Dîner aux chandelles - Mina&Gellert

Les doigts parcourent le papier soigneusement plier. Elle reconnait du papier de qualité car son granule est impeccable et ne râpe pas ses doigts. Le signe des reliques elle le reconnait aisément. Elle n’a pas besoin d’ouvrir la lettre pour savoir qui lui a envoyé cela. Elle le sait parfaitement alors que son regard dérive sur Abelforth qui cuisine pour elle en cette matinée d’été. Elle a passé la nuit ici, ne souhaitant pas rester seule et préférant la passer dans les bras de son amant. Elle sait qu’il va mal réagir quand elle lui dira qui c’est mais tous les deux savaient que ce moment arriverait tôt ou tard. Tout du moins, Minerva l’avait pressenti. Elle connaissait suffisamment Gellert Grindelwald pour savoir qu’il avait malgré tous des principes et quand il s’agissait de sauver la vie du seul être au monde qu’il aimait profondément, de cela Minerva en était persuadée, il aimait Albus Dumbledore comme il n’avait jamais aimé personne, Gellert aurait tôt ou tard fini par la remercier d’une manière ou d’une autre. Ne souhaitant pas cacher cette information à l’homme de sa vie, ce fut face à lui qu’elle brisa le sceau et qu’elle lut le contenu de la lettre. L’appréhension monta cependant. Minerva savait parfaitement que quand bien même le ton de la lettre se voulait « léger » si cela était maintenant possible avec Gellert Grindelwald d’être léger, il lui donnait un ordre. La McGonagall qu’elle était n’appréciait pas tant l’ordre mais elle ne pouvait y couper. Prenant une grande inspiration , elle ne put s’empêcher de sourire en voyant le pas et lève les yeux au ciel. Gellert Grindelwald, ce charmeur. Elle le connaissait bien, il n’avait pas changé malgré les années de silence et le drame après lequel il était parti. Si Minerva McGonagall savait qu’elle allait donc dîner avec l’homme le plus dangereux du monde, elle savait qu’elle avait un avantage : elle avait sauvé la vie d’Albus, il ne pouvait pas lui faire du mal et n’en aurait pas l’idée. Quand le deuxième hibou se posa devant elle avec un paquet, Minerva leva un sourcil. Elle vient finalement ouvrir le paquet et reste pantoise devant le tissu délicat et de qualité, émerveillée devant l’enchantement. Non, décidément, Gellert ne lui ferait rien du tout.

Voir la mâchoire serrée d’Abelforth était un crève le cœur. Possiblement qu’ils se soient disputés et elle avait la sensation de le trahir en acceptant l’invitation bien qu’y répondre aurait été futile. Mais Minerva ne pouvait pas dire non au Ministre de la Magie. Tous les deux le savaient. Elle ne niait pas que même si Gellert avait envie de passer une soirée avec elle, elle n’en serait pas moins sur ses gardes. L’homme était imprévisible et il le lui avait montré trop de fois. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Minerva McGonagall ne haïssait pas Gellert Grindelwald. Pour l’avoir connu avant qu’il ne soit ministre de la magie, elle avait appris à connaître l’homme, n’a jamais été charmée par son charisme contrairement au commun des mortels mais par son intelligence. Gellert était un homme qu’elle respectait. Dans le fond tout ce qu’elle avait dit pendant l’interrogatoire était la vérité. Elle respectait l’homme et avait toujours su qu’il ferait de grandes choses. Elle n’en restait cependant pas moins de plus en plus déçue de la tournure que prenait la vie de l’homme qui aurait pu faire bien plus que ce qu’il était en train de faire du monde magique. Elle reconnaissait cependant que toutes les idées qu’elle avait entendue quand ils étaient jeunes, il y a de cela même une dizaine d’années avaient pris vie et qu’il tenait ses engagements quoiqu’on en dise. Elle savait qu’ils auraient pu être plus proches si elle s’était laissée convaincre. N’ayant aucune connaissance de ce qu’il avait fait à Ephraïm Webster, Minerva n’éprouvait donc qu’un profond respect et une profonde déception pour l’homme. Aussi, si elle était sur ses gardes et qu’elle promit qu’elle serait de retour aussitôt après le dîner à Abelforth ainsi que d’autres choses et notamment qu’il devait lui faire confiance (elle n’avait pas le nom de la déesse de la stratégie pour rien après tout ?), elle fut à l’heure ce soir-là.

Vêtue d’une robe d’un bleu profond tout aussi étoilée que l’écharpe en soie qu’elle portait, Minerva McGonagall semblait avoir pris le ciel étoilé pour s’en draper. Ses longues tresses tombaient dans son dos librement et sauvagement tandis qu’elle avait autour du poignet gauche un bracelet en argent en forme de dragon. Dans sa robe d’été, quand elle bougeait les bras et qu’on avait le bon angle, on pouvait voir sur sa peau métisse la rune de feu légèrement dorée et brillante. Son chapeau était comme à son habitude, assorti à sa tenue bien que dépourvu d’étoiles et d’astre céleste. Arrivant devant le restaurant, elle remarqua tout de suite qu’il s’agissait là d’une enseigne particulièrement honéreuse. Rien de bien étonnant, Gellert avait une réputation à préserver après tout. S’éclaircissant la gorge, Minerva s’arrête quelque peu avant d’entrer dans la partie hall pour se concentrer. Quand bien même, elle devrait faire attention ce soir. Se rappelant de tout l’enseignement d’Albus, elle ferma son esprit à double tour. Prenant une grande inspiration mais affichant un calme serein sur son visage, elle finit par passer la porte… Pour se retrouver devant une armoire à glace. Petit sourire mutin sur le visage alors qu’elle lève la tête bien haut pour observer le géant, parce que pour elle avec son mètre cinquante-huit c’était ce qu’il était.

« Bonsoir Perseus. » dit-elle avec un sourire de chatte, ne perdant rien de sa fierté et sa droiture.

Sa baguette était réclamée et Minerva, pleine de bonnes volontés ayant parfaitement compris qu’il s’agissait d’une formalité, sachant aussi qu’elle ne devait en aucun cas laisser paraitre quoique ce soit de suspect, s’apprêta à la donner au chien de garde (il sentait toujours autant mauvais d’ailleurs), quand l’ordre de Gellert résonna dans la pièce.

« Assez, Minerva est une très chère amie. J’ai toute confiance en elle. Sortez »

C’était peut-être l’expression « très chère amie » ou « confiance » ou encore son ton étonnamment doux qui la fit tiquer mais Minerva n’en laissa rien paraitre. L’homme n’avait aucune idée de qui elle était dans l’ombre ou alors il jouait trop bien son jeu. Elle se doutait qu’il finirait un jour par l’apprendre et que ce jour-là ce ne sera certainement pas dans un restaurant cinq étoiles qu’il l’inviterait à passer la soirée. Elle non plus ne serait pas aussi charmante. Mais pour l’instant, ou tout du moins, Minerva l’espérait, Gellert ne serait pas une menace pour elle ce soir. Elle comprit en lui jetant un coup d’œil et voyant s’éloigner le colosse qu’il ne la voyait pas comme tel en tout cas. Elle se détendit intérieurement et se tourna vers l’élégant homme qu’elle a connu avec une dizaine d’années de moins.

« Gellert, » dit-elle avec un sourire poli.

Il avait peut-être connu une Minerva plus spontanée, moins sur la réserve mais tous les deux savaient qu’ils en avaient fait du chemin. Lui n’était plus le petit bulgare qui venait chez sa tante. Elle, elle n’était plus la jeune femme qui allait se marier. Malgré tout, il restait M. Le Ministre de la Magie. Tandis qu’il se saisit de sa main pour lui faire un baise main, Minerva se dit qu’Abelforth aurait pété un câble en le voyant faire. Elle s’amuse des manières du bulgare tandis qu’il se redresse et lui parle :

« Excuse le décor. Il est particulièrement ridicule. Mais cet endroit sert le meilleur saumon d’angleterre. »

Minerva se tourne vers la pièce et un fin sourire naquit sur ses lèvres, détendant encore son visage et redevenant d’un naturel désarmant.

« Tu as raison, c’est ridicule. Mais s’ils font le meilleur saumon d’Angleterre, tu fais de moi une femme comblée. »

Et c’était vrai. Son esprit de chatte appréciait particulièrement l’attention et elle se sentit touchée par l’attention. Elle lui répondit à son œillade, mutine et charmeuse, jouant son jeu par envie avant qu’elle ne se laisse conduire jusqu’à leur table dresser. Son œil fut accroché par la harpe qui jouait toute seule. Eh bien, elle en avait de la chance. Une harpe, rien que pour elle. Se laissant tirer la chaise par le Ministre en personne, et avouant aisément qu’elle se sentait particulièrement privilégiée, Minerva s’assit.

« L’écharpe te va à ravir. »
« Elle est magnifique, Gellert. Merci beaucoup pour ce cadeau. » répond-t-elle sincèrement.

Elle vient la remettre correctement d’ailleurs autour de son cou gracile et laisser le Ministre s’asseoir en face d’elle. Quelle situation drôle. La tête de la Confédération et la tête de l’Ordre du Phénix, assis l’un en face de l’autre, en train de dîner dans un restaurant de luxe comme s’il s’agissait de la chose la plus normale du monde à faire. Le répit qu’ils s’offraient était agréable en réalité et Minerva savait qu’elle aurait grande peine le jour où Gellert se rendrait compte de son double jeu. Quand bien même lui inspirait-il de la déception, elle l’appréciait.

« Tout d’abord, je dois te demander, ne parlons pas de politiques ce soir, je te réserverais une interview, mais pour le moment je souhaiterais juste dîner avec une amie. »

Ne pas parler politique. Elle aurait pu aborder le sujet Henry Potter et en avait grande envie mais elle fut d’accord avec lui . Ramener Albus dans cet état avait été éprouvant pour eux deux et elle aurait aimé le voir dans d’autres circonstances. C’était à présent l’occasion. Devant le sourire doux de Gellert, Minerva le lui rendit et lui adressa une œillade.

« Dînons entre amis alors, Gellert. » Elle rit un peu. « Comme au bon vieux temps. » Grand sourire aux lèvres mutin. Comme au bon vieux temps. Avant qu’ils ne soient Minerva McGonagall, fondatrice de l’Ordre du Phénix et Gellert Grindelwald, Ministre de la Magie et Père de la Confédération Sorcière.

Juste, Minerva et Gellert.

« Tu as raison, c’est ridicule. Mais s’ils font le meilleur saumon d’Angleterre, tu fais de moi une femme comblée. »

Le ministre lâchait à la demoiselle un léger sourire. Il avait besoin de cette soirée, une soirée pour oublier les responsabilités et la couronne qu’il posait sur sa tête, et étonnement, Minerva semblait avoir été une merveilleuse idée pour partager cette soirée. Et il tenait a la remercier, grâce à elle, Albus était vivant, se rétablissait, était de retour entre ses bras. Et c’était sûrement le plus important pour Gellert au fond, maintenant qu’il avait repris ses devoirs de ministres.

« Dînons entre amis alors, Gellert. Comme au bon vieux temps. »

Il souriait légèrement, prenant son verre qui se remplissait de vin pour le présenter à la demoiselle qui suivait, glissant ses lèvres sur le verre il reprenait alors un air un peu plus sérieux.

”L’écharpe ne sera jamais suffisante, je ne saurais te remercier suffisamment pour Albus. Je suis heureux de savoir que tu es là pour lui.” Il buvait une nouvelle gorgée avant de poser son verre, ”Et dieu sait qu’il en a besoin.” Albus était une tête brûlée, il fonçait dans le danger, et c’était quelque chose qui avait toujours plu au bulgare. Pourtant c’était aussi probablement ce qui l’avait placé dans cet état. Une habitude dangereuse du briseur de sort toujours en quête d’aventure. Il n’était pas du genre a jouer les sentimentals, pas de ceux qui partagent leurs émotions.

Pourtant, il avait un profond respect pour Minerva McGonagall, et cela avait toujours été, depuis leur première, et mémorable, rencontre. Elle n’avait cessé de l’impressionner, et il voyait en elle une sorcière brillante. Peut-être même presque aussi brillante qu’albus et lui même. Il était intrigué par cette femme, par son côté sauvage et libéré qu’il ne voyait pas souvent. Il souriait doucement, claquant le sureau sur la table alors que les assiettes se couvraient de plusieurs entrées différentes, des formes diverses et variées de saumon.”Que le banquet commence” Il souriait un peu joueur a Minerva. ”Evidemment j’ai commissionné des Aurors pour enquêter sur l’attaque qu’ont subit Albus et Njeri, il est hors de question que cela reste impuni.” Il souriait doucement, se servant d’un morceau de poisson qu’il venait glisser à ses lèvres, le goûtant avant de rire. ”C’est vraiment du bon saumon”

Il saisissait de nouveau son verre en souriant. ”En tout cas je suis content que tout ça soit derrière nous.” Albus allait bien, c’était ce qui comptait. Henry Potter allait rentrer dans les rangs, et les sang-purs suivraient par la suite. Ils allaient pouvoir avancer dans leurs plans et Gellert en était plus que ravi. Il se redressait alors en glissant son verre à ses lèvres, lequel une fois vide se remplissait automatiquement.


”Parles moi un peu de toi, cela fait longtemps que nos chemins ne se sont pas croisés. Les réparations avancent ? Albus et moi pouvons t’aider financièrement, tu n’as qu’à demander et j’enverrai moi même les meilleurs architectes du ministère Minerva.” Il plongeait ses iris azurs dans ceux de Minerva, il était sérieux, il avait été intransigeant avec Henry pour cette histoire et il voulait s’assurer que tout soit rentré dans l’ordre, doutant que le Potter ai eu la décence de proposer de payer les réparations. ”Dis moi, comment va la réserve, Albus m’a beaucoup parlé de ta famille et des dragons, j’ai toujours été impressionné par ces animaux.”

Situation surréaliste. Elle, Minerva McGonagall, était réellement en train de diner avec le mage noir le plus puissant qu’ils aient jusqu’à présent connu, l’homme le plus puissant de Grande Bretagne, peut-être du monde même, Gellert Grindelwald. Elle n’en parlerait probablement jamais de ce dîner parce qu’il restera un des rares souvenirs qu’elle a de positif sur l’homme et elle souhaitera le garder pour elle, comme une preuve qu’elle avait eu en face d’elle l’homme et non pas le monstre terrifiant. Bien qu’elle savait qu’elle devait tout le temps être sur ses gardes, Minerva comptait bien profiter de cette soirée en compagnie de celui qui avait une partie du cœur de son meilleur ami. Etait-il possible d’éprouver de la sympathie pour l’homme qui commettait des massacres ? Elle n’en savait rien mais elle s’autorisait au moins cela, sachant que Gellert était aussi un être humain capable de fauter… et il fautait dans la direction qu’il prenait. Cela n’enlevait rien au respect qu’elle lui trouvait et s’il voulait dîner entre amis, alors ils dineraient entre amis, ces occasions-là seraient trop rares dans le futur… Voir ce serait la première et la dernière fois. Ne se défaisant pas de sa dignité et fierté, Minerva observa son verre de vin se remplir avant de redresser le regard sur Gellert qui souriait légèrement. Vision amusante de l’homme. Elle vient elle-même saisir son verre et but un peu. C’était du très très très bon vin, décidément.
« L’écharpe ne sera jamais suffisante, je ne saurais te remercier suffisamment pour Albus. Je suis heureux de savoir que tu es là pour lui. Et dieu sait qu’il en a besoin. » L’un des sourcils de Minerva se leva, un petit sourire humble se dessine sur ses lèvres délicates. Elle se doute qu’il est sincère mais contrairement à la plupart des autres personnes, Minerva n’est pas dupe au point de se laisser attendrir. En réalité, sa remarque sonne comme un mauvais souvenir. Elle se rappelle encore de l’état dans lequel elle avait trouvé Albus, après son départ à lui, Ariana enterrée, en froid avec Abelforth. C’était elle qui, malgré son propre deuil, l’avait réparé, l’avait consolé la nuit, dormi avec lui et bercé jusqu’à ce qu’il s’endorme le cœur brisé par trois fois : Ariana, Gellert, Abelforth. C’était elle qui avait recollé les morceaux de l’âme de son meilleur ami pour qu’il ne sombre pas, trouvant là une occupation plus importante que se morfondre dans sa propre douleur. Alors, quelque part, la phrase de Gellert, quand bien même sincère était déplacée. Bien sûr qu’elle serait toujours là pour Albus Dumbledore.
« Tu sais bien que c’est normal. Jamais je ne l’abandonnerai. » dit-elle calmement. Et peut-être quand tout éclaterait, qu’il saurait qu’elle n’est pas dans son camp, qu’il se rendrait compte immédiatement à quel point c’était vrai.
Jamais Minerva McGonagall n’abandonnera Albus Dumbledore.
Même si elle n’est pas toujours d’accord avec lui, même si parfois elle considère qu’il fait les mauvais choix.
Les mets arrivent et Minerva le reconnait : elle en a plein la vue. Subitement, elle voudrait avoir la baguette de sureau juste pour ce petit plaisir et aussi mettre cela dans les dents des plus grands duellistes de cette planète. Son regard se fait plus grand et remplis d’étoiles alors qu’elle observe les mets. Du saumon. Plein de saumon pour elle.
« Que le banquet commence »
« Bon appétit à toi. C’est grandiose. » répondit-elle avec un clin d’œil, toute aussi joueuse que l’homme assis en face d’elle, commençant à se détendre totalement. Si Abelforth la voyait là…
« Evidemment j’ai commissionné des Aurors pour enquêter sur l’attaque qu’ont subit Albus et Njeri, il est hors de question que cela reste impuni. »
Minerva se force à faire comme si de rien n’était. Elle savait parfaitement que son mensonge qui était composé d’une demi-vérité en réalité, aurait des conséquences. Elle imaginait sans mal ce qu’il voulait bien dire par là et se sentit un peu coupable. Les squatteurs avaient besoin d’être aidés, pas assassinés, ni chassés ou torturés. Son ventre se tord mais en mettant le met dans la bouche, d’un même mouvement que Gellert, elle reconnait qu’il s’agit du meilleur saumon qu’elle n’a jamais mangé.
« C’est vraiment du bon saumon »
Se cachant la bouche pour manger, un rire lui parvient.
« Ca l’est en effet. »
Elle se déteste beaucoup en cet instant. Elle devrait s’indigner, prendre la défense des innocents qui, par sa faute, étaient probablement six pieds sous terre. Mais elle ne pouvait pas se permettre de le faire. C’était soit eux, soit elle, et cette pensée lui donne envie de vomir. Mais elle joue le jeu Minerva.
« J’espère que Njeri se remet. Dans la précipitation, je n’ai pas pu trop m’occuper d’elle mais… J’espère qu’elle va bien. »
Elle n’avait pas eu le temps d’aller à l’hôpital. En réalité, elle avait peur d’y aller, peur de savoir à quel point le sortilège d’Albus avait fonctionné, peur aussi de ne pas arriver à regarder cette femme qu’elle admirait dans les yeux.
Laissant malgré tout Njeri et Albus de côté, Minerva goutta encore à son plat. Il fallait absolument qu’elle demande la recette. Ceci dit, elle se disait que ce plat même s’il était rafiné et divin, ne valait pas celui que sa mère préparait quand elle était triste. Elle boit un peu tout en écoutant Gellert, se mettant un peu plus en arrière dans sa chaise.
« Parles moi un peu de toi, cela fait longtemps que nos chemins ne se sont pas croisés. Les réparations avancent ? Albus et moi pouvons t’aider financièrement, tu n’as qu’à demander et j’enverrai moi même les meilleurs architectes du ministère Minerva. Dis moi, comment va la réserve, Albus m’a beaucoup parlé de ta famille et des dragons, j’ai toujours été impressionné par ces animaux. »
Les réparations. C’est vrai qu’il était au courant de « l’incident » Henry Potter. Elle avait d’ailleurs fait elle-même quelques dégâts chez elle en voulant en faire une forteresse imprenable. Ce n’était pas l’argent qui manquait aux McGonagall, à vrai dire, mais Minerva savait que l’argent du Ministère pourrait servir à bien des choses… Notamment à les acheter. C’était peut-être ce que l’homme politicien semblait vouloir faire même inconsciemment et Minerva ne voulait pas lui en être redevable. Tout du moins, Minerva avec son esprit verrouillé, ne pouvait s’empêcher de se méfier.
« Les réparations avancent très bien. A vrai dire, elles ont été terminées récemment et nous avons même pu creuser une piscine. » Léger sourire amusé en pensant à Isobel et elle-même qui avaient bien aimé ce petit rajout à la propriété même si elles avaient la mer quelques mètres plus bas. « C’est gentil à toi, mais ce ne sera pas nécessaire pour l’argent. » Et quand bien même, l’argent ne réparerait pas ce qu’elle avait subi aux interrogatoires. Mais elle avait promis de ne pas parler de politique alors… « Les dragons vont bien. Ma mère en a ramené trois très mal en point. Les sorciers peuvent être barbares parfois… Ce sont des créatures vraiment intelligentes et majestueuses qui méritent énormément de respect. On espère avait un petit aussi bientôt. » Petit qu’elle savait qui devait être offert en cadeau de mariage à un certain jeune Black. Inutile de dire que Minerva se chargerait que le garçon ne fasse pas n’importe quoi avec. Elle pouvait être aussi protectrice d’une maman dragon quand il s’agissait de ses créatures.
Attrapant son verre de vin, Minerva en but une longue gorgée. Elle vit le liquide se reremplir naturellement avec un sourire avant de regarder Gellert, un sourire amusé aux lèvres :
« Et toi alors ? Tu as finalement réussi à dominer le monde à ce que je vois. » Son sourire s’agrandit, référence à leur première rencontre. Elle regarder sa chaise. « Et à t’asseoir. » Elle laisse échapper un rire. Elle l’admet : c’est tout de même amusant de pouvoir converser avec le ministre de la magie en personne sur la manière dont ils s’étaient rencontrés depuis bien avant que le monde ne dérive.

« J’espère que Njeri se remet. Dans la précipitation, je n’ai pas pu trop m’occuper d’elle mais… J’espère qu’elle va bien. » L’humanité de l’Amazone était frappante de sincérité, elle lui arrachait un sourire, de si facilement ressentir ce que lui ne faisait que répliquer. Elle connaissait bien mieux que lui les secrets du coeur et de l’humain, lui n’était pas si doué que ça avec les gens, n’avait pas les automatismes des autres esprits. Une force sûrement, mais il ne doutait pas que c’était là une faiblesse aussi, pourtant il glissait son verre a ses lèvres, avalant en souriant avant de lui répondre. ”Njeri vas bien, je me suis moi même rendu a Ste Mangouste pour m’en assurer. Elle se remet difficilement, mais elle est forte, bien plus que nous” Et la sorcière aux cheveux d’argent se réveillerait, elle se lèverait comme une ombre sur une nuit pas encore très claire dans l’esprit, tant de questions qui restaient dans son crâne sans réponses, elle les lui apporterait, alors son coeur n’était pas trop lourd, il était prêt ce soir à goûter à la légèreté, une fois encore, oublier qui ils étaient par delà cette porte.

Il se contentait de manger calmement, des sourires s’échappant face à la fierté de l’Amazone, il se doutait bien qu’elle n’allait pas accepté d’aide de leur part, mais rien ne coûtait de proposer. « Les dragons vont bien. Ma mère en a ramené trois très mal en point. Les sorciers peuvent être barbares parfois… Ce sont des créatures vraiment intelligentes et majestueuses qui méritent énormément de respect. On espère avait un petit aussi bientôt. » Gellert s’appuyait alors sur le dossier de sa chaise, glissant une jambe par dessus l’autre, sa main secouant doucement le verre de vin en l’écoutant. ”L’aide des McGonagall sur la gestion des dragons est inestimable pour le ministère. Je n’ai pas votre connaissance sur le sujet, mais il est vrai que je me suis toujours intéressé à eux. Peut-être viendrais-je faire un tour dans votre réserve dans le futur.” Il lui glissait une oeillade joueuse avant de glisser le verre à ses lèvres, ses iris glacés glissaient sur le visage de sa cavalière passagère, il pouvait imaginer ce que Ephraïm avait vu en elle, ce que Abelforth cet idiot voyait, bien qu'à son avis, celui-là non plus ne méritait pas l’attention de la demoiselle. Voilà bien longtemps qu’il avait compris qu’elle ne se joindra pas entièrement à lui, pourtant, elle ferait une sorcière de choix pour la Confédération. Là-dessus il n’avait aucun doute. A pity

Il avalait une gorgée, puis deux, laissant l’alcool délier les muscles, s’y plongeant peut-être un peu trop dernièrement, peut-être que Perseus avait raison, pourtant il gardait les idées claires, trop souvent à son goût, il allait avaler une troisième gorgée quand l’écossaise lui fit doucement cracher du liquide en riant il tendait la main en signe d’excuse, toussant plusieurs fois en riant à gorge déployée. L’image de cette première rencontre lui resterait probablement gravée dans la mémoire. Qui aurait dit alors qu’il se trouverait dans cette position. Il se reprenait alors, tamponnant la serviette sur ses lèvres, rictus au coin des lippes dans ses habitudes séductrices, il levait les yeux ”Merci de t’en inquiéter. Tout va pour le mieux de ce côté là, et puis j'ai eu de l'exercice depuis le temps” Il lui glissait un clin d’oeil, avant de rire de plus belle. Il lui manquait souvent de pouvoir être ouvertement provoquant, ce genre de choses qu'il ne pouvait se permettre de faire qu'avec une poignée de personne, c'était souvent lourd a porter et parfois il oubliait ce que c’était que de pouvoir être entièrement lui même, Minerva connaissait son secret, sa vraie vie. Il pouvait respirer, et ça faisait du bien, même son vieux coeur réduit au silence ne pouvait l’ignorer. Il passait la main a sa cravate, la relâchant doucement, glissant une cigarette a ses lèvres, il l’allumait d’un coup sec du sureau. ”Ah que veux-tu, je suis un homme ambitieux. Mais je n’aurai jamais pu le faire tout seul, Albus a toujours été présent.” Il souriait calmement, tirant un peu sur la cigarette en crachant une fumée légère vers le ciel, le verre d’alcool retrouvant la bouche calmement. ”Il a beau être parfois dur à contrôler, c’est quelqu’un sur qui l’on peut compter. Je l’ai toujours sû” Il souriait calmement, posant le paquet sur la table pour inviter Minerva à se servir. ”J’ai toujours envié votre relation. J’aurai aimé avoir une amie comme toi.” Il était sincère, il y avait quelque chose dans l’amitié de Minerva et Albus qu’il n’avait jamais vu ailleurs, une sorte d’étincelle qui s’embrasait lorsqu’ils étaient ensembles. Si Gellert pensait qu’Albus pouvait le tromper, il aurait sans hésitation soupçonné l’écossaise, sourire léger passant ses lèvres a cette pensée.”Je suppose en revanche qu’il a dut se prendre plusieurs maléfices à Poudlard”.

Qu’il était étrange de manipuler sans vraiment vouloir manipuler le sorcier le plus redoutable de leur époque. Il n’y avait pourtant là aucune envie de nuire chez Minerva. Mais elle se devait malgré tout de jouer un rôle, celui du double jeu. Cela lui posait des problèmes de conscience, elle l’admettait mais dans ce double jeu, elle savait que la guerre se jouait à plus que cela et dans l’adversité, elle savait aussi respecter son ennemi. Elle n’oubliait pas qu’il l’était. Elle n’oubliait pas qu’elle était la sienne aussi et qu’il s’en rendrait compte le moment voulu. Mais la noblesse du respect à travers l’adversité, c’était ce qu’on lui avait appris. Minerva McGonagall avait sûrement un tas d’ennemis dans l’ombre. Mais si on ne dépassait certaines limites, elle n’avait aucune raison de ne pas la jouer déloyale et se faire serait se rabaisser à l’ennemi. Elle apprendra plus tard que parfois, c’est la seule solution pour rappeler qui elle est. Dans une autre réalité, peut-être qu’elle aurait pu être son alliée. Si elle n’avait pas été Minerva McGonagall sans doute, fille de Robert, moldu et Isobel, sorcière. Mais c’était aussi ce qu’il était, pas vrai ? Fils d’une sorcière et d’un moldu. Il n’avait cependant pas eu la même étoile qu’elle.
Finalement, sorciers ou moldus, cela ne fait pas grande différence : on ne nait pas tous sous la même étoile.
Il a simplement pris le chemin qui lui semblait le plus facile.
Qui est le plus facile.
Et c’est aussi pour cela que quand elle pense à Gellert Grindelwald, elle ressent une déception sans nom mais peut comprendre le chemin qu’il a parcouru, qu’elle le connait et qu’elle sait que le moment venu ce sera une partie d’échec qui se jouera aussi entre eux, pas seulement Albus.
Mais sans qu’il le sache encore, la partie d’échec à déjà commencé. Elle a juste un peu d’avance. Avance qu’il saura rattraper, elle lui fait confiance pour cela.
« Njeri vas bien, je me suis moi-même rendu à Ste Mangouste pour m’en assurer. Elle se remet difficilement, mais elle est forte, bien plus que nous »
Minerva a un petit sourire ne cachant malgré tout pas son inquiétude qui était vraie et fondée. Pas forcément pour ce qu’il croit. Si Gellert était allé la voir et n’était pas là à l’arrêter ou pire encore, c’était que le sortilège d’Albus avait fonctionné correctement ce qui était une bonne chose pour tout le monde. Mais elle s’inquiétait quand même sur les conséquences sur sa psychée. Ce n’était pas anodin de recevoir un sortilège pareil.
« En effet, je suis soulagée d’entendre cela. » dit la sorcière avec un sourire de remerciement.
Njeri Rosier restait une alliée pour l’instant. Minerva ne se leurre pas : cela cessera un jour, bientôt probablement.
Le repas mit sous leurs yeux. Minerva continue de boire et manger tout en répondant avec précautions aux questions de Gellert. Elle n’ignorait pas qu’elle devait peser tous ses ces mots et faire attention. Le moindre mot de travers lui serait fatale.
« L’aide des McGonagall sur la gestion des dragons est inestimable pour le ministère. Je n’ai pas votre connaissance sur le sujet, mais il est vrai que je me suis toujours intéressé à eux. Peut-être viendrais-je faire un tour dans votre réserve dans le futur. »
Minerva a un sourire gros sur le visage d’une part parce qu’elle a envie d’éclater de rire, aussi parce que cela fait partie de son jeu. Oh non, décidément, Gellert Grindelwald ne ferait pas un tour dans leur réserve. Elle se doutait évidemment que le jour où tout éclate, la réserve serait l’un des endroits à prendre. Mais pour l’instant, il s’y tiendrait loin. Les McGonagall avaient l’avantage de la discrétion pour l’instant et elles comptaient bien utiliser cette carte. Les défenses de la réserve, les techniques ancestrales qui allaient avec resteraient des secrets de famille quand bien même, bonnes joueuses, dispensaient-elles aussi leur savoir.
« Peut-être un jour. » souffla-t-elle avant de boire, malicieuse et toujours sur ses gardes mentales.
Changement radical de sujet aussi pour détourner l’attention du ministre. Minerva s’éclaffe de rire en voyant le ministre de la magie en personne recracher l’alcool et s’étouffer. Oh peut-être ne faudra-t-il pas lui arracher sa baguette pour l’arrêter. Un bon étranglement et fou rire à une table pourrait faire l’affaire. Elle a un grand sourire ceci dit, sincère. L’évocation de leur première rencontre la fait toujours autant rire. Gellert se montre encore séducteur. Cela ne prend pas avec elle mais elle reconnait qu’elle s’amuse de se rappeler le jeune Gellert qu’elle a connu. Elle-même était jeune à l’époque et le souvenir d’Ephraïm revient, doux-amer.
« Merci de t’en inquiéter. Tout va pour le mieux de ce côté là, et puis j'ai eu de l'exercice depuis le temps »
Elle rit encore avant de lever les sourcils, faisant comprendre qu’elle ne voulait pas tant savoir en réalité. Non, décidément, Gellert ne pouvait pas se méfier d’elle maintenant. Au vu de son comportement, elle comprenait qu’elle avait un effet de levier certain : elle ne pourrait jamais réellement le considérer comme le ministre, le visage qu’il offrait au monde, non. Elle avait trop vu, elle savait trop de choses de l’homme. Et c’était peut-être là l’arme qu’elle avait entre les mains. Une arme qui pouvait aussi, elle le savait, se retourner contre elle. Minerva termina son repas avant de finalement sentir l’odeur de cigarette. Se retient de froncer le nez. Elle n’aime toujours pas cela.
« Ah que veux-tu, je suis un homme ambitieux. Mais je n’aurai jamais pu le faire tout seul, Albus a toujours été présent. Il a beau être parfois dur à contrôler, c’est quelqu’un sur qui l’on peut compter. Je l’ai toujours sû »
Dur à contrôler. Cette formulation la fait tiquer. On ne contrôle pas Albus Dumbledore. Gellert Grindelwald ne le connaissait pas si bien que cela de toute évidence ou tout du moins, ce qu’il voulait bien en connaître et ce que le phénix voulait bien qu’il connaisse de lui. Mais on ne peut pas parler d’amour. On ne contrôle pas l’autre dans une relation saine amoureuse. Mais minerva n’a jamais été dupe sur la relation de l’aigle et du phénix : cette relation était toxique.
« J’ai toujours envié votre relation. J’aurai aimé avoir une amie comme toi. »
Elle ne s’y attendait pas et sans qu’elle ne s’en rende compte tout de suite, le compliment la touche énormément. Le Ministre d’Angleterre lui assure qu’il aurait aimé avoir une amie comme elle ! Qu’aurait été leur monde si cela avait été le cas ?
« Je suppose en revanche qu’il a dut se prendre plusieurs maléfices à Poudlard. »
Minerva rit avant de prendre son verre, une lueur de malice dans le regard, boire sans quitter des yeux Gellert et répondre, pleine de fierté lionnesque :
« Oh tu n’as pas idée ! » Elle sourit d’un sourire de chatte espiègle. « Bon, je me suis calmée avec le temps en réalité. » Avec la mort d’Ephraïm plus précisément. « Mais oui, il aurait deux ou trois histoires intéressantes à te raconter si sa fierté de phénix ne l’en empêche pas ! » Elle rit encore avant de boire. Son œil est attiré alors par la harpe qui fait de la musique toute seule. « Mmh, tu sais en jouer ? Cette question me turlupine depuis le moment où j’ai passé la porte de ce restaurant. » admet-elle, changeant encore de sujet et décidant de ralentir sur l’alcool malgré que son verre se remplit déjà tout seul.