l'essentiel est invisible pour les yeux. (albus & newt, 1904)

une simple histoire d'attitude. c'est toujours une simple histoire d'attitude, se dit newt, d'approcher une créature magique. c'est comme ca qu'il a réussi à monter sur le dos d'un hippogriffe. il suffisait de s'avancer, tranquillement, respectueusement, et la créature aux bec et griffes acérés a compris que newt n'était pas la pour lui arracher les plumes. c'est quand même pas sorcier tout ca.
alors, approcher un dragon, ce ne devrait pas être sorcier non plus.
c'est ca qu'on se dit quand on a neuf ans qu'on s'appelle newt scamander qu'on a lu trop de livres sur les créatures magiques et qu'on se croit savant aventurier et surhomme à la fois. la famille Scamander, en déplacement pour protéger la population d'Iran et d'Arménie contre un esprit démoniaque s'est arrêté une nuit dans une bourgade à la frontière des deux pays dans les montagnes d'azhdaha et a pris refuge dans une auberge locale. newt a bien lu tous les livres sur les créatures et la culture locale par Mohammad B. Mahmoud. il entend particulièrement tester et vérifier ses théories sur les occamy et leurs capacités à changer de taille. mais ce qui l'intrigue le plus ce sont ces écrits lacunaires sur les dragons d'azhdaha. pendant que les adultes affrontent les esprits diaboliques, newt se prépare à partir à la recherche de ces créatures impressionnantes et dangeureuses. il a bien lu toutes les informations disponibles à leur sujet, et a rassemblé les étoffes dorées qu'ils adorent et des souris pour les appater. il n'a cependant pas encore décidé ce qu'il va faire en les rencontrant, leur gratter le nez? les chevaucher? On verra bien quand on aura réussi à les approcher.
alors que les parents sont partis pour la journées, continuant leur enquête, newt profite que son frère fait la grasse matinée pour quitter la chambre de l'auberge, un sac sur le dos et beaucoup d'espoirs dans la tête. il prend la route qui mène dans la montagne, dans la direction où Mohammad B. Mahmoud a dit voir un jour le scintillement particulier de ces dragons.
il marche longtemps, arpente les sentiers, grimpe sur quelques rochers avant d'arriver à l'entrée dissimulée d'une grotte.
il y entend des grognements, et est ébloui par le scintillement d'une écaille. aucun doute, il est au bon endroit. il se cache derrière un rocher et attend quelques instants. après une petite heure où il s'est assoupi, il est réveillé par un râle majestueux et sursaute. il se retourne et discrètement regarde par dessus le rocher la créature qui est sorti de la grotte. ce dragon ne fait pas plus d'un mètre cinquante tet doit être un jeune encore. curieux, le dragon renifle et explore les alentours de son regard percant mais encore naïf.
newton fouille dans son sac calmement pour trouver les souris qu'il a emmenée avec lui. ce ne sont pas de vrais souris, heureusement, quelle tristesse de devoir sacrifier de vrais souris, mais des petits mécanismes enchantés pour leur ressembler et qu'il a trouvé dans une boutique pendant le voyage. il en dépose une sur le rocher, et celle-ci se met à courir dans tous les sens. le jeune dragon est intrigué et suit cette étrange créature du regard. Il se prépare à l'attraper, tel un chat à l'affut de sa proie.
il bondit et atrappe presque la souris enchantée, bondit à nouveau plusieurs fois sans l'atrapper. cela fait tellement rire le jeune sorcier qu'il sort de sa cachette. le dragon le remarque mais est trop occupé pour s'en offusquer. il finit par mettre ses griffes sur la souris et est décu de voir qu'il ne peut pas en faire son gouter. la créature se retourne vers newt, l'air de dire pourquoi? pourquoi tu me trompes ainsi?
ce sont vraiment des créatures intelligentes se dit newt. c'est le moment de continuer l'approche. il sort de son sac l'étoffe dorée empruntée à sa mère, qui scintille comme les écailles du dragon, et à qui il sait que ceux-ci ne peuvent pas résister. il reste à sa place d'abord, et tend l'étoffe devant lui, attendant que le dragon fasse le premier pas.
celui-ci renifle, et fait un pas timide vers l'avant. newt attend un instant puis s'avance aussi. le dragon fait de même et lentement ils se rapprochent l'un de l'autre. il faut être patient, newt le sait. mais il rêve tant de pouvoir faire connaissance avec cette créature qu'il se perd dans l'instant. il ne voit que le jeune dragon, ses yeux bleus turquoise, ses écailles d'un vert moiré, la beauté majestueuse qui se dessine dans ses traits. tu seras pour moi unique au monde. quand ils se seront approchés, acceptés, apprivoisés. d'une main newt tend l'étoffe que le jeune dragon vient lentement renifler alternant son regard sur les scintillements moirées de l'écharpe et sur le jeune sorcier qui tend son autre main vers lui. lentement. surement. les doigts du jeune sorcier peuvent sentir la peau du dragon s'approcher et sentent les moindres souffles de la créatures. le dragon a l'air calme, curieux, un peu timide mais le laisse approcher. il tend le cou et vient lui renifler la main puis baisse la tête. newt est là à deux doigts à un fil de pouvoir toucher la créature dont il a tant rêvé tant espéré.
il ne voit pas l'ombre qui s'approche de lui à pas rapides. il n'entend pas le souffle et le râle d'une créature aux tailles et dimmensions plus imposantes que celles du petit dragon.
car newt a oublié une lecon importante. c'est que les mamans ne sont jamais loin de leurs petits. il devrait le savoir car sa mère préfère en faire de même. mais elle n'est pas là aujourd'hui.
le jeune sorcier parcourt les quelques millimètres qui le séparait du dragon et pose ses doigts doucement sur le museau de la créature. pour la première fois. il est si heureux. il jubile.
un instant seulement.
car il entend le grondement et le cri furieux qui surgit de la grotte se retourne et voit se ruer vers lui un dragon gigantesque toutes griffes dehors. une patte tendue qui se rapproche à toute allure de sa gorge.
on ne peut pas tout apprendre dans les livres, ou parfois on oublie de faire attention à certaines règles basiques pour tout aventurier magizoologue en herbe. ce n'était peut-être pas juste une histoire d'attitude.

une seconde tout juste. une seconde de plus et sa gorge aurait été sectionnée par un coup de griffe acéré.
newt a à peine le temps de sentir l'effroi le glacer à la vue de la créature aussi terrifiante que majestueuse qui s'attaque à lui qu'il sent un bras l'enserrer et ses pieds quitter le sol. la surprise remplace l'effroi. son regard fixé sur ses pieds qui s'éloigne encore et encore du sol, sur le petit dragon qui le regarde incrédule sur la gigantesque maman dragon qui rugit avant de reporter son attention sur son petit, vérifiant probablement qu'il n'a pas été blessé par l'intrépide sorcier et l'étrange arrivée de... mais de qui en fait?
newt se rend enfin compte que quelque chose l'emporte dans les airs. et s'il se demande s'il a enfin appris à voler il se rend compte que ce n'est pas le vol majestueux des oiseaux mais plutôt comme un ballon qui se dégonfle, bringuebalant dans tous les sens.
son regard se perd dans l'immensité montagneuse et désertique, paysage magnifique pour laisser courir ses rêves et émerveiller les enfants.
de ses doigts il palpe un tapis. un tapis volant? jamais dans ses rêves les plus fous il aurait cru pouvoir carresser un dragon ET voler sur un tapis volant dans la même journée. la joie l'emplit à nouveau malgré le danger palpable de la situation.
la joie est remplacée par la peur à nouveau quand il se rappelle qu'un bras étranger l'enserre fort au niveau de la taille.
“Accroche-toi bien à moi. Je ne maîtrise pas très bien le tapis.” entend le jeune sorcier qui se tourne vers la voix qui prononce ces mots rend compte enfin qu'un homme l'a tiré des griffes du dragon et l'emmène faire une escapade en tapis volant. c'est un homme plutôt jeune mais qui semble déjà si grand au petit newt, du haut de ses neufs ans.
newt ne sait pas bien quoi répondre, et de toute facon il n'a pas le temps qu'une bourrasque les fait vaciller. ni une ni deux il jette ses bras autour de la taille de son sauveur serre très fort et ferme les yeux.
“Prépare-toi, on transplane dans un - deux ...” transplaner? il l'a déjà fait quelques fois avec ses parents et sait qu'il faut bien s'accrocher mais c'est une autre chose de le faire avec un inconnu avec exactement deux secondes pour se préparer. il serre encore plus fort de ses petits bras sans se dire qu'on peut ainsi étouffer les gens à force de calins trop forts et prie pour ne pas se faire désartibuler.
le tourbillon effroyable du transplanage l'enserre, le cogne, l'étire, l'aplatit avant de le lâcher au beau milieu d'un village dans un craquement sonore. le souffle coupé le jeune sorcier s'effondre au sol.
il tente de reprendre son souffle et le fil de ce qui s'est passé tout en se relevant lentement. “Tu parles anglais, n’est-ce pas ? Où sont tes parents ?” entend-il sans pouvoir encore répondre. “Des dragons d'azhdaha. Que fabriquais-tu avec ?”
il se relève en titubant et se retourne pour enfin apercevoir l'homme qui vient de l'emmener dans cette folle escapade sur un tapis volant. un enfant normal aurait peut-être crié pleuré serait parti en courant. mais newt observe simplement cet homme plutôt jeune auquel il doit une sacrée aventure. c'est un jeune homme grand, aux cheveux noirs comme l'ébène, au regard vif et bienveillant, qui impose un certain respect. et même si papa et maman lui ont dit de ne jamais monter sur le balai d'un inconnu - à voir si cette maxime s'applique au tapis volant d'un inconnu - il sent instinctivement qu'il peut lui faire confiance. après tout c'est pas tous les jours qu'on se fait sauver d'un dragon en tapis volant.
newt commence à sourire même s'il n'a toujours pas retrouvé son souffle et se rappelle qu'on lui a posé des questions.
“je...  ils sont dans le village... non enfin je sais pas... dans la montagne... les dragons... ils reviennent ce soir... le... l'auberge... ” balbutie le jeune sorcier “les dragons...” ajoute-t-il, incohérent, mélangeant un peu les parents et les dragons.
il prend une inspiration profonde afin de retrouver son souffle et ses esprits. “merci, monsieur. monsieur...?” c'est vrai qu'il ne connait pas son nom. il faut toujours remercier les gens et être poli. newt a été bien éduqué après tout.
un nouveau souffle. pour parler de dragons. ses yeux s'illuminent et son esprit se clarifie quand il parle de ses passions. “les dragons d'azhdaha oui, je voulais juste les observer, je voulais vérifier les dires de Mohammad B. Mahmoud, voir si on pouvait les apprivoiser.” dit-il avec toute l'autorité d'un chercheur en magizoologie du haut de ses neufs ans. mais sa voix vacille sur la fin, quand il se rend compte d'une sensation fraîche et visqueuse sur son torse et son ventre qu'il vient palper d'une main. il baisse les yeux et découvre effaré du sang qui coule. résultat du coup de griffe de la maman dragon auquel il pensait avoir échappé. on échappe pas à la rage d'une mère.