se noyer dans quelques prétextes (dumblebros)

Les chaussures sont cirées. Les vêtements, parfaitement repassés. La cape pend au dos de la porte, fraîchement rapportée de chez le teinturier. L'elfe continue de s'affairer, tandis qu'il entend les pas pesants de son maître dans la pièce à côté. Tout doit être absolument parfait, mais il est rare que Gilly fasse un écart. Le contentement et la réputation de son maître sont ce qui importe le plus pour la créature. Sa famille sert les Longbottom de mère en fille depuis des générations, tandis que les mâles sont envoyés aux plantations pour travailler. L'elfe s'en accommode très bien. Il y a toujours quelque chose à faire, et maître Longbottom lui fait confiance, jusqu'à lui confier des missions importantes, comme surveiller les conversations lors de certaines soirées. Gilly le suit toujours comme une ombre. Parce qu'elle veut toujours être prête à pouvoir lui rendre service, mais aussi, car elle ne permettrait pas qu'on lui fasse du mal. C'est pourquoi, lorsqu'il fait finalement son apparition dans la pièce principale, elle arrange la toile grise et poussiéreuse qui lui sert de vêtement, comme si elle se préparait à l'accompagner quelque part. Mais Harfang la coupe vite dans son élan, les yeux plongés sur la presse matinale.

« - Je ne souhaite pas que tu m'accompagnes aujourd'hui, Gilly. Une affaire importante m'attend. Rends-toi plutôt utile et va relever mon courrier au Ministère. »

Les oreilles molles de l'elfe retombent comme un soufflé sur son crâne chauve alors qu'elle pensait l'accompagner, mais elle répond d'une voix guillerette.

« - Bien sûr, Monsieur. Gilly fera comme le Maître veut. »

Harfang dépose la Gazette du Sorcier dans les mains de la créature pour qu'elle s'en débarrasse, passe sa cape autour de ses épaules et sort de son appartement sans un au revoir, alors que Gilly lit le titre en grosses lettres.

Grindelwald renforce ses recensements

Une affaire importante, oui. Assez pour qu'il laisse l'elfe derrière lui. L'homme ne savait pas encore de quel ordre elle ressortait, cependant, il avait comme un pressentiment. Celui-ci persistait depuis qu'on l'avait invité à rendre visite à Grindelwald, pour qu'il lui fasse la proposition d'un poste qu'il ne pouvait refuser. Outre la pression d'un refus qui ne pouvait se faire, c'est l'apparition d'Albus, un vieil ami qu'il avait perdu de vue, qui avait finalement fait flancher le potionniste et accepter de s'occuper du recensement des nés-moldus. Malgré les années, Harfang le connaissait. Il pouvait le voir, dans ses expressions, lorsqu'il préparait un coup fourré. C'était ça, cette simple expression, ce coup de confiance, qui avait décidé Harfang. Il devait maintenant savoir si cela valait le coup, ou s'il avait sacrifié sa carrière et attiré le courroux des siens pour rien.

Albus était venu le voir, il y a de ça quelques jours, pour le féliciter et l'inviter à fêter cette nouvelle autour d'un verre. Chez Abelforth. Un endroit qui lui mettait d'autant plus le joncheruine à l'oreille. Aux dernières nouvelles, ces deux-là ne pouvaient pas se voir à cause de leurs querelles. Harfang avait du retard dans les potins. Et il était bien décidé à se mettre à jour.

Habitué à se rendre chez Abelforth, pour les affaires ou le plaisir, Harfang transplanne dans une rue moldue à l'écart des yeux indiscrets pour se rendre au Rock'n'bear, qui ne devait pas être très fréquenté à cette heure avancée de l'après-midi. De foulées rapides, il parvient au pub, où il trouve le tavernier, affairé derrière le comptoir, comme à l'accoutumée. Longbottom le salue, d'un signe de tête et sourire aux lippes.

« - Abel. »

Ce à quoi celui-ci répond d'un signe de tête, indiquant le fond du pub où se trouve Albus.

Sans attendre, Harfang s'y dirige, pour trouver le cadet attablé devant une bièraubeurre. D'un sourire amusé, il s'adresse à lui, écartant les bras pour désigner le côté désert de l'endroit.

« - "Fêter ça", hm ? Moi qui m'attendais à une foule de badauds criant surprise, tu me vois décontenancé, Albus. »

(c) sweet poison

Abel pensait, souvent, beaucoup. En ces temps difficiles économiquement parlant, c’était en réalité l’activité qui l’occupait une bonne partie de la journée, lorsqu’il ne servait pas les perdus ou les malheureux. Il guettait l’heure avec impatience, seul derrière le bar, peu concentré sur les rares discussions qui alimentaient le bruit de fond. Il attendait son frère et Harfang pour la fin d’après-midi. Cette idée lui arracha un léger sourire nostalgique. Voilà que, des années plus tard, ils se retrouvaient à nouveau réunis tous les trois. La guerre n’avait visiblement pas pour unique effet de séparer les amis, les amants, les familles. Comme une lueur de souvenirs heureux, de retrouvailles chaleureuses, d’espoir, au milieu de tout ce chaos.

Enfin, Albus passa le seuil de la porte d’entrée du bar, et Abelforth fit le tour du comptoir pour l’accueillir. Aujourd’hui, Albus était un personnage qui inspirait autorité et confiance, occupant un poste de directeur depuis quelques mois au Ministère. Si au début, Abel s’était particulièrement opposé à cette idée, persuadé qu’Albus ne mesurait pas le danger de sa décision, aujourd’hui, il avait compris qu’il fallait prendre des risques, même si des vies étaient en jeu, même si sa propre vie était en jeu, pour gagner cette bataille. Une nouvelle détermination brillait dans son regard, remotivé pour se battre, pour aller de l’avant, pour vivre. Longtemps, Abel n’avait été que l’ombre de lui-même, se sortant difficilement d’un alcoolisme chronique, fermant les yeux devant sa lâcheté écœurante. Il avait décidé de s’engager, au sein des Enfants de Morgane, et avait accepté d’aider son frère et l’Ordre, d’une manière bien moins officielle, la plupart des membres de l’organisation rebelle n’étant d’ailleurs pas au courant du rôle qu’Abel jouait auprès de son frère. Et de Minerva, évidement. Celle qui partageait aujourd’hui la vie du cadet Dumbledore était à l’origine de bien des changements psychologiques, de bien des émotions, chez Abel. « Tu m’as manqué, Abel. » Les deux hommes échangèrent une étreinte, geste qui leur avait pendant longtemps été inconnu, étranger, mais qui, désormais, semblait si naturel. Abel, s’il avait toujours été loyal à son frère, avait décidé aujourd’hui de lui montrer. S’il était bien moins démonstratif qu’Albus, plus silencieux, plus solitaire, il lui adressa un sourire chaleureux et l’invita à s’installer sur une table, au fond du bar. L’endroit était assez sombre, mais n’inspirait pas une certaine méfiance ou insalubrité. S’échangeant des nouvelles à l’abri des oreilles indiscrètes, ils attendaient leur invité.

Harfang se pointa le dernier. En voyant la silhouette de son ami se dessiner, Abel se leva et se dirigea vers le bar, saluant le Londubat au passage. Il servit trois chopes Bieraubeurre, production locale, et après avoir servi un client au visage familier, retourna s’installer auprès de ses deux compères. « Que veux-tu boire ? On va fêter ton nouveau poste dignement. » Abel prit sa chope dans sa main et la tendit en l’air. « Et bien, tu n’as pas vraiment le choix ! Bieraubeurre d’un brasseur du coin, c’est une nouveauté. A cette promotion ! » Et il porta le verre à se lèvres, goûtant pour la première fois cette bière. Qui malgré l’incompétence que lui avait inspiré le jeune brasseur qui s’était présenté, la semaine passée, au bar, n’était finalement pas si mauvaise. Il se reconcentra sur Harfang, alors qu’Albus évoquait le paternel Londubat. Le trentenaire devait se sentir bien perdu face à ses deux amis, autrefois déchirés, désormais réunis. Les souvenirs de leur adolescence revenaient à Abelforth, se remémorait les bons moments qu’ils avaient passé ensemble. Et puis il y avait eu le drame, la descente aux Enfers d’Abel, l’éloignement avec son frère. Harfang avait été témoin de tout ça, et Abel lui était reconnaissant d’avoir toujours été là pour lui, de toujours s’être comporté comme un véritable ami.

« Comme tu peux t’en douter, Abel et moi préparons une rébellion. On espère pouvoir compter sur toi. » L’annonce fut frontale, légèrement inattendue. Si cela réchauffait le cœur d’Abel de savoir que son frère le considérait réellement comme un allié de taille dans cette lutte, l’idée de le présenter à un poste de leader le mettait un peu mal à l’aise. Même si, au fond, Abel le savait, il avait un rôle capital à jouer dans ce combat. Il cachait encore son implication chez les Enfants de Morgane à son frère, persuadé que celui-ci n’adhèrerait pas à ses idées, et préférant éviter toute nouvelle forme de conflit pour le moment. Pas alors qu’ils s’étaient donnés leur confiance. Pas alors qu’Albus l’entrainait, très régulièrement, en vue de le préparer à un duel contre Grindelwald. Pas alors qu’enfin, ils semblaient retrouver un semblant de vie de famille. Albus lui avait évidement parlé des projets qu’il préparait pour Harfang et le département dont il était désormais à la tête. Et Abel espérait, du fond du cœur, qu’ils n’auraient pas à user d’un Oubliettes pour faire oublier cette conversation à leur ami. Le Dumbledore en était sûr ; il y avait également une âme rebelle à réveiller chez Harfang. Exactement de la même manière que la sienne s’était réveillée, bien trop récemment. « Je suis sûr que tu n’as pas accepté ce rôle pour faire souffrir des sorciers, Harf. Tu as le pouvoir de sauver des vies. » L’altruisme caractéristique du barman, celui qui pensait à sauver avant de tuer, éternellement.

@Harfang Longbottom @Albus Dumbledore

Un sourire comme simple parure. Harfang vient ici en paix, retrouvant de vieux camarades de classe, dont le trio ne s'est pas réuni depuis des années. Pourtant, en les observant, l'ancien Serdaigle a l'impression que c'était hier, qu'il recherchait les passages secrets avec Albus et Atlas, que c'était hier, qu'il taquinait les sentiments d'Abel envers une certaine Gryffondor. De l'eau a coulé sous les ponts. Ils ont tous bien changé, depuis près de quinze ans. Les traits plus marqués, l'apparition de rares cheveux blancs, un air sérieux et solennel, que la situation politique a imposé sur eux. Le poids de lourdes décisions sur leurs épaules. Mais à bien y regarder, ont-ils tellement changé ? Abel donnerait toujours sa vie pour ses amis. Albus reste le fin stratège qu'il a toujours été. Et Harfang ? Eh bien, il est toujours prêt à les suivre, quoiqu'il arrive.

Boutade envers Albus, bien sûr qu'il ne s'attendait pas à un comité d'accueil, et il semble même au fonctionnaire qu'il y a un peu trop de têtes dans ce bar, mais soit.

« - C’est ton comité d’accueil préféré. La surprise arrive.
- Je n'en doute pas, soupire-t-il d'un air contrit, avant de prendre place aux côtés de son - dorénavant - collègue.
- Que veux-tu boire ? On va fêter ton nouveau poste dignement.
Harfang n'a pas le temps de répondre, mais adresse un regard entendu vers Abel. Il connaît ses goûts, maintenant.
- Et bien, tu n’as pas vraiment le choix ! Bieraubeurre d’un brasseur du coin, c’est une nouveauté. A cette promotion !
- À cette promotion, répète Harfang, non sans réel engouement. »

Malgré le fait qu'il ne soit pas le plus ravi d'avoir été promu, l'homme doit reconnaître que cela fait du bien d'être entouré par des personnes qui ne lui jettent pas des regards noirs ou ne décident pas de le renier avant la moindre explication. Pas comme Algie et Atlas, pour ne pas les citer. C'est donc avec plaisir qu'il prend une gorgée de la bière brassée, plaisir bien vite mis à terme par Albus et ses interrogations. Il n'a jamais tourné autour du pot, celui-là.

« - Comment va ton père ? Il doit être heureux de savoir le sort qu’on réserve aux nés-moldus. »

Le brun prend le temps de laisser le breuvage couler dans sa gorge, les yeux rivés sur l'aîné des Dumbledore. Parler de son père n'était jamais une très bonne idée.

« - Tu dois savoir qu'il a financé en partie le coup de Grindelwald. Ça en dit long sur ses pensées politiques. Il marque une pause, doigts tapotant le verre à peine vidé, ses yeux bruns soudainement plus profonds. Il n'est pas non plus innocent quant à ma nomination. Ni lui, ni toi. Si Albus est direct, Harfang en fait tout autant. Leur temps leur est précieux et ils savent, tous les trois, qu'ils se sont réunis pour un but précis. La raison m'échappe encore, lâche-t-il finalement, sincère. »

Albus ne tarde pas à en venir au fait. Un regard à gauche, un à droite, s'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne traîne pour entendre la bombe qu'il lâche.

« - Comme tu peux t’en douter Abel et moi préparons une rébellion. On espère pouvoir compter sur toi. »

Heureusement qu'il n'avait pas repris une gorgée de Bièraubeurre, il l'aurait sans nul doute recrachée sur son interlocuteur.

« - Détrompe-toi, je ne me doute de rien. Il se doutait de quelque chose bien sûr, mais ça ? Certainement pas. Aux dernières nouvelles, vous ne pouviez pas vous voir en peinture, vous deux. Et maintenant, vous parlez de rébellion ? Il secoue la tête, lâche un bruit sceptique, tourne son regard vers Abel. Et tu es partant pour ça ? Pause, où il se rend compte de la stupidité de la question. Oui, évidemment que tu l'es.
- Je suis sûr que tu n’as pas accepté ce rôle pour faire souffrir des sorciers, Harf. Tu as le pouvoir de sauver des vies, lui lâche le cadet, appuyant les propos de son frère. »

Le regard d'Harfang passe d'Abel à Albus, d'Albus à Abel. Évidemment, ils l'avaient coincé en étau entre eux deux, aucune chance d'esquiver. Alors, il boit une gorgée de Bièraubeurre, pour se donner un peu de consistance.

« - Sauver des vies ? Tu dis ça comme s'il ne s'agissait que d'une paperasse à régler. De la colère, c'est ce sentiment qui transpire des mots du brun. Sa main se serre autour du verre, pour ne pas ficher son poing dans le visage de l'un des Dumbledore ; il ne sait pas encore lequel. Les deux, avec un peu de chance. Pourtant, il se raisonne rapidement. Il ne peut pas se mentir à lui-même ; il est venu ici avec l'espoir de recevoir des réponses. Elles ne sont pas vraiment ce qu'il espérait, mais elles ont le mérite d'être directes. Évidemment, je ne suis pas ici pour rien. Je m'attendais à un de vos coups fourrés, mais une rébellion... Soit. Dites-moi de quoi il retourne, exactement. »

(c) sweet poison

D'apparence, une simple retrouvailles entre amis. D'apparence.
L'annonce secoua le Londubat, qui ne masquait pas son air étonné. Les deux frères ralliés était déjà une surprise de taille, lui qui les avait vu se déchirer, s'éloigner, et, au final, n'être plus que deux étrangers. Et Harfang, au milieu de ce joyeux bordel. Comme un choix à faire. Abel lui était reconnaissant d'avoir toujours été un bon ami pour lui, de ne pas lui avoir tourné le dos. Mais Fang n'avait pas le courage d'Albus, peut-être pas la loyauté, le sens du devoir, d'Abel. Fang était préfet-en-chef, aigle illustre, mais, Abel en était persuadé, certainement pas un simple pion manipulable. Aux yeux de ses parents, peut-être. Il était grand temps de le réveiller, de lui ouvrir les yeux sur la misère que cache à peine le régime de Grindelwald. Abel ne voulait pas croire que son ami avait accepté ce poste pour guider les malchanceux à l'abattoir. Non, il ne pouvait pas y croire.

Colère dans le ton du tout nouveau directeur promu. Interrogations et reproches fusèrent. Ce n'était pas rien, ce que les frères Dumbledore venaient d'annoncer. Abel regarda son frère donner des explications à leur ami. Un rictus fendait le visage d'Harfang, qui, pourtant, s'intéressait. Et cet intérêt rassurait Abel. Il le savait. Une étincelle indignée brûlait au fond du cœur de son ami. Une nouvelle gorgée de bière et Albus avait terminé sa tirade. Observant la mine d'Harfang face à ces révélations, Abel prit la parole.

- Et, pour te répondre, mon frère et moi mettons... Disons que nous mettons le passé derrière nous. Un aveu qui n'était pas simplement destiné à Harfang, mais également à Albus. Évitant le regard de son frère, un peu gêné, il voulait rapidement passer à autre chose. Cette sorte d'excuse, de pardon, de promesse, avait tout d'un de ces films dramatiques qu'Abel détestait. En réalité, il est à l'origine de ce mouvement bien plus que moi. Je l'aide, un peu. Ne pas trop s'engager, car s'engager, c'était se mettre en danger, c'était prendre parti, c'était ne plus pouvoir faire machine arrière. Abel regarda un instant l'air printanier à travers la fenêtre, quelques mètres plus loin. Allait-il réellement rester en arrière encore longtemps ? Et, quand allait-il enfin avouer à son frère qu'il ne s'engageait pas pleinement dans l'Ordre tout simplement parce qu'il avait porté allégeance à une autre organisation ? Pas vraiment un mensonge, mais pas totalement dans honnêteté. Ça ne lui ressemblait, et il n'aimait pas cette situation ; pourtant, cela faisait quelques semaines déjà qu'il agissait dans son coin, sans en parler ni à Albus, ni à Minerva. Minerva... Il chassa vite la belle amazone de sa tête, de peur de sombrer. Presque un péché.

@Harfang Longbottom @Albus Dumbledore

@albus dumbledore @abelforth dumbledore

Les Dumbledore et leurs idées saugrenues. Leurs grands mots, également, surtout de la part d'Albus. Rébellion. Allié. Un flot d'informations qui envahit le crâne de Harfang, s'y répand pour y former son lit, idées qui creusent leurs racines et prennent place. Les implications, également, qui déboulent avec chaque nouvelle pierre apportée à l'édifice. Ainsi, l'aîné des deux frères lui apprend pour quelles véritables raisons, il a accepté d'être à la tête du Département des affaires moldues. Cette décision avait effectivement étonné le Longbottom. Lui, qui n'avait jamais vu de haine chez son ami envers les autres ; du moins, pas sans la moindre raison valable. C'est pourquoi il lui avait fait confiance, avant même de savoir exactement de quoi il retournait. Et maintenant que les raisons se dessinaient limpidement devant ses yeux, il ne pouvait faire autrement que les comprendre et y adhérer. À en discuter, à voir cette possibilité se poser, quelque chose se réveillait en lui. Cette envie de ne pas se conformer à la situation. D'agir, véritablement. Une flamme qu'Albus, et peut-être même Abel, avaient vu en lui sans même qu'il sache qu'elle était là.

« - J’ai pris les rênes du département des affaires moldues et j’ai besoin de toi pour qu’on puisse envoyer des sang-de-bourbes le plus loin possible avant l'apposition du sceau de Grindelwald.
- Le sceau ?, répète-t-il, sans encore savoir de quoi il veut parler.
- C'est un tatouage ensorcelé qui fera d’eux des esclaves.
- Par Merlin, souffle-t-il, se rendant compte de l'ampleur du carnage qui est en préparation. »

Ainsi, c'était là le plan de Grindelwald. Asseoir son pouvoir sur ceux considérés comme impurs, les réduire à l'état de moins-que-rien. Albus réitère son offre, affirmant qu'il a besoin de lui. Son petit frère prend la parole, également. Il dit que l'aîné est à l'origine de toute cette idée, qu'il n'a fait que l'aider un peu. Harfang remarque qu'Abel a la tête ailleurs, renfermé dans ses pensées. Eux, qui ont toujours été proches, peut-être un peu plus qu'avec Albus.

« - Je n'ai jamais œuvré contre les nés-moldus, ni les moldus, qu'à cela ne tienne. Vous savez que je ne partage pas les opinions défendues par mon paternel. Une pause, où il prend sa décision. Je t'aiderai, Albus. Dans la mesure de mes capacités. Mais... Et là, il capte le regard d'Abel. L'air de lui demander, sans un mot : qu'en penses-tu, vraiment ? Puis, il porte son attention sur Albus. Un soupir lui échappe. Je ne sais pas, Albus. Gellert et toi avez une relation fusionnelle. Penses-tu que ça soit une bonne idée, de t'exposer ainsi, si proche du pouvoir en le trahissant effrontément ? Une pensée, qu'il n'arrive pas à s'ôter de la tête. Il a besoin de s'en assurer. Je sais que tu portes encore des sentiments forts à son égard. Je suis prêt à te suivre, Albus, uniquement avec l'assurance que ces derniers ne rentreront pas dans la balance de ton jugement. »