compter fleurette (orphée)

Craquement sonore. Le monde ne semble pas si différent ici, sur l’île de Foula tout au nord de l’Ecosse. Les paysages étaient déjà semblable à l’île de Skye quand bien même Minerva McGonagall remarqua des différences. Les rochers étaient plus abimés par la mer et l’île plus souvent sujette aux tempêtes. Ce début du mois de juillet était cependant calme. Regardant autour d’elle, la jeune femme se transforma immédiatement, laissant apparaitre ses moustaches, poils et oreilles.

Il n’y avait pas à dire : choisir cet endroit pour se cacher était une très bonne idée. Mon amie Orphée a eu une idée judicieuse. La sortir de Londres n’avait pas été un problème il y a de cela quelques mois en arrière, mais il y avait tout de suite eut l’inquiétude de savoir où Orphée allait rester maintenant qu’elle était officiellement disparue. La laisser seule m’avait brisée le cœur, j’aurais aimé faire quelque chose de plus pour elle mais elle avait raison : à partir du moment où elle avait mis le pied ici, il fallait que nos contacts soient le moins fréquent possible. Ainsi donc avais-je attendu de long mois avant de me décider. Maintenant que la tempête était passée et qu’Orphée s’était faite suffisamment oubliée, les yeux tournés vers Cassandra, sa sœur, je pouvais aller la voir pour m’enquérir de sa santé et aussi passer du temps avec elle.

Me faufilant dans les hautes herbes, la faune ici me semble aussi sauvage qu’à la maison. J’essaie pourtant de faire abstraction de ma soudaine envie de chasser. Le terrain s’y prêterait bien. Mais je dois me concentrer sur le véritable objectif que j’ai : voir Orphée. Il serait mentir que de dire que ma meilleure amie me manque. Je suis aussi particulièrement soucieuse de savoir ce qu’elle compte faire maintenant. L’idée qu’elle reste seule sur cette île m’angoisse. Elle ne pourra pas éternellement être dans cette situation.

Me souvenant des indications qu’elle m’a donné, à l’oral quand je l’ai déposée ici, je me faufile donc, silencieuse et minuscule. Je sais que je ne suis pas suivie, j’y ai veillé avec soin, prenant des chemins détournés et transplanant avant même qu’on ne se rende compte que je l’eus fait. Ma capacité d’animagus aura le mérite d’être discret contrairement à Atlas ou Lysander par exemple. Je vois déjà la petite maison se dessiner. Des odeurs me parviennent, des odeurs de poisson et de nourriture. Mes yeux jaunes de chatte se posent sur la fenêtre ouverte qui doit probablement mener à la cuisine. L’endroit est complètement isolé du monde et d’une discrétion incroyable. La cachette idéale. Je saute souplement sur la fenêtre et arrive à m’agripper au rebord.

Il semble y avoir de l’agitation. Quelqu’un qui cuisine, de dos. Je reconnais alors la nuque de mon amie. Elle ne m’a de toute évidence pas remarqué pas plus que je n’ai remarqué encore son ventre au vu de l’angle que j’ai. J’hésite entre deux choses : soit me transformer, soit rester sous cette forme. Je ne veux en aucun cas lui faire peur, juste attirer son attention. Les odeurs de nourriture me perturbent. J’ai envie de voler la nourriture et partir en courant avec. Mais dans un effort surhumain, je viens miauler plusieurs fois avant d’initier ma retransformation.

Minerva McGonagall reprit forme humaine juste devant la fenêtre la cuisine. S’époussetant un peu d’un geste gracieux, la femme d’une trentaine d’année bientôt vient finalement se tenir droite et remettre son chapeau de sorcière sur la tête, celui-ci s’étant déplacé.
« Bonjour Orphée. » commença-t-elle d’une voix douce et chaleureuse, véritablement heureuse de revoir son amie après tout ce temps.
Subitement, un détail attire son attention. Un détail volumineux. Un ventre de femme enceinte. Choc.
« Par la barbe de Merlin ! » s’exclama Minerva, interloquée. Les mots se bloquèrent dans sa bouche tandis qu’elle encaissant le choc. Son regard se relève sur sa tendre amie pour savoir si elle ne rêvait pas. « Tu en es à combien de mois ?! »

Enceinte, c’était bien l’état dans lequel se trouvait Orphée Trelawney. Un instant, le monde semble tomber sur les épaules de Minerva McGonagall, véritablement abattue par la nouvelle. Elle savait évidemment que c’était une bonne nouvelle. Toute vie nouvelle était une bonne nouvelle. Mais elle eut peur un instant qu’il soit arrivé quelque chose de grave à Orphée et que, ne pouvant faire autrement, elle avait gardé le bébé. L’idée la mettait dans une colère noirée, mélangée à de la culpabilité et l’inquiétude se lit immédiatement sur le visage de l’amazone. Elle avait bel et bien quitté une Orphée qui n’était pas dans cet état de santé quelques mois plus tôt. Pourtant, en observant la magnifique courbe de son ventre rebondit, elle se dit que ce n’était pas impossible qu’elle fût déjà enceinte au moment de sortir de Londres et de s’échapper. Son regard remonte sur le visage de la belle future maman et constate qu’il n’y a aucune angoisse, aucune peur si ce n’est de la joie. Aussitôt, Minerva se détend mais ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine angoisse. Combien de mois déjà ?
« Oh ! Oui, je … je n’étais pas au courant quand j’ai fui la capitale. »
Ceci expliquait donc cela. Minerva dégluttit alors et s’approche de la jeune femme avant de la prendre dans ses bras doucement, faisant attention à son ventre qui prenait malgré tout de la place. Que cela faisait du bien de sentir Orphée si proche ! Le contact initié lui rappelle à quel point la jeune femme lui a terriblement manqué et l’inquiétude de sa condition s’envole immédiatement. C’est la joie qui prend place et Minerva ne peut être qu’heureuse pour elle si elle est heureuse.
« Ça fait environ 5 mois. »
Tout de suite, Minerva se décalle pour laisser de l’espace à Orphée. Le environ de sa phrase l’alerte. Evidemment, Orphée n’avait aucun suivi hormis celui qu’elle voulait bien s’attribuer. Evidemment, le père dont elle devinait les traits, n’était pas au courant.
« Ca pour une surprise ! » s’exclame-t-elle non sans adresser un sourire flamboyant à son amie.
L’amazone vient emboiter le pas à Orphée et lui propose son bras pour la guider. L’air frais faisait du bien et l’endroit était particulièrement agréable. Orphée avait bien choisi son lieu.
« Je suis si heureuse de te voir Mina. On marche ? Cela me fera du bien, et j’imagine que tu as des choses à me raconter ! »
Par la barbe de Merlin, que la douceur et la sincérité d’Orphée lui avaient manqué. C’était comme si elle pouvait se permettre de respirer de nouveau et c’était une bouffée d’air frais dont elle avait bien besoin. Laissant Orphée l’enlacer, elle la sera doucement avant de la regarder et de reprendre la route, un peu silencieuse.
« Oui, beaucoup de choses mais pas autant que toi ! »
Par quoi commencer d’ailleurs ? Quelles nouvelles lui donner ? Il ne lui viendrait jamais à l’idée de Minerva de lui parler de l’Ordre du Phénix, non pas parce qu’elle n’avait pas confiance en son amie, au contraire, mais parce qu’elle n’oserait jamais impliquer une femme enceinte dans leur cause, bien trop dangereuse à certains égards. Ce serait complètement irresponsable.
« Tout va de mal en pis à Londres et dans tout le Royaume-Uni. » Inutile cependant de prendre Orphée pour une femme fragile. Minerva refusait de la traiter comme quelqu’un de convalescente quand bien même devait-elle faire attention. Orphée était forte sinon, elle ne serait pas ici depuis plusieurs mois à garder ce secret pour elle-même et qui grandissait de jour en jour. « Comme tu le sais, Grindelwald a pris le pouvoir. Il organise des jeux avec les nés-moldus et hybrides. Ces derniers sont obligés de sa battre à mort. Tandis que le reste des nés-moldus et hybrides sont tatoués et réduits en esclavage. »
Il n’y avait aucun soleil radieux dans son monde maintenant. Le soleil, c’était Orphée qui l’avait pris avec elle en partant et en se cachant.
« J’aime espérer que les choses s’arrangeront mais… ne nous leurrons pas. »
Un certain abattement sur le visage s’installe. Minerva semble subitement fatiguée et épuisée. Mais reprenant possession de ses moyens, elle regarda Orphée avant de souffler :
« Mais je suis si contente de te voir. Tu n’imagines pas à quel point ta présence m’est réconfortante. » Sincérité dans la voix et dans le regard. Minerva vient sourire plus franchement et légèrement avant de serrer doucement la main de son amie.
« Et toi alors ? Mon dieu, mais si j’avais su que tu étais enceinte je t’aurais emmené dans un endroit où tu aurais eu accès à un suivi ! »
Mortifiée et culpabilisante, Minerva adressa un sourire terriblement désolé à Orphée.

Elle n’avait jamais sous-estimé Orphée. Orphée était bien plus forte qu’on ne le pensait. Minerva avait toujours admiré sa force tranquille, elle qui brûlait d’une force lumineuse. Des épreuves auxquels elle se retrouvait confrontée, Orphée s’en sortait avec brillot. Minerva McGonagall n’avait jamais douté de son amie mais cela ne l’empêchait pas de s’inquiéter. La savoir pourtant ici, en sécurité, loin de toutes les horreurs qui se passaient à Londres et ailleurs dans le Royaume-Uni, avait quelque chose d’apaisant. Au moins, Orphée était en sécurité et c’était tout ce qui comptait, surtout maintenant qu’elle était enceinte. Parfois, Minerva s’en voulait, aurait aimé prévenir son mari mais le prévenir aurait été mettre Orphée en danger et elle ne voulait pas en arriver là. Trop risqué. Pourtant, tandis qu’elle marchait aux côtés de son amie, elle se demandait alors : qu’aurait-elle fait à sa place ? Si elle avait été enceinte d’Abelforth Dumbledore, si sa vie avait été menacée ? Serait-elle partie elle aussi ? Serait-elle restée ? Elle ne saurait le dire. La fierté et le courage de Minerva lui disaient de rester et de se battre. La sagesse et la raison lui disaient de se cacher et sauver la vie de l’enfant. Mais une vie de solitaire dans la nature ? une vie à se cacher ? Donner naissance à un enfant dans ces conditions ? L’aurait-elle supporté ? Les questions sans réponses lui donnaient des sueurs froides et elle remercia Merlin de ne pas en être là quand bien même savait-elle que cela pourrait arriver tôt ou tard. Ce n’était après tout, qu’une question de temps. Penser à avoir des enfants avec Abelforth la perturbait aussi. Elle secoua un peu la tête pour penser à autre chose et se dédier uniquement à son amie enfin retrouvée.

La plage est belle quoique laissée aux éléments. Ce côté de l’île doit être moins exposée aux vents mais elle se doute que quand l’hiver arrivera, Orphée devra beaucoup rester dans la maison. Et quand l’hiver arrivera, elle devra aussi accoucher probablement. La pensée que son amie accouche seule la terrifiait. Elle ne pouvait définitivement pas la laisser comme cela. Il fallait faire quelque chose. Minerva tente de réfléchir en écoutant la mer sur le sable, sentant les odeurs marines qu’elle affectionne particulièrement, une certaine fatigue sur le visage, celle de la fondatrice de l’Ordre du Phénix qui se battait tous les jours de sa vie… qui avait aussi eu son lot de malheur dont Orphée n’était pas au courant. Lui raconter son agression serait bien inutile quand bien même Minerva savait qu’Orphée serait toute aussi indignée. Elle ne voulait pas rajouter encore des mauvaises nouvelles, jouer à Hélios, le dieu messager, était bel et bien épuisant, il fallait l’admettre. Mais elle se souvint alors qu’elle avait une bonne nouvelle à lui donner qu’elle n’avait pas raconté.

« Tu sais, bien souvent je m'en veux d'être partie. De vous avoir laissé vous battre sans que je ne sois à vos côtés. » Minerva tourne la tête vers Orphée. Non, non, non. Orphée n’avait pas à s’en vouloir de quoique ce soit. Certainement pas d’avoir choisi sa vie plutôt qu’un combat qui n’avait parfois pas de sens. Minerva ne lui en voudrait jamais pour cela et elle savait qu’Orphée était plus utile à l’arrière ou même, paradoxalement, en se cachant. « Moon Flamel est passée il y a quelques semaines, entre ce que j'ai entendu d'elle et ce que tu me dis ... Je m'inquiète pour vous. Pour toi, pour les Flamel. Pour Pluton. J'ai peur pour ceux que j'ai laissé derrière moi. S'il devait t'arriver quelque chose ... Ou à Pluton pendant que moi je suis en train de me cacher ici, je ne me le pardonnerais jamais. » Minerva vient caresser la main d’Orphée et elle vient lui souffler : « Tu as fait ce que tu devais faire Orphée et si tu n’étais pas au courant pour le bébé c’est ton subconscient qui a parlé pour le protéger. Je préfère te savoir ici, en sécurité, qu’avec nous, où nous pouvons tous nous faire découvrir à tout moment. Je ne me pardonnerai jamais s’il t’arrivait quelque chose à toi ou l’enfant. La vie d’abord, les combats après. »

Chaque chose en son temps. Et à ces phrases et ces réalisations, Minerva comprend qu’elle aurait choisi la retraite, elle aurait choisi de se mettre en arrière tout comme Orphée et d’attendre la naissance de son bébé plutôt que de prendre le risque et de l’exposer.

Le sourire d’Orphée réchauffa le cœur de Minerva qui s’autorisa alors à sourire plus franchement. Le sujet de la grossesse, finalement, vient. Sujet que Minerva ne peut pas ignorer.
« À vrai dire, je suis plus inquiète pour vous que pour moi. Mes ancêtres donnaient la vie à l'arrière de roulottes sur les routes, je devrais m'en sortir sans trop de difficultés. »
De ce point de vue là… Minerva n’avait pas oublié les racines d’Orphée. Les Trelawney ont aussi leur histoire et il était vrai que les conditions étaient parfois terriblement précaires sur la route. Elle ne doutait pas qu’Orphée s’en sortirait même seule. Mais c’était justement cela qui la terrifiait : la laisser seule dans cette épreuve.
« Je sais bien, Orphée, mais l’idée de te laisser ici toute seule… » Minerva se mord la lèvre. « Je sais que revenir à Londres est impossible, mais tu pourrais au moins venir chez moi sur l’Île de Skye ? C’est suffisamment éloigné pour que tu y sois en sécurité et tu n’y seras pas seule… Au moins jusqu’à l’accouchement et les premiers mois. Nous avons l’habitude de donner naissance à des bébés chez nous et tu seras entourée de femmes fortes qui te protègeront. Moi la première. »
C’était une solution après tout, et Orphée pouvait très bien y réfléchir. Evidemment, il faudrait qu’elle en parle au reste de la famille mais Minerva savait que les McGonagall ne diraient jamais non à une femme qui avait besoin d’aide. Elles s’arrangeraient pour faire en sorte que l’endroit soit imprenable. Chose qu’elles commençaient à faire d’ailleurs en prévision de ce qui allait arriver inéluctablement, aussi, de ce qui était arrivé à Minerva.

« Et toi ? Comment vis-tu la situation ? As-tu des nouvelles des autres ? J'ai eu quelques nouvelles - guère réjouissantes de Pluton mais elles datent d'il y a plusieurs semaines. Mais je pense aussi à Huojin, à Abelforth. »

Minerva a un sourire en coin en pensant à Abelforth. Certes, le Dumbledore était en ce moment très occupé pour des raisons obscures mais elle l’aimait et Orphée n’était pas au courant de cette nouvelle.

« Cela peut aller pour être honnête. » répond-t-elle franchement. « J’ai eu quelques soucis mais comme l’on dit, ce qui ne nous tue pas nou rend plus fort… » Elle adresse un petit clin d’œil et un sourire à Orphée. « Et j’ai des nouvelles de beaucoup de monde… Huojin travaille dans l’arène pour soigner les combattants. Tu le connais : toujours le cœur sur la main. Quant à Abelforth… » Minerva se mord la lèvre doucement. « Eh bien, il va très bien. Plus que bien même. Nous… Nous nous fréquentons depuis avril dernier. » Un sourire doux et tendre sur les lèvres, Minerva observa Orphée. Évidemment, cette dernière a toujours su que Minerva avait quelques sentiments pour le cadet des Dumbledore sauf que jusque là elle ne les avait jamais laissé s’exprimer. « J’ai emménagé chez lui d’ailleurs. »

« La vie d'abord, les combats après. Tu as surement raison. Mais je ne m'imaginais pas dire cela un jour. »

Elle non plus à vrai dire. Minerva n’était pourtant pas du genre à fuir un combat mais la vie devenait trop importante maintenant que la mort prenait le dessus trop souvent. Pourtant, elle était du parti de ne pas se marier trop rapidement, ni de faire des enfants trop rapidement. Seulement la menace qui pesait sur les épaules de tout le monde ramenait aussi à l’essentiel : à quel point on peut aimer nos proches. Et Minerva McGonagall aimait. Abelforth, Albus, Archie, Lysander, Léocadie, Orphée et tant d’autres encore. La vie était maintenant précieuse et Minerva le savait mieux que personne elle qui avait échappé une fois de trop à la mort. Cependant, Minerva comprenait la frustration d’Orphée, elle-même parfois, se sentait complètement impuissante même sur le terrain. Elle ne savait pas encore jusqu’à quel point c’était vrai. Mais si elle pouvait au moins faire un tout petit quelque chose pour aider Orphée, elle le ferait sans hésiter d’où sa proposition qu’elle vienne chez les McGonagall. Orphée y serait accueilli très chaleureusement et Minerva se demanda si elle ne pourrait pas tenter d’y réunir Pluton… Il avait après tout, le droit de savoir, n’est-ce pas ? Minerva savait qu’Orphée aimait Pluton. Elle avait été comme beaucoup d’autres invités alors, témoin de leur amour et avait été heureuse pour elle.

« Je vais y réfléchir. Pluton à part, tu es la personne en qui j'ai le plus confiance pour être à mes côtés à cet instant. »

L’émotion gagne Minerva qui vient serrer doucement la main d’Orphée. Elle serait la plus heureuse du monde d’accompagner Orphée dans cette petite épreuve qui se passera, elle en était persuadée, très bien. Entourée des femmes McGonagall, Orphée serait à l’abris et choyée, le bébé aussi.

Parmi toutes les nouvelles qu’elle a à offrir, celle de sa nouvelle relation avec Abelforth Dumbledore est probablement la plus joyeuse qu’elle puisse posséder quand bien même dernièrement, elle le trouve distant. Ces quelques mois passés avec lui étaient une véritable bouffée d’air frais dans la guerre quand bien même avait-il fait quelques mauvais pas. Mais, trop heureuse d’annoncer à Orphée qu’elle avait enfin refait sa vie, elle passa sous silence ses doutes pour l’instant quand bien même savait-elle qu’elle lui en parlerait probablement.

« Quelle délicieuse nouvelle ! Je suis si heureuse pour toi Mina. Pour vous. Abelforth est quelqu'un de formidable, et je suis sûre qu'il te rendra heureuse. Que vous vous rendrez heureux ! »
« Il me rend heureuse oui ! » s’exclame Minerva avec des étincelles dans les yeux.

Elle respire un bon coup, un grand sourire aux lèvres, incapable de ne pas montrer sa joie et son amour. Le cœur battant légèrement, elle adresse ce sourire à Orphée, soudainement plus légère, peut-être redevenant cette adolescente qui avait espéré avoir un peu plus qu’un regard du Poufsouffle.

« J'espère avoir l'occasion de vous voir ensemble très vite. Ça nous rappelera les années Poudlard. Le bon vieux temps. »

« Oh, je l’espère aussi. » dit Minerva en riant un peu.

Elle manque d’ajouter que si Orphée acceptait de venir sur l’Île de Skye le temps du reste de sa grossesse, elle pourra probablement voir Abelforth. Elle lui fait après tout confiance pour qu’il garde le secret. Puis, elle se disait que cela sera surement agréable à Abelforth de revoir un visage familier. Après tout, Orphée et lui-même se connaissaient.

« De quels soucis parles-tu ? Il y a quelque chose que je peux faire pour t'aider ? »

Le sujet redevient quelque peu sérieux et Minerva fronce légèrement les sourcils.

« Non, tu ne peux rien faire. C’est gentil à toi, Orphée. » comment lui expliquer cela ? « Disons que mes articles font réagir certaines personnes qui ne sont pas très contentes. Mais… tu sais, c’est plutôt habituel quand on y pense. » Ce n’était après tout pas la première, ni la dernière fois qu’elle recevait des menaces. En revanche, c’était la première fois qu’on venait s’en prendre directement à elle chez elle. Solution qui allait être trouvée étant donné que Minerva avait enchanté le mobilier pour qu’il se défende maintenant et qu’il y avait quelques sorts mis autour de la maison. « Et puis… Minerva se mord la lèvre. C’est stupide mais depuis quelques temps, même si j’aime Abelforth et je sais qu’il m’aime, je trouve qu’il est devenu distant et je n’arrive pas à savoir pourquoi. » Elle hausse les épaules. Orphée ne saura probablement pas quoi lui répondre, mais se confier à son amie était un petit bonheur qu’elle appréciait et qui lui avait tant manqué.

Il y avait toujours cette légèreté amoureuse quand elle annonçait à quelqu’un qu’elle était avec Abelforth Dumbledore. Si Minerva ne s’épenchait pas tant que cela sur sa vie amoureuse et intime, préférant rester discrète, elle mettait toujours un point d’honneur à l’annoncer aux personnes importantes de son existence. Orphée ne faisait pas exception. Elle avait après tout été un des témoins des petites aventures entre Abelforth et elle-même. L’adolescence et le fleurissement des amours qui finissent éternels. Abelforth n’y avait pas échappé, il lui avait simplement fallu des années pour s’en rendre compte. Aujourd’hui, cependant, elle était prête à assumer et vivre heureuse, parce qu’elle l’aimait et qu’elle considérait qu’il était l’homme parfait. Elle était prête aussi à travers une mer et aller sur l’île au bout du monde pour annoncer la bonne nouvelle à Orphée parce qu’elles étaient trop rares ces derniers temps et que malgré tout, malgré la guerre, la vie continuait.
« J'espère avoir l'occasion de vous voir ensemble très vite. Ça nous rappelera les années Poudlard. Le bon vieux temps. »
Léger rire de Minerva qui se fait douce et ne cache nullement sa joie de l’annonce, ni la joie d’être avec Orphée.
« Oh, mais bien sûr ! On aura l’occasion. »
Surtout si Orphée venait chez elle le temps de l’accouchement. Mais Minerva ne le lui dit pas, ne souhaitant pas la pousser à agir et voulant simplement que cela vienne d’elle. Orphée devait prendre sa décision pleinement et sans être influencée. Minerva savait que la question de sa sécurité était capitale et si elle désirait qu’elle ne soit pas seule lors de cette épreuve, elle voulait aussi qu’Orphée fasse son choix pleinement.
« Fais attention à toi Mina. » demanda doucement Orphée et Minerva serra doucement sa main. Elle essayait. Ce n’était cependant pas chose aisée devant un monde qui devenait de plus en plus brutal et tortionnaire. Elle ne pouvait décidément pas ne rien faire, se taire, ne plus rien écrire. C’était son arme à elle les mots et c’était avec cela qu’elle continuerait toujours à se battre. De plus, plus que jamais les femmes avaient besoin de soutien. C’était dans les régimes despotiques plus que dans n’importe quel autre qu’on leur retirait leurs droits absolus, ceux-là même pour lesquels elles s’étaient battues encore et encore.
« Ce que tu fais au quotidien, c'est important et ça aide vraiment. Tu dois rester prudente, mais je ne t'apprends rien. Mais ne pas renoncer, tu peux être fière de ce que tu fais. En tout cas, moi je suis fière de toi. »
Un petit sourire se dessine sur les lèvres de Minerva qui observe alors Orphée avec une certaine émotion. Ce genre de soutien se faisait rare en ce moment et se faire rappeler, même si elle le savait bien évidemment que ce qu’elle faisait comptait était toujours important et lui donnait une impression d’être valorisée. Le soutien dont faisait preuve Orphée lui faisait plaisir et elle lui souffla alors doucement :
« Merci, Orphée. Tu n’imagines pas à quel point tes mots me touchent et que j’ai besoin de les entendre. J’essaie autant que possible de rester prudente. Et moi aussi je suis fière de toi, Orphée. Tu es une battante. » Et cette situation là le lui prouvait parfaitement, elle qui avait dû tout quitter et feindre la mort avant de se retrouver enceinte et assumer cette responsabilité seule. Peu de personnes en seraient capable.
Après quelques secondes de silence, le sujet change et revient à Abelforth. Minerva confie ses craintes. Quand bien même a-t-elle confiance dans le Dumbledore, elle a trop eu de relations pour savoir que parfois la confiance peut être complètement brisée et la dernière chose au monde qu’elle veut c’est qu’ils soient en froid ou pire encore.
« Abel a toujours été sensible, j'imagine que la situation actuelle doit lui peser également. Il t'en parlera quand il sera prêt, j'en suis persuadée. En attendant, reste celle que tu es. Continuez de vous soutenir l'un et l'autre. Vous en avez besoin. »
Elle le savait évidemment que la situation actuelle devait lui peser. Voir celui qui avait tué sa sœur ou tout du moins était possiblement celui qui l’avait fait, au pouvoir et commettant des horreurs ne devait pas être facile. Elle n’imaginait pas la culpabilité qu’il devait ressentir. Mais tout de même, il y avait cette peur que ce soit elle le problème. Leur relation était encore jeune après tout. Les conseils d’Orphée sont comme toujours sages et Minerva acquiesce en souriant doucement.
« Merci de tes paroles rassurantes. J’imagine que oui… Mais il se fait de plus en plus absent même au travail. J’ai du mal à comprendre et… » Elle se mord la lèvre. « Je ne veux pas qu’il ait l’impression qu’il doive me rendre des comptes. Il est libre et peut avoir son jardin secret mais… Je sais que la transparence est aussi importante et j’ai remarqué qu’il me mentait sur ses absences. »
Elle ne veut pas imaginer le pire, pourtant, elle ne peut que constater et tenter d’être patiente, de lui laisser le temps.
« Il est plus distant et sur les nerfs. J’aimerais y faire quelque chose et… tu sais, je vis chez lui depuis quelques mois. J’imagine que cela doit être un ajustement de nos deux parts. »
Elle soupir avant de regarder Orphée et reprendre un sourire navrée :
« Ces discussions entre filles sur les hommes de nos vies m’ont manquée Orphée. » Petite note légère qui fait du bien.