It's a fool (minerva)

Elle se passe une main sur le visage, légèrement épuisée. Un soupire s’échappe de ses lèvres comme une fatalité à laquelle elle ne peut échapper. Son regard se pose alors sur les nombreux livres ouverts sur le sol de l’appartement londonnien qu’elle a investi comme à son habitude. Abelforth avait l’habitude qu’elle s’étale et en général, elle le faisait quand il n’était pas là pour éviter d’être trop gênante. Si habituelle, elle le faisait pour un de ses articles, multiples feuilles de notes éparpillées dans un ordre très précis avec une logique derrière, il n’en était rien cette fois-ci. Son travail était personnel et tout autre. Minerva McGonagall avait terminé la rédaction de son dernier article et avait donc un peu de temps devant elle avant qu’Abelforth ne rentre. Alors se mettait-elle à bucher sur une question qui la tourmentait depuis qu’elle savait que le petit chaton qui avait élu domicile dans sa matrice féminine grandissait de jour en jour. Le troisième mois était en route et elle pouvait sentir les changements sur son corps quand bien même arrivait-elle encore à cacher cela sans que cela ne se voit. Minerva vivait sa maternité à la fois comme la plus belle chose au monde mais aussi comme la pire chose qui pouvait lui arriver. Cette dualité quant à ce bébé qui s’agrippait à elle, à la vie, n’était pas sans lien avec ce qu’elle avait à gérer dernièrement. Le calme revenu dans le couple suite à l’explosion de la nouvelle de l’empoisonnement qu’avait effectué Abelforth était revenu mais Minerva ne cessait pas pour autant d’angoisser à l’idée que la vie fauche son enfant.
Alors, décidait-elle de prendre le problème à sa source. Et cette source avait un nom : malédiction. Incapable de savoir encore le sexe du bébé, sexe qu’ils ne sauraient probablement que quand l’enfant sera mis au monde, Minerva ne voulait pas perdre ce qui lui était cher et jouer avec le destin. L’épée de Damoclès sur la nuque d’Abelforth était bien suffisante.
Les notes éparpillées d’une écriture qui n’était pas la sienne se mélangeaient avec ses propres notes. Les livres prêtés par les mains d’argent de Nile Shafiq, alors encore son ami à cette époque, lui servaient et malgré tout, malgré le fait qu’il ait refusé son aide alors qu’elle savait que ses actes auraient des répercussions, elle irait les lui rendre ou tout du moins à Tariq ou Genesis. Préférant ne pas penser à Nile, son frère de malice qui le resterait toujours malgré tout, et ayant soumis ses inquiétudes fondées à Abelforth qui devait à présent gérer de son côté avec les Enfants de Morgane, Minerva décida de se concentrer sur la malédiction en tant que tel. Les livres et les informations de Nile qu’il lui avait donné étaient précieux et Minerva, déterminée quoiqu’angoissée et sentant un gros doute la saisir, avançait malgré tout bien. Le plan qu’elle commençait à mettre en place devenait de plus en plus clair pour elle mais elle avait encore besoin de quelques recherches de son côté pour que tout fonctionne correctement et surtout que sa mère finisse par retrouver tous ses pouvoirs.
On toque à la porte et Minerva relève alors la tête pour regarder l’heure. Froncement de sourcils. Elle n’attendait personne et il était un peu tôt pour qu’Abelforth rentre tout de suite. Se redressant et lissant les pans de sa robe en tweed écossais, la métisse vient ouvrir la porte.
Le visage de Charlie, la barman, apparut alors.
« Charlie ? Il y a un problème ? » demanda Minerva, surprise. Le cœur battit un instant trop vite. Il lui semblait qu’elle n’était jamais préservée des problèmes et elle eut peur un instant qu’il se passe encore quelque chose de grave. Déformation de tous ces derniers mois où elle accumulait les drames et une certaine résilience.
« Eh bien, non, je ne crois pas Minerva. Mais la jeune Aristée Lovegood est au bar et elle te demande. Je lui ai bien dis que tu étais occupée et qu’Abelforth n’était pas là mais elle insiste… »
Minerva fronce les sourcils. Elle connaissait Aristée parce qu’elles s’échangeaient souvent des hiboux et qu’Aristée faisait partie de ses admiratrices devant ses articles de la Gazette. Minerva s’était prise d’affection pour l’enfant qui avait de nombreux problèmes à gérer et dans lesquels elle était elle-même impuissante. Qu’Aristée sorte de chez elle était rare et si elle le faisait c’était qu’elle avait quelque chose d’important à leur dire à elle et Abelforth ?
« J’arrive tout de suite, Charli. Merci pour le message. » répondit la McGonagall sans hésiter avant de fermer la porte tandis que Charli repartait.
Un coup de baguette magique et tout le travail qu’elle avait accumulé pendant cette longue heure disparut pour se ranger dans un endroit qui se referma magiquement que seul elle pouvait ouvrir. Minerva récupéra une des vestes d’Abelforth qu’elle enfila. Ce n’était pas la première fois qu’elle prenait ses affaires ainsi, surtout dernièrement, mais sentir son odeur sur un vêtement qu’elle portait la rassurait alors et lui ne disait rien si ce n’est un sourire attendrit sur le visage quand il la voyait avec une de ses chemises ou une de ses écharpes.
Son chapeau sur la tête, Minerva descendit alors pour se rendre au bar de son conjoint qui se trouvait à quelques mètres de là.
En rentrant dans le bar, Minerva constata qu’il y avait quelques clients. Le bar d’Abelforth souffrait d’un manque de popularité lié à la guerre et la montée de Grindelwald. On n’osait plus trop boire ni sortir pour ne pas dire n’importe quoi. Et Minerva se doutait que vu la relation qui animait les deux coqs qu’étaient Gellert et Abelforth, peut-être que Gellert y était pour quelque chose.
Son regard pourtant, fut attiré par une tignasse blonde et une peau blanche et douce. Aristée Lovegood apportait un joli croissant lunaire et une douce lumière diaphane à la pièce.
« Aristée, je suis surprise de te… » commença Minerva mais son regard s’heurta avec horreur au sang que l’enfant avait toujours autour du nez. « Par la barbe de Merlin ! Quelqu’un t’as fait du mal ? » La voix de Minerva monte dans les aigües et son affolement soudain fait aussi monter ses hormones. Immédiatement cependant, elle vient prendre le visage de l’enfant délicatement et lui souffle avec une douceur maitrisée : « Laisse-moi arrêter cela. Je ne veux pas qu’Errol vienne me voir pour me demander des comptes du pourquoi sa fille s’est vidée de son sang dans le bar de mon conjoint. » Elle vient pointer sa baguette sur le nez de la jeune fille et lance un : « Epiksey ! » parfait.
Le saignement s’interrompte et le sang disparait. Pourtant, le regard inquiet de Minerva ne faiblit pas et elle demande alors, concernée à la jeune fille :
« Viens, montons à l’abris des oreilles indiscrètes. »
Elle invita l’enfant à la suivre, n’ayant pas réellement fait attention aux fleurs si gentiment amenées par la Lovegood. Retournant brièvement dehors, elles finirent par arriver dans l’appartement d’Abelforth. Minerva délaissa sa veste sur le porte manteau et invita Aristée à la suivre. Mouvement de baguette magique qui agite la théière sur la gazinière, des biscuits volent comme s’ils étaient rythmés par une musique que seuls entendaient avant de se poser sur la table de la cuisine.
« Assis-toi. invita gentiment Minerva avant de la darder de son regard soudainement plus calme mais un froncement de sourcil trahissant son inquiétude. Est-ce que tout va bien, Aristée ? »