Parvenir à ses fins
And may the odds be ever in your favor.
When I was a child
"
Laisse ton instinct choisir Lyrae." Tes yeux clairs se posent sur l'établi qui s'offre à tes yeux. Tu as huit ou neuf ans peut-être. Devant toi, des armes. De toutes les sortes. Couteaux, arcs, épées, grenades. Pistolet. Tes petits doigts potelés se sont glissés lentement sur chacuns de ces objets. Lentement. Concentrée. Puis ils se sont arrêtés. Sur ce flingue. Petit. Un 9 millimètres. Court. Tu t'en souviens parfaitement car tu l'as regardé comme si c'était la plus belle chose que tu aies vu. D'un regard en coin, tu as obtenu l'autorisation de le prendre entre tes mains. Caressant du bout des phalanges le canon, la gâchette. Comme tu l'avais vu faire des centaines de fois, tu as retiré le cran de sécurité. Tu as tiré droit devant toi alors qu'un écureuil passait à ce moment là. A vide. Ton père a éclaté de rire et a tapoté ta chevelure de sa main rugueuse visiblement fier de sa progéniture. Tu as reposé l'arme avec une mine déçue et puis tu es retournée jouer avec tes peluches. Ce ne serait que bien plus tard que tu t'entrainerais avec ton père.
Un. Deux. Trois. Quatre. La pointe de ton arme suit le rythme effréné de ton cousin. La silhouette glisse entre l'écorce des arbres. Tu tires. Ton corps est légèrement rejeté en arrière mais tu commences à maitriser le recul dû à la puissance de l'arme. "
Merde ! " s'exclama au loin Aemon qui est à présent tâché d'une peinture rose preuve que tu l'avais touché en plein dans la poitrine. Tu as seize années au compteur. Les entrainements, c'est toi qui les réclame. Qui les rend plus durs qu'ils ne devraient. Au loin, ton cousin commence à te courser. Un rire cristallin s'échappe de tes lippes. "
T'es censé être mort ! Même un putain de sorcier se relève pas d'une balle en plein cœur ! " Pourtant Aemon n'a pas envie de discuter et te course déjà. Tu te souviens juste avoir terminé la tête la première dans la boue sous ses éclats moqueurs.
Love at first sight
Tu as dix-sept ans et tu observes par la fenêtre de ta chambre. Le silence de la nuit a encerclé de ses bras la demeure familiale. Comme chaque nuit depuis le début de l'été, tu attends que tout le monde s'endorme. Ton téléphone vibre au creux de la paume de ta main. Ta meilleure amie attend au coin de la rue. Tu ouvres silencieusement les battant de bois et te glisses à l'extérieur. Avec elle, vous faites les quatre-cents coups. En ce moment, vous aimez vous retrouvez dans ce bar. Le vigile n'est pas très regardant sur votre âge tant que votre décolleté permet de le divertir durant quelques minutes.
Euxane appartient à une autre grande famille de Veilleurs. Toutes les deux vous vous comprenez, soudées dans cet univers particulier. Plus le temps s'égraine, plus les entrainements se corsent. Plus l'actualité le justifie petit à petit. Alors le soir, tu en profites. Vous dansez, vous buvez plus que de raison oubliant l'amie modération. C'est un soir comme un autre qu'il est rentrée dans ta vie. T'avais presque dix-huit ans, quand tu as croisé son regard pour la première fois. On dit que le temps semble s'arrêter lorsqu'on trouve le grand amour. Quand tu as vu sa gueule d'ange, c'est vrai que tu en as oublié la foule environnante. Tu t'es arrêtée de danser comme attirer par cet écorché vif. Cette âme qui te semblait torturée. Cassée. Tu as peut-être cru que tu pourrais le réparer. Tu as recommencé à danser sans jamais le quitter de tes prunelles puis sans savoir comment, c'était l'un contre l'autre que vos hanches s'étaient muées en rythme avec à la musique.
Cela a commencé avec une danse, cela a duré plus de cinq années. Le premier amour. Une relation passionnée où respirer sans l'autre semble impossible. Une relation corrosive, parfois destructrice. Attachés l'un à l'autre avec cette sensation que jamais rien ne pourra vous séparez.
Noah Le seul que tu aies aimé avec tant d'ardeur. Le seul que tu aies quitté avec tant de cruauté.
Etait-ce de la jalousie ? Peut-être bien. Tu filais le parfait amour. Mais cela faisait déjà plusieurs mois que ça t'éraillais. Tu voulais tirer la couverture sur toi mais tu voyais bien tes parents, tes frères et soeurs, ne jurer que par lui. Au début, ton palpitant s'était empli d'allégresse. Il était l'Homme de ta vie. Même les Cromwell l'avaient considéré comme l'un des leurs. Ton cœur balançait entre fierté et agacement. Tu ne savais plus ce que tu voulais. Jusqu'à cette énième soirée...
Si tu avais toujours tenté de modérer sa consommation, ce soir là, Noah s'était enlisé parmi les démons de la cocaïne. Tu n'étais pas là pour rattraper ses divagations. Cette nuit là reste un vague souvenir comme un rêve, une illusion. Tu avais bu, fumé... Et puis vous vous étiez envoyé en l'air dans une pièce vide. Ce sentiment, au creux de ta poitrine tu le ressens encore parfois. Parce qu'il a été douloureux. Tu as cru que ton palpitant s'était écrasé à terre et avait explosé en morceaux. Tu l'aimes. Tu étais dépendante. Tu devenais son ombre. Tu devenais vulnérable. Il éclipsait tes exploits. Une source de douleur. Il t'était trop précieux. Pouvait être une perte. Une autre douleur. Alors tu le balayais de ta vie. De ta famille. Et pour que cela soit efficace, tu ne lésinais pas sur le mensonge. Cette nuit d'amour, tu la transformais en viol. Les Cromwell le bannir à jamais. Tu le bannissais à jamais flirtant avec le regret et la satisfaction.
When you grow up
Parce que tu étais prête à tout, même à rompre avec l'homme de ta vie. Parce que ta volonté de réussir était la plus forte. Tu étouffais de tes assassines ta conscience alors que Noah souffrait. Toi, pendant ce temps là, tu t'investissais toujours plus dans tes études passant les diplômes pour intégrer la fonction de lieutenant de police. Tu sortais parmi les meilleurs de ta promotion et c'est à Londres que tu atterris pour ce premier poste... Mais la Capitale ne fut pas seulement témoin de tes premières missions pour l'état. Les Veilleurs ne t'avaient pas oublié. Toi non plus. Ton acharnement à vouloir être chasseuse n'était pas resté sans résultat. Cette année où tu commenças à travailler fut aussi celle de ton premier meurtre.
Tu avais reçu l'ordre de la tuer. Une mère sorcière qui avait eu que des enfants cracmols. Tu n'en savais pas plus. Tu n'avais pas voulu savoir. La peur t'arrachait l'échine, te vrillait les entrailles. La peur de t'attacher au moindre détail et de faillir sous la compassion.
Les rayons argentés de la lune avait balayé la scène. La cime des arbres ombrait ton terrain de chasse. Tu l'avais traqué comme un lapin. Dans un premier, c'était avec facilité que tu t'étais débarrassée de sa baguette. Tu étais parvenue à la blesser. Trop pour qu'elle parvienne à s'enfuir en transplannant. Alors elle tentait de courir. Toi, tu marchais lentement derrière elle. Elle agonisait et c'est avec un plaisir presque malsain que tu te délectait de sa détresse. Au bout de longues minutes, alors qu'elle pensait que tu avais disparu, tu te figeas devant elle, le canon devant son visage. Elle avait hurlé. Supplié pour ses enfants. En larmes, à tes pieds. Alors tu avais courbé l'échine, la prenant dans tes bras, la cajolant presque. Susurrant quelques paroles rassurantes.
L'écho de ton arme perça le calme malsain des lieux. Les yeux de ta victime se brouillèrent derrière ses larmes. Tu senties son dernier souffle de vie quitter son corps. Et alors que tu avais appelé un Nettoyeur, tu étais restée à contempler ton œuvre.
A présent, plus que jamais, avec le retour des Mangemorts, tu sais quel est ton devoir. Tu ne reculeras devant personne. Si tu as préféré privilégié ton rôle de Chasseuse, il a déjà été évoqué que tu deviennes moniteur. Alors doucement tu traques les gens autour de toi, tu sondes. Et si tu flaires un potentiel sorcier...
© YOU BURN FIRST - 2016.