interrogatoire — groupe 16. josef olbricht + alvilda karkaroff

Elle était en retard. C’est @Cinder Lovegood qui lui avait dit de s’y rendre, sibylline, elle avait rationalisé cette entrevue. Mais elle ne savait pas tout. Elle ne savait pas que Willa Andersen était un alter égo imaginaire. Qu’elle était sang pur et pas sang mêlé. Que tout ce qu’elle dirait serait invention.

Menteuse.

Menteuse.

Cela étant, il n’y avait qu’une mince chance pour qu’on la reconnaisse au ministère. Incertaine d’en sortir entière. Elle croisait les doigts pour ne pas le voir. Elle avait déjà croisé @Sinéad Olbricht qui avait été si douce avec elle qu’elle s’était rassurée. La Olbricht contrôlerait son mari s’il découvrait sa présence en Angleterre. Il n’empêche qu’elle restait terrifiée, car une mauvaise rencontre, et @Andrei karkaroff risquait de la découvrir. Elle ne voulait pas quitter les Lovegood et cette liberté chérie.

“Willa Andersen.” Faux. “Half Blood.” Archi Faux. “I... My appointment was at 9 o'clock. I may be late...” L’agent la toise du regard et lui indique un bureau dont le numéro s’imprime succinctement dans sa mémoire. Sans perdre de temps, elle abandonne sa baguette, ses talons claquent sur le sol du ministère anglais, et elle tente de recoiffer rapidement ses cheveux fous qu’elle avait laissé lâché par manque de temps. Une fois devant la porte, elle frappe deux petits coups timide, et entre, le visage caché par la cascade rousse.

Elle s’installe dans un petit “I'm sorry” qui semble de trop dans la pièce mal éclairée. L'accent est toujours marqué, mais son pseudonyme justifie cela. Les mains tremblantes quand elle tire la chaise qui grince, les sons l’angoissent un peu, et elle n’a croisé aucun visage familier pour la rassurer. Elle replace des mèches rebelles derrière ses cheveux, et se rend compte de celui qui la toise. Elle retient un petit “Fuck”, trace ultime de son acclimatation au pays, et elle s’attend à la descente aux enfers. Les prunelles s’entrechoquent, elle menace de tomber au sol sous le choc. A ce compte, ce n’était plus de la malchance. Elle n’allait pas l’ouvrir avant lui, sur un malentendu, il ne l’a peut être pas reconnue. C’est pire que le croiser dans un couloir, non, il va l’interroger.  

Oh, Cinder avait raison. Karma is a bitch.

all clever men are birds of prey. --- @alvilda karkaroff

Josef avait quitté son épouse dans l'atrium, qu'il avait laissée au bureau des admissions. Cette dernière avait rendez-vous pour son propre entretien officiel, tandis que le jeune Juge du Magenmagot avait été, quant à lui, réquisitionné pour en conduire un. Il ne savait pas s'il devait être soulagé de ne pas devoir interroger sa femme, ou au contraire inquiet qu'elle s'en prenne à une autre personne que lui. Il avait tenté, tant bien que mal, de la raisonner avant de quitter leur demeure; les enjeux étaient grands, aucun faux-pas ne pouvait leur être toléré. Sa position, et probablement sa vie, en dépendait.

L'esbrouffeur allemand, port-altier et démarche assurée, entreprit son ascension dans le dédale de couloirs du Ministère. Ses chaussures de ville, vernies et d'un noir abyssal, martelaient le sol en marbre sombre avec cadence. Sa longue cape d'un noir de jais virevoltait aux rythmes de ses pas dans un son de tissu qui claque, tant les mouvements étaient secs et déterminés. Dégainant sa baguette avec précision de la manche de son costume, il donna un petit coup vif dans les airs qui fit s'ouvrir la porte de la salle qu'on lui avait octroyée. Personne. Les lieux étaient vides de toute présence nauséabonde – la victime était en retard. Comme il fallait s'en douter, pensa-t-il.

Ce n'était que plusieurs minutes plus tard qu'une jeune femme à la chevelure flamboyante fit son entrée dans la pièce. Telle une bourrasque parfumée, elle avait pénétré la pièce et s'était mollement confondue en une excuse presque pitoyable, prenant place sur la chaise en bois de mauvaise facture qui trônait au centre de cette pièce, vaste et particulièrement sombre. Josef sortit de l'ombre, son visage soudainement éclairé par ce maigre faisceau de lumière. Par Merlin, ça n'était pas possible... Alvilda Karkaroff. La garce se tenait devant lui, et il avait le (dé)plaisir d'être son bourreau pour les quelques heures qui suivaient.

— Well, well... Soupira l'Allemand en croisant les bras, une moue réprobatrice se dessinant sur son visage agnelin. Willa Andersen, isn't it? Poursuivit-il en accentuant volontairement sur le patronyme de la jeune femme. First time I meet an Andersen on these lands, to be fair. Where does it come from? Demanda-t-il innocemment.

Tout en s'exprimant, Josef décroisa les bras et retira avec élégance sa cape de sorcier qu'il fit claquer d'un mouvement sec, comme pour épousseter l'habit et le débarrasser des pellicules de honte et de soumission qui l'avaient polluée dans l'atrium, tâchant de mettre Alvilda en condition. Il espéra que la surprise du bruit la décontenancerait. La cape ôtée, qui flotta seule à l'abri des regards, dévoila un costume de couleur vert émeraude sombre, impeccablement tiré à quatre épingles, par-dessus une chemise noire apportant encore davantage de sobriété à la tenue. L'Allemand entreprit ensuite, baguette à la main, de tourner autour de sa proie, la démarche lente, les pas appuyés qui claquaient sur le marbre. Tout, dans la gestuelle, l'aura et le non-verbal, avait pour objectif la déstabilisation de la victime. Aussi attendait-il de voir si elle allait elle-même vendre la même et révéler sa propre identité.

— Tell me a little bit about you, Willa. I'm dying to hear your story. Annonça-t-il, révélant à la jeune femme deux rangées de dents parfaitement blanches. Oh, and before I forget, can you please hand over your wand? La main tendue vers la suppliciée, les jeux pouvaient commencer.

C’était un cauchemar. Ca ne pouvait pas être autrement. Quelles étaient les chances ? Elle serre les dents, pour ne pas perdre la face devant cet homme qui n’attend qu’une chose, qu’elle s’écrase. Mais elle n’avait pas été jusqu’à vendre sa bague de mariage et travailler dans un bordel pour séduire, sans toucher, les peu vertueux, pour se retrouver emprisonnée juste comme ça ? Et puis, après tout, elle n’avait commis aucun crime puni en Grande-Bretagne. Dans le pire des cas, il l’enfermera chez lui. Soit. Elle avait Sinéad de son côté. Elle ne resterait pas prisonnière bien longtemps.

Mais Andrei. Oh Andrei. Il lui en ferait baver, elle le sait. Elle est déjà effrayée. Il serait d’autant plus froid, peut être même lui interdira-t-il de danser ? D’écouter de la musique ? Elle ne pourrait pas retrouver Ana. C’est pire que tout, de frôler le but, et d’être capturée, non ? Elle sait que sa robe lui colle un peu trop au corps, que la cape qui la recouvre ne suffit pas à cacher où elle travaille, de toutes les façons, c’est surement écrit, là, dans le dossier.

Il ne l'avait pas reconnu.

Il ne l'avait pas reconnu.

Il y avait un espoir qu'elle sorte libre.

“Absolutely. I’m Danish, as you can heard from my accent.” Elle balance ses cheveux en arrière et lui offre un sourire franc, se donner de la contenance, toujours. Pendant un instant, elle pense à lui jeter un sort, mais il y a trop de risque à cela. Elle a beau vouloir paraître confiante, elle lui tend sur un plateau son bien le plus précieux, tremblante de tous ses membres.

“Oh, I’m quite… Boring, but i’m pretty sure you’ve already know that. May I ask your name? It’s disturbing that you know so much about me, it would be fair, don’t you think so?” Ses jambes se croisent, sa tête se penche un peu pour mieux l’observer, il n’a pas beaucoup changé en deux ans, et ses cauchemars étaient assez représentatifs du garçon. Il était plutôt séduisant, jamais autant que son mari perdu en Bulgarie, mais tout de même assez pour qu’elle tente d’utiliser les techniques de séduction apprises au Fol’Opium. Après tout, on la confondait souvent avec une des fille aux mœurs légères, autant essayer de s’en servir.

“So, I suppose that you’re aware of my work, nothing fancy, I'm just a dancer for Mr Lockhart. He asked me to join the club in… February, I think? For the rest, it’s my own business.” Elle se referme un peu, instinctivement, de peur de révéler un détail de trop, quelque chose de plus de son minois et de sa voix pour lui rappeler qui elle est. Alors, elle redouble d’effort. “I’m not a… Bright witch. I prefer to use my own charms, than my wand, if you know that I mean.” Tentative minable, elle devrait se contenter de danser au club, car la séduction à l’oral n’était pas son fort. A deux doigts de plonger son visage entre ses doigts et d’insulter la terre de ses ancêtres pour sa bêtise, elle sent qu’il ne suffira pas de jouer à l’idiote pour se sortir de ce mauvais pas.

all clever men are birds of prey. --- @alvilda karkaroff

La demoiselle jouait les effarouchées. Elle jouait la scène telle une parfaite petite comédienne. Mais Josef n'était pas de ceux que l'on pouvait duper. Quelles étaient les chances qu'ils se retrouvent tous deux dans une pièce, seuls, à l'abri des regards, en plein centre de Londres ? C'était un signe du destin, et il aimait à penser qu'en cet instant présent, il était le seul Dieu en qui elle pouvait se fier. Tel un vautour qui tournoie autour de sa proie, Josef continuait les cents-pas, passant parfois dans son dos, lentement, une main glissant sur le rebord du dossier de la chaise. Dans le silence glaçant de l'immense pièce au voile abyssal, même une simple caresse semblait amplifiée.

— Oh, Danish, really? How fascinating. Déclara-t-il tout en s'emparant avec délicatesse de la baguette magique qu'elle venait de lui tendre. And what are the components of your Danish weapon? Where did you buy it, actually? Questionna-t-il, examinant l'objet entre ses mains, le levant parfois au-dessus de sa tête, à travers le maigre faisceau de lumière, pour en admirer les détails. Il plissa les yeux. Very fascinating. Lâcha-t-il, soutenant finalement son regard dans les yeux de la belle. Et s'il avait deviné que tu mentais rien qu'en regardant cette arme ?

Son nom ? Bien entendu, la garce allait jouer la comédie. Elle l'avait forcément reconnu. Tout comme lui l'avait reconnue. Le jeu du chat et de la souris avait commencé depuis quelques minutes déjà, et Josef se demandait jusqu'à quand il allait l'apprécier. Ou s'ennuyer et abattre la proie. Après tout, là aussi était le jeu; le chat, à la fin, attrapait généralement la souris pour la dévorer.

L'Allemand préféra ignorer la question sur son identité. D'une part, elle savait déjà. D'autre part, c'était lui qui posait les questions ici. Il tâcherait de le lui rappeler lorsque les choses sérieuses commenceraient. En attendant, il préféra ranger ça dans un coin de sa tête.

L’esbroufeur revint devant la jeune femme et, se penchant à sa hauteur, la gratifia d'une nouvelle moue réprobatrice.

— Sweet, sweet Willa. Soupira-t-il tout en venant délicatement replacer une mèche de cheveux de la lionne derrière son oreille en soupirant longuement. How childish of you to think what you're doing is a proper job. It's merely a degrading activity, I'm afraid. Le ton était mielleux, virant assurément vers l'ironie. But! Entonna-t-il en se redressant soudainement, non sans oublier d'arracher un cheveu de la demoiselle. I believe you must know that already, deep down in your heart. Just as you know you're not bright: you're not worthy either, and that's why you're here today.

Il frappa finalement dans ses mains, les frottant doucement l'une contre l'autre, comme un chirurgien qui se préparait à opérer.

— Alright. Let's begin. Willa? Wanda? Wilhelma? Or whatever stupid name you decided to choose. Shall I call him now or later, uh? Demanda-t-il, un magnifique sourire enjoué aux lèvres.

Désarmée. Elle n’avait plus rien pour se défendre, et sa faible capacité à mentir risquait de la trahir à tout instant. Elle joue avec ses doigts, avec ses cheveux, peu confiante. Comme si à chaque mot, elle risquait de tomber dans le précipice, ce piège qui se tendait devant elle. “Gregorovitch made my wand. I think there’s an hypogriff feather inside, and the wand is made with acacia wood. He actually told me a story about the tree when I was younger, but I can’t remember what he said.” Faux. Elle se souvient parfaitement. Il lui a dit que cet arbre avait des branches parfaitement symétriques. Il n’avait jamais vu ça ailleurs. Elle savait si bien pourquoi cette baguette l’avait choisie. Elle aussi, avait dans son identité, la duplicité.

Il l’insultait sans sourcilier, jouant avec les cheveux de la rousse. Elle relève la tête, et ne rêve que d’une chose, de lui faire manger son air suffisant, au parfait petit soldat de Grindelwald. Peut être même étaient-ils amis d’enfance, ils sont plutôt proche en âge. Lorsqu’il est à quelques coups de langues de la traiter de prostituée, elle lui offre un clin d’oeil. “Let’s agree to disagree, then.” Elle est tout ce qu’il y a de plus digne, contrairement à lui et ses principes putrides.

Et il lui arrache un cheveu.

Un cheveu.

“Outch.” Elle le dévisage, agaçée. Ce n’était pas nécessaire, à moins qu’il prévoit un polynectar de sa personne prochainement. Elle lève les yeux au ciel, et s’avachit sur sa chaise bancale. Un soupire bruyant, la sale gamine lui montre qu’elle ne se laissera pas faire.

Mais si c’était si simple. Il s’est joué d’elle. Il savait tout, depuis le début. Elle était démasquée, c’était la fin, elle le sait. Lui, c’est son mari. Lui, c’est Andrei. Terminé de jouer.

Elle se redresse précipitamment, les larmes aux yeux de colère. Son of a bitch. Elle a envie d’hurler, elle ne sait pas rester impassible bien longtemps, Alvilda, alors, elle fait ce que n’importe qui, sans défense et sans plan aurait fait : elle a supplié. Et elle sait qu’il adore ça. “Please, Josef, don’t. I thought… No, don’t tell him, please !” Elle écarquille alors les yeux, paniquée : “Is he here right now ? In England ?” La voix tremble, elle n’aura même pas le temps d’être emprisonnée, que retour express à Sofia, et elle n’aimait pas le climat qui y régnait.

Elle voudrait parler à Josef de sa soeur, mais ce monstre sans coeur ne comprendrait pas. Il fallait s’abaisser à lui demander gentiment, poliment, de ne pas frapper sa vie trop fort. “I’m sorry. I never wanted to offend you, I thought… I thought you didn't recognize me…” Elle baisse le regard, il lui est insupportable de le regarder la juger avec délice. Il aimait ça, la voir soumise et malheureuse. Merlin qu’il devait être frustré pour être aussi ravi de voir une gamine s’écraser sous sa voix. “I can’t face him right now, I have to… I need to… Don’t do this to me, please. I’m begging you, I would do anything, tell me and I’ll try, but not now, please. I wanted to tell him where I was, but I was so afraid.”

Elle ne lui dira pas sa quête pour sa soeur. Elle doit d’abord comprendre pourquoi Ana s’est caché. La raison de sa venue ne sera divulguée qu’à son mari, si tant est qu’il la laisse parler… “He’s my husband, I should reach him myself, let me do this, please.” Un peu de temps, peut être pour s’enfuir, surement pour définir un plan, il en était fini de sa liberté, elle sait déjà qu’Andrei la jugera pour le travail qu’elle a trouvé ici, qu’il l’emmenera loin des amis qu’elle s’est fait, adieu liberté chérie.

all clever men are birds of prey. --- @alvilda karkaroff

Pathétique. C'était certainement le qualificatif qui venait presque constamment à l'esprit de Josef alors qu'il posait ses prunelles sombres sur le visage agnelin de la flamboyante sorcière. Elle qu'il avait connue aux bras de son ami, Andreï Karkaroff, celui-là même qu'il avait appelé aussitôt qu'il avait reconnu la traîtresse dans les rues de Londres. La crinière si singulière de la demoiselle ne pouvait le faire souffrir d'aucune hésitation.

Il avait depuis toujours été proche de l'héritier Karkaroff, rencontré sur les bancs de Durmstrang, ayant affiné leur usage de la magie ensemble. Il avait apprécié partager nombre de duels lorsqu'ils étaient jeunes. Aujourd'hui, Andreï devait certainement être déjà dans les parages, et l'appeler aurait procuré à Josef la plus grande des satisfactions. Cependant, il n'en avait ni le temps, ni les moyens pour l'instant. Confédéré zélé de Grindelwald, il était de son devoir aujourd'hui de mener à bien cet entretien. Profiter de la faiblesse de la jeune femme allait être un atout qu'il garderait avec lui précieusement.

Le Juge Olbricht faisait rouler la baguette de la dénommée Willa entre ses doigts longs et fins, ne détachant cependant pas le regard de la suppliciée. Lorsque le jeune homme eût posé la fameuse question troublante de révélation pour la jeune femme, elle s'était précipitamment redressée sur sa chaise et des torrents de larmes se déversaient sur ses joues rosées. Pathétique. C'était effectivement bien ça le mot. Voilà qu'elle le suppliait maintenant. Elle était donc partie très loin, l'effrontée qui le défiait quelques secondes auparavant.

— I'm sorry, I'm afraid I don't follow you. Who are you talking about? Demanda innocemment Josef tout en s'arrêtant de nouveau devant la jeune femme. Do I know you? Insista-t-il. I'm afraid you'll have to explain yourself, sweet Willa. You're going to tell me everything I want to know, right? Ses lèvres se retroussèrent de nouveau sur ses canines. Sei vorsichtig, you must not tell lies. Finit-il par dire, comme s'il s'adressait à une enfant.

Elle avait du mal à respirer. Pas besoin de frapper sa poitrine pour troubler sa respiration de la pire des manière. Elle n’est pourtant pas tant vêtue, puisqu’on est au mois de juillet. Juillet. Six mois de liberté avant de se faire pincer, ce n’était pas si mal, non ? Elle devrait surement s’en contenter. Puis, il joue à nouveau. Et elle n’a pas envie de rire. Ni même de sourire. Encore moins le souhait de rentrer dans ce jeu malsain. Mais comment pouvait-il lui faire ça ? Est ce que Hristo était si malheureux qu’il s’était retourné vers son vieil ami pour la retrouver ? Pincement au coeur pour lui, mais pas pour son bourreau, que chaque partie de son épiderme se met à haïr.

“Why, Josef? Do you enjoy this?” Un sanglot qui s'étouffe, elle chasse une larme traître de son visage, son petit jeu ne l’amuse plus du tout. Elle devient feu devant cet être de glace, qu’elle ne veut que détruire. Mais elle n’a pas d’armes, sauf sa langue et sa voix. Alors, les deux claquent dans la pièce sombre. “Are you dying to hear my name, now?” Regard de défi, besoin de se venger de cette interrogatoire qui joue avec ses nerfs et sa patience, elle ne supporte plus de le voir se délecter de sa peur et de son mensonge bancal. Il veut l’entendre dire son nom ? Elle va le cracher, alors, mais il n’est surement pas prêt à cela. “My name is Alvilda fucking Karkaroff, born Ingerslev.” Ca y est, c’est sorti, il peut le noter, en faire ce qu’il veut, elle s’en fiche. Elle est coincée avec le lion, pauvre agneau, mais cela ne l’empêchera pas de tenter de se défendre comme elle le peut. “Are you happy, now? Or do you need more information, maybe?”

“So, go on, call him. And enjoy every fucking minute, because one day… One day, Sinead will leave you. That’s what we do with bad husbands. We run away from them.” Elle a un pincement au coeur pour son mari qui n’est pas si terrible, simplement, elle a besoin de lui faire mal. Il la frappe, elle répond, elle n’est pas du genre à se laisser faire. Et elle ne peut pas lui dire pourquoi elle l’a quitté, vraiment. Elle ne prendrait pas le risque de révéler quoique ce soit sur sa soeur. S’il l’une tombe, l’autre restera debout. Quitte à retrouver son mariage triste, mais pas violent, loin de ce que sa soeur a connu. “And I know why you like torturing me so much. It’s only because you are SO afraid to live the same thing with her. I’m like her, right?” Sourire vicieux sur le visage de la gamine, c’est dit, c’est sorti, c’est la colère pure de son masque qui s’effondre, fini de jouer. Elle se prépare à la réplique, qui pourra encore être mental, ou bien physique, elle n’en a que faire, elle est prête. Try me, bastard. Elle ne sortira pas un cri pour son plaisir, les dents serrés, le regard féroce :I can't wait to see how Hristo would destroy you if you were to touch my face

all clever men are birds of prey. --- @alvilda karkaroff

La tension dans la pièce était aisément palpable. Si elle avait été visible, elle aurait certainement pris la forme de petits nuages grisâtres dont les éclairs s'abattaient violemment contre le sol froid de cette pièce au voile abyssal. Il n'avait guère d'avis sur la délectation de cette torture psychologique; c'en était presque devenu un mécanisme, lui qui avait été mage-avocat avant d'être nommé Juge au Magenmagot. On usait de tous les moyens possibles pour obtenir des aveux, surtout lorsque l'on savait pertinemment qui on avait en face de soi. Et Josef ne souffrait d'aucune hésitation face à la flamboyante demoiselle; si elle n'était pas Alvilda Karkaroff, il devait manger sa toge de Juge sur-le-champ. Sa chevelure rousse et ces traits féminins si caractéristiques la trompaient aisément. Elle était sotte, elle qui avait assisté deux ans auparavant au mariage de Josef et Sinéad, au bras de Hristo. Peut-être aurait-il fallu utiliser du polynectar, ma douce.

— Alvilda Karkaroff, then. I'm not sure « fucking » would be an appropriate middle name, though. See, it was not so difficult to actually tell me the truth up front. You would have saved us half an hour, silly girl.

Josef avait toujours la baguette de la jeune femme entre les doigts. Lorsqu'elle eut prononcé le prénom de son épouse, Sinéad, l'Allemand arqua un sourcil. Un sourire en coin se dessina sur ses fines lèvres.

— Have you been seing Sinéad, lately? That's interesting. Énonça-t-il en regardant le sol, tenté de tirer des conclusions beaucoup trop hâtives pour déstabiliser la jeune femme. Du bluff. Very interesting, in fact. I'm sure she, too, will have plenty of things to say, then. I wonder how she will react when I will actually tell her that you named her specifically during this Ermittlung*.

Il tourna la tête vers la jeune femme et planta ses opales sombres dans les siennes.

— See, you've been hiding, covering with a different name, trying to escape officials, and most importantly your husband. It's only fair to think it was to hide something, or protect someone. Suddenly, I am wondering if you have anything to do with that outrageous attack launched against the arena, last April.

Il tapota le bout de la baguette magique d'Alvilda dans sa paume, comme s'il battait le tempo de sa réflexion.

— Are you saying you are involved, in any form or shape, in the pirate radio? Worst, are you saying that, my own wife, has anything to do with this?

Quitte à ce qu'elle se fâchait, autant aller jusqu'au bout. Car, pour cela, en sa qualité de Juge, Josef était extrêmement doué pour déstabiliser ceux qui subissaient ses interrogatoires.