ship to wreck + kiernia

tirage : l’impératrice, le neuf d’épées & le monde
with @kieran goyle

Elle range les cartes, parce qu’elle sait que c’est le moment, qu’elle n’a plus d’échappatoire, puisque le destin l’a ainsi scellé : elle deviendra Goyle, dire adieu à sa vie de Yaxley, sans en porter la douloureuse partie de vie triste. Mais elle sait surtout qu’elle va offrir sa dernière vie à Kieran pour porter son héritier : bientôt, la neuvième épuisée, et Virginia laissera sa place à un autre animal. Alors, dans l’attente, elle soigne ses apparats, sans but de séduction, elle n’aura pas besoin de cela, les familles ont déjà enfermé leurs avenirs ensemble, sans demander aux descendants si c’était là ce qu’ils espéraient. Tout ce qu’elle attendait, c’était qu’il ne lui offre qu’un peu d’espace pour combler les blessures que le temps avait creusé, pour accueillir dans sa vie l’être qui prendrait une partie d’elle avec lui. Mais cela, Kieran n’y était probablement pas encore. Il ne frôlait surement qu’à grande peine la perte de sa première femme incapable de lui donner un enfant. Ginny était peinée pour elle. Elle ne jalousait pas sa place, n’en avait jamais voulu : si elle avait eu le choix, elle serait resté dans sa roulotte avec Zelda, à échanger sur la douceur du vent dans la forêt, en jouant négligemment avec ses cheveux, caressant sa joue par intermittence, un sourire aux lèvres. Mais là n’était pas ce que lui avait dicté l’avenir, bien que brumeux sans la totalité de son don, elle donnait aux dés et à ses tirages l’avantage.

La rencontre se faisait sans leurs parents : privilège qu’ils avaient gagné, non négligeable. Sa mère, toujours attentive, avait soigné ses cheveux, les privant, eux aussi, de leur liberté chéri en les réunissant en un chignon serré. Brisant les codes, Gin avait libéré des mèches pour se sentir un brin plus naturelle, plus vraie. “S’il te plait, ne parle pas des cartes…” Une supplique qui désarçonne la femme en devenir. “Je ne vois pas pourquoi, elles sont rassurantes.” Elle fronce les sourcils, et un soupir s’échappe des lèvres de celle qui lui a offert la vie, sans qu’elle ne réponde. Un baiser familier sur le front, elle pose sa main quelques instants sur la joue de son enfant, familière, protectrice, avant de quitter la pièce pour laisser Ginny resserrer son corsage. Sur ces mots, elle ne sait pas vraiment quoi faire. Si elle ne devait pas parler de son plus grand don, de quoi allait-elle discuter ? Etait-il capable de parler avec elle de son métier ? Probablement pas ? Avait-il voyagé ? Si non, elle n’aurait pas grand chose à lui dire. Peut être s’attendaient-ils tous à ce qu’elle soit docile et attentive. Soit, elle n’avait pas eu le mode d’emploi, et n’avait que peu l’habitude de se confronter aux exercices du grand monde. Son père disait souvent qu’elle réfléchissait trop pour son bien. Probablement.

C’est la cheminée qui la fait disparaître pour se rendre dans la demeure de son futur mari. Elle lisse sa robe en sortant du feu émeraude, ponctuelle pour les astres, mais pour personne d’autre. Elle a probablement une demi heure de retard, ou moins, ou plus, le temps est abstrait pour ceux qui n’ont que faire du sablier : elle en fait partie. “Bonjour ?” Sa voix sonne de façon mélodieuse dans la pièce déserte. Mais bien vite, une silhouette se dessine, et elle tente un sourire un peu trop radieux, qu’elle tente de refreiner, mais elle n’y peut rien, Ginny, elle est solaire, même si la situation n’est pas parfaite, elle n’est pas grave, sinon, elle l’aurait vu, ou pressenti. “Je suis Ginny. Enchantée de te revoir, Kieran.” Ils se sont croisés, à Poudlard, et elle n’est pas du genre à faire dans le protocolaire. Elle évite cependant la familiarité, ne s’installe pas sans son invitation, mais ne fera à personne le plaisir d’un vouvoiement ou d’une courbette : Virginia n’était pas danseuse, elle était princesse des Yaxley, malgré tout. Et de lui, elle n’attend pas grand chose, ainsi, cela scelle dans le marbre leur souhait commun : un mariage de convenance, pas d’attaches supplémentaires, de l’amour en guise d’accessoire les soirs de présence chez les sang purs. Rien de plus, rien de moins qu’un foyer emprisonné par un héritier à combler. Un plan parfait.

ces magnifiques cartes viennent de Fairytale Tarot by Yoshi Yoshitani