à nos coeurs égarés (minerva)

Longue et épuisante. Une journée qu’elle passe à travailler sur cette satanée procédure judiciaire. Celle dont elle ne parvient pas à voir le bout. Une poursuite alambiquée que son supérieur s’est donné à coeur-joie de lui déléguer. Sans qu’elle ne puisse s’y opposer. Sourire poli à la commissure de ses lèvres et acquiescement d’un signe de tête. La monnaie de sa pièce. Les dossiers s’accumulent sur son bureau et une affaire remportée en entraîne de deux plus à élucider. Véritable maléfice de Gemino. Son apprentie se précipite dans les couloirs du deuxième étage afin d’exaucer ses moindres désirs. En l’occurence un café bien serré. Le troisième aujourd’hui. Celui qu’elle finit par renverser sur la pile de parchemins prête à être envoyée. Tout est à refaire. Elle soupire à défaut de crier. Une première. Mais, elle n’en a plus la force. Un regard désolé qu’elle adresse à Gabrielle qui fait de son mieux, exténuée elle aussi. S’imposant les cadences infernales de l’avocate sans que cette dernière ne le lui demande quoi que ce soit.

« - Rentrez chez vous, Gabrielle. Nous reprendrons demain, lui énonce-t-elle d’une voix calme. »

La jeune femme s’éloigne, non sans un regard en arrière et Genesis rassemble lentement quelques dossiers qu’elle emporte avec elle. La réalité est qu’elle ne peut pas se permettre d’attendre douze heures de plus avant de clore ce litige. Elle prendra un peu d’avance en attendant que Minerva la rejoigne. La porte de l’office qu’elle referme derrière elle. Attirée par la lumière qui émane du bureau de son voisin de palier. Elle frappe à la porte, repousse le battant déjà entrouvert. Harfang, les lunettes sur le nez, relève le menton vers elle.

« - J’espère que l’on te paye tes heures supplémentaires, articule-t-elle dit, un sourire sur les lippes. Son regard émeraude qui le couve un peu trop. Je… Je vais y aller. Un signe de tête vers la liasse qui repose entre ses bras. Passe une bonne soirée, Harfang. »

De retour à la maison, elle se plonge dans sa plaidoirie. Sa plume qui gratte le parchemin, à mesure qu’elle consigne ses arguments les plus convaincants. Un verre de vin de sureau qu’elle sirote déjà, la bouteille qu’elle n’a pas pu s’empêcher de déboucher avant l’arrivée de sa confidente. Avec un peu de chance, celle-ci ne lui en voudra pas. La McGonagall qui se manifeste de quelques coups à sa porte. Genesis trépigne d’impatience à l’idée de la retrouver.

« - C’est ouvert ! »

Pour elle uniquement. Et, quelques privilégies. Un système sur haute sécurité à l’instar des coffres forts de la banque familiale. Son père avait longuement insisté. Par les temps qui courent. Elle repose sa plume et se dirige vers l’entrée où elle accueille Minerva d’une étreinte délicate et d’une bise sur sa joue.

« - Quel bonheur de te voir. Tu m’as tellement manqué. »

Le feu crépite dans la cheminée. Aucune chaleur ne s’en dégage en cette nuit estivale, mais Genesis a toujours trouvé ces flammes orangées réconfortantes. D’un sortilège informulé, elle attire un verre à pied jusqu’à elle, le remplit et le tend à l’Écossaise. Un sourire à la commissure de ses lèvres.

« - J’ai commencé sans toi, lui avoue-t-elle en détournant le regard. Les joues qui s’empourprent légèrement. Ne m’en tiens pas rigueur, s’il te plaît. »

Elle s’installe sur le canapé, replie ses jambes contre elle et porte le verre à sa bouche. Les notes de mûres et de myrtilles qui dansent sur son palet, la transportent jusqu’à la terrasse ensoleillée du Longbottom. Souvenirs dénués d’amertume cette fois-ci. Néanmoins, cette nuit n’est pas pour lui. Cette nuit est pour son amie d’enfance.

« - Je ne sais vraiment pas par où commencer. Ta lettre en disait tellement et si peu à la fois. J’imagine que… Elle s’interrompt, secoue sa tête avant de reprendre de manière quelque peu plus structurée. Comment vas-tu ? Elle hésite un instant, poursuit tout de même. Comment s’est passé ton interrogatoire ? La question qui fâche posée d’une voix douce. Une main bienveillante qu’elle pose sur le genou de Minerva. Elle a toujours été ainsi, Genesis. Les sujets pénibles en premier et les plus agréables pour la fin. »

(c) sweet poison

La métisse vient récupérer le chaton qui fait ses griffes sur le canapé du salon. Le chaton miaule, pas content mais Minerva McGonagall ne le lâche pas. Albus se fait rarement là en ce moment, elle aussi et elle ne peut pas le laisser seul ici. Fauve, c’est le nom qu’ils ont décidé de lui donner, est un chaton mâle particulièrement actif. Il a besoin d’être dans un endroit grand pour faire sa petite vie de chat. Alors, elle avait décidé de le ramener en Ecosse avec elle. Étant passée au journal pour y régler deux ou trois choses avant d’être en congé le soir même, en ayant particulièrement besoin pour ne pas péter un câble, Minerva McGonagall fit donc un saut à l’appartement qu’elle partageait encore avec Albus. Venant mettre son chapeau de sorcière sur la tête, elle vient ensuite faire grimper le chaton dessus. Elle avait fait tailler un chapeau exprès pour qu’il puisse être à son aise dessus. Les côtés étaient plus larges pour supporter le petit poids du félin et la pointe plus longue aussi. Minerva attendit qu’il se mette correctement. Ils avaient fait cet exercice plusieurs fois, le chaton appréciant la vue de là-haut, ses deux petits yeux jugeant le monde silencieusement. Une fois sûre qu’il ne tombera pas, et ayant mis un sortilège aussi pour que cela ne soit pas le cas, elle vient finalement attraper son sac à main sans fond et sorti de l’appartement.

Avant de retourner en Ecosse, elle avait désiré passer une soirée avec sa meilleure amie, Genesis. Recevoir de ses nouvelles, même brêves avait été un baume au cœur pour la sorcière qui se remettait difficilement des quelques semaines du mois de juillet parfaitement éprouvant. Décidée cependant à rattraper le temps avec Genesis, elle se mit donc en route. Il ne lui fallut quelques minutes pour se retrouver dans la cour du bas de l’appartement de la jeune avocate. C’était une partie chic que de Londres et Minerva appréciait le quartier quand bien même préférait-elle le côté chaleureux du quartier où vivait Abelforth ou encore la rue plus lumineuse et luxueuse de celle où elle avait l’appartement avec Albus.

Le chaton semblait s’être endormi, absolument pas dérangé par le fait de changer d’endroit. Elle en déduit que ce chat est nomade, tout comme elle et elle l’aime d’autant plus d’amour. Levant sa baguette pour toquer de trois coups habituels sur la porte de l’appartement de Genesis, elle attendit d’entendre sa voix pour rentrer sans que la Shafiq ne vienne la chercher. Fauve sembla se réveiller tandis qu’elle pénétrait dans l’appartement.

« - Quel bonheur de te voir. Tu m’as tellement manqué. »
« Et toi donc ! » s’exclame Minerva, joyeuse et gaie avant de rendre la bise à son amie. « J’espère que cela ne te dérange pas, j’ai ramené un invité de plus ! Tu m’as dis que tu voulais que je te fasse les présentations. Je te présente donc Fauve. » Petit rire amusé alors qu’elle vient le plus précautionneusement du monde retirer son chapeau sans faire tomber le chaton dessus qui s’étire.

Minerva vient déposer son sac à main à l’entrée avant de laisser le chaton sauter à terre et découvrir les lieux avec curiosité. Elle avait des croquettes pour lui dans son sac à main, ayant prévu le coup pour la soirée. Récupérant le verre que lui tendait Genesis, elle s’amuse un peu en l’écoutant.

« Oh non, ne t’inquiète pas. J’ai aussi ramené de quoi boire. Du whisky, évidemment. » En bonne écossaise qu’elle était… Mais c’était celui qu’elle distillait chez elle. Venant défaire ses chaussures neuves qui lui font mal aux pieds et prenant toujours un peu ses aises ici, laissant la Minerva autoritaire et stricte à la porte quand il s’agissait de venir rendre visite à son amie, Minerva s’assit alors dans le canapé aux côtés de Genesis.

« - Je ne sais vraiment pas par où commencer. Ta lettre en disait tellement et si peu à la fois. J’imagine que… »
« Je suis désolée, je ne voulais pas t’inquiéter… » Là n’était en effet pas son intention, mais revoir Genesis, pouvoir se confier, lui parler librement lui avait terriblement manquer. Évidemment, Minerva savait qu’elle pouvait se confier sur tous les sujets même ceux de l’Ordre étant donné que Genesis en faisait partie. Même les plus délicats. Même celui qu’abordait directement Genesis.
« Comment vas-tu ? Comment s’est passé ton interrogatoire ? »
Minerva vient boire un peu du verre que lui a servi son amie et admet que le liquide est à son goût.
« Mal. Très mal. » admet-elle. Il n’est pas si difficile de remarquer les cernes sous les yeux qu’elle a tenté de cacher avec son maquillage. Même si Minerva utilise la potion de Goutte du Mort-Vivant, celui-ci ne cache malgré tout pas le fait qu’elle est fatiguée. Le week-end avec Abelforth aura été trop court mais Minerva ne pouvait pas se permettre de partir plus longtemps. L’Ordre avait besoin d’elle. Plus que jamais. « J’ai eu pour interrogateur ce très cher Henry Potter… » Silence. Hormis Abelforth, Nicolas, Artemisia et Isobel qui étaient les personnes les plus proches qu’elle pouvait avoir autour d’elle, Minerva n’en avait parlé à personne d’autre… n’avait d’ailleurs même pas tant évoqué les détails. Si elle dormait profondément avec l’aide qu’elle s’offrait, il lui arrivait d’avoir des absences et d’y repenser. « Ca s’est très mal passé. Ma marraine, Artemisia, a été blessé sous mes yeux et… » Le cœur bat vite, la voix se brise et Minerva observe alors Genesis d’un regard rempli de larmes. « Je suis désolée je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé en détail. C’est trop dur. Elle va bien maintenant, tout du moins autant que cela est possible mais… » Minerva hausse les épaules. Physiquement, Artemisia s’était remise, mais elle-même savait que ce n’était pas la même chose dans leur tête à toutes les deux. « Le mois de juillet n’a pas été très bon… Mmmh » Fauve saute entre elle pour venir se blottir, ronronnant.

Un sourire sur les lippes alors que Minerva lui présente leur dernier invité. Fauve. Une main douce qui ébouriffe ses poils. Pourvu qu’il ne se perde pas dans les dédales de couloirs de la maison. Le retrouver serait un véritable cauchemar. Cette demeure bien trop vaste, bien trop luxueuse, que Genesis a longtemps partagé avant de se retrouver seule. Brutalement. Cette solitude qu’un être lui a, pourtant, fait oublier. À coups de sarcasmes, de baisers volés - ou non - et de vin de sureau. Celui-là même qu’elles s’apprêtent à déguster. Décidément, toutes ses pensées finissent, à un moment ou un autre, par converger vers lui. Harfang Longbottom. La crainte, toutefois, que son amie ne comprenne pas l’affection grandissante à son égard. Responsable du recensement. Une position qui fait trembler. À moins que l'Omanaise ne soit pas obligée de mentionner son nom ? Ou son poste ? Minerva fera-t-elle, tout de même, le lien ? Tant d’interrogations qui se bousculent dans l’esprit embrumé de la sorcière. L’alcool de son premier verre inachevé lui monte déjà à la tête. Elles se délecteront probablement du whisky apporté plus tard dans la soirée. À moins que... Le travail qui la submerge ne s’écrira pas tout seul. Prélassée sur le canapé, Genesis s’inquiète pour la journaliste et les excuses de son amie ne se font pas attendre. Pourtant, ce n’est pas ce qu’elle recherchait en partageant son ressenti. Elle aussi, fautive à ce sujet. Et, à la désagréable question des interrogatoires, la réponse l’est d’autant plus. Douloureuse et insupportable.

« - Mal. Très mal. Le verre à pied qu’elle repose immédiatement sur la table d’appoint.
- Je suis désolée, tellement désolée. J’aurais dû prendre de tes nouvelles plus tôt. Quelle égoïste j’ai été. Le silence retombe un court instant, quiétude pesante que la McGonagall finit par briser.
- J’ai eu pour interrogateur ce très cher Henry Potter… Le vin avec lequel elle manque de s’étrangler en percevant ce nom. Son épiderme qui se dresse d’effroi. Son supérieur qu’elle n’a de cesse de craindre depuis le pacte qui les lient tous deux.
- Excuse-moi, parvient-elle à articuler. Tu veux dire… Ses paroles qui meurent sur le bout de ses lèvres. La sorcière qui, d’ordinaire, n’a nulle besoin de chercher ses mots pour s’exprimer correctement. L’art de la rhétorique. Mais, elle se sent prise de court. La colère qui monte peu à peu en elle. S’il a osé poser la main sur le toi, je… Tu quoi, Genesis ? La mâchoire qui se crispe et le poing qu’elle serre, n’osant pas en dire davantage. Elle sait que Minerva reviendra à la charge, probablement étonnée par une telle réaction de la part de l’avocate. Et, bien que le Directeur de la Justice Magique n’ait jamais levé la main sur elle, ne le fera sans doute pas, Genesis sait à quel point il peut se montrer intimidant. Pour ne pas dire, cruel. 

- Ça s’est très mal passé. Ma marraine, Artemisia, a été blessée sous mes yeux et… L’Omanaise secoue la tête. Aveuglée par le sort de sa protégée, elle n’a même pas pensé à se porter volontaire pour l’interrogatoire de la McGonagall, la laissant en proie aux pires dangers. Elle se mord l’intérieur de la joue. Fort, si fort. Tout pour ne pas craquer devant Minerva à son tour.

- C’est fini, Mina, lui souffle-t-elle en prenant son amie dans ses bras.
- Je suis désolée je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé en détail. C’est trop dur. Elle va bien maintenant, tout du moins autant que cela est possible, mais…
-  N’en parlons plus. Elle replace tendrement une mèche de cheveux derrière l’oreille de l’Écossaise. L’important est qu’elle aille bien, la rassure-t-elle du mieux qu’elle peut. Et, toi aussi.
- Le mois de juillet n’a pas été très bon…  
- Y a-t-il eu autre chose ?, lui demande-t-elle en caressant doucement le pelage du félin. Tu sais que tu peux tout me dire. Ses prunelles émeraudes qu’elle pose sur la sorcière qui savoure encore le liquide dans son verre. Qu’en penses-tu ?, la questionne-t-elle en désignant le vin d’un mouvement du menton, un sourire qu'elle ne peut retenir à la commissure de ses lèvres. Terriblement secrète, même avec ses proches. La langue qui se délie difficilement lorsqu’il s’agit de ses sentiments. J’ai… Elle hésite. Mais, elle doit bien cela à Minerva, sa confidente. J’ai peut-être des nouvelles qui pourraient te changer les idées. »

Le ronronnement de Fauve qui l’a adoptée comme sa maman, probablement parce qu’elle a l’avantage d’être une chatte sous son autre forme, est apaisant dans les appartements exotiques de Genesis Shafiq. C’est la seule douceur qu’elle s’offre ses derniers temps parce qu’il y a trop à faire pour le bien de l’Ordre. Parce que maintenant, sur les trois têtes, deux doivent gérer la maison. Minerva est fatiguée mais Minerva se veut confiante. Ils vont y arriver. Ils n’ont pas le choix. Les interrogatoires auront déclencher des vendettas entre clans. Umbridge contre Black. Potter contre McGonagall et Scamander. Si les Umbridge avaient misés sur la confrontation directe, peu judicieux, en ces temps de guerre où les Umbridge n’avaient pas l’avantage, les McGonagall avaient décidé de la jouer plus finement. Le ralliement des clans aimés en faisait partie mais aussi toutes les informations qu’on pouvait trouver sur Potter. Cependant, pour accéder aux informations, il fallait parfois retourner dans les souvenirs et ils étaient nombreux concernant Minerva qui, même si elle n’avait pas eu les mêmes conséquences qu’Artemisia, sa marraine, devait compter sur sa mémoire pour lui rappeler. Et en cet instant, tandis que Genesis Shafiq lui pose la question fatidique, à savoir, comment les interrogatoires se sont passés, elle lutte pour ne pas céder aux larmes.

Elle s’est promis de ne plus en pleurer.

Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

« Je suis désolée, tellement désolée. J’aurais dû prendre de tes nouvelles plus tôt. Quelle égoïste j’ai été. »
« Oh non, ne culpabilise pas, Genesis. On a tous été occupés dernièrement. »

Elle peut-être plus que quiconque encore, elle qui devait gérer trop de choses. Elle n’en voudra jamais à Genesis d’avoir ses problèmes, de prendre du temps pour elle ou elle ne savait quoi d’autres. Minerva était à vrai dire contente pour elle si elle arrivait à être en dehors de tout cela. La reine des amazones qu’elle était menait de multiples combats en même temps et serait toujours la première à mener les combats pour que ses proches soient un peu heureux à défaut de l’être elle-même.

A l’évocation de Potter, elle voit Genesis blêmir et s’etouffer. Un froncement de sourcils dans le regard de Minerva. Elle sait bien sûr que Genesis a été furieuse de savoir pour elle quand Potter l’a agressée chez elle. Mais la réaction, si animée de Genesis est étrange. Minerva a d’ailleurs toujours eu peur qu’il s’en prenne à Genesis. Elle était après tout une belle femme et le supérieur de Genesis. Il avait là toutes les cartes en main pour continuer son œuvre de destruction de la gente féminine. Elle avait bien sûr confiance en Genesis, la savait aussi farouche que la verve bien pendue, mais c’était ce qu’elle s’était dit aussi quand elle avait fait publier l’article.

« S’il a osé poser la main sur le toi, je… »

L’allusion est claire. Minerva, pourtant, ne souhaite pas que Genesis s’en mêle même si elle se doute que le clan Shafiq sera un précieux allié. Pourtant, la voix, l’air, la main qui se serre interpellent Minerva et elle a peur, très peu. Que se passe-t-il ? Dans l’aveux qui se veut tant rassurant qu’effrayant, la voix de Minerva tremble. L’imagine des cris, du sang. L’imagine d’une figure maternelle malmenée. Elle qui regarde, assiste, témoigne.

« C’est fini, Mina »

A vrai dire, non. Cela ne faisait que commencer. Mais Minerva se laisse aller dans les bras de son amie. Elle en a bien besoin, elle qui se fragilise à grosses fractures. L’armure prenant des coups, le bouclier aussi. Mais dans cette étreinte, il y a aussi la force de se rafistoler, de prendre un peu de courage. Le ronronnement du chaton aussi.

« N’en parlons plus. » Délicate attention de Genesis que de replacer une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Minerva acquiesce, sourit faiblement et remercie doucement Genesis de sa douceur et son oreille attentive. « Y a-t-il eu autre chose ? Tu sais que tu peux tout me dire. » Oh oui, il y avait beaucoup de choses à vrai dire. Albus. Gellert. Andraste. Abelforth. Edelgard. Prudence.
« Mmh je me suis aussi disputée assez fortement avec Abelforth mi-juillet. Je ne l’ai retrouvé que récemment avec tout ce qui s’est passé et nous nous sommes réconciliés plus ou moins… Mais cela a aussi assombrit mon mois. Puis, des petits détails sans grande importance finalement, mais additionnés… »
Additionnés, cela faisait beaucoup.

Quand Genesis lui parle du vin, Minerva y prête plus attention. Elle en a déjà bu du comme cela. Mais n’arrive pas à mettre le nom dessus. Son palais est plus développé pour le whisky que pour le vin après tout.
« Il est très bon. J’en ai déjà bu je crois. Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle, le changement de sujet est bien heureux.
« J’ai…J’ai peut-être des nouvelles qui pourraient te changer les idées. »
Un des sourcils de Minerva se lève et elle semble s’égayer enfin, prête à être toute disposée envers Genesis. Elle ne veut pas s’appesantir sur son sort, elle sait qu’il y a pire qu’elle dehors et qu’elle, elle n’est pas seule.
« Vraiment ? Je t’écoute. Qu’est-ce donc ? »
Une des mains de Minerva vient jouer avec les cheveux de Genesis qu’elle commence distraitement à tresser. Elle attendra un peu avant d’évoquer Henry qui semble faire réagir à ce point Genesis.

Elle avait été occupée, certes. Préoccupée, aussi. Mais, rien, pas même l’arrestation déchirante de son frère, le pacte périlleux avec son supérieur, l’altercation douloureuse avec son voisin de palier ou l’interrogatoire sinistre de son apprentie, ne lui semblent être des raisons suffisantes pour excuser son absence auprès de son amie. Elle qui avait toujours été là pour elle. Passé semé d’embuches, plus dramatiques les unes que les autres. Le réconfort de ses paroles teintées de sagesse et de ses gestes emplis de douceur. Elle aurait dû être présente, elle aurait dû se battre pour elle. Minerva. Oh, pardonne-moi. Sa voix qui se brise et les larmes qui embuent ses prunelles ambrées. Le coeur de la sorcière vole en éclats. Centaine de morceaux qu’elle tente de recoller d’une étreinte pleine de tendresse. La promesse silencieuse de faire payer le Potter pour ses multiples affronts. D’une manière ou d’une autre. L’action plutôt que les mots derrière lesquels elle se cache trop souvent. Les sentiments à vifs, mais pour elle, Genesis laissera tomber sa garde. Les confidences qu’elle lui a promis viendront. Quelques minutes encore. À savourer son secret. Trésor qu’elle chérit et préserve de tout son être. Avant cela, pourtant, une dernière interrogation. Y a-t-il eu autre chose ? La belle hésite, finit par lui répondre.

« - Je me suis aussi disputée assez fortement avec Abelforth mi-juillet.
- Que s’est-il passé ?, lui demande-t-elle d’une voix inquiète. Il me semblait que vous filiez le parfait amour tous les deux. Est-ce qu’Albus s’est immiscé entre vous ? Je… Hésitation dans l’accent mielleux de l’Omanaise, elle se mordille la lèvre inférieure, répression légère pour ce qu’elle s’apprête à lui dire. La crainte de blesser, bien que cela ne soit pas son intention. J’imagine qu’il ne doit pas évident de se retrouver entre deux frères...
- Je ne l’ai retrouvé que récemment avec tout ce qui s’est passé et nous nous sommes réconciliés plus ou moins…
- Plutôt plus ou plutôt moins ?, s’enquit-elle en adressant un clin d’oeil espiègle à son amie. Une tentative de plaisanterie pour alléger l’ambiance pesante qui a pointé le bout de son nez. Poids sur ses épaules frêles dont elle ne veut pas les accabler cette nuit. 

- Mais cela a aussi assombrit mon mois. Elle hoche de la tête. Comment ne pas le faire ? Elle, qui s’est efforcée à converser la tête hors de l’eau après avoir été rejetée par Harfang. Pas une fois, non. Mais, deux. Puis, des petits détails sans grande importance finalement, mais additionnés…
- Peut-être pourrons-nous parler de ces détails plus tard ? Si tu le souhaites, bien entendu. »

Le vin de sureau qui glisse sur sa langue. Arômes fruités qui chatouillent son palet. Et, les contours du responsable du recensement qui refont surface dans son esprit. La question qui brûle sur ses lippes, qu’elle finit par poser, avant de s’en mordre la langue. Trop tard.

« - Il est très bon. J’en ai déjà bu je crois. Qu’est-ce que c’est ? 
- Pardon ? Réponse à une demande par une autre. Technique d’évitement pour lui faire gagner quelques minutes. Le nez qu’elle replonge dans son verre, une gorgée d’alcool avant de poursuivre. C’est le vin de sureau dont je t’ai parlé, se contente-elle d’articuler. Ses doigts qu’elle enroule autour de la bouteille pour la présenter à Minerva. L’imitation d’un ton pompeux, à l’instar d’un serveur dans un restaurant de renom. Vignobles de Durham, grand cru de l’année mille huit-cent quatre-vingt deux, son année de naissance à lui, celui qu’elle avait acheté par curiosité, se demandant s’il était aussi bon que celui qu’il lui avait fait goûter, cuvée sambucus nigra, conclut-elle en reposant la bouteille. Le nom du domaine qu’elle a délibérément omis. »

Pourtant, elle ne s’arrête pas en si bon chemin. L’envie de lui en dire un peu plus, sans le compromettre, sans les compromettre. Genesis qui avait tenu à ce qu’ils ne s’exposent pas au grand jour, qui s’apprête, toutefois, à livrer certains détails de leur relation naissante. La lueur de curieuse dans le regard de Minera qui l’encourage à se dévoiler davantage. Et, très certainement l’alcool qui afflue aussi entre ses veines.

« - Vraiment ? Je t’écoute. Qu’est-ce donc ?
- J’ai rencontré quelqu’un. Les mots qui quittent sa bouche un peu trop rapidement à son goût. Ceux qui veulent tout dire. Et, rien à la fois. Les mains de son amie qui glissent délicatement dans ses cheveux. Un collègue du Ministère, précise-t-elle, bien que ce renseignement ne les mène nulle part. Nous… Nous avons eu un début de relation assez volcanique. Les joues qui s’empourprent et le regard qui fuit. Une pointe d’excitation mal dissimulée dans la voix. Mais, la situation s’est apaisée il y a quelques semaines. Quelques jours à vrai dire. Je tiens beaucoup à lui. Énormément, même. Le palpitant qui s’affole aussitôt. Il m’a aidé à mettre fin à ces histoires d’empoisonnement qui menaçaient ma famille. Soupir qui s’échappe de ses lèvres. Il se trouve que Petrov, le Directeur du Mariinsky, était derrière tout cela. »

Jamais Minerva n’en voudra jamais à Genesis de mener sa vie. Elle savait mieux que personne que Genesis bataillait avec ses convictions et ce que devenait le gouvernement. Ne pas défendre les bonnes personnes était pour Genesis un crève-cœur et cela, Minerva le savait parfaitement. Elle savait que peut-être plus que quiconque, son amie avait des soucis moraux entre ce qu’elle devait faire et ce qu’elle voulait faire selon ses idéologies. Elle s’en voulu subitement de ne pas avoir pris le temps non plus. Quand bien même des millions de choses s’étaient passées ce dernier mois, elle sait qu’elle aurait dû être là pour être cette oreille attentive. Elle espérait cependant pouvoir se rattraper ce soir-là car ce soir-là n’était rien que pour elles deux. Genesis et Minerva, l’omanaise et l’écossaise, comme avant, comme depuis toutes petites. Et elle savait qu’elle pouvait tout dire à Genesis même si c’était dur.

« Que s’est-il passé ? Il me semblait que vous filiez le parfait amour tous les deux. Est-ce qu’Albus s’est immiscé entre vous ? Je… J’imagine qu’il ne doit pas évident de se retrouver entre deux frères... »

Minerva a un petit sourire triste.

« Cela concerne son allégeance à l’Ordre notamment, et le sujet d’Henry Potter aussi est venu sur la table... » Minerva lève les yeux au ciel d’exaspération en prononçant le nom de celui qu’elle aimerait voir mort. « Nous avons eu des différents… et oui, ce n’est pas facile. » Elle rit un peu, tristement cependant. « Albus et Abelforth ont leur caractère et je sais que même s’ils s’aiment, ils sont aussi butés l’un que l’autre… Et que tôt ou tard, je vais me retrouver entre eux. » Rire nerveux. Elle essayait de ne pas y penser, sincèrement. Mais depuis qu’elle connaissait l’allégeance d’Abelforth, qu’elle soutiendrait malgré qu’ils n’aient pas du tout les mêmes idées, elle se doutait que tôt ou tard, elle devra faire face aux deux hommes de sa vie. Elle ne veut pas qu’ils en arrivent là mais sait que ce sera inévitable. Elle hausse les épaules avant de quand même noter qu’Abelforth et elle s’étaient réconciliés. Le petit sourire de Genesis eut l’effet de la faire sourire aussi. « Plutôt plus ou plutôt moins ? » « Plutôt plus. Il m’a emmené en vacances à Puerto Rico après… tout ça. » Petit sourire amusé et clin d’œil complice. Quand elle repensait à ce week-end, elle se disait qu’elle avait envie d’y retourner, que cela ne se soit jamais arrêter. Mais il fallait revenir à la vie d’ici et Minerva ne pouvait pas abandonner ses proches, dont Genesis.
« Peut-être pourrons-nous parler de ces détails plus tard ? Si tu le souhaites, bien entendu. »
Minerva acquiesce simplement et vient un peu jouer avec les cheveux de Genesis qu’elle tresserait bien.

Le vin délicieux, Minerva ne peut s’empêcher de lui faire une remarque. La réaction de Genesis fait se lever un sourcil à Minerva qui observe sa meilleure amie avec un petit sourire en coin.
« C’est le vin de sureau dont je t’ai parlé. Vignobles de Durham, grand cru de l’année mille huit-cent quatre-vingt deux cuvée sambucus nigra »
Le ton pompeux fait rire de bon cœur Minerva qui en a bien besoin. Elle vient reprendre du vin et adresse une œillade à Genesis. Quand bien même son amie était une très bonne avocate capable de jouer avec les mots, Minerva avait bien compris qu’il y avait quelque chose autour de cette bouteille quand bien même n’y connaissait-elle rien en vin. Elle laisse donc Genesis prendre le temps de parler si elle le souhaite, curieuse et venant poser sa tête sur sa main, Fauve dormant toujours paisiblement.

« J’ai rencontré quelqu’un. »
Le regard de Minerva se fit légèrement plus grand et elle vient se redresser alors, un grand sourire aux lèvres. Evidemment, elle savait que Genesis et elle avaient vécu plus ou moins la même chose. Elles étaient amies non seulement à cause de leur enfance où elles s’étaient toujours extrêmement bien entendues, mais aussi par le partage du deuil qu’elles avaient vécu et continuaient à vivre. Si cela faisait maintenant une dizaine d’année pour Minerva, elle savait que c’était plus récent pour Genesis et savoir qu’elle avait rencontré quelqu’un lui fit chaud au cœur. Genesis méritait d’être heureuse et amoureuse, elle aussi. Ne la brusquant pas, Minerva se contenta de l’écouter parler.
« Un collègue du Ministère » Du Ministère. Mais pas de nom encore. Si Genesis ne le disait pas c’était qu’il s’agissait de quelqu’un qu’elle n’aurait pas approuvé ? « Nous… Nous avons eu un début de relation assez volcanique. » Volcanique, comment ? Volcanique passionné ou volcanique mauvaise relation ? Minerva tait pourtant toujours ses questions même si ses dernières lui brûlent les lèvres. « Mais, la situation s’est apaisée il y a quelques semaines. Je tiens beaucoup à lui. Il m’a aidé à mettre fin à ces histoires d’empoisonnement qui menaçaient ma famille. Il se trouve que Petrov, le Directeur du Mariinsky, était derrière tout cela. »
Cette fois-ci, c’est l’effarement sur le visage de Minerva qui bouge alors.
« Attends, ta famille a été menacée d’être empoisonnée ? » Minerva se demandait comment elle avait pu rater cela mais avec tout ce qui s’était passé dans sa vie, elle ne s’en étonna pas plus. Elle avait complètement décroché de certaines choses. Il fallait qu’elle répare cela et elle demanderait sûrement à Isobel pour savoir si elle savait quelque chose. « Mon dieu, j’espère que tout le monde va bien ! » Une petite colère passe dans son regard. Minerva considère les Shafiq comme sa famille. Choquée de savoir que le directeur du Mariinsky puisse être derrière cela, Minerva se ressaisit cependant rapidement.
« Je suis terriblement heureuse pour toi, Genesis, que tu aies rencontrée quelqu’un. » Elle vient prendre la main de son amie avec gentillesse. « Je sais à quel point c’est dur de se lancer… » Compassion de deux femmes qui avaient perdu l’être aimé. « Quel est son nom ? » demanda-t-elle aussi avant d’enchaîner. « Je peux aller le menacer de le castrer s’il te fait du mal et que votre relation devient trop « volcanique », Elle ira le menacer quoiqu’il arrive s’il fait du mal à Genesis. d’ailleurs, volcanique dans quel sens ? Tu me dis et promis je te raconte pour Abelforth. » Minerva rit un peu, subitement plus détendue, cherchant aussi à détendre Genesis.

Les explications tombent. Pas tout à fait celles auxquelles elle s’attendait. Le corps qui se crispe à l’entente du nom du Potter. Une fois de plus. Elle se redresse vivement. Comme montée sur ressorts. Les poings qu’elle serre et relâche en faisant les cent pas dans l’immense pièce à vivre. Ses pieds qui foulent le tapis perse avec rage. Elle qui n’a pas encore trouvé la force de parler à qui que ce soit de son accord avec son supérieur. Pas d'argent, non, mais des faveurs. Les vôtres. Pas même à Harfang. La crainte d’un geste imprudent ou d’une parole inconsidérée. De le perdre aussi, peut-être. Réagirait-il excessivement ? Les précisions que son amie lui apporte qui tombe presque dans l’oreille d’une sourde, tant les interrogations se bousculent dans son esprit. Presque. Le menton qui se relève vers elle lorsqu’elle perçoit son rire discret. Genesis soupire, retourne s’asseoir à côté d’elle. Le vin de sureau qu’elle porte à ses lippes, celui qui apaise momentanément son aigreur. Au point de se permettre un trait d’humour.

« - Plutôt plus. Il m’a emmené en vacances à Puerto Rico après… Tout ça. 
- Puerto Rico ?, répète-t-elle d'un ton espiègle. Dis-moi, Abelforth, ne fait pas les choses à moitié lorsqu’il demande pardon. »

Ravie pour son amie qui méritait une escapade romantique. Et, San Juan devait être particulièrement agréable à cette période de l’année. Empressée à l’idée que Minerva lui conte leur séjour dans les moindres détails. Un sentiment de paix, bien que la guerre sévisse cruellement. Sourires en coin et sourcils arqués. La piètre imitation de Genesis fait rire. Exactement ce dont elles ont besoin avant ce qu’elle s’apprête à lui dire. Quelques mots sur sa rencontre avec Harfang. La plupart des détails qu’elle met délibérément de côté. Le tout, avant d’orienter les bavardages vers une autre direction. Plus sombre, mais lui permettant de conserver une part de secret.

« - Attends, ta famille a été menacée d’être empoisonnée ? Oh… Il est vrai que peu de personnes avaient été mises dans la confidence. Sa lèvre inférieure qu’elle mordille aussitôt.
- Je pensais t’en avoir parlé, articule-t-elle confuse. Pardonne-moi si je ne l’ai pas fait. J’imagine avoir été un peu débordée. Ses doigts qu’elle passent négligemment dans ses cheveux. À les avertir, démêler le vrai du faux…
- Mon Dieu, j’espère que tout le monde va bien ! Elle acquiesce d’un signe de tête avant de répondre à son tour.
- Ils sont tous sains et saufs. Une main qu’elle pose sur celle de Minerva. Élevées, quasiment comme des soeurs, elle comprend son émotion mieux que quiconque. Mais, tout va bien. Grâce à lui, articule-t-elle à voix basse. »

Et, le sujet qu’elle pensait avoir contourné refait surface. Des paroles réconfortantes qu’elle mourrait, cependant, d’envie d’entendre. Quelqu’un qui la soutienne, la comprenne. Pas n’importe qui, son amie d’enfance. Genesis aussi, est heureuse d’avoir rencontré quelqu’un. Un homme qui la fasse vibrer comme nul autre auparavant. Sa main, dans celle de Minerva. Je sais à quel point c’est dur de se lancer… Elle reste silencieuse, ses prunelles émeraudes qui s’embuent. Elle ne l’aurait pas franchi le pas avec le premier sorcier venu. Pas après ce qu’elle a vécu, mais tout était si facile avec Harfang, si sincère et passionné.

« - Quel est son nom ? La tête qui se tourne vers Minerva, lueur inquiète dans le regard.
- Si je te le dis, me promets-tu de ne pas réagir de manière excessive ? Mais, la belle enchaîne, les griffes qu’elle sort et les menaces qu’elle ne peut réfréner. Celles qui arrachent un sourire à l’avocate. Ne t’en fais pas pour nous, lui murmure-t-elle. Notre relation est repartie sur des bases plus saines. Et, je lui fais confiance. Sans remettre en doute les paroles de son amie. Elle sait qu’elle sévira si besoin. Des précisions quant au terme employé. La promesse de quelques anecdotes quant à sa relation avec Abelforth en échange. L’Écossaise sait, elle aussi, négocier. Alors, elle s’exécute. Il se pourrait que la soirée des investisseurs ait été moins fastidieuse que ce que j’avais imaginé. Une pause qu’elle marque quelques instants, un sourire au coin de ses lippes dont elle ne parvient pas à se défaire. Beaucoup plus torride, même. Les joues qui virent au rouge et la main avec laquelle elle s’évente, rien qu’au rappel soudain de son corps passionné contre le sien. Un rire cristallin qui lui échappe. Nous avons passé quelques jours ensemble, avoue-t-elle en détournant le regard. Car, c’est à ce moment que les confidences se font plus malaisées. Aucune amertume dans la voix. Elle ne lui en veut pas, ne lui en veut plus. Mais, dire qu’il ne l’avait pas blessée en la repoussant serait mentir. Je le pensais différent. J’ai eu l’impression… Que c’était écrit. La voix qui se brise, malgré elle. Mektoub. S’en remettant au destin bien plus que le commun des sorciers. Des croyances profondément ancrées en elle. Femme d’Europe et d’Orient. Je… J’ai été naïve, admet-elle à contrecoeur. Il n’avait pas vraiment de temps à consacrer à une histoire naissante. Le verbe conjugué au passé puisque la situation est différente aujourd’hui. Les semaines suivantes ont été très pénibles. J’étais épuisée, souffrante et, avouons-le, d’humeur épouvantable. Son apprentie en première ligne de mire, celle qui avait dû payer les pots cassés. Nous avons eu une conversation quelque peu mouvementée. Bien que conversation ne soit pas le terme approprié pour qualifier tous ces non-dits. Il n’y avait plus aucune raison pour que nous nous adressions la parole à nouveau. Jusqu’à ce qu’il demande à me parler. Sa main qu’elle pose sur l’épaule de Minerva, comme pour la retenir d’une riposte précipitée. Et, avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que je le pense sincère. Le ton qui s’affirme et le coeur qui s’exprime. Il dit me vouloir à ses côtés. Elle relâche sa prise délicate, invite son amie à se tourner afin qu’elle puisse accéder à ses cheveux. Ceux qu’elle aime voir tressés. Aussi, elle n’est pas certaine d’assister à sa réaction au moment où ces quelques mots franchiront ses lippes. Pour répondre à ta question… Il s’appelle Harfang. Le nom de famille qu’elle délaisse. Son prénom n’est pas monnaie courante. Sans doute fera-t-elle le lien par elle-même. »

« Puerto Rico ? Dis-moi, Abelforth, ne fait pas les choses à moitié lorsqu’il demande pardon. » Minerva rit franchement. La légèreté retrouvée lui fait plaisir. Elle en a besoin en ce moment et malicieuse, elle vient faire un clin d’œil à Genesis. « Complètement. » Abelforth est la douceur de sa vie, la légèreté, le soleil. Même si elle sait que c’est difficile parfois, surtout maintenant qu’elle sait pour l’engagement d’Abelforth auprès du Culte des Enfants de Morgane. Mais elle était très loin d’être déçue de son week-end, d’autant plus qu’elle avait pu un peu recharger les batteries. Elle aurait aimé y rester sincèrement. Mais la vie devait reprendre son court.
La vie et aussi les mauvaises nouvelles. Entendre que la famille de Genesis qu’elle considérait comme sa propre famille avait été victime de menaces d’empoisonnement, retournait Minerva. Subitement, une colère monstre montait. Le fou qui avait osé faire ça ne savait pas ce qui l’attendait. Les McGonagall seraient avec les Shafiq si nécessaire, cela allait sans dire. Alliés depuis toujours, peut-être grâce à l’incroyable amitié de Tariq et Isobel. Minerva lèverait sa baguette pour eux comme elle le ferait pour n’importe quel McGonagall ou Scamander.
« 
Je pensais t’en avoir parlé. Pardonne-moi si je ne l’ai pas fait. J’imagine avoir été un peu débordée. À les avertir, démêler le vrai du faux… »
Elle imaginait aisément, Minerva. Elle savait très bien que gérer une telle chose n’était pas évident et subitement, elle s’en voulut de ne pas avoir été là pour les Shafiq. Pourquoi sa mère ne lui avait rien dit ? Etait-elle d’ailleurs au courant ? Qu’aurait-elle fait de toute façon ? Elle, débordée par tout ce qui lui tombait dessus au sein de l’Ordre.
« Ils sont tous sains et saufs. Grâce à lui. »
Minerva sert la main de son amie en retour. Grâce à Merlin, ils sont sains et saufs, Tant mieux. Mais elle serait plus vigileante. Les Shafiq tout comme bon nombre des familles de l’Ordre, ne devaient pas se retrouver seuls face à de telles situations. Même si de toute évidence, le mystérieux homme dont Genesis taisait l’identité semblait avoir aidé. Minerva, sans même connaitre l’identité de l’homme est heureuse pour son amie. Plus que quiconque, Genesis le mérite d’être un peu heureuse, de se reconstruire. Si les deux femmes ont des situations similaires, elle n’a jamais souhaité qu’une telle chose arrive à la jeune femme. Ni même à son pire ennemi à vrai dire.
« Si je te le dis, me promets-tu de ne pas réagir de manière excessive ? »
Minerva fronce les sourcils. Pourquoi tant de mystères ? Qui est donc cet homme ? Quelle passion a enflammé la belle omanaise ? Cela ne la rassure pas réellement quand elle profère des menaces qu’elle mettra à exécution. Si Genesis se fait briser le cœur, Minerva, en bonne amie qu’elle est, ira régler le compte de celui qui a osé. Elle ne riait pas quand elle disait qu’elle irait le castrer.
« Ne t’en fais pas pour nous. Notre relation est repartie sur des bases plus saines. Et, je lui fais confiance. »
Minerva fronce les sourcils quand même et fait une moue. Moui. Mais tout de même. Si Genesis lui dit son nom, elle le gardera à l’œil celui-là. Mais elle veut en savoir plus Minerva, alors elle promet d’échanger des informations sur Abelforth.
« Il se pourrait que la soirée des investisseurs ait été moins fastidieuse que ce que j’avais imaginé. Beaucoup plus torride, même. » Le regard de Minerva pétille quand elle voit le sourire de Genesis. Oh qu’il n’était pas convenable de s’adonner aux plaisirs de la chaire sans être mariés d’après cette société ! Mais Genesis était une femme libre et personne ne lui disait quoi faire.
« Nous avons passé quelques jours ensemble. Je le pensais différent. J’ai eu l’impression… Que c’était écrit. »
Le cœur de Minerva s’emballe et un grand sourire la saisit. Elle vient caresser doucement la joue de Genesis en sentant sa voix se briser. Elle sait. Elle sait ce que c’est d’admettre qu’on puisse aimer quelqu’un d’autre aussi fort alors qu’on pensait déjà avoir aimé comme on ne pensait avoir jamais aimé. Elle sait ce que c’est de réaliser cette vérité tant magnifique que dévastatrice. Elle avait ressenti le même bouleversement de son âme quand, enfin, elle avait admis qu’elle était amoureuse d’Abelforth Dumbledore tandis qu’Ephraïm Webster se trouvait toujours dans son cœur. Elle sait que ce n’est pas facile pour Genesis et elle vient alors souffler, comme pour l’apaiser :
« Je sais ce que tu ressens, Genesis. »
Promesse qu’elle n’est pas seule. Promesse aussi qu’elle peut lui en parler. Mais Genesis reprendre :
« Je… J’ai été naïve. Il n’avait pas vraiment de temps à consacrer à une histoire naissante. » Cette fois, la colère gronde. S’il ne réalisait pas à quel point Genesis Shafiq était une femme formidable et bien c’était qu’il était idiot ! Genesis méritait tous les trésors du monde, qu’on l’aime comme on n’aime jamais personne. Qu’on lui récite tous les poèmes du monde, qu’on les dédie à sa personne aussi. Et cette réalisation fit que Minerva trouva alors le cadeau d’anniversaire de son amie. Il faudrait qu’elle demande à sa mère de l’aider. Ou Tariq. Peut-être plus Tariq.
« Les semaines suivantes ont été très pénibles. J’étais épuisée, souffrante et, avouons-le, d’humeur épouvantable. »
Froncement de sourcils et cette fois-ci, Minerva regarde attentivement Genesis. Quand on vit chez des femmes comme c’est son cas, on est rapidement sensibilité aux symptômes de grossesse. Minerva en a de nombreuses fois parlées avec sa propre mère et sa grand-mère, ses cousines et sa tante. Epuisée et d’humeur épouvantable. Evidemment, il pouvait y avoir d’autres origines mais… Qu’elle sorte cela après avoir passé du temps avec son amant ? Sans même en avoir conscience. Pourtant, Minerva garde cela pour elle pour l’instant, mais elle jure de revenir sur le sujet et si elle apprend que Genesis est enceinte, elle ira droit voir cet imbécile qui semble jouer avec le cœur de l’omanaise pour lui faire comprendre que s’il n’assume pas l’enfant et Genesis, c’est en petite pièce détachées qu’il retrouvera son chibre.
« Nous avons eu une conversation quelque peu mouvementée. Il n’y avait plus aucune raison pour que nous nous adressions la parole à nouveau. Jusqu’à ce qu’il demande à me parler. »
Cette fois, Minerva ne peut pas se taire. Elle ouvre la bouche pour protester, dire que cet homme ne méritait décidément pas Genesis. Déjà, ses sens de chatte lui donne envie de faire ses griffes sur ce garçon qui ferait mieux d’aller jouer avec le cœur d’une autre, certainement pas d’une femme aussi magnifique que Genesis. Mais le geste de Genesis l’arrête.
« Et, avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que je le pense sincère. Il dit me vouloir à ses côtés. »
Minerva lève un sourcil. Bien sûr. Ils font tous croire qu’ils sont sincères avant d’abandonner les femmes à leur sort. Elle sait évidemment que Genesis n’est pas femme facile à tromper même en amour. Elle croit en elle mais elle sait bien ce que l’amour peut faire faire ou faire penser. Se retournant, Minerva laisse à Genesis libre accès à sa crinière détachée pour qu’elle commence à la tresser, toujours son verre à la main, appréciant le contact. Mais les pensées de Minerva tournent à plein régime. Qui était donc cet homme ?
« Pour répondre à ta question… Il s’appelle Harfang. »
Minerva, qui s’apprêtait à boire de nouveau, retient alors le verre.
« Harfang Longbottom ?! » s’exclame-t-elle, s’empêchant cependant de se retourner.
Elle savait ce que faisait Harfang avec Albus actuellement. De lui, elle n’avait jamais été si proche contrairement aux Dumbledore ou encore Atlas, malgré toutes leurs connaissances en commun. Mais elle connaissait la réputation de l’oiseau. L’homme n’a jamais eu de relations stables, même à Poudlard. Elle se fiche bien, Minerva, de son rôle de près ou de loin en tant que résistant, ayant toujours regardé cela de loin car Albus gérait. C’était surtout son instabilité relationnelle qui inquiétait Minerva.
« Je te jure, Genesis, si Harfang te brise le cœur parce qu’il est instable au niveau de ses relations amoureuses, j’irais le voir moi-même. » Silence. Elle se tient droite, Minerva toujours de dos à Genesis. « Je suis contente pour toi évidemment que tu refasses ta vie et que tu l’aies rencontré. Mais es-tu sûre de toi ? » demanda-telle d’un ton plus doux. « L’homme n’est pas vraiment connu pour ses relations à longue durée et je détesterais qu’il te brise le cœur. D’autant plus qu’avec ce que tu m’en dis, il a déjà trop joué avec ! »

Sur le ton de la confidence. Révélations teintées de rires et, parfois, de mélancolie. Elle a l’impression de voir Minerva passer par toutes les couleurs, toutes les humeurs. Sourire ravi, sourcils mécontents et lueur emportée dans le regard. Toutefois, elle la laisse poursuivre son récit. Sans l’interrompre, ni l’encourager. Il n’y a que sa main délicate sur sa joue et ses quelques mots qui la mettent finalement à l’aise : Je sais ce que tu ressens, Genesis. Hochement de la tête et étirement discret à la commissure de ses lèvres. Le soutien dont elle a besoin pour se livrer davantage. Elle qui, d’ordinaire, préfère conserver une part de mystère. Mais, la McGonagall ne la connaît que trop bien. Sans doute aurait-elle lu en elle si la sorcière avait décidé de rester silencieuse. Alors, autant lui dire la vérité. Sa version des faits plutôt que des hypothèses erronées. Ou pire, des rumeurs tapageuses à la une d’une revue à scandales. Puis, l’aveu tombe. Un prénom prononcé avec beaucoup de tendresse. Celui qui arrache, cependant, un cri à son amie.

« - Harfang Longbottom ?! »

Exclamation qui s’échappe de ses lèvres. Genesis a un léger mouvement de recul, mais ses doigts se remettent rapidement à l’ouvrage. Cheveux qu’elle tresse mécaniquement, une distraction agréable en comparaison au courroux de Minerva. Qui d’autre ?, est-elle tentée de répondre. L’insolence qui la guette. À sa connaissance, aucun autre homme ne porte ce prénom au Ministère. Voire même en Angleterre. Néanmoins, c’est une interrogation toute autre qui franchit les lippes de la sorcière. Murmurée d’une voix douce, un tantinet espiègle.

« - Tu le connais ? Sous-entendu personnellement. Pas de réputation. Car, cela, elle n’en a que faire, l’Omanaise. Elle qui a toujours aimé se faire sa propre opinion. Une nécessité pour exercer une profession comme la sienne. La meilleure des manières pour quitter le parquet du Magenmagot victorieuse.
- Je te jure, Genesis, si Harfang te brise le cœur parce qu’il est instable au niveau de ses relations amoureuses, j’irais le voir moi-même. Les sourcils qui se froncent à son tour, cette expression consternée qu’elle ne peut discerner, l’Écossaise lui présentant toujours son dos. Comme un nuage empli de pluie qui menace sa relation bienheureuse.
- Instable ? Que veux-tu dire ?, s’enquit-elle alors. Des détails qui lui ont peut-être échappés. Volontairement ou non. Quoi qu’il en soit, Genesis est bien décidée à débusquer la vérité. Et, elle n’hésitera pas à revenir à la charge si la belle ne lui répond pas comme il le faut. Il m’a confié ne pas vouloir d’enfants, Minerva, mais cela ne fait pas nécessairement de lui une personne versatile. N’est-ce pas ? Ses inflexions se font plus nébuleuses. Je… Je me demande s’il ne m’a pas donné cette explication pour me rassurer. Sa gorge se serre brusquement et les mots sortent avec difficulté. Il sait que je ne peux pas en avoir. Heureusement, la journaliste s’adoucit.
- Je suis contente pour toi évidemment que tu refasses ta vie et que tu l’aies rencontré. Mais es-tu sûre de toi ?
- Oui ! Bien sûr, la rassure-t-elle d’une voix ferme. À vrai dire, elle n’a jamais été aussi certaine. Le sentiment d’avoir confié son coeur à des mains bienveillantes. Mais, le doute a été semé. Elle se mord l’intérieur de la joue. Presque honteuse de l’interrogation qui s’ensuit. À moins que tu ne saches quelque chose à son sujet qui pourrait me faire changer d’avis ?
- L’homme n’est pas vraiment connu pour ses relations à longue durée et je détesterais qu’il te brise le cœur. D’autant plus qu’avec ce que tu m’en dis, il a déjà trop joué avec !
- Écoute…, articule-t-elle avec bienveillance. Je te l’accorde, il s’est montré hésitant. Mais, pourquoi se donnerait-il tout ce mal s’il n’était pas intéressé ? Lui qui a lui sauvé la vie dès leur première rencontre, l’a aidé à s’échapper des griffes de son père lors d’une soirée assommante et a pris le temps de se battre à ses côtes afin de protéger sa famille. Qui se donnerait tant de peine de façon tout à fait désintéressée ? Une main qu’elle pose sur l’épaule de Minerva pour l’inviter à lui faire face. Ses doigts qui se posent lentement sur les siens. J’ai aimé Silas, tu le sais, admet-elle sans détour. Mais, ce que je ressens pour Harfang… C’est différent. Le menton qu’elle relève vers son amie et ses prunelles émeraudes qui accrochent les siennes. Il est différent. Elle le sait, elle le sent. Et, peut-être que je commets une erreur en le percevant ainsi. Pourtant, il me semble qu’il en vaut la peine. Sa main qui serre celle de son amie un peu plus fort, lueur suppliante dans le regard. Promets-moi de lui laisser une chance. De nous laisser une chance. Avant de condamner leur relation naissance, celle qui compte tant à ses yeux. »

Genesis se détache, saisit la bouteille de scotch apportée par Minerva et la débouche. Ses épanchements l’ont bouleversé et la sorcière ressent comme le besoin d’oublier cette curieuse conversation. Les arômes fumés du malt lui montent à la tête. Essences caractéristiques de l’Île de Skye. Elle sourit, porte le whisky à ses lèvres avant de se réinstaller confortablement dans le canapé.

« - Bien… J’ai respecté ma part du marché, déclare-t-elle, non sans une certaine fierté. Je t’écoute, parle-moi d’Ablerforth. Que s’est-il passé à Puerto Rico ?, lui demande-t-elle d’un accent débordant de bonté. Par pitié, ne lésine pas sur les détails. »

Harfang Longbottom.
Ami proche des Dumbledore. Ami proche des Dumbledore qui agissait dans l’ombre. Minerva était réellement septique devant sa relation avec Genesis. Elle n’aurait jamais voulu que son amie ait le cœur brisé. Genesis méritait d’être heureuse. Genesis méritait tout l’amour du monde. Elle avait assez souffert par amour. Minerva n’était pas du genre à aimer écouter les rumeurs mais elle savait que les rumeurs avaient malgré tout un impact. Et les rumeurs selon lesquelles Harfang n’était pas quelqu’un de posé prêt à s’engager allaient bon train. Minerva ne veut pas que Genesis souffre inutilement.
« Tu le connais ? »
« Pas plus que cela. Je sais qu’il est proche d’Albus, d’Abelforth et d’Atlas. » répond-t-elle calmement. Elle ne peut s’empêcher de noter qu’il est proche de personnes dont le prénom commencent par un A. C’est amusant, ce petit détail.
Toujours de dos, Minerva laisse Genesis lui tresser les cheveux mais elle sent que cette dernière est préoccupée. Malheureusement, Minerva sait qu’elle ne la rassure pas.
« Instable ? Que veux-tu dire ? »
« Relations sans lendemain. Homme qui n’aime pas l’engagement. »
Il est toujours désagréable de constater que les hommes dans cette société ont la belle part. Elle sait qu’Harfang est héritier et ainsi dispose-t-il d’une plus grande marge de manœuvre pour ses épousailles. Il doit se marier mais on ne le presse pas alors qu’à son âge, Genesis l’a déjà été, obligation d’une société qui n’envisage pas les femmes comme étant libres bien longtemps. Mais ce manque d’engagement, Minerva ne le voit pas comme mauvais. Dans le fond, Harfang a raison de profiter vu qu’on lui donne l’occasion de le faire. Mais cela pourrait avoir des conséquences directes sur Genesis.
« Il m’a confié ne pas vouloir d’enfants, Minerva, mais cela ne fait pas nécessairement de lui une personne versatile. N’est-ce pas ? »
Non, en effet. Harfang avait le droit quand bien même la société sorcière aurait crié au scandale. C’est même courageux de sa part dans un sens d’être franc. Au moins, Genesis sait à quoi s’attendre. Minerva ne sait plus si Genesis en aurait voulu, elle, des enfants. Elle sait que c’était un projet avec Silas dans la continuité de ce qu’ils voulaient construire. Mais maintenant ?
« Je… Je me demande s’il ne m’a pas donné cette explication pour me rassurer. Il sait que je ne peux pas en avoir. »
Minerva sans l’angoisse dans la voix de Genesis et elle vient alors se retourner pour lui faire face, interpelée.
« Je ne peux pas parler à sa place, Genesis. » répond-t-elle en jouant avec les cheveux de Genesis et commençant à lui faire une tresse, désolée pour elle.
Minerva pouvait donc mettre les symptômes que Genesis lui avait décrit sur le stress des derniers temps, compréhensible.
La question posée pour savoir si Genesis est sûre d’elle, que c’est le bon choix. Évidemment, Minerva a confiance en Genesis et sait qu’elle ne prend pas des décisions hâtives.
« Oui ! Bien sûr. » Affirmation sincère et affirmée. Genesis est sûre de ce qu’elle veut, de qui elle veut. « À moins que tu ne saches quelque chose à son sujet qui pourrait me faire changer d’avis ? »
Minerva ne veut pas semer le doute chez Genesis mais en tant qu’amie, elle veut son bonheur et ne peut s’empêcher d’être sincère avec elle. Elle se doute que l’histoire entre eux est plus compliquée que cela, mais elle ne peut s’empêcher de le voir d’un point de vue extérieur avec une seule version de leur histoire. Et pour elle, ce que lui raconte Genesis est en lien direct avec les rumeurs et ce dont elle a été témoin à Poudlard.
« Je te l’accorde, il s’est montré hésitant. Mais, pourquoi se donnerait-il tout ce mal s’il n’était pas intéressé ? »
Parce que les hommes aiment les défis. pense-t-elle en soupirant. Parce que Genesis était un bon parti, une femme Shafiq bonne à marier, à tromper aussi. Il y avait plein de raisons quand bien même Minerva n’estimait pas Harfang avec un mauvais fond et voulait lui laisser le bénéfice du doute. Harfang Longbottom reste un homme.
« J’ai aimé Silas, tu le sais. » Oui, elle le savait et elle vient doucement serrer les doigts de Genesis. « Mais, ce que je ressens pour Harfang… C’est différent. Il est différent. Et, peut-être que je commets une erreur le percevant ainsi. Pourtant, il me semble qu’il en vaut la peine. »
Le discours de Genesis fervent d’un amour et d’une flamme qu’elle avait perdu gonfle le cœur de Minerva de bonheur pour elle. Il ne lui aura pas fallu dix ans pour se remettre du deuil et Minerva était heureuse pour elle si elle était heureuse. Mais elle ne pourrait pas s’empêcher d’être méfiante pour elle.
« Promets-moi de lui laisser une chance. »
Minerva sourit doucement et serre encore les doigts de Genesis.
« Je le promets, Genesis. Mais je l’aurai toujours à l’œil. » Minerva redresse le menton et lance un regard entendu à la jeune femme, peut-être un peu sévère parce que c’est Minerva.
Mais elle se radoucit en voyant Genesis se détacher d’elle, récupérer la bouteille ramener et revenir pour lui demander pour Abelforth. Minerva a un grand sourire et vient faire un clin d’œil malicieux et enjoleur à Genesis.
« Il avait tout prévu, le portoloin, la réservation de l’hôtel, l’échange de monnaie… Sincèrement, c’était de la folie de partir après tout ce qui s’est passé, mais je me suis laissé entrainer et je ne regrette pas ! » Elle s’illumine, Minerva, remplie d’un amour inconditionné pour l’être aimé. « On a recollé les morceaux après notre dernière dispute où je suis partie. Et le retrouver a été très réconfortant. » Elle rit. « Puis, l’eau de l’océan est très chaude si tu vois ce que je veux dire… » Elle éclate de rire alors. « Mmmh… » Elle lui raconte ensuite ce qu’ils ont vu et ce qu’ils ont mangé. Quelques annecdotes drôles aussi sur Abelforth qui mange trop épicé et le chauffeur de taxi, ou encore elle courant après un perroquet pour lui prendre en ayant demandé gentiment ses plumes pour un futur chapeau. Puis, il y a ce petit moment où elle cherche ses mots. « On a parlé de beaucoup de choses anodines mais il m’a surtout demandé si j’avais envie de me marier. » Rouge qui monte aux joues. « Je lui ai répondu que oui et honnêtement ? Si on avait été un peu plus fou on l’aurait fait là-bas. On ne serait même pas revenu ! » Elle rit alors mais Genesis peut deviner tout ce que cela représente pour Minerva, elle qui, après le décès brutal d’EphrAïm quelques mois avant leur mariage, n’avait jamais songé à avoir une relaiton, encore moins se marier à quelqu’un d’autre.

Sans lendemain. Les mots de son amie virevoltent brusquement dans son esprit. Il lui avait, pourtant, offert un peu plus que cela. La promesse d’un avenir à ses côtés. Loin d’être des paroles en l’air, le sorcier s’était ouvert à elle. Jardin secret qu’il lui avait fait découvrir. Des vignes à n’en plus finir et une demeure somptueuse. Souvenirs d’enfant et mélodies jouées du bout des doigts. Son corps exalté contre le sien aussi. L’épiderme frémissant, comme ils savent si bien le faire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Elle, qui a déjà perdu le compte, tout en se souvenant clairement de chaque interludes. Assoupie dans ses bras, réveillée par sa main entre ses boucles ébène. Les crocs qu’il n’avait pas hésité à sortir pour la défendre face aux injures de son paternel. Genesis qui n’avait osé lui dire à quel point elle l’aimait, à quel point elle l’aime. Tombée pour lui en un éclair. Sans véritablement prendre la peine de se préserver. C’est sans doute ce que Minerva lui reprochait. Une nouvelle bague à son annulaire pour prouver qu’il est sincère. Mais, à quoi bon ? Ils sont trop nombreux aujourd’hui. Ces hommes qui trompent leurs femmes. Ces femmes qui trompent leurs hommes. Mariages arrangés qui ne mènent à rien. Alors, qu’ils n’ont besoin de rien, eux. Si ce n’est leurs deux coeurs qui battent à l’unisson. Les convenances dont elle n’a que faire. Bien que la société finisse peut-être par les rattraper un jour. Léger soupir qui s’échappe de ses lippes et les prunelles émeraudes à la recherche de celles de son amie.

« - Je le promets, Genesis. »

Et, c’est uniquement ce qu’elle avait besoin d’entendre. Les menaces à peine voilées de Minerva qu’elle met volontairement de côté. Regard sévère et menton relevé. Elle n’est pas sans ignorer qu’elle restera à l’affût, plus vigilante que jamais pour lui éviter un amour passager. La conversation qu’elle réoriente vers plus de légèreté et d'insouciance. L’escapade romantique de Minerva à Puerto Rico. Abelforth aux petits soins, organisé comme jamais. Genesis qui oublie momentanément l’altercation mentionnée quelques instants plus tôt.  

« - Sincèrement, c’était de la folie de partir après tout ce qui s’est passé, mais je me suis laissé entraîner et je ne regrette pas ! »

Elle acquiesce d’un signe de tête, attend patiemment la suite de son récit. Leur réconciliation, notamment. Leurs retrouvailles ardentes, allusion bien plus subtile que les confidences précédentes de Genesis. Éclat de rire cristallin qu'elle lui arrache, quelque peu embarrassée d'avoir été aussi crue. Des anecdotes qui lui réchauffent le coeur. Des plats partagés et une course poursuite avec un perroquet. Sa félicité est réelle.

« - On a parlé de beaucoup de choses anodines mais il m’a surtout demandé si j’avais envie de me marier. La sorcière qui manque de s’étouffer avec son whisky qu’elle finit par reposer sur la table. Verre quasiment plein, mais elle a assez bu pour aujourd’hui.
- Le mariage n’a rien d’anodin, rétorque-t-elle d’emblée. Surtout, lorsque l’on connaît la situation maritale de Minerva. Un époux disparu. L’embarras sur les joues de son amie et Genesis ne sait que penser. Elle qui a terriblement envie d’être heureuse pour son amie, mais ne peut s’empêcher de se montrer inquiète à son tour. Qu’as-tu répondu ? Curiosité insatiable. Celle qui finit par reprendre le dessus malgré tout.
- Je lui ai répondu que oui et honnêtement ? Si on avait été un peu plus fou on l’aurait fait là-bas. On ne serait même pas revenus !
- Tu te serais mariée sans même m’inviter ?, s’écrie-t-elle d’un ton faussement outré. Un sourire qui se dessine peu à peu sur ses lèvres rosées et la main de Minerva qu’elle prend délicatement dans la sienne. J’ai conscience de tes obligations ici, mais n’oublie pas de vivre. Pour toi. Tu as le droit de te laisser aller, Minerva. Que cela implique un mariage à Puerto Rico ou non. »

Le rire de l’Écossaise retentit entre les murs de la pièce. Si lourd de sens, néanmoins. Genesis qui n’ose se joindre à elle. Elle sait ce que tout cela représente. Une union de plus. Une nouvelle chance. Le sentiment de ne pas la mériter. Une époque épineuse, celle qui ne leur fait aucun cadeaux. Femmes esseulées qui ne cherchent qu’à veiller sur leurs coeurs égarés. Provisoirement. Jusqu’à ce qu’une lueur d’espoir les animent, une fois de plus.

« - À quand le grand jour ?, l’interroge-t-elle avec douceur. Vous m’avez l’air d’être prêts tous les deux. »

Malheureusement, les femmes se devaient d’être prudentes. Tous les jours. Tous les instants. A chaque moment de leur vie. Plus que jamais quand elles étaient jeunes et un bon parti. Dans la rue quand elles marchaient. Au travail avec un patron trop mysogine. En couple même avec leur compagnon. C’était quelque chose que Minerva avait appris sans cesse au contact d’autres femmes en étant témoin aussi, victime parfois. Pour autant, elle ne considérait pas que Genesis avait un quelconque tord ou qu’Harfang en tant que tel était une menace. C’était la société plus généralement qui était le problème et le serait toujours dans le fond. Évidemment, en tant qu’amie de longue date, en sachant l’histoire de Genesis, Minerva s’inquiète parce que Minerva s’inquiète pour tout le monde dernièrement et de plus en plus, s’oubliant elle-même parfois. Les récents évènements n’aident pas, ce qu’elle a vécu dans cette cellule et l’après encore moins. Edelgard et Prudence, puis la jeune Lyrae. Elle a de quoi s’inquiéter dans le fond et elle ne souhaite pas que son amie, Genesis, se retrouve dans une situation délicate, le cœur brisé ou pire que cela. Si cependant Genesis était sûre d’elle, Minerva lui faisait bien évidemment confiance mais ce n’était pas pour autant qu’elle ne surveillerait pas le deuxième concerné : Harfang.
Lui laisser une chance parce qu’il s’agit là du vœu de son amie. Amie dont le regard scintille, véritablement amoureuse et Minerva a bien noté le changement évidemment. Ca l’attendrit. Genesis, plus que quiconque, a droit au bonheur et elle n’est personne pour le lui refuser.
La discussion dérive mais les hommes sont toujours présents parce que ces mêmes hommes font partie de leur vie. Celle de Minerva en est remplie mais c’est de celui qui a pris son cœur depuis bien longtemps qu’elle parle, évoquant Puerto Rico, éludant l’après Puerto Rico, les larmes, la souffrance, le contrecoup de ce qu’elle a vécu elle-même. Genesis peut s’en douter mais Minerva ne peut pas y remettre les mots. Pas encore. C’est trop dur et elle l’a déjà trop répété de fois : à Nicolas et à Abelforth. Pas même à Albus. Elle n’a aucunement eu le temps de le voir mais elle se doute que Nicolas et lui ont dû parler.
« Le mariage n’a rien d’anodin »
Non et justement. Minerva ne le sait que trop bien. Ca n’était pas non plus anodin à l’époque d’Ephraïm quand il avait posé le genou à terre avant qu’elle ne soit prête elle-même à le faire. Dans la frénésie du moment, véritablement heureuse et amoureuse, elle avait répondu oui. Deux mois avant qu’elle ne soit marié, il s’éteignait à l’hôpital. Personne n’a jamais su ce qui s’était passé et ça l’avait rendue presque folle de ne pas savoir. Evoquer le mariage avec Abelforth était loin d’être anodin même dix ans après la perte d’Ephraïm. Mais pourtant la réponse était là et bel et bien limpide : oui.
Oui, elle le voulait.
Mais pas tant que la malédiction qui pesait sur sa famille ne soit levée et pas si elle ne le demandait pas elle-même en mariage maintenant qu’Isobel lui avait donné la bague de son père.
« Tu te serais mariée sans même m’inviter ? » s’exclame Genesis et Minerva rit d’embarras. « J’ai conscience de tes obligations ici, mais n’oublie pas de vivre. Pour toi. Tu as le droit de te laisser aller, Minerva. Que cela implique un mariage à Puerto Rico ou non. »
L’amazone se mord la lèvre. Elle le savait mais avait tendance parfois à l’oublier. Abelforth était suffisamment prévenant pour le lui rappeler. Isobel, aussi. C’était pour cela qu’elle les aimait après tout.
« À quand le grand jour ? Vous m’avez l’air d’être prêts tous les deux. »
« Eh bien, j’aimerai d’abord m’assurer qu’aucune malédiction ne vienne détruire mon bonheur cette fois-ci. » Il était toujours étonnant de voir que l’esprit si cartésien et logique de Minerva ne se retrouve pris d’assaut par cette soudaine superstision qui pesait sur sa famille. Pourtant, elle a trop vécu de malheurs et constater des malheurs au sein de son entourage, son père, son frère, son oncle et Ephraïm, pour ne pas prendre la chose au sérieux.
« Après cela, je le demanderai en mariage. Maman m’a donné la bague de Papa. » confia-t-elle secret qu’elle donnait à Genesis, la voix subitement pleine d’émotion et un sourire ému aux lèvres. « Enfin, nous verrons prochainement. J’ai demandé à Nile de m’aider à faire des recherches dessus… D’ailleurs, compte sur moi pour votre anniversaire ! J’en profiterai pour vous présenter Abelforth. Je ne crois pas que vous le connaissiez alors autant rendre les choses officielles. » La lueur de joie dans le regard, Minerva adressa un immense sourire à Genesis. Son regard se pose ensuite sur Fauve, bien décidé à terminer sa nuit sur le canapé de Genesis.
« Eh bien, je crois que tu auras un invité de plus cette nuit. » dit-elle en riant tandis que la soirée s’étend au sein de l’appartement omanais.