the night we met (roisin)

the night we met

- and then i can tell myself what the hell i'm supposed to do -

un verre de glaçon collé contre la tête, je me laisse tomber sur mon canapé. déchiré. cruelle journée. mais ce n'est pas pour changer. pas depuis le jour où j'ai eu le malheur d'avoir été capté et harponné pour me retrouver avili. jadis je me combattais pour la justice en auror respecté et reconnu. désormais, il n'y a que la bataille pour la bataille. une attaque brute, sans but. si. il y la vie, la liberté. fantasme miroité déjà à moitié accédé. pourtant, plus rien ne sera jamais comme avant. la morale est meurtrie, scalpée. j'ai accepté de jouer, pour finir en pion sur l'échiquier. il a prouvé qu'il pouvait dresser nous autres, créatures pourvues d'humanité, pour exhiber toute la disgrâce de notre espèce. vivre, oui. mais en échange d'une réputation mortifiante, à chercher de prouver chaque jour notre utilité. en tant que marchandise, en outil, ou en arme. et qu'elle arme ! je grimace. plus le temps passe et plus je vois mon corps se parer de blessures. écopés lors de combats ou d'entraînements. celles qu'il est délicat d'effacer aisément. malgré ma férocité, je ne suis pas un colosse invincible. je m’essouffle. aussi, alors que l'occasion d'un repos s'offre à moi, je commence à m'étaler de tout mon long jusqu'à ce qu'on vienne frapper à ma porte. un instant, j'hésite à me relever, fronçant les sourcils. nul guerrier n'est tenu à errer à cette heure. qui oserait même le faire au cœur de ces rues lugubres en pleine soirée ? je suis piqué par la curiosité, finissant alors par me ranimer, bondissant sur mes deux pattes pour me précipiter vers la porte d'entrée. l'ouverture dévoile alors un visage familier. un petit bout de femme. la face de cette née-moldue apeurée. « - oh ! roisin ? rentre à l'intérieur. » fis-je précipitamment avant de l'empoigner maladroitement, comme craignant de la voir se faire dévorer par l'opacité de l'extérieur. la familiarité est ici permise avec la demoiselle. tout deux zigues de même rang, nous n'avions nul besoin de courber l'échine ou d'user d'une futile formule de politesse. nous pouvions être juste nous-même. bien que cela soit plus pénible en ce qui me concerne, habité par une âme animale. cependant notre relation était bien plus agréable a partagé qu'avec n'importe quel autres sorciers. ceux qui avaient des privilèges, bien évidemment. rien n'aurait pu pourtant nous lier jusqu'à ces temps troublés. tout sauf la malchance. « - comment s'est passé ta journée ? qu'est-ce qui t'amène ici ? » demandais-je tout en lui présentant une chaise sur laquelle s'installer avant de faire de même en face d'elle.

a shot in the dark.

and i'm damned if i do and i'm damned if i don't. --- @nicky scruff

L'allée des embrumes est lugubre, de jour comme de nuit. Le nez retroussé, Roisin s'avance péniblement dans les petites rues, craignant de se perdre dans ce labyrinthe infernal. Les petites lumières magiques qui éclairent ses pas ne font qu'amplifier son impression de n'être qu'une cible facile. Au fur et à mesure de sa promenade, la jeune femme a comme l'impression de faire fausse route – que son idée n'est tout bonnement pas tangible. Pour quelles sombres raisons Nicky voudrait-il bien l'aider ? Cependant, forte d'un optimisme que la servitude n'a pas encore consumé, Roisin s'élance et ne s'arrête pas.

De son index recourbé, la née-moldue toque à la porte de son sauveur. Lorsque les traits fins de Nicky lui apparaissent enfin, Roisin est rassurée de voir cet éclair de lucidité lui traverser le regard. Il l'a reconnue – de ça, elle en est persuadée. Il l'empoigne alors, la tirant à l'intérieur de sa demeure. Roisin lui emboîte le pas, se confondant en excuses maladroites qui se veulent sincères – mais qui ne le sont pas vraiment. Car, aidée par l'un de ses plus proches comparses, une idée lui a germé dans l'esprit. Une idée dont il lui est désormais difficile de se débarrasser.

De Nicky, elle espère obtenir de l'aide, des conseils avisés et une approche réfléchie. Coeur battant avec fracas, comme toujours lorsqu'elle s'apprête à s'ouvrir, Roisin s'installe tranquillement sur la chaise que son compagnon lui désigne.

« Ma journée a été bonne, merci. La tienne ? » demande poliment la née-moldue, s'accrochant aux bonnes manières qui lui ont été autrefois inculquées. Mais en présence de Nicky, elle sait qu'elle n'y est pas forcée. Car les politesses ne sont qu'un masque d’apparat parmi tant d'autres – des frivolités dont Nicky et Roisin n'ont pas à revêtir lorsqu'ils sont ensemble.

Ses yeux dérivent alors brièvement vers l'ecchymose ternissant le front de son vis-à-vis. Ses sourcils se froncent imperceptiblement.

« Je voulais te voir parce que je sais ce que tu fais maintenant. » Roisin soutient le regard de Nicky et, de nouveau, jette un œil à son front fissuré d'une douloureuse couleur bleutée. « Et je me demandais... » elle s'arrête un moment, essaie de trouver les bons mots mais rien ne lui vient. Avec force et fracas, il faut qu'elle se fasse entendre. « Je veux participer au tournoi. Pas maintenant, pas celui-ci, mais je veux une chance. Je veux ma chance. »

Une chance qui flirte avec d'étranges envies suicidaires ; mais une chance qui lui permettrait d'être libre. Nicky connait ce sentiment sans doute mieux que quiconque. De fait, elle ne fait pas l'erreur de le lui expliquer.

« Tu pourrais me conseiller, tu-tu pourrais me guider, et je- » Roisin déglutit, et hausse les épaules « je ne sais pas ce que je pourrais te donner en échange. Mais tout ce que tu veux, Nicky, si je peux te l'obtenir. » insiste-t-elle avec une ardeur proche du désespoir.

(c) sweet poison