le marché des horreurs | léonide

le marché des horreurs

@léonide lestrange & @skarithra lestrange

Impasse des dogmes horrifiques. Aux aurores des murmures dont on ne doit pas écouter les vers, les paumes s'étreignent, les mentons dansent. Ingrédients, objets mystiques, parfums de mort chevauchent la plèbe et obsède les quelques âmes en quête d'illégalité. Là-bas, dans une ruelle chargée de ténèbres, deux gamins se procurent substances dangereuses pour l'esprit. De l'autre côté, un homme trois fois plus âgé transporte une cage drapée d'une couverture de feutre. Plus loin encore, un marchand compte des billets et fronce les sourcils, témoignage d'un couac dans l'échange. C'est l'apothéose des plaisirs illicites.

Skarithra n'a point d'inquiétude. Toute de fière allure, elle déambule parmi les petites gens avec une aisance remarquable. La désinvolte qui sèche le long de ses traits traduit la coutume de se pavaner là.

« J'imagine que tu n'as nul besoin de moi pour faire tes achats ? »

Elle aimerait se débarrasser de l'ombre qui se distille dans son sillage. Mari accablant ses nuits noires, chaque jour passé à son côté englouti davantage d'énergie à la haine. Confrontation incessante qui dura depuis l'anneau disposé sur l'annulaire. Comme un trop long glas qui se languit d'abattre l'un puis l'autre, métronome à lames multiples qui trépasse le long de la chair, gauche, droite, gauche, droite, chacun son tour, comme une ronde mélodique dont on chercherait la note finale.

« Ou redoutes-tu que je ne me procure quelques distillations qui pourraient venir à bout de ta désolante existence ? »

L'intérêt se porte sur quelques fioles, où elle appose les doigts. Une voix la salue, mais il n'est aucun son qui ne lui parvient. Se soucierait-elle d'un mouton de plus que le sien ?

« Tiens ! Que disais-je ? Un Mélange Malveillant ! »

Ce qu'elle ferait pour le mettre à mal... Elle hésite, un instant. Pourtant, elle se contente de reposer la fiole. A croire que ne s'anime, sous la carne, que des menaces exilées. Lorsqu'elle se détourne vers lui, ce n'est que pour lui adresser un sourire carnassier. Léonide. Son Gargantua. Son idole et son trépas.

« Il ferait merveille dans ton vin, mon amour... »

Il n'y a point d'espace dans ses synapses pour se remémorer autres choses que les meurtrissures qu'ils s'infligent. Sortilèges, cercueils et poignards règnent en pâmoison dans l'endocarde. Alliance d'hémoglobine. Elle frôle le macchabée de la paume, qui se crispe sur la joue, fermente sur le long de la mâchoire.

« La prochaine fois que tu m'enfermes dans un cercueil, je te jure par les Dieux que je t'y enfermerai pour de bon. »

@made by ice and fire.

LE MARCHÉ DES HORREURS

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Emplettes dans l’allée des embrumes. Il traîne son élégance entre les manants, serpente et se faufile parmi les vivants. Un elfe pourrait être envoyé à leur place. Faire les achats, rentrer. Un elfe serait à son aise dans la fange, à barboter dans l’ignoble, la chiure et autres immondices laissées à l’abandon. La crasse habille les murs, rogne l’architecture. Le cliché d’une magie noire dégradante. Laissés pour compte, abandonnés. Les boutiques sont branlantes. Toitures qui menacent l’effondrement. Léonide suppose la myriade de sortilèges qui permet aux fondations de ne pas s’écrouler. Ils s’enfoncent dans les ruelles, se joignent au labyrinthe qu’ils connaissent. Léonide et Skar. Couple. Monstres sacrés. Gardiens d’enfers. Elle marche devant, il l’observe. Surtout, il observe les regards des autres, ces envieux, ces chiens, ces gueules béantes. L’épouse volage. Le mariage en vrac. Souvent, il se demande qui… est-ce ceux-là ? Celui-là ? Ou peut-être elle ? Legilimencie qu’il voudrait pouvoir posséder. Retourner les esprits, savoir, questionner, et saccager. Jaloux qu’on puisse posséder ce qui lui appartient.

Un marché déploie ses babioles. Vendeurs d’animaux, poisons et autres fantaisies réservées aux mages noirs. Léonide garde ses mains gantées éloignées de toute fiole. Seul le regard s’attarde sur les inscriptions, les tympans entendent les instructions. La blonde est au-devant, il s’arrête à sa hauteur, louche sur les fioles qu’elle cajole. “Le poison ne saurait me tuer. Au pire, une agonie de quelques jours…” Un acharnement mithridate. Des petites doses ingérées depuis l’enfance. Un défi au commencement, une quête idiote. Une volonté d’effleurer la mort, d’en approcher les portes. Une persévérance avec les années. Duper la mort. La souffrance, c’est ce qu’ils recherchent, ce qu’ils explorent, ce qu’ils s’imposent. Jamais la mort.

Un sourire s’attarde sur les lippes. Une expression rare, comme une erreur. “Le cercueil était de tout confort.” Souvenir de semaines passées. D’un soir où il ne souhaitait pas s’encombrer de sa présence. “La prochaine fois, je vous emmure vivante, que les murs puissent profiter de votre voix mélodieuse.” Le vouvoiement s’invite pour les menaces. La douceur roule sur le palais. Les mots deviennent venin.

Lestrange s’éloigne, continue sa promenade. Il sait qu’elle est là, toujours à ses côtés. “Je suis à la recherche d’yeux de sombral, et de sang de licorne… j’ai lu un ouvrage qui expliquait la création d’une potion permettant d’enfermer autrui dans ses cauchemars. Je suis curieux.” Provocation.

Un stand attire son attention. Animaux enfermés dans des cages. Bestiaux muselés d’un sortilège de silence. Il pointe une hyène du doigt, s’adresse au marchand. “Cet animal serait-il capable de dévorer un bébé ?” L’innocence habille les syllabes. “Je me renseigne… car voyez-vous, mon épouse, ici présente a la fâcheuse tendance à rapporter des bâtards.”

(c) oxymort