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 A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)

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Pandora Skeeter
coalition sorcière
Pandora Skeeter
crédits : ©Ivy (avatar) ; ©ren (gifs)
face claim : Holliday Grainger
pseudo : Roxelane
A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  E3a58f55819c1bde89dc5e1bfbb25981
études : L'écharpe bleu et bronze des Serdaigle a entouré son cou de nacre de 1899 à 1906
particularité : Métamorphomage, un don qu'elle fortifie avec un certain panache
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Message (ϟϟ) Sujet: A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)    A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  EmptyMer 29 Avr - 18:17

A l'ombre des promesses rompues
Sybil & Pandora
La Madone, véritable statue antique, magnifique, insaisissable et pâle s’avançait à pas feutrés au bras de son père. Sa marche vaporeuse aussi élégante que sa brillante plume, l’emportait vers ce mari et cet autel érigé au sein de la tente. Dans la fugacité de cette heure solennelle, Pandora sourit. L’admiration naturelle pour cette maîtresse des mots gonfla sa poitrine. Néanmoins l’amertume se fit bientôt aiguille. Cette bulle, berceau de sa fierté creva. Le papillon né au creux de son ventre s’enfuit. L’écume de sa rancœur balaya la larme d’émotion qui perlait à l’orée de ses cils. Là où la traîtrise a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir et cette longue traîne de dentelle égrenait dans le sillage de Sybil, plusieurs pétales de serments oubliés et d’amitié sèche.

La pluie de ce mois d’avril martelait la toile du chapiteau magique et tel un métronome rythmait la colère sourde que son cœur abritait. Sans aucun équivoque, la jeune journaliste détonait avec l’atmosphère joviale et festive des lieux. Chaque visage présent arborait un masque de contentement. Le sien n’exhibait qu’une grimace. Une caricature du bonheur figé, pétrifié dans l’aigreur, des yeux faits d’éclair, une robe composée d’orage.  Pandora tel un oiseau tonnerre, sentait une tempête incontrôlable naître jusque dans les veines de ses doigts électriques. Déjà sa plume à papote trempée dans l’acide de ses illusions perdues, dessinait ses premières lettres sur un parchemin délavé. Quel titre donnerait-elle à cet article ? L’abandon d’une architecte des belles lettres ? La lâcheté d’un envol ? La laideur d’un mariage ? Car cet être fade aux côtés de Sybil ne connaissait rien au sublime, à la valeur de son épouse. Déjà, il se saisissait de sa main avec autorité et glissait l’alliance à son doigt, tel Pygmalion sculptant Galatée. Tel le verre étouffe la rose, tel le terne gris absorbe le flamboyant jaune, ce sorcier, ce Jonathan abîmait le monde par sa seule présence. Fine mouche dans ce tableau incolore et abstrait, qu’adviendrait-il de Sybil ?

Dévorée de rancœur et d’incompréhension, Pandora chassa avec difficulté ses cruelles pensées et ses jugements. Car l’espoir, cette bougie éclairant toute contrée sombre demeurait là, blotti, au creux de ses entrailles serrées. Les lèvres de Sybil détenaient le pouvoir de renverser cette triste destinée en quelques lettres, en un mot, et la jeune fille y était arrimée comme une ancre aux abysses de l’océan. Non. Une poésie de possibilités infinies. Non. Un oui dissimulé à une promesse suspendue. Non. Une porte entrouverte. Non. Une main tendue. Non …

Hélas, la fatalité revêtit pour un instant les traits de Sybil et s’abattit sur leur complicité. Par le consentement de ses liens, par l’acceptation de ce mariage, ce burin qui entamerait le marbre de sa création, son amie, sa collègue avait scellé leur séparation et celle de leurs plumes.  Un lourd poids affaissa les épaules de Pandora et ses mains restèrent sourdes à l’écho des applaudissements environnants. Assommée par le toucher soudain de la solitude, Pandora sortit de cet éphémère édifice, le pas pressé, l’œil sévère, la mâchoire crispée. L’égo à vif de la jeune apprentie délaissée ne trouvait de réconfort qu’en de basses considérations. Le regret, le remords surtout, donnerait tôt ou tard rendez-vous à Sybil. Mais elle ne rencontrerait alors que sa propre voix, que son propre oui, que le rappel de son choix et de cette impitoyable leçon, lorsque l’on tire un trait, ce dernier reste à jamais indélébile.

Pandora ragaillardie par cette perspective indigne d'elle, inspira avec force, fouetta ses joues et revint à l’intérieur de la tente. Dans l’allée centrale, les mariés recevaient félicitations et vœux de bonheur au son d’une musique entraînante.  Deux regards si familiers l’un à l’autre ne peuvent rester longtemps à s’ignorer. Ils se croisèrent donc. Longtemps. Très longtemps. Tantôt noirs, tantôt inquisiteurs, tantôt faussement indifférents ou tantôt déçus.  Muets mais loquaces.  Quant à son esprit, il acérait déjà sa langue à la recherche d’une réplique cinglante, tandis que son cœur au nom de leur amitié tentait de temporiser.

La courtoisie et le savoir-vivre réclamant de la convive de faire le premier pas, la journaliste en herbe s’exécuta et s’avança. Un sourire glacial, faux et narquois rida son visage que la nature avait pourtant bien doté.

- Mr et Mrs Mclaggen, les salua-t-elle avec une insistance délibérée sur ce nom de famille, vous êtes un plaisir pour les yeux. Que votre vie commune vous apporte beaucoup de joies. Mais, je n’en doute nullement. Les serments prononcés avec autant de conviction sont aussi précieux que rares...  

Les yeux de Pandora plantés dans ceux de Sybil, assassins et sans équivoque, promettaient une guerre froide où les sous-entendus seraient rois.  
☾ anesidora


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Message (ϟϟ) Sujet: sybil   A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  EmptyJeu 30 Avr - 22:43



Avril 1908 - Sybil & Pandora


 
Sybil  ϟ  Pandora



C’était un beau mariage. Triste mais beau. La pluie tombait dru au dehors Il lui semblait qu’il n’avait cessé de pleuvoir depuis que le destin lui avait joué ce mauvais tour. Tout cela lui semblait si irréel. Et pourtant en contemplant son propre reflet elle ne put qu’être frappée par la violence de sa réalité. Comment en était-elle arrivée là ? Où était donc passée la Sybil si brave, si entêtée, la fervente défenseuse de l’émancipation des femmes ? Elle qui avait si longtemps défendue l’idée qu’elle ne se laisserait imposer aucun choix, encore moins celui de l’homme avec qui elle devrait partager sa vie, comment avait-elle pu abandonner autant de certitudes derrière elle ? On lui avait retiré ses choix. Sa liberté d’être libre. Sa liberté d’être elle-même. Submergée par un flot d’angoisses qu’elle n’arrivait plus à faire taire, elle se rattrapa au bras de son père. Leurs yeux se croisèrent quelques instants. La confrontation se fit téméraire mais ce dernier détourna aussitôt son regard. Elle le sentait fébrile à ses côtés. Le souvenir de la dernière gifle lui brulait encore la joue. Ses larmes. Ses lamentations. Ses sanglots qui se transformèrent en cris, puis en injures. L’injustice était avérée mais à qui aurait-elle pu plaider sa cause ? Sa propre mère détournait les yeux. Son père se faisait brutal. Son avis avait été balayé comme s’il importait si peu. Elle n’était qu’une enfant gâtée, elle qui n’avait jamais contribué à l’entreprise familiale, lui préférant une profession proche de l’oisiveté. Déshonneur. Le mot lui fut fatal et fissura sa défense. Elle savait qu’elle ne s’en sortirait pas indemne. La chute fut lente et douloureuse. Comme si peu à peu elle se noyait dans ses propres faiblesses.

Une bourrasque lui gifla le visage. Son voile brodé claqua contre sa peau. Ultime protection entre elle et monde qui l’entourait. Personne ne pourrait deviner sa détresse. Son désarroi. Cet homme ne lui enlèverait pas cette dernière chance d’être elle-même. Il ne pourrait jamais l’atteindre. Il ne saurait jamais ce qu’elle cachait derrière ce vernis. Elle ne lui laisserait ce plaisir. Ses pensées furent interrompues par une simple pression sur sa main. Il était temps. Elle ne pouvait plus reculer devant sa destinée. Au bras de son père Sybil s’avança sous la tente qui avait été installée spécialement pour l’occasion dans le parc du manoir des McLaggen. Son corps ondulait dans la sublime robe blanche en mousseline qui épousait parfaitement ses formes. A chaque pas qui la rapprochait de son funeste sort, Sybil sentait son souffle s’affaiblir. Ou était-ce qu’elle ne ressentait plus que les battements de son cœur ? Ses oreilles bourdonnaient. Sa vue se brouillait. Elle aurait voulu s’arrêter. Arracher ce voile qui déformait sa réalité. Disparaitre. Ne plus être. Mais ses pas continuaient inlassablement à la rapprocher de cet homme. Face à lui, son destin fut scellé. Les larmes amères qui coulaient le long de ses joues la brûlèrent. Ses yeux flamboyants restaient plantés dans ceux de celui qui la réduirait à néant. Il était terne. Il ne lui inspirait que de l’aigreur et des regrets. Sa vie qu’elle laissait derrière elle. Elle ne voulait penser à cette alliance qui ornait désormais son annulaire. Comme la tradition l’exigeait, son voile lui fut retiré avant que ses lèvres ne rencontrent sans amour celles de son nouvel époux. Les gestes de ce dernier étaient brusques mais calculés. Il savait que cette femme ne l’aimait pas. Qu’il aurait à la faire ployer avant qu’elle ne devienne l’image qu’il se faisait de l’épouse. A son simple contact, Sybil frissonna. Il n’y avait point de tendresse entre eux. Sa vie ne serait désormais qu’un éternel bras de fer.

Le désagréable moment des politesses poussées à l’extrême était enfin arrivé. Son supplice ne faisait que commencer. Elle se demandait comment aurait pu être cette cérémonie si elle avait eu à son bras un homme qu’elle désirait sincèrement. Ses pensées auraient voulu s’échapper. Loin de cette frénésie qui galvanisait tout le monde sauf elle. Elle sentait tous ces regards se poser sur elle. Comment pouvait-elle sincèrement leur rendre leurs sourires, leurs louanges et félicitations ? Elle acceptait les compliments avec une réserve polie. Elle ne leur ferait pas ce plaisir. Tout son corps luttait contre l’étau qui se resserrait autour d’elle. C’est alors qu’elle la vit se faufiler dans la file derrière ceux qui attendaient pour donner leur dernière approbation. Son cœur fit un raté. Comment avait-elle pu ne pas la voir ? Comment avait-elle pu la manquer ? Elle avait à peine laissé son regard se poser sur l’assemblée. Elle se doutait qu’il manquerait ses plus proches. Ils ne pouvaient la voir aussi démunie. Mais elle était venue. Elle avait décidé de passer outre son silence et sa rudesse. Elle venait piétiner son intimité une dernière fois alors que Sybil le lui avait interdit à demi-mot. Elle ne pourrait lui échapper elle le savait. Même la magie ne pourrait la sauver cette fois-ci. Prise au piège, elle vit sa tendre Pandora s’approchait d’elle. Sybil savait qu’elle savourait chaque instant comme une nouvelle gifle qu’elle lui infligeait. Elle eut la faiblesse de croire que la jeune femme se contenterait des politesses d’usages mais cette dernière n’avait pas dit son dernier mot.

Mr et Mrs Mclaggen, vous êtes un plaisir pour les yeux. Que votre vie commune vous apporte beaucoup de joies. Mais, je n’en doute nullement. Les serments prononcés avec autant de conviction sont aussi précieux que rares...

Son estomac se noua de nouveau. Elle osait venir jusqu’ici, s’immiscer dans sa vie et cracher ses mots acerbes.

Je vous remercie Mademoiselle Skeeter. Je suis certain que vos mots sont sincères mais je vous prierai de bien vouloir garder votre plume bien rangée. Mes convives ne souhaiteraient point être importunés ce soir…j’espère que vous comprendrez.

La jeune mariée n’avait toujours pipé mot. Son époux ne lui avait laissé le temps. Les quelques mots prononcés à l’adresse de la jeune femme étaient sévères. Il savait pertinemment qui elle était Il n’était pas dupe. Je ne savais point que vous aviez convié des rats à notre mariage... Lui glissa-t-il à l’oreille tout en se tournant vers un autre convive avec un sourire. Sybil cilla. La dureté des mots choisis ne laissait planer aucun doute sur ce qu’il pensait de la journaliste. Elle ne pouvait lâcher du regard Pandora. Elle avait la bouche sèche. Aucun son ne semblait vouloir en sortir. Elle ne pouvait se laisser submerger par ses sentiments. Mais quelle conne elle faisait. Elle se devait de garder son sang-froid.

Quelle surprise chère Pandora de te voir ici. Agréable surprise devrais-je dire.

Les mots sonnaient faux dans sa bouche. Elle aurait voulu hurler mais elle ne pouvait se le permettre.

J’espère que ces réjouissances te rappelleront à quel point certains sont chanceux, d’autres non.

Elle n’avait oublié et ne pardonnerait point.




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Dernière édition par Sybil McLaggen le Dim 10 Mai - 12:46, édité 6 fois
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)    A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  EmptyJeu 7 Mai - 18:29

A l'ombre des promesses rompues
Sybil & Pandora
Face à la maîtresse plume, face au génie, la fébrile élève aurait pu ciller, trembler, reculer, s’enfuir. Néanmoins ses yeux demeurèrent impassibles, son corps calme, ses pieds bien ancrés au sol.  En revanche, son bel esprit vagabondait, déchiré entre l’incompréhension et l’ironie. La déception et la tristesse. Quel mauvais conte se jouait donc sous ce chapiteau ? De quelle grossière fable, Sybil était-elle désormais captive ? L’insipide crapaud, ce Barbe bleu grotesque crachait un venin visqueux indigne des sublimes envolées, des magnifiques expressions de sa belle au cœur dormant. Saisie d’un soudain élan de chevalerie, Pandora tendit sa main vers l’amie fugitive, afin de l’extraire de ce piège, de cette toile où l’exécrable araignée l’emprisonnait au sein de son cocon de soie et de la tombe de soi. Instant fugace, minute presque impalpable, car hélas la reine de ce triste roman restait figée, pétrifiée à l’intérieur d’un bloc de marbre.

- Ma plume n’ignore jamais où se trouve sa place, Mr McLaggen, rétorqua-t-elle cassante.  Soyez persuadé que j’éprouve le plus vif des plaisirs à me trouver parmi cette remarquable assemblée et que le désagrément ne peut donc être de mon fait.

Le piètre fantoche, méprisable bouffon, vulgaire pion englouti sur l’échiquier des adroites tournures s’éloigna enfin, drapé dans une lâcheté de messes basses à l’oreille épousée. Un rat, affirma-t-il ! L’insulte ne l’humilia pas, elle n’en retint que le sarcasme de ce curieux mot dans la bouche d’un batracien. Quelle satisfaction aurait été la sienne que de se métamorphoser à l’instant et sous son regard médusé, en cet animal si décrié. Seul le respect de l’évènement, malgré la présence de l’odieux et principal protagoniste, la réfréna.

Ses yeux convergèrent derechef vers Sybil. Le silence, la glace l’habitait de la racine de sa chevelure savamment nouée à la plante des orteils. Un funeste présage à cette morne existence qu’elle acceptait ? Quelle cruelle sentence, cette magicienne des mots s’offrait-elle donc à elle-même ! La jeune fille montra son incrédulité par un furtif froncement de sourcils et un léger soupir. L’orgueil serrait son cœur et lui interdisait de lui adresser la parole avant que son hôte ne le fît. Ainsi expirait leur amitié et l’union de leurs deux plumes que l’apprentie journaliste avait tant espéré, dans un tumulte assourdissant de non-dits… Ce mariage revêtait décidemment les noirs atours d’un enterrement.  

De guerre lasse, Pandora s’apprêtait à rebrousser chemin et à se diriger vers son portoloin, lorsque la fée au voile diaphane osa enfin s’exprimer. Elle lui fit part de son étonnement, sentiment qualifié d’agréable mais la blonde syphilide n’en crut pas un mot, car ces derniers suintaient d’une telle froideur…

- Que veux-tu, on ne se refait pas, lui rétorqua-t-elle. Les surprises sont notre marque de fabrique, à nous les Skeeter ! Mais celles que nous recevons sont de loin les meilleures et tu n’es pas sans savoir qu’il en pousse beaucoup sur nos bureaux.

La référence à cette lettre ou plutôt à ces quelques bribes déposées sur sa table de travail, tel un os décharné que l’on jette au chien que l’on abandonne, se faisait à peine masquée. N’était-ce pas de cette honteuse manière que Sybil lui avait signalé son départ ? Son adieu ? Son estomac digérait encore ce morceau avec d'acides remontées.

- J’espère que ces réjouissances te rappelleront à quel point certains sont chanceux, d’autres non, lui lança son adversaire.

Le sens de ces paroles, de ce semblant d’accusation, de cette insinuation, lui échappa. A quelle mésaventure faisait-elle référence ? S’hasardait-elle à la piquer avec le dard d’un quelconque reproche ? A retourner une situation où elle était la lésée ? Pandora ne lui connaissait pas une telle audace, un culot qui un instant la déstabilisa. La jeune fille se mura alors dans le muet écho de ses réflexions.

- La chance et la malchance ne sont faites de ce que l’on choisit, non ? Et justement aujourd’hui, tu as suivi ta bonne étoile, contre-attaqua-t-elle finalement avec un sourire sans joie.

Les hostilités redoublaient et leurs langues acérées serpentaient parmi les faux-semblants et leurs lèvres, fielleux vernis, déguisaient leurs véritables pensées. Un duel au sommet auquel ni l’une ni l’autre ne souhaitait renoncer avant de porter l’ultime estocade.

- Mais pardonne-moi, je n’ai pas à t’accaparer ainsi. Tu te dois à tes invités et en particulier à ton époux, n’est-ce pas ?

Sadique ? Oui. L’animal blessé mord toujours dit-on la main traîtresse.

- Toutefois, si tu me le permets, je souhaiterai vous offrir un présent au cours de la réception.

Il était là, entre ses doigts, ce cadeau empoisonné, déjà prêt à éclore de l’ombre des promesses rompues…
 
☾ anesidora




Dernière édition par Pandora Skeeter le Ven 22 Mai - 18:15, édité 1 fois
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)    A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  EmptyDim 10 Mai - 12:01



Avril 1908 - Sybil & Pandora


 
Sybil  ϟ  Pandora



Quelle sotte. L’agacement s’accrochait à elle et semblait laisser une triste grimace sur son visage. Sybil aurait préféré que la gamine disparaisse. Ce n’était ni le lieu ni le moment pur qu’elle lui fasse tout un esclandre. Elle voyait l’incrédulité se peindre sur le visage de Pandora. Sa chère et tendre Pandora. Si brillante mais tellement impulsive. Elle ne pourrait la faire taire elle le savait bien hélas. Mais elles étaient toutes deux en terre ennemie, mais une seule d’entre elles en avait véritablement conscience. La gamine pouvait être en danger pour les autres, malheureusement Sybil en avait que bien trop conscience. Alerte, elle jetait des cous d’œil furtifs à ses voisins, espérant que sa nouvelle famille n’ait point l’oreille trainante. L’allusion à sa dernière lettre mit au plus mal la jeune Sybil. Elle avait eu tort de lui rédiger ces quelques mots à la va-vite dans un élan de colère. Elle avait jeté vertement quelques mots pleins de rancœur dans cette missive. Les explications Pandora aurait du les trouver par elle-même. Avec du recul Sybil se rendait bien compte que la gamine n’avait pas saisi la globalité de la situation. Elles évoluaient dans un monde qui ne laissait pas de place aux femmes. Qui leur demandait toujours plus et leur prenait à leur insu ce qui pouvait avoir de la valeur. Elles n’étaient que des pions sur l’échiquier d’un jeu mené par des hommes. La dame était tombée. De très haut. Elle aurait pu s’enfuir. Elle y avait songé plus d’une fois. Elle aurait aimé tourner les talons avant même d’être entrée dans cette tente. Mais pour aller où ? Pour devenir quoi ? Une fugitive ? Quelle disgrâce pour sa famille. Elle ne pouvait leur faire honte. Sa mère en mourrait elle le savait. Pandora s’était-elle jamais dit que le statut de sa famille l’épargnait de ces situations ? Certaines femmes de la société anglaise vivaient en opprimées mais seules leurs paires avaient le pouvoir de les aider. La jeune Sybil, libre, impétueuse et passionnée l’avait appris à ses dépens.

La chance et la malchance ne sont faites de ce que l’on choisit, non ? Et justement aujourd’hui, tu as suivi ta bonne étoile.

Elle laissa échapper malgré elle un petit rire nerveux. Sa bonne étoile. Pandora n’avait vraiment rien compris.

Tu ne comprends donc rien...

Soupira-t-elle plus pour elle-même que la jeune impudente. Cet homme, elle se méfiait de lui. Il pouvait se montre charmant avec certains mais n’était qu’un homme égoïste, qui aimait contrôler ce qui lui appartenait. Et désormais c’était comme s’il l’a possédait. Bien entendu, ce n’était pas ainsi que ses parents l’avaient présenté. Il faisait bonne figure. Fils héritier d’une très bonne famille bourgeoise anglais. Sang-pur. Il appréciait ce qu’il voyait de Sybil. Mais leurs découvertes mutuelles fut catastrophique pour les deux parties. Elle n’était point la jeune femme sage et bien éduquée qui lui avait été présenté. Et il n’était point le valeureux et bienveillant jeune homme qui lui avait été introduit. Il avait gagné la première bataille. Elle deviendrait sa femme. Juste sa femme. Sans autre attribut. Fini les tribunes éhontées qu’elle avait osé écrire jadis. Fini les messages incendiaires et provocateurs qui lui hérissaient le poil. Elle deviendrait sage et obéissante. C’est ce qu’on attendait d’elle.

Mais pardonne-moi, je n’ai pas à t’accaparer ainsi. Tu te dois à tes invités et en particulier à ton époux, n’est-ce pas ?
Elle était blessée assurément. Qu’attendait-elle de Sybil ? Des excuses ? Des explications ? Elle repartirait très certainement bien penaude.

Oui comme tu le vois d’autres invités m’attendent. Eux, je l’espère, ne m’accableront pas autant de reproches enfantins.

C’était méchant de sa part, elle le regrettait déjà. Sybil aurait aimé lui hurler tout ce qu’elle pensait. Tout ce qu’elle avait dans la tête. Ce qui la rongeait de l’intérieur. Tous ces nœuds qui se formaient dans son ventre à chaque fois qu’elle pensait à son avenir. La gamine lui faisait face, fière de sa propre bravoure et de sa liberté. Elle se rendit compte que ce qui la consumait le plus c’était sa propre jalousie pour sa jeune comparse. Elle la détestait d’être ce qu’elle était aujourd’hui. De venir se pavaner devant elle, pur électron libre qu’elle était.

Toutefois, si tu me le permets, je souhaiterai vous offrir un présent au cours de la réception.

Non Pandora. Non !

Grogna-t-elle, plus alerte que jamais. Les mots étaient sortis sans retenu de sa bouche. C’en était trop. Elle ne pouvait la laisser faire. Pas le jour de son mariage. Pas ici et maintenant dans cette communauté qui n’était pas la leur. Elle se sentait entourée d’ennemis invisibles. Chaque regard qui se portait sur elle était rempli de suspicion ou de reproches. On la scrutait, la jugeait. Sybil d’un geste rapide et plus brutal qu’elle n’aurait souhaité attrapa la jeune femme par le poignet et l’attira vers elle. Peut être lui faisait-elle mal peu lui importait.

Pandora ça suffit. Tu ne comprends donc pas que ce n’est pas un jeu ! Punis-moi ou hais-moi autant que tu le voudras mais pas ici !

Les mots sifflaient hors de sa bouche, rapides et ayant pour seule destinataire la jeune Pandora. Elle sentait le corps de la jeune femme contre elle. Dans ses yeux elle ne pouvait lui cacher sa colère et sa peur. Deux émotions qui se livraient bataille en son for intérieur.




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@Pandora Skeeter
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)    A l'ombre des promesses rompues (avril 1908 - Sybil & Pandora)  EmptyDim 17 Mai - 16:39

A l'ombre des promesses rompues
Sybil & Pandora
L’adage prétend que la colère se fait l’ennemi d’une bonne compréhension. Or, l’estomac de Pandora, nœud de ce courroux, de cette révolte l’aveuglait toute entière. En effet, l’obscurité régnait en maître dans les rouages de son esprit et enveloppait ses yeux d’un véritable bandeau. Loup cruel dévorant ses réflexions. Les promesses ne revêtaient-elles donc pas un caractère sacré ? Serment et légèreté, oxymore l’un à l’autre, dissonaient en toute poésie, en toute circonstance. Lorsqu’elle-même se hasardait à en formuler une, elle sentait au fond de ses entrailles qu’on ne pourrait la lui arracher qu’avec son ultime soupir. Entière ? Oui. Idéaliste ? Oui. Exaltée ? Encore oui. Aussi, ce rire nerveux que Sybil laissa échapper, s’engouffra jusque dans sa poitrine pour la compresser au cœur d'un terrible étau. Quelle naïve considération l’avait donc habitée en ce jour, où l’apprentie et la maîtresse plume s’étaient liées par une même foi en l’écriture, par un gage de partage ? A l’instar de son encre, son sang aurait volontiers coulé en guise de signature sur cet imperceptible accord.  

- Tu as raison, je ne comprends pas. Mais je décline toute responsabilité dans cette ignorance-là, Sybil …

Sotte ? A quel titre ? De ne pas savoir lire entre les arabesques d’une lettre sans âme ? De quelle faute l’accusait-elle ? Victime d’un adieu sec et péremptoire, Pandora se drapait des attributs de l’innocence attaquée. Si en ces noces grotesques, son dard piquait, tel le scorpion encerclé de flammes ou la vipère tirée de sa retraite, la première blessure n’était pas de son fait. L’estocade initiale avait été porté par ces mains revêtues aujourd’hui de gants immaculés et porteuses d’un fade bouquet de fleurs. Des roses où toute épine avait été retirée. Ephémère illusion, songea-t-elle. Bientôt ces chardons naturels pousseraient et l’étoufferaient, asphyxiant par là même tout son génie. Ne le voyait-elle donc pas ?

- Oui comme tu le vois d’autres invités m’attendent. Eux, je l’espère, ne m’accableront pas autant de reproches enfantins.

Enfantins ? La réplique cinglante gifla Pandora, aux confins de son égo déjà malmené. Sans doute se comportait-elle, en effet, en petite fille déçue… Affreusement déçue de celle qui avait accompagné ses premiers pas dans le jardin des mots. Néanmoins, l’abandon par l’adulte de la main confiée n’était-il pas le plus condamnable ? Le plus coupable ? A cette heure, à cette minute, bien loin au contraire de toute préoccupation enfantine, l’apprentie délaissée refusait d’être un jouet que l’on façonne, puis que l’on rejette.

- Des reproches ? Oh non, Sybil. La gamine que je suis, désirait simplement te remercier pour ces merveilleuses fables qui l’ont si bien endormie … lui rétorqua-t-elle avec amertume.

Hélas oui, selon toute vraisemblance, leur amitié se composait de cette essence vaporeuse dont sont faits les contes. Et la syphilide cruellement dupée par ce voile arachnéen, à présent y voyait mieux car elle ne le voyait plus.  

Le coup de grâce survint lorsque Sybil refusa l’offrande de son présent. Certes, sous ses rubans argentés, sous un papier tulle rosé, le cadeau se dessinait avec cynisme et désenchantement. Néanmoins, Pandora se heurta à un refus si catégorique, que ses jambes chancelèrent et ses paroles fielleuses moururent à l’orée de ses lèvres. Tout aussi stupéfaite par l’attitude de la jeune épousée lui meurtrissant, par une poigne jusqu’à alors inconnue, l’os de son avant-bras, elle lui fit bientôt face. Un face à face presque bienvenu dans ce duel.

- Lâche-moi, siffla-t-elle entre ses dents avant de se libérer de son emprise.
- Pandora ça suffit. Tu ne comprends donc pas que ce n’est pas un jeu ! Punis-moi ou hais-moi autant que tu le voudras mais pas ici !
- Nous voilà d’accord. Ce n’est pas un jeu. Je ne suis pas un jeu ! lui cracha-t-elle au visage, dans un quasi murmure étouffé par son aigreur. Te punir ? Mais je n’en ai même plus l’envie, tu t’es déjà infligée à toi-même la pire des punitions.

Du regard, elle lui désigna Mr McLaggen et l’ensemble de sa belle-famille, sorciers à l’apparence toute aussi étriquée que leur cher fils.

- J’ai pitié de toi.

A son tour, sa langue s’insinuait tranchante dans le cœur de Sybil. La belle blonde laissa alors tomber le paquet à ses pieds.

- Ouvre-le ou débarrasse-t’en, je m’en moque. Et crois-moi ou non, mais je ne suis pas ici pour faire un esclandre. Je viens couvrir cet événement au nom de la Gazette, les gens sont friands d’apprendre tous les détails de la nouvelle vie d’une ancienne chroniqueuse de renom.

Elle insista cruellement sur le mot « ancienne ».

- Je comptais me rendre au buffet puis à la réception afin d’obtenir les premières impressions de tes invités… A moins que tu ne me chasses, bien sûr ?

Ses yeux d’acier plantés dans les siens, elle la défiait d'en arriver à cette extrêmité.

☾ anesidora







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