moldue. Ce serait pire que tout et Persephone sait bien qu’elle mentirait. Minerva n’a pas de paroles réconfortantes. Tout ce qu’elle pourrait dire ne serait jamais assez quant à la gravité des drames qui se sont joués auprès de ses femmes mais aussi auprès de Persephone, toujours dedans.
« J’ai vu mieux comme discours d’encouragement, Minerva »
La réplique lui arrache pourtant un sourire. Elle aime la verve de la jeune femme. Elle se demande si Persephone était comme cela aussi avant tout cela où si c’est apparu à cause de tout cela. Est-ce que sa langue acérée avait été affutée par son histoire actuelle ou avait-elle toujours existée bien avant cela ? Elle ne répondra pas à la réplique cependant, qui se passe de tout commentaire.
Le regard de Minerva, triste et quelque peu abattu par cette journée qui lui aura terriblement rappelé sa condition de femmes, que parfois ce qu’elle faisait ne suffisait pas, s’accroche au nom de Sarah Osborne. Elle sent finalement Persephone s’éloigner d’elle. La métisse se détourne alors et son regard de chatte se pose sur la blonde si frêle.
« Je ne compte pas y être ajoutée »
Le marmonnement est convaincant, déterminé peut-être et Minerva se dit que c’est avec des marmonnements comme celui-ci que les voix commencent à s’élever petit à petit et faire du bruit. Que le courage commence à se former petit à petit même si c’est hésitant au début. Non, évidemment, Persephone ne comptait pas y être ajoutée. Aucune des femmes présentes sur cette liste non plus, même celles qui avaient renoncées. Mais dans la phrase de Persephone, Minerva détailla plus attentivement la jeune femme. Elle entrevoit alors une certaine résilience de sa part.
« et c’est pour ça que je suis là. »
Minerva acquiesce, silencieuse. Elle finit par définitivement tourner le dos à la liste et vient bouger encore, reprenant sa place sur la chaise mais ne quittant pas Persephone du regard. Les mots sont puissants et prononcer cette phrase à haute voix c’est autant admettre qu’on n’a besoin d’aide que l’on cherche de l’aide. Ne pas être toute seule. C’est l’un de messages qu’essayait de faire passer Minerva, à elle mais aussi à la communauté de sorcières magiques.
« Je vais bien, plus ou moins. »
Plus ou moins. Elle allait bien physiquement plus ou moins, avec les tatouages sur sa peau, tatouages forcés. Minerva n’ose pas imaginer la torture que cela a dû être. Persephone avait été dépossédée de son corps trop de fois maintenant. Après lui avoir pris sa liberté, on l’avait marquée pour qu’elle appartienne. De ces tatouages-là elle n’avait pas eu le choix, elle, malheureuse expérience. Puis, on l’avait dépossédée une seconde fois de son corps en la forçant à travailler avec ce dernier. L’offrir aux hommes et aux femmes probablement qui le saccageaient.
Peut-être n’avait-elle pas de marque physique, peut-être que son corps était en parfaite santé et dans ce cas elle allait bien. Mais le corps a sa propre mémoire, Minerva ne le savait que trop bien. Alors dans ce cas, Persephone n’allait pas bien.
La regardant aller et venir entre les tables et les chaises rangées, un lit de fortune toujours là au cas où, Minerva resta silencieuse, laissant la née-moldue s’approprier l’espace par elle-même. Elle lui proposera de dormir ici même si elle se doute que Persephone ne pourra pas. Mais tout de même, la proposition serait faite parce qu’elle aura son importance même si Persephone décline. Un lieu sécurisé à défaut d’avoir un corps en sécurité.
« Certains jours, il me suffit de penser à ce qu’on fait, et c’est… Supportable. Mais que puis-je faire des autres jours ? »
Ce qu’on fait, ce qu’ils font dans l’ombre. Elle a raison, Persephone, parfois, ce n’est pas suffisant et dans ces moments-là, c’est le début d’une angoisse infinie. Minerva comprend, elle l’a parfois le matin quand elle se lève, d’autres fois le soir quand elle se couche. C’est soudain, vif et là, au creux du cœur, au creux des tripes. Elle n’a pas de paroles réconfortantes non plus et elle ne cachera pas que parfois, elle-même est découragée, défaite.
« Hier, Mar — l’une des filles s’est défendue face à un client. Elle a… Je n’ai pas pu l’aider. » Mar. Pas de nom complet. Pas même sûr que ce soit son prénom tout court en réalité. La phrase suspendue laisse deviner ce qui s’est passé quand bien même Persephone ne rentre pas dans les détails. Le souffle de Minerva se fait plus court. « Et on ne pourra pas m’aider non plus. Si je craque, et un jour je craquerai, c’est certain… Si je craque, personne ne m’aidera » Elle sent comme un fourmillement dans ses doigts qui remonte le long de son bras et va jusqu’à son cœur. La détresse subite de Persephone est palpable. Minerva ne peut rien y faire et cette impuissance lui brise le cœur. Mais ce fourmillement, ce n’est pas de l’impuissance. C’est de la colère.
Colère qu’une femme puisse subir autant d’horreurs.
Colère devant ce système qui broie et brise, qui tue aussi.
Envie de vomir devant tant de mal, sur les chaussures de ceux qui se croient puissants, qui abusent des femmes comme Persephone, des femmes tout court.
La colère était montée toute seule quand elle avait appris pour le Fol’Opium et le sort de nombreux hommes et femmes, hybrides ou nés-moldus. Trafic d’êtres humains. Prostitution.
Prostitution qui avait la double peine : celle que personne ne voulait voir mais dont tout le monde profitait avec une hypocrisie sans nom. Tous ceux qui étaient clients qui en temps normal, au milieu de la bonne société, cracherait sur les femmes et les hommes de ce milieu, diraient qu’il faut les aider ou au contraire, qu’il faut qu’ils crèvent, mais qui, une fois la nuit tomber, n’hésiteraient pas à user et abuser.
Minerva sait qu’elle ne peut pas laisser exulter sa colère. Ce ne serait pas constructif et elle a trop appris à l’utiliser cette colère. Elle a bien son avis sur la prostitution en elle-même, avis qui ferait monter aux créneaux d’autres féministes, lui vaudrait même d’être lynchée. Si elle a terriblement envie d’ouvrir la bouche, prendre la plume et écrire l’article le plus cinglant de sa carrière, elle a trop bien appris que ce n’était pas chose à faire pour l’instant. Si elle le faisait, même Albus ne pourrait pas la sauver.
Il fallait être plus malin, plus subtile même si cela lui posait un gros cas de conscience. Elle aurait aimé sortir Persephone de là mais elle savait que la jeune femme y restait aussi volontairement. C’était son choix, et ce choix, Minerva le respecter quand bien même considérait-elle que le contexte forçât Persephone à le faire.
« Tu ne pouvais pas l’aider, Persephone. » souffle-t-elle finalement, sincèrement. « Pas comme cela tout du moins et je comprends pourquoi tu ne l’as pas fait non plus. » Si Persephone avait bougé le petit doigt, elle serait probablement morte à l’heure qu’il était. Même parfois devant l’injustice, l’instinct de survie prévalait. Minerva ne blâmait pas Persephone. Ce n’était pas de sa faute tout cela. Ce ne sera jamais de sa faute.
« Peut-être que quelqu’un essaiera de le faire quand même. Les gens sont parfois plein de surprises… Mais peut-être que l’aide n’arrivera pas comme tu voudrais qu’elle vienne. Peut-être sera-t-elle plus subtile, petits pas par petits pas. Parce qu’une aide peut prendre bien des formes. »
Quelque chose commence à se dessiner dans son esprit. Une idée qui germe en regardant la jeune femme.
« Moi, je peux t’aider. » se risque-t-elle. Elle marque une pause. « Avec ce miroir par exemple, mais ici aussi. Tu peux venir quand tu veux même si je ne suis pas là. Si tu veux qu’on te laisse tranquille alors, on te laissera tranquille. »
L’aide implicite, celle qui n’est pas démontrée par de grandes actions. Une oreille attentive, un miroir à double sens pour appeler à l’aider, un lieu pour se sentir en sécurité. Un article qui aurait l’effet d’une bombe plus tard. Quand le moment sera venu.
« Est-ce que cela te ferait te sentir mieux de te dire qu’il y a un moyen qu’il y ait une justice ? Pas tout de suite, pas dans l’immédiat, mais un jour ? » Minerva plante son regard sur celui de Persephone si cette dernière la regarde, retenant un peu son souffle. Oui, tout commence à se mettre en forme dans sa tête, mais pour cela, elle a besoin de Persephone.

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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptyDim 17 Mai - 0:19


Les yeux sans éclat, elle avait détourné les talons et s’en était allée. Au diable les cris, au diable les larmes et l’agonie. Elle aimerait dire que ce choix-là, que tous ses choix l’avaient tourmentée mais elle s’était couchée comme la veille et le lendemain : en espérant simplement vivre une autre journée.
“Tu ne pouvais pas l’aider, Persephone.” Le sourire, une nouvelle fois, est amer. Elle aurait pu, bien sûr. Certains l’ont fait avant elle, âmes inconscientes héroïques bravant la mort pour faire ce qui est juste. Mais serait-ce juste, finalement, qu’elle offre son existence en échange d’une autre ?
Qui décide des héros et des lâches ?
Minerva dit comprendre. Elle ne la croit pas vraiment, mais ne relève évidemment pas. Persephone n’est là ni pour confesser ses péchés, ni pour recevoir un quelconque pardon. Elle n’est pas désolée.
Quand a-t-elle tu la conscience et les regrets ?

On lui parle d’aide extérieure, et elle rit doucement. Elle en a eu, parfois, l’a ignorée. “Mais peut-être que l’aide n’arrivera pas comme tu voudrais qu’elle vienne.” Princesse en détresse déteste être sauvée quand elle ne l’a pas décidé. Devrait offrir ses notes aux preux chevaliers, leur donner une date une heure et toutes les méthodes qu’il leur fallait emprunter. Peut-être que cette fois-là, alors, cela fonctionnerait comme il se doit. (Première fois arrêtée, deuxième fois attrapée. Troisième, elle n’a même pas essayé.) “Peut-être sera-t-elle plus subtile, petits pas par petits pas. Parce qu’une aide peut prendre bien des formes.” Quelque chose quelque chose de noble et brave à propos d’une main tendue dans l’obscurité — ou était-ce lumière ? Tunnel ? Elle croirait entendre Albus. L’idée l’amuse, lui rappelle le lien qui les unit, tous les deux. Le cœur sur la main et les beaux idéaux. Là où ils voient de l’espoir, elle n’aperçoit jamais que les failles. Se demande un peu ce que ça lui ferait, de découvrir le monde par leurs yeux.

“Moi, je peux t’aider.”
La tête qu’elle avait toujours tournée vers le mur finit par chercher les traits de la jeune femme. Les mains sont toujours vissées au bord de la table, phalanges blanchies par la pression qu’elle exerce. Dans les jambes, plus de fourmillements ; l’instinct fuyard, pour l’instant, l’a laissée se reposer. Le regard est droit, dénué de toute chaleur, les sourcils sont froncés et la bouche pincée. C’est entière qu’elle se montre, à présent, sans jeu de lumière ou jets de paillette, sans excès et sans émoi. Gosse implacable toise bienfaitrice comme si elle voulait entrer dans sa tête, y découvrir le plan de son sauvetage. “Avec ce miroir par exemple, mais ici aussi. Tu peux venir quand tu veux même si je ne suis pas là. Si tu veux qu’on te laisse tranquille alors, on te laissera tranquille.” La proposition n’a rien de la révolution qu’elle aurait voulu entendre dans ses mots, mais elle suppose que ça peut faire l’affaire, pour l’instant. À quand l’explosion, à quand la vengeance ? Les entrailles hurlent et elle hoche la tête. Bien sûr, que Minerva ne lui aurait pas dit qu’elle n’avait pas à s’empêcher de craquer. Qu’il suffirait de les appeler pour qu’ils viennent mettre le bordel à feu et à sang. Évidemment. On n’y croyait de toute façon pas avant, mais l’espoir, l’espoir est toujours aussi vicieux. Cynisme fatigué heurte avec toujours plus de force l’idéalisme maternel, les mensonges assez souvent répétés pour qu’elle finisse, un peu, par les intégrer.
La colère teinte les rêves de lueurs rougeâtres, et elle est plutôt sûre qu’un jour elle ne verra plus que ça. En attendant, cependant, elle se contentera des miettes d’espoir qu’on lance à son encontre. “Merci.”
Brave petite.
La bouche se tord, la moue se fait encore un peu plus renfrognée (si c’est possible). “Merci,” répète-t-elle, la voix plus sincère. “Je ne sais pas si je viendrai, mais j’ai toujours apprécié avoir plusieurs options.” Le sourire est sans joie mais, chez lui non plus, aucune trace de malhonnêteté. C’est tout ce qu’elle peut offrir. C’est déjà ça ?
Elle a toujours beaucoup aimé qu’on la laisse tranquille aussi, malgré sa propension à s’entourer de silhouettes qu’elle peinait à distinguer pour espérer disparaître dans la masse. Ici, peut-être n’en aurait-elle pas besoin.

“Est-ce que cela te ferait te sentir mieux de te dire qu’il y a un moyen qu’il y ait une justice ?” Un sourcil se hausse, la curiosité remplaçant l’amertume peinte sur ses traits de poupée. Vengeance qui l’anime, mais se contenterait probablement de justice, si justice implique le corps brisé de tous ceux qui ont un jour osé la toucher. (Naïve, encore une fois ?) “Pas tout de suite, pas dans l’immédiat, mais un jour ?” Le regard de la sorcière est planté dans le sien, et elle le soutient sans ciller. La tête se penche cependant un peu sur le côté, comme pour mieux appréhender sa question, mieux définir les contours de sa réponse.
“Je suis patiente,” répond-elle après quelques secondes. De moins en moins, souffle l’esprit affaibli. “Je peux attendre,” souligne-t-elle, la voix plus sèche, réprimande qui ne concerne qu’elle. Tais-toi. Les lambeaux de l’ancienne Percy, stratège de l’ombre, capable d’attaquer des années plus tard, le sourire aux lèvres et l’oeil amusé. La rage rend toute seconde éternité, aujourd’hui, et de ses stratégies ne restent que l’objectif premier : gagner. Vite. Plus vite. “Je ne ferais pas partie de l’Ordre si ce n’était pas le cas, n’est-ce pas ?” L’amertume, encore une fois. Les méthodes douces et la lenteur décriées tout bas. La pique est balayée d’un geste léger, qu’importe. “Je serais partie depuis longtemps.” Chanterait en France, comme sa mère l’avait toujours souhaité. Se produirait dans les rues, dans les bars enfumés, danserait jusqu’à ce que ses pieds n’en puissent plus de la porter. Quelques semaines de répit, tout au plus, avant que la Guerre moldue lui coupe l’herbe sous le pied. Mais de ça elle ne sait encore rien.

Un autre silence. Les pensées s’entrechoquent, partent trop loin ; elle les ramène à elle. Se détache de la table pour se planter, droite, les bras croisés. “De quelle justice parles-tu, Minerva ?” Parce que finalement, la question est là. N’a plus que faire des gouttes d’eau qui feraient hypothétiquement déborder le vase, à ce stade. Tsunami elle provoquera, et tant pis si elle s’y noie.

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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptyJeu 21 Mai - 19:22

Plus elle observe Persephone Wardwell, plus Minerva McGonagall se dit que la jeune femme n’attendra pas une éternité avant d’avoir sa vengeance. Si une femme pouvait attendre des années avant de faire sa justice, il arrivait un moment où l’envie était là, bien trop forte. Et l’esprit de vengeance, Minerva pouvait le deviner, la colère aussi, dans ses deux merci et la phrase qui suivit. Elle sait que la colère finira par prendre le pas tôt ou tard. Elle sait que la vengeance sera réclamée tôt ou tard. Mais elle sait aussi qu’elle ne peut pas simplement la laisser éclater comme cela. Les enjeux sont trop importants et elle fait confiance à Persephone pour avoir saisi cette subtilité.
Que pouvait-elle seulement lui dire de plus d’ailleurs ? De garder espoir, d’attendre, encore et encore. Mais elle le savait : énoncer tout ceci c’était aussi une manière de faire comprendre à Persephone qu’elle n’était pas seule et qu’elle ne serait jamais seule ni oubliée et bien que cela puisse être dérisoire, le geste, la parole et l’intention comptaient. Si Persephone ne prenait pas tout de suite la main invisible tendue, elle le ferait tôt ou tard comme ce fut le cas avec le miroir que l’amazone lui avait glissé entre les doigts.
Parfois, elle se détestait, Minerva, de ne pas pouvoir faire plus. Parfois, elle aimerait elle aussi lever sa baguette et défigurer tous ceux qui ont pu lui faire du mal à elle, Persephone, comme à tant d’autres. Si elle perdait son sang-froid, c’est probablement ce qu’elle ferait, explosant littéralement tout sur son passage. Sauf que Minerva était encore trop raisonnée. Perdre son sang-froid ne serait que du gâchis pour toutes les deux et pour bien plus encore. Elles pouvaient la jouer beaucoup plus finement que cela et elle était persuadée que l’idée qui se formait dans son esprit intéresserait Persephone.
« Je suis patiente. Je peux attendre. »
Combien de temps encore ? Combien de temps avant qu’elle ne puisse plus attendre ?
Cela leur arrivait à toutes, toutes ces femmes qui vivaient les violences plus ou moins similaires que vivait Persephone. Toutes celles battues, violées, pouvaient attendre. Un certain temps. Mais un jour l’attente est trop douloureuse et le corps autant que l’esprit ne peut plus. Minerva pense pouvoir lui donner quelque chose à se raccrocher. Quelque chose qui pourra la motiver.
« Je ne ferais pas partie de l’Ordre si ce n’était pas le cas, n’est-ce pas ? »
L’amertume dans la voix, Minerva n’y fait pas attention. Elle commence à cerner le caractère et les paroles de Persephone et elle doit l’admettre : elle l’aime décidément beaucoup même si elle se demande si cela est dû à ce qu’elle vivait à présent ou si elle a toujours été comme cela. Albus ne s’était pas trompé en lui brossant son tableau.
« Je serais partie depuis longtemps. »
Partie comment ? Partie où ?
Minerva savait que la réponse n’avait rien d’un avenir brillant pour la sorcière. Peut-être que c’est ce que Persephone aurait dû faire. Peut-être que c’est ce qu’ils auraient dû tous faire quand ils avaient compris que le vent tournait en leur défaveur. Mais abandonner le champ de bataille n’était pas une option pour Minerva sauf si elle y était véritablement contrainte par stratégie ou pour sauver le plus grand nombre.
Le silence retombe dans la pièce et Minerva laisse Persephone mettre en marche les rouages de son esprit.
« De quelle justice parles-tu, Minerva ? »
« Celle où tous les puissants et tous ceux qui te font du mal paieront. » répond-t-elle sans quitter du regard Persephone. Minerva croise les jambes. « Tu sais que je travaille à la Gazette dans ma rubrique féministe. Les Skeeter aiment les scandales et je suppose qu’il y a énormément de scandales au Fol’Opium. Des clients, des noms, des situations… J’imagine que tu vois et sais beaucoup de choses et que tout ceci, je peux l’utiliser non seulement pour le distiller au sein du journal en faisant de toi ma source que je ne divulguerais pas, mais en plus de cela en préparant une bombe. » Détermination dans le regard, flamme de vengeance. « Je te propose que nous préparerions un article sur ce qui se passe. La prostitution plus exactement, la manière dont vous êtes traités, comment vous en êtes arrivés là… » Elle s’interrompte un peu. « Cet article pourrait sortir à un moment bien précis. J’imagine qu’à l’heure actuellement, malheureusement, savoir que des nés-moldus et hybrides se retrouvent traités de la sorte, ne touchera pas énormément de gens mais plus tard… quand la roue aura tourner par contre… » Elle se penche alors sur sa chaise pour observer plus attentivement Persephone et souffle : « Nous pourrons les faire tomber. Un par un. » Car il y a quelque chose de fascinant avec la société sorcière de 1914, c’est son hypocrisie à vanter la vertue, à vanter que les femmes sont des choses fragiles à protéger, mais dans l’ombre à s’adonner à des ignominies pareilles. Et Minerva McGonagall avait un talent certain pour utiliser la société contre elle-même.

@Persephone Wardwell
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: even if i bleed to death (minerva)   even if i bleed to death (minerva) EmptyMar 2 Juin - 2:23

“Celle où tous les puissants et tous ceux qui te font du mal paieront.” L’assurance de Minerva contre la rage qu’elle ne cherche plus à camoufler. Yeux dans les yeux, les deux jeunes femmes s’observent. L’une est pleine de promesses, l’autre laisse peu à peu sa perplexité naturelle de côté ; attirée, peut-être, par les flammes qu’elle imagine danser sur le corps de ceux qui l’ont bafouée.
Serait-ce si facile ?
L’échine courbée pendant des années, les genoux éraflés à force de ramper pour ne pas se faire repérer, l’épiderme en bleu et noir, l’esprit habitué à se rêver pour mieux ignorer la réalité. Et enfin (déjà ?) une porte de sortie.
Serait-ce vraiment si facile ?

Le palpitant chante l’espoir retrouvé tandis que la tête tente de rationaliser les élans sentimentaux. Dès l’enfance, habituée à ignorer le coeur pour privilégier la raison, pour soutenir celle qui n’avait jamais su écouter la sienne, pour éviter qu’elle aussi ne tombe de haut. Mais Persephone est fatiguée. Fatiguée de trier les informations, de déceler le vrai du faux, de choisir entre le juste et le pratique, de soupeser le pour et le contre. Nuances de gris infinies sous son oeil observateur finissent aujourd’hui par se confondre et se séparer, pour ne plus lui offrir que deux teintes distinctes : le noir et le blanc.
Alors c’est la chanson qu’elle écoute, finalement, prêtant une oreille attentive aux solutions que lui proposent la sorcière en face d’elle. Là encore, ce n’est pas la violence abrupte qu’on lui suggère, et le constat souille le palais de son goût amer. Elle sait, elle sait que les succès sont souvent arrachés à force de patience et de planification. Elle sait les attaques frontales dangereuses et vouées à l’échec ; elle sait parce qu’elle a toujours fonctionné de la façon la plus efficace possible. En saisissant les morceaux éparses que les autres laissaient négligemment derrière eux, les rassemblant. Des ruines surgissaient alors invariablement de véritables forteresses. Peut-être serait-ce la même chose cette fois-ci. Que pourrait-elle faire d’autre, de toute façon ? Un visage étouffé sous l’oreiller, et tous les autres déjà prêts à l’attraper. “J’imagine que tu vois et sais beaucoup de choses et que tout ceci, je peux l’utiliser non seulement pour le distiller au sein du journal en faisant de toi ma source que je ne divulguerais pas, mais en plus de cela en préparant une bombe.” La plume est une arme comme les autres, paraîtrait-il. Les mots, acérés, sont certainement capables de blesser, de ça elle peut témoigner. Rumeurs et souffles amusés, commentaires faussement nonchalants à histoires aussi vraies que nature. Les réputations de chacun ne reposent après tout que sur la capricieuse image collective, et quand celle-ci vacille, c’est tout le reste qui s’effondre.
Minerva s’adresse à la bonne personne. N’est-ce pas là son véritable travail ? L’oreille qui traîne et les yeux qui agrippent les moindres détails. Espionne officielle depuis quelques mois, fouine depuis bien plus longtemps. Des noms, elle en a plein la bouche ; des situations et des scandales, des injustices et des faits divers. Sa tête est pleine de petits riens qui, additionnés, suffiraient éventuellement à ébranler la structure des puissants.

“Je te propose que nous préparerions un article sur ce qui se passe. La prostitution plus exactement, la manière dont vous êtes traités, comment vous en êtes arrivés là…” Un battement. Quelques secondes entre la première promesse et les jolies paroles, deux minutes tout au plus, et Persephone n’a pas bougé. Bras croisés sur la poitrine, le regard planté sur McGonagall, l’expression impassible. À ces mots pourtant, et parce que le cynisme n’est jamais bien loin de l’espoir incertain, elle laisse échapper un ricanement. On aurait pu croire les histoires diverses, les parcours différents. Ils le sont peut-être, d’une certaine façon, mais tous se rejoignent au même point : abus de pouvoir et désespoir.
Qui en aurait quelque chose à faire, ceci dit, de leurs peines ?
“J’imagine qu’à l’heure actuellement, malheureusement, savoir que des nés-moldus et hybrides se retrouvent traités de la sorte, ne touchera pas énormément de gens mais plus tard…”
L’autre répond à la question qu’elle n’a pas encore formulée et l’ancienne Serpentard roule des yeux. Plus tard, quand le monde ira mieux.
Plus tard, quand les méchants ne seront plus méchants et que la grâce aura touché les mécréants.
Plus tard.
Mais a-t-elle le choix ?
Si aujourd’hui n’existe pas, il ne lui reste plus qu’à miser sur demain. Et les jours d’après. Peut-être qu’en pariant assez souvent, elle(s) finirai(en)t par tomber sur un numéro gagnant.

Quand la roue aura tourné, dit-elle encore. Elle ne cille pas.

“Nous pourrons les faire tomber. Un par un.”
La conclusion est trop forte pour un discours somme toute trop doux à ses yeux. Mais l’espoir, là encore, aussi naïf qu’attirant, bat dans les tempes. Fatalisme contre idéalisme mordant, un combat de tout instant pour une équilibriste forcenée. “Quand ?” La question est ambigüe ; moitié pour l’article à rédiger, moitié pour le monde à renverser. Tendance à tout regrouper pour demander les impérieuses explications qui lui reviennent, songe-t-elle, de droit.
Qui va donc faire tourner cette fameuse roue ?
Et comment ?
Les dernières questions sont gardées pour elle.

La proposition est tentante simplement parce qu’elle existe. Une tranche de pain pour l’affamée. Comme elle avait saisi la main d’Albus lorsqu’il lui avait tendue, elle répugne à refuser de prendre celle de Minerva. Les mots, un jour, couperont peut-être aussi bien qu’une lame affûtée. Et si ce sont les siens, encore mieux. Les bras qu’elles avaient toujours tenus contre sa poitrine se relâchent. Ballant, pour l’un d’entre eux, tandis que l’autre se lève pour que les doigts agrippent les cheveux et s’y entortillent. “C’est un plan sensé,” dit-elle finalement. “Ce n’est pas… Ce que j’aurais voulu entendre,” un rire, “mais c’est intelligent. Anonymement, bien sûr, comme tu l’as souligné.” Elle hoche la tête, sa décision prise. Elle s’en contenterait. En attendant. “Je suis partante. Quand est-ce que l’on peut commencer ? Même si ce n’est pas pour aujourd’hui, ni pour demain, il ne faudrait pas attendre trop longtemps. Je pourrais oublier, ou...” Le sourire qu’elle lui offre est las, le regard un peu fuyant. “Je pense déjà avoir suffisamment de matière à t’apporter.” L’expression se durcit, détermination qu’on force sur les traits fatigués.

Les explications qui suivent vont droit au but : quand, où, comment. Le plan est mis en place, et Persephone se laisse porter par les idéaux de l'autre, comme toujours. Le prochain rendez-vous est fixé sans cérémonie, avec la promesse de Minerva qu'elle serait toujours disponible via le miroir qui les avait d'abord réunies. Cette fois-ci, la née-moldue ne rechigne ni n'hésite. Le premier pas ayant été posé, tous les autres suivront. Confiance fragile, peut-être, mais confiance tout de même lorsqu'elle lui adresse un dernier sourire avant de s'éclipser. On retourne silencieusement aux ombres, on raccroche amèrement les chaînes. En attendant de la retrouver un autre jour.
En attendant l’explosion.


RP terminé.

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