anarchy in my mind (albus & lyrae)

anarchy in my mind

albus & lyrae

« It doesn't hurt me
Do you want to feel how it feels?
Do you want to know, know that it doesn't hurt me?
Do you want to hear about the deal that I'm making?
You, it's you and me »

Un soleil de plomb inondait encore les rues de Londres au moment où Lyrae Potter quittait le ministère. Des Moldus affluaient autour d’elle mais ne s’attardaient pas sur sa présence, car elle était presque en tout point semblable à eux. Elle portait une élégante et sobre robe noire ceinturée à la taille qui frôlait le sol avec souplesse, aux manches longues et au col mao. Ses escarpins pourpres juraient avec subtilité avec les minuscules rubis incrustés à l’intérieur du cadran de sa montre dorée, éclatante à la lumière. La jeune femme ressemblait à une jeune moderniste obnubilée par l’élégance en toute circonstance, à l’instar d’autres Moldues de son âge, à la différence que ces dernières n’avaient pas une baguette magique dissimulée dans leurs poches.

C’était ainsi, toute en beauté et froideur, qu’elle avait choisi de se rendre chez Albus Dumbledore afin d’apprendre l’Occlumancie après une journée d’avril particulièrement morne au Bureau des Aurors. Juste avant, la sorcière s’attarda au St James’s Park, scrutant une population dépourvue de pouvoirs magiques vivre autour d’elle. Elle avait toujours eu un don pour se faufiler parmi n’importe quelle race existante, les observer afin de les connaître. Durant deux heures et demi, assise sur un banc à lire un livre d’apprentissage de la langue française, elle put constater que ces pauvres Moldus ne se doutaient pas une seule seconde de la menace qui planaient au-dessus de leurs crânes : celle de Gellert Grindelwald. Le monde magique commençait doucement à tomber en lambeaux mais eux, ces êtres si ordinaires, riaient à plein poumons et jouaient avec leurs enfants avec les écureuils. Innocents et insouciants… ce qu’elle n’avait jamais été, aussi loin qu’elle puisse remonter dans ses souvenirs.

Elle extirpa de sa poche un bout de parchemin que Dumbledore avait glissé habilement dans sa main en la saluant ce matin, lorsqu’ils s’étaient croisés dans l’ascenseur du ministère. Son adresse, écrite simplement et concisément. Le soleil se couchait déjà lorsqu’elle parvint à destination dans un crac sonore, son distinctif du transplanage. Un peu trop à l’avance, comme à son habitude.
Et lorsqu’Albus Dumbledore et Lyrae Potter se retrouvèrent assis face à face, achevant une conversation sur leur journée précédente au ministère, la nuit était tombée. Installés à l’opposé l’un de l’autre, calme olympien face à la glace. Son quartier personnel était original, bondé d’objets extraordinaires, de photographies diverses jonchant son bureau et des bouquins qu’elle aurait pu dévoré autour d’eux. Drusilla Potter aurait hurlé de frayeur en voyant ce joyeux désordre. Mais Lyrae ne s’en souciait pas, son esprit inquiété par ce cours dont elle n’avait pas la moindre envie de suivre. Ouvrir son esprit, pour apprendre à le fermer, lui avait un jour simplement expliquée Théa Malfoy lorsqu’elle lui avait demandé ce qu’était l’Occlumancie, des années lumières en arrière. Ce qui ne lui convenait absolument pas. Ouvrir son esprit à Dumbledore ? Ils s’appréciaient, certes, mais c’était étrange, inconnu pour cette fille Potter taciturne et distante.

Ils se fixèrent durant quelques secondes, déposant simultanément les tasses de thés qu’ils tenaient entre leurs mains. L’heure avait sonné, il était temps de travailler. « Vous dites donc que… l’Occlumancie est primordiale lorsqu’on est fonctionnaire au ministère sous le régime de Grindelwald. » lança-t-elle, malgré elle, avec amertume. La vérité était qu’elle avait la désagréable sensation de retourner à l’époque où elle se rendait chez le psychomage afin d’éradiquer sa magie infantile instable et dangereuse. Parce qu’en cette minute précise, Dumbledore avait exactement cette allure de psychomage, avec ses doigts reliés et croisés entre eux. Comme si elle s’apprêtait à suivre une thérapie. Son corps battait à la chamade, mais son visage était impassible. Il ne devait pas deviner son angoisse. « Comment cela se passe, pour l’apprendre ? » Question abrupte d’une gamine qui pense apprendre à jeter de nouveaux maléfices.

(c) DΛNDELION

running up that hill, placebo

@Lyrae Potter & Albus Dumbledore

Un ciel parsemé d'étoiles recouvre la capitale sorcière. Impossible d'échapper à la nuit pour Dumbledore, qui n’a pas vu les rayons de l’astre depuis trois jours. Recrutant les membres de l’Ordre auprès de Nicolas au couchant, il s’éveille à la tombée de la nuit par habitude. Cette fois, il ne peut plus revenir en arrière. Dans l’ombre, la guerre s’annonce, et il tient à l’affronter avec vigueur. La tâche n’est pas moindre. Son esprit calculateur le pousse à partager ses compétences avec les plus prometteurs de la faction, les élevant au-dessus des partisans de Grindelwald, à commencer par Lyrae Potter qui passe le pas de sa porte. Croisés plusieurs fois par le passé au ministère, c’est Newt en personne qui l’a introduite chez l’Ordre. Si Albus peinait au départ à croire à son implication, le serment inviolable prononcé avec elle a scellé leur confiance. Il tient maintenant traire son allégeance, avoir la preuve concrète qu’elle tiendra sa parole.

Le gallois accueille la jeune femme avec une tasse de thé et un calme olympien, prêt à enseigner l’Occlumancie à la sylphide. Vous, dit-elle. Il observe la sorcière s’exprimer sans un mot, affichant un sourire amusé. Face a son amertume, il pourrait froncer les sourcils, lui tourner le dos, mais il se contente planter ses ambres dans l’acier de ses yeux. Si elle l’ignore, elle est pour lui comme un livre ouvert, et il ne manque pas de percevoir sa réticence. Elle n’est pas de celles qui se livrent, mais cette première expérience est nécessaire, elle n’y coupera pas. Lyrae est sur le point de se livrer à lui. A travers ces séances d’Occlumancie, il va la comprendre, la connaitre pour mieux l’aider à sceller les portes de son esprit. Prêt à utiliser les barrières froides dont elle a le secret à son avantage. Faire tomber le masque pour mieux le mettre en évidence. “Lyrae.” annonce-t-il enfin. “A la fin de ton apprentissage, nous saurons tout l’un de l’autre. Tu peux dors et déjà m’appeler Albus.” Une pause. “Une plongée dans ton esprit par le Ministère assurera ta mort.” Ses mots sont pesés, roulent sous sa langue. “Ceux qui pratiquent l’occlumancie interdisent tout accès aux sentiments ou aux souvenirs qui contredisent leurs mensonges.” Se levant face à elle, il lève sa baguette magique avant de la pointer sur elle. “Ta baguette est la pour te défendre. Débarrasse-toi de toute émotion, vide ton esprit. Je vais y entrer de force, et nous verrons si tu parviendras à résister. Legilimens !” Il charge avant qu’elle ne soit prête. Le phenix assis près d’eux se met à flotter puis disparaît. Aussitôt, des images se succèdent dans l’esprit de l’anglaise qui occultent le reste. Il met ses souvenirs à nu un à un. Les diverses manifestations de sa magie infantile sont ponctués de hurlements. Puis arrivent de violents duels partagés avec son père dans le but de la former, suivi de la silhouette d’un psychomage qui confine sa magie dans un artefact. Lyrae s'est évanouie sous le choc de l'acte, puis l’appartement réapparaît dans les flammes.

(c) oxymort

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albus & lyrae

« It doesn't hurt me
Do you want to feel how it feels?
Do you want to know, know that it doesn't hurt me?
Do you want to hear about the deal that I'm making?
You, it's you and me »

Il lui arrivait fréquemment de se demander ce qu'elle fichait ici. Ici s'interprétait par Ordre du Phénix. Elle ne regrettait en rien son intégration au sein du groupuscule et était sûre de son combat, ça, elle n’en doutait pas une seule seconde. Mais elle avait parfois une drôle impression : celle de retourner sur les bancs de l’école. Albus Dumbledore le directeur, McGonagall la directrice-adjointe, Nicolas Flamel le gardien des clés. Et eux, les élèves qui devaient se plier aux règles. Les plus forts, qui devaient entraîner les plus faibles. Lyrae Potter, préfète-en-chef chargée de former Augustus Black. Lyrae, le mouton noir du clan, pour la première fois de sa vie. Celle qui risquait son existence entière pour des gens qui ne lui donneraient pas une miette de pain si elle hurlait à la famine. Pourquoi était-elle parmi eux, à jouer la noble ?

Mais il y avait Dumbledore. Ce sorcier trentenaire aux airs humbles, honnêtes et défendant des causes louables. Ce monsieur au visage avenant et aux yeux brillants de sincérité. Comme si Newt lui avait fait rencontrer la lumière, la prenant par la main et la déposant face au soleil. Une seule conversation – mais qui lui avait coûté toute une après-midi – avait suffi pour qu’elle dépose les armes.
Maintenant, on lui demandait à nouveau de déposer les armes… d’une toute autre façon. « A la fin de ton apprentissage, nous saurons tout l’un de l’autre. Tu peux d’ores et déjà m’appeler Albus. » Les yeux de la belle se plissèrent. Elle avait toujours vouvoyé ses supérieurs, les personnes qu’elles ne considéraient pas comme faisant partis de son entourage ou les individus plus âgés. C’était ainsi qu’on l’avait éduqué, sauf qu’Albus devait avoir oublié les règles élémentaires de bienséance inculquées chez les sangs-purs. « Une plongée dans ton esprit par le ministère assurera ta mort. » Un point pour Albus, applaudissements intérieurs. Unique raison pour laquelle Lyrae avait accepté de prendre des cours d’Occlumancie : conserver son poste et survivre. Elle serait beaucoup plus utile au ministère, que sans travail. Son métier était une de ses principales raisons d’être, la Potter s’était battue bec et ongles pour réussir une formation intensive et douloureuse, pour exister parmi une meute de mâles qui ne demandait qu’à la voir chuter de son piédestal. Alors, quitte à sacrifier une partie minime de son temps libre pour continuer à travailler sans danger et espérer être de plus en plus utile pour l’Ordre, autant obéir sans broncher de trop. « Ceux qui pratiquent l’occlumancie interdisent tout accès aux sentiments ou aux souvenirs qui contredisent leurs mensonges. » Elle ferma instinctivement les yeux, comme déjà prête à faire le vide dans son esprit. Tu n’es pas encore prête, Lyrae, susurra la voix cruelle d’Henry, ricochant contre les murs pourtant solides de la forteresse qu’était le cerveau de la sorcière. « Ta baguette est la pour te défendre. Débarrasse-toi de toute émotion, vide ton esprit. Je vais y entrer de force, et nous verrons si tu parviendras à résister. Legilimens ! »

La voix d’Henry Potter n’avait pas tort : rien n’était acquis. Comme projetée à des années lumières de cette pièce et de cette journée ennuyeuse, des successions de souvenirs virevoltant dans son esprit. Douleur, souffrance. Une piqure de rappel. Elle, trois ans en arrière, gisant sur le sol de la cave du manoir des Potter. Ne parvenant pas à se redresser tant les Crucio de son père l’avaient embrasé. La robe de Drusilla, s’enflammant et brûlant les jambes de celle qui l’avait mis au monde et qui continuait de l’aimer malgré tout… malgré cette magie infantile qui avait dévoré une partie du manoir par la force d’un feu effrayant, un jour. Elle, qui s’évanouissait inexplicablement, plus jeune encore, les joues encore rebondies. Ce voyage dans le passé ne désirait guère s’achever. Cette fois, la main puissante d’Henry s’abattait violemment sur la joue d’une Lyrae âgée de neuf ans et le petit Cygnus ne parvenait pas à s’arrêter de pleurer. Et son benjamin de frère, entraîné par le col vers les tréfonds du manoir… non, c’était un secret. Terminé.

« Cela suffit ! » Inconsciemment, Lyrae avait dressé sa baguette magique afin de lancer un charme du Bouclier qui fit voler en éclats les deux tasses posées sur le bureau d’Albus. Elle haletait, furieuse et prête à bondir, son sortilège de protection toujours dressé. Avait-il… vu ? Même ses meilleurs amis n’étaient pas au courant de certains détails. Voir, de la majorité des détails qui avaient parsemé son passé. A croire qu’elle n’avait pas de véritables amis, que seuls les membres de sa famille pouvait être apte à la connaître. Lyrae était une boîte pleine de secrets que même sa fratrie peinaient à découvrir. Et en face d’elle, Albus, impassible. La première partie du jeu était terminée, elle pouvait le lire dans son regard. « C’est ce que tu as l’intention de faire, Albus. » lança-t-elle avec une agressivité non-dissimulée, aversion noire en cette seconde pour celui qui venait d’être témoin de l’impossible. « C’est ton plan, voir mes faiblesses pour que je ploie le genou devant toi en échange d’un prétendu don pour se protéger. » Lyrae était animée d’une fureur qu’elle n’avait plus ressenti depuis un long moment, à tel point qu’elle s’était redressée de toute sa hauteur, envoyant valser sa chaise alors que son charme du Bouclier s’évaporait. Était-elle plus en colère pour s’être laissée faire ou pour avoir partagé ses pires souvenirs avec Albus ? Difficile à répondre à cette question ambiguë. « Pose des limites, Albus Dumbledore. Certains souvenirs doivent être enterrés à jamais, pas revenir à la vie à cause de toi. » cracha-t-elle, venimeuse et noire, sa baguette magique toujours serrée entre ses doigts. L’ambiance de la pièce était électrique, les deux sorciers semblant presque s’opposer l’un à l’autre.

(c) DΛNDELION

running up that hill, placebo

@Lyrae Potter & Albus Dumbledore

"Legilimens!" Aussitôt, Albus plonge dans l’esprit de la jeune femme. L’anglaise se dérobe à lui comme un livre ouvert. Couche après couche, il s’aventure dans son crâne, violant des souvenirs intimes. Homme profane, il fraie son chemin et s’agrippe à sa matière grise, et transgresse la dernière strate. Le gallois dévoile un souvenir oublié, enterré au plus profond de son âme. Un psychomage. Le couple Potter. Un artefact dans lequel s’engouffre la magie de l’enfant qu’elle a été. Souffrance tue à coup de maléfice. Traumatisme douloureux qui vient s’imprimer sur leurs rétines. Secret partagé sans autorisation. Si elle l’ignore, il ne se soucie guère du contenu. Le brun est bien plus intéressé par l’effet de l’abus sur elle, qui ne manque pas de trouver son écho. L’outrage est tel que la nymphe riposte, l’extirpant aussitôt de sa tête par un sort de protection. Enfin. Il savoure la victoire tandis qu’ils reviennent à eux.

Deux tasses posées sur son bureau volent aux éclats et le bureau s'embrase. Albus éteint les flammes qui s’agitent autour d’eux d’un coup de baguette, et observe son phénix disparaître sous un tas de cendres. Le charme s'évapore et un sourire satisfait se balade sur son faciès. Elle a passé son épreuve. Pourtant, elle ne tarie pas. C’est ton plan, voir mes faiblesses pour que je ploie le genou devant toi en échange d’un prétendu don pour se protéger, crache-t-elle. Un soupir s'échappe des lèvres du gallois. Elle se veut capricieuse et du haut de ses trente-deux ans, il n’a pas l'étoffe ou la patience d’un père. S’improviser professeur d’Occlumancie n’était peut-être pas une bonne idée. Albus se contente de scruter sa réaction le regard perçant, analysant la colère de la sorcière sans émettre de mot. Fulminante, elle lui tient tête et se redresse face à lui, mais il reste impassible. Pose des limites, Albus Dumbledore. Certains souvenirs doivent être enterrés à jamais, pas revenir à la vie à cause de toi. L’attitude changeante de sa comparse le laisse de glace, préférant ne pas prendre part à ses enfantillages. Il l’accueille après tout pour faire d’elle une Occlumens digne de ce nom, et une alliée indépendante, mais les simagrées des Potter semblent encore tenaces. Newt avait-il eu tort ? Il pose la hanche son bureau et d’un geste nonchalant vient poser une main sous son menton. “Tu t'attendais à ce que je t’amène ici pour te caresser l’esprit ?” s’enquiert-il enfin, sa voix résonnant dans la bâtisse brûlée. Une fumée obscure danse encore autour d’eux. “Un sortilège de protection... Pour une première fois, tu t’es bien défendue.” annonce-t-il. Puis il reprend : “Il ne s’agit pas d’une vulgaire partie d’échec, Lyrae. On prépare une rébellion.” Ses mots se veulent précis, mesurés. Il ne courbe pas l’échine face à elle. “Tu es libre de partir. Je ne pourrais pas te confier l’Ordre sans une maîtrise parfaite de l’Occlumancie.”

(c) oxymort